1-Main Titles 2.00
2-Enemy Of The State
Main Theme 2.55
3-Brill's Theme 3.28
4-The Ferry 1.16
5-Hotel Chase Part 2 3.45
6-Zavitz Chase Part 1 2.02
7-NSA Research 2.35
8-Brill and Dean Meet 4.13
9-Free Ferry 0.37
10-Nanny Drive 1.32
11-Final Confrontation 8.43
12-Coal Yard Part 1 1.57
13-Face To Face 3.09
14-The Tunnel Part 1 1.57
15-Coal Yard Part 2 4.53
16-Rachel's Found Dead 5.18
17-Wish You Were Here 1.59

Musique  composée par:

Trevor Rabin/
Harry Gregson-Williams

Editeur:

Hollywood Records
HR-62160-2

Produit par:
Trevor Rabin,
Harry Gregson-Williams,
Paul Linford

Producteurs exécutif:
Jerry Bruckheimer,
Tony Scott

Superviseurs de la musique:
Bob Badami, Kathy Nelson
Directeur en charge de la musique pour Hollywood records:
Mitchell Leib
Musique additionnelle:
Tim Heintz
Coordinateurs du score:
Paul Linford,
Steve Jablonsky

Artwork and pictures (c) 1998 Touchstone Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
ENEMY OF THE STATE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Trevor Rabin/
Harry Gregson-Williams
Après 'Crimson Tide' et 'The Fan', Tony Scott rempile en compagnie du producteur Jerry Bruckheimer pour un nouveau film d'action intitulé 'Enemy of The State' (Ennemi d'état), dans lequel il évoque avec audace la corruption d'agents et de hauts fonctionnaires de la NSA, la 'National Security Agency', gigantesque organisme de défense et de sécurité américaine chargée de protéger le pays. Face à la montée de la politique sécuritaire radicale du pays, le sénateur Phillip Hammersley (Jason Robards) s'oppose à cette démarche et tente de faire voter une loi visant à réduire les pouvoirs attribués à la puissante NSA. Un matin, au bord d'un petit lac, Thomas B. Reynolds (Jon Voight), haut fonctionnaire de la NSA, fait assassiner le sénateur et maquille le meurtre en accident. Mais la scène a été filmée par hasard par un ornithorynque, Daniel Leon Zavitz (Jason Lee). Lorsque ce dernier s'aperçoit qu'il a filmé le meurtre du sénateur, il est désormais trop tard. Traqué par les hommes de Reynolds, Zavitz s'enfuit à toute vitesse. Il croise alors par hasard la route de l'avocat Robert Clayton Deand (Will Smith), un ancien camarde de faculté à qui il glisse une copie de la vidéo compromettante dans un de ses sacs à son insu, avant de ressortir précipitamment et de se faire écraser par un camion. C'est le début de la descente aux enfers pour Dean, que Reynolds identifie et tente de détruire par tous les moyens. Reynolds s'arrange ainsi pour que Dean perde son emploi, que des révélations indiscrètes soient faites dans les journaux et que ses cartes bancaires soient rendues invalides. Traqué à son tour, Dean doit fuir pour sauver sa vie, ne comprenant pas ce que ces hommes veulent de lui. Dean arrive alors à semer ses poursuivants. Reynolds surenchérit en faisant assassiner son amie Rachel Banks (Lisa Bonet), qui collaborait avec Dean sur une affaire concernant un mafieux. Le haut fonctionnaire de la NSA s'arrange pour faire accuser Dean du meurtre en laissant sur les lieux des vêtements lui appartenant. C'est alors que l'avocat croise la route de Brill (Gene Hackman), un ancien agent de la NSA et un expert de la surveillance qui travaillait en underground avec Rachel Banks. Brill tente alors de faire comprendre à Dean qu'il possède malgré lui ce que les types de la NSA cherchent désespérément à récupérer, la vidéo compromettante. Pourchassés tout les deux, ils décident de tout mettre en œuvre pour piéger Reynolds et sa bande.

