1-Jidai no Kaze - Hito ga
Hito de Irareta Toki
(l'époque du vent - le temps où
l'homme était un homme) 2.50
2-Mammaiuto (Mammaiuto) 1.21
3-Addio! (Addio!) 0.37
4-Kaerazary Hibi
(les jours sans retour) 2.16
5-Sepia Iro no Shashin
(La photo couleur Sepia) 0.47
6-Serbia Maachi
(Seribia March) 1.03
7-Flying Boatmen 2.36
8-Doom - Kumo no Wana
(Doom - Le piège
des nuages) 1.23
9-Porco e Bella 1.06
10-Fio - Seventeen 2.04
11-Piccolo no Onnatachi
(Les femmes de Piccolo) 2.04
12-Friend 3.04
13-Partnership 2.28
14-Kyôki - Hisyou
(Madness Flight)* 2.39
15-Adria no Umi e
(Vers l'Adriatique) 1.50
16-Tôki Jidai o Motomete
(A la recherche du
temps passé) 2.18
17-Kouya no Hitomebore
(Coup de coeur
dans le désert) 1.11
18-Natsu no Owari ni
(La fin de l'été) 1.26
19-Ushinawareta Tamashii
(Lost Spirits) 4.11
20-Dog Fight 2.10
21-Porco e Bella - Ending 2.35
22-Sakuranbo no Minoru Koro
(Le temps des cerises)** 2.52
23-Toki ni wa Mukashi
no Hanashi o
(Once in a While,
Talk of The Old Days)**/+ 3.56

*Extrait de 'My Lost City'
composé par Joe Hisaishi
**Interprété par Tokiki Kato
+Ecrit par Yoko Kanno

"Le temps des cerises"
Ecrit par:
A.Renard
Paroles de:
J.B. Clément

Musique  composée par:

Joe Hisaishi

Editeur:

Tokuma Japan Communications
TKCA-71156

Produit et arrangé par:
Joe Hisaishi
Producteurs exécutifs:
Yoshihiro Oikawa,
Toshio Suzuki (Studios Ghibli)

Management:
Daisuke Sato
Supervisé par:
Takashi Watanabe,
Hideaki Kobayashi,
Shunya Matsushita

Réalisé par:
Tomoko Okada

Artwork and pictures (c) 1992 Studios Ghibli/Tokuma Japan Communications. All rights reserved.

Note: ***1/2
KURENAI NO BUTA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Joe Hisaishi
Hayao Miyazaki entame avec brio le début des années 90 en nous livrant en 1992 son nouveau grand film d'animation, 'Kurenai no buta' (que nous connaissons mieux sous le titre de 'Porco Rosso'). Après 'Kiki's Delivery Service' qui narrait les aventures d'une jeune sorcière dans une Europe imaginaire, le génial Miyazaki nous transporte dans l'Italie du début du siècle et nous invite à partager les aventures de Porco Rosso, le célèbre aviateur/chasseur de prime à tête de cochon qui parcourt toute l'Italie à bord de son hydravion rouge. L'histoire se passe cette fois ci dans les années 1930. Porco Rosso s'appelait autrefois Marco et parcourait déjà fièrement l'Italie à bord de son avion. Aujourd'hui, il va par ci par là pour gagner sa vie en combattant des pirates avec une dextérité qui font de lui le pilote italien le plus redoutable et le plus apprécié (sauf par ses rivaux). Il participa autrefois à la guerre et, alors qu'il crut mourir en se faisant abattre par des avions ennemis, son appareil s'éleva au dessus des nuages où il aperçu les spectres de tous ses amis aviateurs morts au combat. Le message était clair: son heure n'était pas encore arrivé. Depuis ce moment là, une étrange malédiction s'est abattu sur lui: il est devenu un cochon. Aujourd'hui, ses petits boulots lui permettent de gagner sa vie tranquillement mais il doit faire face à une nouvelle menace: en effet, le pilote américain Donald Curtis va le défier dans les airs et va tout faire pour tenter de conquérir Gina, son amour d'enfance. Porco Rosso est toujours resté très proche de sa tendre Gina mais il n'a jamais su depuis sa 'malédiction' que cette fille était toujours amoureuse de lui, et, inlassablement, elle attend le jour où il viendra lui déclarer sa flamme. Comme si cela ne suffisait pas, Porco Rosso se retrouve pourchassé par des agents fascistes qui veulent mettre fin à ses agissements.

