1-The Juggernaut 3.32
2-What's In The Basement? 2.06
3-Main Title 2.58
4-Entering The House 3.22
5-Cyrus' Will 3.01
6-Rafkin Struck Down 1.54
7-The Jackal Attacks 1.54
8-The Princess 2.38
9-Junkyard 3.18
10-Opening Of
The Chambers 3.35
11-Rafkin Dies 1.26
12-Ben Moss Splits 3.13
13-The Hammer 1.06
14-Leaving The Library 2.47
15-Gene Returns 2.53
16-The Ghosts Escape 1.52
17-The Arcana 2.17
18-The Angry Prince 2.56
19-Bobby Gets Lost 3.23
20-Cyrus Returns 2.18
21-The 13th Ghost 3.40
22-The Machine Destroyed 4.10

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 298 2

Album produit par:
John Frizzell
Co-produit par:
Adam Barber
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Tommy Lockett
Assistant montage:
Doug Taylor

Artwork and pictures (c) 2001 Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
THIRTEEN GHOSTS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
Remake modernisé du film d'horreur de William Castle (1960, un film dont l'originalité résidait dans le concept de 'l'Illusion-O', le spectateur devant porter des lunettes spéciales pour voir les fantômes dans le film - ce fut la particularité de ce réalisateur un peu tombé dans l'oubli aujourd'hui), '13 Ghosts' est le type même de la production horrifique bâclée, saturée d'effets spéciaux et d'incohérences scénaristiques en tout genre. Premier film du réalisateur Steve Beck (encore un pro des effets visuels qui se lance dans la réalisation à l'instar de John Bruno sur 'Virus' ou d'autres techniciens d'Hollywood comme Janusz Kaminski sur 'Lost Souls'), '13 Ghosts' est encore ce style de gros navet réservé essentiellement aux moviegoers américains qui vont au cinéma pour se 'rincer' le cerveau pendant 1 heure et demie, car '13 Ghosts', ce n'est jamais rien d'autre qu'un film d'horreur débile qui partait pourtant d'une bonne idée finalement avortée par une pluie de clichés déjà vu maintes et maintes et des personnages vides et typiquement Hollywoodien (et comme si ca ne suffisait pas, on a le personnage agaçant de Maggie Bess interprétée par la chanteuse hip-hop Rah Digga pour son premier rôle à l'écran, personnage inutile et irritant qui passe la majeure partie de son temps à sortir des vannes stupides qui ne font rire qu'elle et qui gâche un spectacle déjà bien terne). Le scénario du film est identique à celui du classique de William Castle: la famille d'Arthur Kriticos (Tony Shalhoub) hérite à la mort de leur oncle Cyrus (F.Murray Abraham) d'une étrange maison plutôt excentrique et inhabituelle: tous les mûrs sont remplacés par des fenêtres en verre incassable sur lesquelles se trouvent des inscriptions latines étranges. D'abord surpris puis heureux, Arthur croit que tout s'est arrangé et qu'après la mort tragique de sa femme, sa famille pourrait enfin reprendre un nouveau départ dans sa vie. Mais les Kriticos et leurs amis ne vont pas tarder à découvrir que cette demeure est tout sauf une maison et qu'ils sont en réalité au coeur d'une gigantesque machine construite par Cyrus dans l'espoir de capturer des fantômes et de dominer leurs esprits. Cet individu excentrique leur a caché l'existence de ces fantômes et comptait en réalité les attirer dans un piège sans issue Avec l'aide de Dennis Rafkin (Matthew Lillard), le médium qui prêtait main forte à Cyrus avant sa mort, les Kriticos vont devoir lutter pour tenter d'échapper de cet enfer dans lequel seul une paire de lunettes spéciales leur permet de voir les fantômes (cela ne vous rappelle rien?).

S'en suivra alors une longue série de séquences chocs et d'effets gores en tout genre (le summum est atteint lorsqu'un personnage du film est coupé verticalement eu deux bouts avec une précision chirurgicale impressionnante) sans oublier une pluie d'effets spéciaux et de maquillages en tout genre pour les 12 fantômes qui hantent cette machine infernale ('la princesse en colère' a nécessité plus de 5 heures de maquillage sans oublier l'homme tronc pour lequel le réalisateur a fait appel à un figurant amputé des deux jambes ce qui lui a facilité le travail). Si le film est excessivement lourd à cause d'une saturation d'effets spéciaux en tout genre, c'est surtout sur le plan sonore qu'il est le plus irritant, les bruitages des fantômes et de l'ambiance sonore du film étant tellement complexes et élaborés qu'ils finissent même par nous casser les oreilles (surtout au cinéma où le volume sonore est souvent assez élevé). Bref, si vous êtes fan des films de fantôme et de maison hantée (un genre surfait par excellence qui a connu ses heures de gloire dans les années 70/80 avec des films tels que 'Amityville' ou 'Poltergeist' - aujourd'hui, c'est bel et bien terminé!), '13 Ghosts' est fait pour vous, en revanche, si vous n'aimez pas les gros navets ultra stéréotypés, débiles et incohérents, passez votre chemin!