'Enemy of The State' est un film d'action dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre, accumulant suspense et courses poursuites sur un rythme effréné. Le film de Tony Scott évoque aussi une réalité bien inquiétante, celle de l'obsession de la politique sécuritaire des Etats-Unis, un pays dominé par la paranoïa qui n'hésite pas à mettre en oeuvre des moyens parfois illégaux sous prétexte de défendre et de protéger le pays, un sujet assez sensible que le réalisateur traite avec brio, même s'il n'est ici qu'un prétexte à une série de courses poursuites excitantes filmées avec maestria par un réalisateur devenu expert des films d'action. Will Smith et Gene Hackman forment un excellent duo de héros dans le film, face à quelques bons méchants campés par Jon Voight, Jake Busey, Scott Caan, Ian Hart, Stuart Wilson, sans oublier un petit rôle éclair confié à Gabriel Byrne, qui se fait passer dans le film pour le faux Brill afin de piéger Dean. Tony Scott évoque l'omnipotence de la NSA et les dérives d'un système de sécurité trop puissant ouvert à tous les excès - un sujet revenu à la mode depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York! Au final, 'Enemy of The State' est un film d'action lambda, divertissant mais sans grande originalité, un produit de consommation agréable mais que l'on oubliera très vite.

Le score de Trevor Rabin et Harry Gregson-Williams reste dans la plus pure tradition des musiques de production Bruckheimer: score synthético-orchestral, grosses percussions électroniques, rythmiques techno modernes, morceaux d'action quasi non-stop, thème mémorable, etc. Toutes les formules sont réunies ici pour faire de 'Enemy of The State' une sorte de 'Armageddon' bis, réunissant le duo Rabin/Gregson-Williams après avoir fait des étincelles sur le précédent film de Michael Bay. Hélas, le résultat est loin d'atteindre la qualité de la partition précédente des deux compositeurs. D'un point de vue musical, on retrouve le style action typique de Rabin, avec son lot de rythmiques techno, de samples 'hard' et de synthés à la Media Ventures. Le 'Main Titles' donne d'emblée le ton du score introduit par des samples électroniques (choeurs d'enfants, etc.) et de sonorités électroniques et autres rythmiques techno en tout genre. Cette ouverture représente ainsi l'univers technologique du film, dans lequel la partie plus humaine et moins machinale tente de prendre le dessus à travers l'utilisation des cordes. A noter la brève apparition à la fin du morceau du thème principal, mélodie plus dramatique d'esprit que le compositeur développe parfaitement dans le superbe 'Enemy of The State Main Theme'. Le thème principal du score possède une certaine grandeur d'âme qui nous renvoie très clairement ici aux grands thèmes de 'Armageddon', le genre de thème grandiose à la fois dramatique et épique que l'on aimerait entendre plus souvent, et qui évoque dans le film le combat de Dean et Brill pour reprendre le contrôle de leur vie. Il est simplement dommage que les deux compositeurs ne nous proposent que quelques rares bribes timides de ce thème, que l'on aurait aimé entendre plus souvent tout au long du film. Le second thème apparaît un peu plus loin dans le film. Il s'agit du thème de Brill (piste 3), thème de cordes plus posée et calme évoquant la malice et l'habileté du personnage à se dépêtrer des pires situations en utilisant tout son savoir-faire. On regrettera le côté beaucoup plus quelconque et peu mémorable de ce second thème.