'Porco Rosso', c'est donc plus de 90 minutes de magie pure, d'humour, d'aventure, de nostalgie et de poésie. A l'instar de 'Kiki's Delivery Service', 'Porco Rosso' baigne dans une atmosphère nostalgique d'une douce Italie des années 30 où les gens prenaient encore le temps de vivre et de s'amuser tranquillement. (métaphore de la 'Dolce vita' Fellinienne?) Ici, on est dans un monde à la fois réaliste (la guerre, le fascisme, la rivalité, etc.) et magique (les pirates au grand coeur comme dans 'Tenku no shiro Rapyuta', la tendresse typique de Miyazaki, la nostalgie de la beauté des paysages italiens et de la mer Adriatique, les séquences d'aviation fabuleuses, les personnages attachants, l'humour, etc.). Ce film possède un charme particulier, un charme indéfinissable. On ne sait si l'on est plus ravi par la beauté des décors, le réalisme de l'histoire ou par la poésie et l'humour des personnages, mais on sait en tout cas que l'on a à faire ici à un très grand film d'animation, pour s'évader et rêver. Miyazaki a toujours su comment toucher notre coeur, que ce soit par des grandes aventures épiques et fantaisistes ('Le château dans le ciel', 'Princesse Mononoké', 'Le voyage de Chihiro') ou par des histoires poétiques et enfantines ('Mon voisin Totoro', 'Kiki's Delivery Service'). La simplicité du récit et des personnages rend le film encore plus attachant, et l'on ne peut rester insensible à la beauté des paysages Italiens que le réalisateur nous décrit avec une nostalgie et une poésie vibrante, une ambiance de douceur de vivre parsemé de pirates, de séquences d'aviation (une passion du réalisateur?), de romantisme et de tendresse (les séquences avec la jeune Fio Piccolo sont à la fois tendres et amusantes. Cette jolie fille respire la sympathie, la gentillesse et la hardiesse typique des filles dans les films de Miyazaki). Le héros en lui même est assez complexe. On sent qu'il cache un profond secret du à sa malédiction et qu'il aborde désormais la vie d'une manière plutôt tranquille (en gros, il fait quelques boulots et c'est tout. Le reste du temps, il part se planquer dans une île secrète où il se repose tranquillement, et ce entre deux tournées dans le restaurant de Gina), mais sa rivalité avec Donald Curtis et les pirates va réveiller en lui son âme d'aventurier. Quand à Gina, on la sent à la fois attiré par Marco/Porco Rosso et impatiente d'attendre sa 'venue', la jolie italienne n'ayant jamais rien perdu de ses sentiments pour son amour d'enfance, et ce même si son homme est devenu un cochon (une belle preuve d'amour). Bref, vous l'aurez compris, 'Porco Rosso' est une fois de plus une grande réussite à rajouter parmi les chefs d'oeuvre du génial réalisateur japonais Hayao Miyazaki. A noter que c'est Jean Reno qui fait la voix de Porco Rosso dans la version française.

