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1-Autumn In Connecticut 3.08
2-Mother Love 0.42 3-Evening Rest 1.52 4-Walking Through Town 1.49 5-Prowl 1.01 7-The F Word 1.11 8-Party 0.55 9-Hit 2.42 10-Crying 1.11 11-Turning Point 4.46 12-Cathy & Raymond Dance 2.02 13-Disapproval 1.00 14-Walk Away 2.34 15-Miami 0.56* 16-Back To Basics 1.47 17-Stones 1.44 18-Revelation and Decision 4.21 19-Remembrance 1.56 20-More Pain 4.04 21-Transition 0.55 22-Beginnings 2.17 *Arrangé par Patrick Russ Musique composée par: Elmer Bernstein Editeur: Varèse Sarabande 302 066 421 2 Produit par: Elmer Bernstein Producteur exécutif: Robert Townson Artwork and pictures (c) 2002 John Wells Productions. All rights reserved. Note: ***1/2 |
FAR FROM HEAVEN
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Elmer Bernstein
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Véritable hommage poignant aux mélodrames Hollywoodiens des années 50, 'Far From Heaven' (Loin du Paradis) est la nouvelle réalisation de Todd Haynes qui, après avoir mis en scène Ewan McGregor dans la peau de la rock star Curt Wild pour 'Velvet Goldmine', a décidé de changer complètement de registre pour revenir dans un style plus soft et plus poétique. 'Far From Heaven' (et son générique volontairement kitsch) est une fable émouvante sur la tolérance et la lutte contre le racisme et les préjugés en tout genre. Dans une petite ville du Connecticut des années 50, Cathy Whitaker (Julianne Moore) et Frank Whitaker (Dennis Quaid) forment un couple idéal, admiré par tous. Avec deux enfants et une situation sociale bien établie, la famille Whitaker est au beau fixe, jusqu'au jour où Cathy surprend son mari en train d'embrasser un homme. Complètement abattue, Cathy tente de trouver du réconfort en allant parler à Raymond Deagan (Dennis Haysbert), son jardinier d'origine afro-américaine. Si Cathy va réussir à cacher à tout le monde l'homosexualité de son mari, elle ne pourra pas cacher qu'elle fréquente (en toute amitié) son nouvel ami Raymond. Pour Cathy, il n'est pas question de commettre une adultère. Quelque part, c'est pour elle l'occasion de trouver un peu de réconfort et d'amitié auprès de cet homme charmant et attentionné à qui elle pourra se confier. Mais après avoir été aperçue en compagnie de Raymond, Cathy va devoir faire face aux méfaits des rumeurs et autres ragots, dans une Amérique des années 50 où le racisme est encore -hélas- monnaie courante et où il n'est jamais bien vu de parler ou de fréquenter un noir. Petit à petit, le monde paisible dans lequel Cathy vivait jusqu'à maintenant va s'écrouler tout autour d'elle sans qu'elle puisse y changer quoique ce soit. Tourné à 'l'ancienne', le film de Todd Haynes affiche une esthétique résolument proche des mélodrames américains des années 50, le film s'inspirant surtout du drame 'All That Heaven Allows' (1995) de Douglas Sirk, spécialiste incontesté des mélodrames du milieu du siècle. Le réalisateur utilise une palette de couleurs plutôt riche, proche du Technicolor de l'époque, sans oublier le générique plutôt kitsch qui fait apparaître des gros titres en bleu avec une police d'écriture façon 'générique Hollywoodien des années 50', sans oublier le kitschissime 'The End' inscrit à la fin du film. Bref, tout est fait ici pour nous replonger dans cet univers des drames à l'ancienne, le réalisateur maîtrisant apparemment parfaitement son sujet même s'il s'agit une fois encore d'un film à l'émotion un peu trop facile qui fera très vite tirer les mouchoirs chez les âmes les plus sensibles. Plaisanteries mise à part, pour peu que l'on soit réceptif à ce genre de drame larmoyant, 'Far From Heaven' s'avérera être une bonne surprise, un film émouvant sur le droit à la différence et la tolérance dans une Amérique faite de tabous et de principes. On ne pourra pas passer à côté de la performance de Julianne Moore qui mérite à elle seule un oscar pour son rôle de femme abattue par un destin cruel.