'The Ferry' nous permet alors d'entendre la facette plus sombre et atmosphérique du score, à l'aide de quelques rythmiques électroniques discrètes et de nappes de synthé avec quelques claviers qui se baladent pour renforcer la texture atmosphérique de la musique, maintenant un certain suspense tout au long du film. Ce sont évidemment les excitants morceaux d'action qui attire notre attention, avec en particulier deux morceaux incontournables, les excitants 'Hotel Chase Part 2' et 'Coal Yard Part 2'. Le premier accompagne la séquence de la poursuite de Dean dans l'hôtel. Rabin fait admirablement bien monter la tension avec son utilisation toujours très efficace du rythme. On appréciera ainsi la façon dont le compositeur joue sur l'accélération progressive du rythme et le crescendo de tension d'un morceau d'action massif et assez bruyant, amplifiant progressivement la poursuite à l'écran à l'aide de rythmiques électro/techno, de percussions électroniques en tout genre, de synthés et de cordes. On ressent tout au long du morceau une frénésie qui rend cette scène de poursuite particulièrement intense. De la même façon, 'Coal Yard Part 2' illustre la scène de la poursuite avec Dean et Brill et les voitures de la NSA. Le compositeur réutilise ici ses percussions électroniques massives à l'aide de cordes, de synthé et de rythmiques frénétiques. Le morceau nous propose même une magnifique envolée héroïque du thème principal à 1.48 pour la scène où Dean et Brill arrivent à faire se cracher une des voitures de leurs poursuivants.

Ce sont donc ici les morceaux de course poursuite qui attirent notre attention, des pièces comme 'Zavitz Chase Part 1', 'Coal Yard Part 1' ou 'The Tunnel Part 1' apportant son lot d'action et d'excitation au film de Tony Scott, pour les principales scènes de poursuites frénétiques du film. Hélas, le score paraît nettement moins entraînant et plus mou dans les passages atmosphériques comme 'NSA Research' ou 'Brill and Dean Meet', des morceaux qui tempèrent le côté tonitruant des morceaux d'action en privilégiant de très sombres atmosphères de tension évoquant le danger et la menace permanente qui pèse sur Dean et Brill, où l'on retrouve toujours cette utilisation de rythmiques électroniques (plus discrètes) et de nappes de synthé couplées à quelques parties orchestrales plutôt maigres et pauvres. Comme souvent chez Rabin, on regrettera la pauvreté des orchestrations qui trahit un manque de savoir-faire évident du compositeur dans ce domaine. A noter l'apparition d'un motif électronique plus 'techno' à la fin de 'Brill and Dean Meet' associé aux méchants de la NSA, et qui n'apparaît que peu de fois tout au long du film (on le retrouve aussi au début de 'Coal Yard Part 1'). En revanche, des morceaux comme 'Nanny Drive' (dominé par une pulsation électronique constante et des sons de piano électrique pour la scène où Dean se cache à l'arrière de la voiture de la nounou de ses enfants) ou le très long et monotone 'Final Confrontation' (scène où Dean tend un piège à Reynolds à la fin du film) n'apportent finalement pas grand chose au score et ont tendance à le plomber par un manque d'énergie et d'inspiration. 'Wish You Were Here' conclut finalement cette grande chasse à l'homme sur une touche plus positive, même si Rabin maintient une certaine tension jusqu'à la fin du morceau (et du film).

Partition d'action dénuée de toute originalité, 'Enemy of The State' est typique des scores que produisent aujourd'hui les artisans de Media Ventures pour les productions Bruckheimer, une partition synthético-orchestrale dominée par les rythmiques techno/électro frénétiques, les samples, les bidouillages sonores électroniques et les parties orchestrales maigrichonnes. Après l'exploit de 'Armageddon', on s'attendait quand même à quelque chose d'un peu plus inspiré. Au lieu de cela, on devra finalement se contenter d'un score d'action extrêmement quelconque, où l'on retrouve malgré tout le style 'action' de Trevor Rabin (la participation d'Harry Gregson-Williams se noyant finalement parfaitement dans la masse) mais sans les 'plus' qui faisaient tout le charme de 'Armageddon'. Répétitif, parfois ennuyeux et totalement dénué d'imagination et d'originalité, 'Enemy of The State' est ce style de score calibré comme on en entend des tonnes aujourd'hui à Hollywood, qui colle à merveille à l'ambiance et à l'histoire du film de Tony Scott, mais qui s'avère finalement n'être rien de plus qu'une nouvelle partition sans originalité qui évite de sombrer définitivement dans l'oubli grâce à un superbe thème principal mémorable, qui aurait certainement gagné à être mieux exploité dans le film.


---Quentin Billard