'Porco Rosso', c'est évidemment le retour de Joe Hisaishi à la musique qui signe là sa cinquième collaboration avec Miyazaki, collaboration qui débuta en 1984 sur 'Kaze no tani no Naushika' (Nausicaä of The Valley of the Winds). Si 'Nausicaä', 'Le château dans le ciel' et 'Mon voisin Totoro' faisaient appel au synthétiseur, 'Porco Rosso' est, à l'instar de 'Kiki's Delivery Service', un score entièrement orchestral. Qui dit score pour Miyazaki dit forcément thèmes et 'Porco Rosso' n'échappe pas à la règle. On retrouve l'ambiance légère et européenne de 'Kiki's Delivery Service' avec ce grand score de Hisaishi, mélange entre tendresse, poésie et aventure. 'L'époque du vent' nous plonge immédiatement dans le vif du sujet: le film s'ouvre avec l'amusante attaque des pirates et l'arrivée de Porco Rosso. Rythmé par quelques cordes et un premier motif de vents sautillant, le morceau nous plonge dans une ambiance d'aventure légère typique des musiques des films de Miyazaki. Hisaishi semble avoir voulu aborder sa composition avec humour en évitant le style 'musique d'aventure héroïque et grandiloquente'. Très rythmé, 'L'époque du vent' aborde cette première séquence d'aventure avec une légèreté tout à fait caractéristique donc du ton voulu par Hisaishi. 'Mammaiuto' développe le motif associé aux pirates sous la forme d'une petite marche amusante (à noter l'utilisation amusante du tuba bien lourdaud qui rythme cette légère marche aux accents italiens). Avec le très joli' Les jours sans retour', on entre dans le côté plus poétique et romantique de la composition de Hisaishi avec très beau thème d'amour évoquant l'amour secret de Gina pour Marco/Porco Rosso, joué ici dans une très belle version piano. C'est dans 'La photo couleur Sepia' qu'Hisaishi reprend ce thème par un violon nostalgique soutenu par le piano et quelques cordes pleines de tendresse. On sent ici le côté rêveur et tendre voulu par Hisaishi dans cette très jolie scène où Marco dîne avec Gina et aperçoit une vieille de lui lorsqu'il avait encore un visage humain. Le morceau traduit à la fois ici la nostalgie lié à ce souvenir et l'amour secret que la jeune femme porte pour Marco. Si vous êtes insensibles à la beauté de la poésie et du romantisme, il est certain que cet aspect de la partition de 'Porco Rosso' vous déplaira au plus haut point, mais le tout est fait avec un tel charme, une telle délicatesse, qu'il serait vraiment dommage de ne pas apprécier et reconnaître à sa juste valeur la qualité de la composition d'Hisaishi.

A noter une petite musique de parade dans 'Serivia March', entendu alors que Porco Rosso se rend en ville et qu'une parade défile dans la rue. Retour à l'aventure avec l'excellent 'Flying Boatmen' qui reprend l'amusant thème des pirates pour leur réapparition en compagnie de leurs nouveaux camarades. La suite du morceau prend une tournure encore plus humoristique alors qu'Hisaishi s'amuse à pasticher le style des fanfares héroïques lorsque deux aviateurs tentent de contre-attaquer pour protéger le paquebot que les pirates vont piller. Décidément, 'Porco Rosso' ne manque ni d'humour ni de finesse. Hisaishi n'oublie pas non plus le côté européen de la musique puisque 'Doom - le piège des nuages' se base sur un rythme de habanera (danse espagnole magnifié par Maurice Ravel ou par Georges Bizet dans 'Carmen') tandis que l'amusant 'Fio-Seventeen' fait intervenir une mandoline typiquement italienne. A noter un nouveau passage romantique dans le très joli 'Porco E Bella', toujours baigné de cette atmosphère de douce nostalgie rêveuse (renforcé ici par le côté planant des cordes et les quelques notes de piano qui semblent onduler dans les airs).

'Fio-Seventeen' nous introduit alors le thème de la jeune Fio, petite mélodie typiques des chants italiens populaires doublé par une flûtes et une mandoline qui nous inciterait presque à chanter. Pour Hisaishi, il s'agit bel et bien d'un véritable exercice de style qui nous prouve une fois encore que le compositeur possède décidément plus d'un tour dans son sac. 'Fio-Seventeen' évoque non seulement la douceur naïve du personnage mais aussi la beauté paisible de l'est de l'Italie proche de la mer Adriatique. Piccolo fait alors appel à des femmes pour rebâtir l'hydravion endommagé de Porco Rosso dans l'amusant 'Les femmes de Piccolo', nouvelle mélodie légère et joyeuse évoquant les airs populaires de l'Italie (cf. basse en pizzicati et la mandoline). On est presque proche ici du côté populaire de la musique de Rossini, Hisaishi abordant une fois encore cette séquence avec une légèreté et un humour remarquable. 'Friend' est une nouvelle mélodie nostalgique sous la forme d'une petite valse confié à une clarinette avec quelques vents et quelques cordes alors que Porco Rosso tente d'échapper aux fascistes et se lie d'amitié avec la jeune Fio. La course poursuite dans le canal avec les agents fascistes se fait entendre au son d'un petit thème de piano rythmé et soutenu dans 'Madness Flight', morceau emprunté à 'My Lost City', l'un des albums solo de Joe Hisaishi, composé et publié en 1992, à la même année que le film.