John Frizzell semble être décidément cantonné aux productions d'horreur/suspense telle que 'Alien Resurrection', 'Teaching Mrs.Tingle' ou 'I Still Know What You Did Last Summer'. Sa participation à '13 Ghosts' est donc plus qu'évidente étant donné que le compositeur nous a déjà prouvé maintes fois qu'il était particulièrement à l'aise dans le registre terreur/suspense, car '13 Ghosts', ce n'est que de la terreur et du suspense! On retrouve ses orchestrations sombres dans la lignée de 'Alien Resurrection' et 'Dante's Peak' avec une partie électronique importante et superbement développée. Le score se base autour de deux thèmes, le premier étant entendu dès le début du film dans la séquence du prologue de 'The Juggernaut', premier morceau d'action tonitruant évoquant la terreur du fantôme violent dans la casse. Pas d'introduction subtile ici, Frizzell commence immédiatement sa musique au son du premier thème, motif de cuivres descendant assez ressemblant dans l'esprit au thème du monstre dans 'Deep Rising' de Jerry Goldsmith. Ce morceau sera superbement développé tout au long du morceau, évoquant la menace du fantôme qui ravage tout sur son passage. A noter l'utilisation des percussions, des cordes déchaînées avec des cuivres dissonants et extrêmement agressifs et qui rappellent beaucoup les moments de terreur d''Alien Resurrection'. Premier grand morceau d'action du score, 'The Juggernaut' est aussi la preuve incontestable du talent du compositeur lorsqu'il s'agit d'écrire ce genre de grand morceau de terreur orchestrale déchaîné et particulièrement intense à l'écran. C'est en réalité 'Junkyard' qui ouvre le film un peu avant 'The Juggernaut', 'Junkyard' se trouvant bizarrement un peu plus loin sur l'album et évoquant les préparatifs de la mission visant à capturer le fantôme brutal de la casse au tout début du film.

Après cette introduction énergique et brutale, 'What's In The Basement' évoque quand à lui la menace des fantômes dans la nouvelle demeure des Kriticos. Perdu à travers l'immense dédale de fenêtres incassables, le morceau repose sur une basse de synthé aux sonorités techno et qui apporte un ton plutôt sombre et étrange à ce morceau. Tout le reste du morceau n'est fait que de violents sursauts orchestraux évoquant les flash répétés et les apparitions soudaines de ces fantômes qui peuvent être n'importe où et frapper à tout moment. Le morceau évolue d'une manière totalement aléatoire et imprévisible, une excellente pièce atmosphérique qui évoque le morceau lié à la présence de ces horribles fantômes dans le sous-sol de cette étrange maison de verre. On change d'ambiance avec le 'Main Title' qui nous introduit le deuxième thème du score, morceau reposant sur un petit ostinato mélodique de la harpe avec quelques cordes plus douces et intimes et une flûte légère, évoquant au tout début du film le bonheur paisible de cette famille (typiquement américaine) qui vit en paix jusqu'au jour où la mère meurt tragiquement dans un incendie simplement suggéré dans le générique par les dialogues et les bruitages alors que l'on voit un lent travelling panoramiqué circulaire faire le tour de la pièce et revenir sur un Arthur Kriticos mélancolique. C'est la flûte qui nous fait entendre ce deuxième thème plus mystérieux soutenu par cet étrange ostinato de harpe (on pense par moment au style envoûtant de 'The Others' d'Alejandro Amenabar) et ces cordes sombres. Ce thème simple et somme toute assez quelconque apporte une touche de mystère non négligeable au sein d'un score finalement très agité et extrêmement tendu. Tout en nuance, ce 'Main Title' délaisse l'ambiance brutale et terrifiante de 'The Juggernaut' pour évoquer le côté plus sombre et mystérieux du film.