Elmer Bernstein a signé pour 'Far From Heaven' une petite partition orchestrale plutôt fraîche et émouvante, un score salué par les critiques qui évoquent là le 'grand retour' du compositeur dans un genre plus dramatique/intime/romantique. C'était alors pour Elmer Bernstein l'occasion d'aborder un style plus proche des partitions lyriques des mélodrames de Douglas Sirk, et c'est probablement l'aspect le plus réussi de la partition, Bernstein ayant parfaitement assimilé les trucs et les tics de ce style de musique. Amateur de grosses partitions épiques et héroïques, passez votre chemin. 'Far From Heaven' est un score dramatique plein de poésie, de finesse, de légèreté et de lyrisme, et même si l'on pourra regretter une fois encore le côté un peu 'émotion facile' et 'larmoyant' de cette BO, on ne pourra qu'apprécier l'étonnante fraîcheur des thèmes composé par Bernstein et de l'environnement musical que le compositeur a crée pour le film. Le générique de début, plutôt kitsch, est accompagné de 'Autumn In Connecticut' qui annonce le très beau thème principal du score, thème mélancolique confié à un piano fragile et solitaire, repris ensuite par quelques vents (basson et hautbois...) et des cordes lyriques. 'Autumn In Connecticut' est tout à fait caractéristique de l'ambiance générale du score de Bernstein: une certaine tristesse, une mélancolie rêveuse et quasi nostalgique, avec une grande finesse et une certaine tendresse (le tout dans un style assez proche de l'un des grands classiques du compositeur: 'To Kill A Mockingbird' - 1962). Facilement mémorisable, cet excellent thème principal annonce d'entrée la couleur et nous plonge dans le climat lyrique de la partition. 'Evening Rest' nous permet de retrouver cette tristesse rêveuse par le biais d'une très belle écriture pour piano et un petit quatuor de cordes. C'est la simplicité des lignes mélodiques et la fraîcheur des orchestrations 'à l'ancienne' qui font de 'Far From Heaven' une partition vraiment très émouvante et très agréable. (le morceau accompagne une scène touchante où Cathy fait dormir son mari exténué par son travail) Après une clarinette intime et plus dramatique dans 'Walking Through Town', 'Prowl' accompagne la scène où Frank se rend dans un bar gay. Pour cette scène, Bernstein a décidé d'utiliser une petite formation faite de vents et une basse qui repose sur un rythme assez similaire à celui d'une habanera (danse espagnole 'immortalisé' par Georges Bizet dans le fameux air de l'Habanera de 'Carmen'). Ce morceau résonne de manière un peu plus sombre dans ses harmonies et annonce déjà le côté plus dramatique de l'histoire, même si la musique reste encore très calme et plutôt paisible ici. A noter une très belle reprise du thème principal dans 'Party' confié à des cordes lyriques qui résonnent comme les anciennes partitions lyriques des mélodrames des années 50, avec ces lignes mélodiques raffinées et ces cordes sirupeuses très 'fifties'. 'Hit' évoque quand à lui le côté plus sombre et dramatique de l'histoire avec des cuivres plus sombres mélangés aux cordes et aux vents, tandis que 'Crying' explore à son tour le côté plus triste et intime du film. Ce très beau morceau permet au compositeur d'apporter une nouvelle touche de mélancolie pour une scène où Cathy craque et pleure dans son jardin. 'Turning Point' est un autre changement d'ambiance puisque le morceau nous permet de rentrer dans le côté plus léger de la partition de Bernstein avec des vents sautillants et plutôt enjoués. Ces ambiances plus légères sont plutôt caractéristiques de la première partie du score, 'Turning Point' débutant ainsi de manière plutôt naïve et légère, encore un élément qui pourrait nous rapprocher des musiques intimes des mélodrames des années 50 (ces passages plus légers ne sont cependant pas les meilleurs morceaux du score). 'Turning Point' permet aussi au compositeur d'utiliser son deuxième thème, un très beau thème romantique associé à Cathy et Raymond et qui décrit avec justesse les sentiments naissant entre les deux personnages. (on retrouve une fois de plus cette étonnante fraîcheur mélodique et la simplicité des thèmes écrits par le compositeur) 'Cathy and Raymond Dance' permet au compositeur de reprendre le thème romantique sous une forme lente et plus jazzy pour la séquence de la danse entre Cathy et Raymond dans le bar des noirs, le thème étant exposé ici avec un saxophone romantique, le piano et la section rythmique. (le morceau est interprété dans le film par les musiciens du bar) 'Disapproval' développe lui aussi le très beau thème romantique dans une excellente écriture du pupitre des vents soutenus par des cordes chaleureuses et intimes. On ressent à merveille dans le film cette ambiance de douce nostalgie, une nostalgie quasi naïve, très années 50 d'esprit. En tout cas, le résultat à l'écran est remarquable et crée l'ambiance intime/dramatique parfaite pour le film. 'Walk Away' nous fait entendre le côté plus sombre de l'histoire, évoquant ici la montée du racisme contre Raymond qui n'est pas la bienvenue ici, dans cette petite ville. 'Miami' permet au compositeur de reprendre son thème principal sous la forme d'une petite bossa-nova sympathique et tranquille (séquence où le Cathy et Frank partent tout deux en vacances à Miami). 'Stones' est quand à lui le morceau le plus sombre du score, installant un petit ostinato rythmique au piano dans la scène où Sarah, la jeune fille de Raymond, est poursuivie par les trois garçons qui lui lancent des pierres, le morceau exprimant ici la bêtise de la haine raciale (de manière un peu trop très simpliste d'ailleurs, surtout au niveau rythmique). 'Remembrance' annonce la fin de l'histoire avec cette tristesse plutôt résignée alors que tout commence à s'écrouler autour de Cathy, tristesse qui se prolongera dans 'More Pain' (reprise assez sombre et résignée du thème romantique par le biais de quelques cordes plaintives et d'une fûte délicate) exprimant la douleur de Cathy face à ce qui lui arrive (et qu'elle ne mérite pas), l'histoire trouvant sa conclusion sur le magnifique 'Beginnings' reprenant le thème principal de 'Autumn In Connecticut' avec un piano solitaire, quelques vents et quelques cordes chaleureuses pour conclure le score en beauté. Vous l'aurez donc compris, 'Far From Heaven' est une très belle partition orchestrale dans la tradition des musiques romantiques/dramatiques des années 50 (ceci est assez flagrant dans l'exposition du thème de 'Autumn In Connecticut' et son grand élan romantique à l'ancienne) dont l'unique défaut est d'être à mon avis un peu trop utilisé durant tout le film (la musique occupe un peu trop de place sur certaines scènes du film où on aurait souhaité l'entendre de manière un peu moins présente). Ce n'est certainement pas le nouveau grand chef d'oeuvre du compositeur, mais cela reste la preuve flagrante qu'à 81 ans, le vétéran de la musique de film Hollywoodienne n'a toujours rien perdu de son inspiration. ---Quentin Billard |