'Entering The House' nous fait comprendre que cette demeure recèle un bien sinistre secret et c'est l'atmosphérique 'Cyrus' Will' qui démontre tout le talent du compositeur dans le maniement des textures électroniques du synthétiseur. Frizzell a recours ici à des sonorités techno comme dans 'What's In The Basement', sonorités qui contribuent à renforcer l'ambiance pesante et sombre du morceau tout en soulignant le côté étrange de ce manoir assez particulier, le morceau accompagnant la scène où Cyrus déclare son souhait de léguer à sa famille son étrange manoir hanté (ce morceau donne un côté envoûtant et mystérieux assez prenant dans cette scène). Toujours très à l'aise dans le domaine de l'atmosphérique et des montées de tension, Frizzell va développer une atmosphère pesante et sombre tout au long du film, par le biais d'excellents mélanges orchestre/synthé avec sonorités techno. 'Rafkin Struck Down' évoque les visions brutales du médium interprété par Matthew Lillard. A noter un véritable délire sonore en plein milieu du morceau, brutal et quasiment malsain, le genre de morceau atmosphérique totalement imprévisible et qui contribue à nous plonger dans un univers horrifiant et particulièrement inquiétant et où le danger semble venir de partout. La terreur prend vite le dessus avec 'The Jackal Attacks' où Frizzell a recours à une basse techno et un sampler de guitare électronique hardos, le tout mixé avec un orchestre déchaîné pour la scène de la violente attaque du fantôme-chacal. Assez inventif sur le plan sonore, le compositeur se permet même le luxe de faire une brève allusion à une sorte de petite mélodie de berceuse enfantine noyée sous les différents effets sonores électroniques et orchestraux. 'The Jackal Attacks' contribue à son tour à créer cette ambiance de trouble extrême, de malaise et de sursauts violents et imprévisibles (ici, l'attaque soudaine du fantôme qui s'en prend à Kathy - Shannon Elizabeth). On retrouve une ambiance électronique plus mystérieuse avec le sombre 'The Princess', Frizzell se montrant une fois de plus particulièrement inventif sur le plan des sonorités électroniques parfaites pour retranscrire le côté étouffant, glauque et étrange de ces scènes (ici, la présence de la princesse en colère dans la salle de bain de Kathy). A noter une nouvelle utilisation assez inventive des différents samplers électroniques du compositeur (surtout avec ces mystérieuses voix samplées qui semblent surgir de l'au-delà pour évoquer comme il se doit la présence du fantôme).

Plus l'histoire avance, plus la musique de Frizzell se veut pesante, glauque et de plus en plus terrifiante. 'Opening Of The Chambers' renforce l'atmosphère lugubre du score avec ces sonorités électroniques réussies et magnifiquement incorporées dans l'orchestre (comme Frizzell l'avait déjà fait dans 'Alien Resurrection'). La terreur culmine dans des pièces telles que 'Rafkin Dies' (violente utilisation des timbales avec un orchestre déchaîné dans la scène de la mort de Rafkin), 'Ben Moss Splits' (scène la plus gore du film avec des sons de synthé étranges et quasiment malsains) ou l'étrange 'The Hammer' qui s'ouvre au son de sonorités métalliques bizarres évoquant astucieusement des coups de marteaux déformés (on n'est pas très loin ici des expériences sonores d'un Pierre Schaeffer) preuve flagrante du talent du compositeur dans le maniement de ses différentes sonorités électroniques. Si le score est assez répétitif en soi, l'écoute sur CD révèle bien des surprises qui échapperont probablement à notre attention à l'écoute de la musique dans le film, injustement noyée sous des tonnes d'effets sonores en tout genre. A noter le retour du thème de cuivres de 'The Juggernaut' vers la fin de 'Gene Returns', motif menaçant toujours lié à la menace des fantômes qui se montrent extrêmement brutaux et meurtriers.

Dans 'The Ghosts Escape', Frizzell a recours à une rythmique proche des sonorités mécaniques d'une pendule pour évoquer l'immense mécanisme se trouvant au coeur de la machine, point stratégique de cet engin cauchemardesque. Toujours sur le plan sonore, 'Bobby Gets Lost' nous fait entendre une série de sonorités fantomatiques assez macabres lorsque le jeune Bobby se retrouve perdu dans les couloirs de ce sous-sol cauchemardesque, Frizzell ayant recours par moment à certaines sonorités de pulsation proches des battements de coeur humain (à noter une utilisation étrange d'un violon samplé à la fin de ce morceau cauchemardesque et suffoquant). Le motif de cordes de 'Gene Returns' revient dans 'Cyrus Returns' évoquant la menace du véritable méchant du film (comme d'habitude, les titres des morceaux vous donnent de gros indices alors si vous n'avez jamais vu le film, ce sont de véritables spoilers). C'est aussi l'occasion pour Frizzell de réutiliser l'excellent motif de cuivres de 'The Juggernaut' pour évoquer une fois encore la menace de l'immense mécanisme dans lequel les deux enfants d'Arthur sont retenus prisonniers. Le morceau fait superbement monter la tension de manière intense avant de se conclure sur 'The Machine Destroyed', ultime morceau d'action marquant le retour du thème de cuivres de 'The Juggernaut', morceau particulièrement intense, violent et chaotique: en clair, le grand climax tant attendu de la partition de Frizzell se finissant alors de manière paisible comme dans le 'Main Title' du score.

Vous l'aurez compris, '13 Ghosts' est un score macabre et glauque tout à fait caractéristique de ce genre de partition que l'on compositeur écrit habituellement pour ce type de production horrifique. L'originalité du score réside essentiellement dans le travail autour des différents éléments électroniques que le compositeur manient avec une aisance et une inventivité étonnante. Atmosphérique et macabre à souhait, le score de '13 Ghosts' ravira sans aucun doute les fans du compositeur et ceux qui apprécient comme moi les ambiances sinistres, fantomatiques et extrêmement pesantes. Un score qui vous est chaleureusement recommandé si vous aimez les compositions terreur/suspense de John Frizzell, un compositeur décidément très doué et qui a encore un bel avenir devant lui!


---Quentin Billard