Le thème de valse de l'amitié revient dans 'Vers l'Adriatique' tandis que 'A la recherche du temps passé' nous fait entendre une très belle mélodie de flûte soutenue par une guitare et quelques cordes pour une séquence poétique du film (jardin privé de Gina qui attend avec impatience que Porco Rosso vienne lui déclarer son amour). 'A la recherche du temps passé' évoque une fois encore la simplicité mélodique du style d'Hisaishi et sa manière si caractéristique qu'il a d'écrire et d'amplifier ses thèmes poétiques avec une simplicité toujours aussi émouvante et fraîche (surtout au niveau des orchestrations - l'utilisation d'une flûte aiguë est ici une très bonne idée). Les pirates reviennent dans l'amusant 'Coup de coeur dans le désert' (pastiche de rythmes martiaux pour évoquer le côté un peu idiot des pirates, avec un côté un peu mickeymousing à l'américaine, surtout au niveau de l'écriture sautillante des vents - flûtes, bassons et hautbois principalement ici). 'Lost Spirit' est un peu à part dans le score car c'est le seul morceau (hormis 'Madness Flight') qui fait intervenir le synthétiseur. Dans ce morceau, Porco Rosso se souvient de la scène où il monta au dessus des nuages et aperçu les spectres de ses amis aviateurs morts au combat. Si le thème romantique ouvre le morceau sur une très belle écriture de piano/cordes, ce sont les cordes et le synthétiseur qui vont prendre le relais pour cette scène étrange, quasi irréelle. Pour retranscrire ce côté irréel, quasi onirique, Hisaishi n'avait d'autre choix que d'avoir recours aux sons électroniques tendance new-age qui collent parfaitement avec cette étrange séquence.

'Dog Fight' évoque finalement l'affrontement final entre Porco Rosso et Donald Curtis avec un certain humour et c'est le très joli 'Porco E Bella (Ending)' qui conclura le film sur une touche de nostalgie vibrante avec un morceau à la fois rythmé et doux, évoquant la fin d'une belle aventure (Porco Rosso s'en va, Gina, devenue amie avec Fio, continue de l'attendre, toujours éprise de lui) et une dernière reprise orchestrale du thème romantique. L'édition japonaise nous gratifie de deux bonus, la version du 'temps des cerises' (chanté dans le film par Tokiko Kato/Gina - l'accent japonais sur des paroles françaises, c'est pas vraiment terrible, mais l'effort reste louable) et le très belle chanson du générique de fin, 'Once in a While, Talk of The Old Days', écrite par Yoko Kanno et interprétée par Tokiki Kato pour le générique de fin, chanson qui respire la nostalgie et la poésie rêveuse.

Fans d'Hisaishi, 'Porco Rosso' est une autre BO exemplaire que vous ne devez absolument pas manquer, dans la lignée de partitions telles que 'Mon voisin Totoro' (pour la simplicité des thèmes et la nostalgie) et 'Kiki's Delivery Service' (pour la poésie et le côté européen). Comme d'habitude, Joe Hisaishi est toujours aussi inspiré lorsqu'il s'agit d'écrire un score sur un film de Hayao Miyazaki, le score du compositeur étant une fois encore en adéquation parfaite avec les images du film. Peut être moins marquant que 'Mon voisin Totoro' ou 'Le château dans le ciel', 'Porco Rosso' n'en reste pas moins un bien bel effort de la part du compositeur, la représentation musicale parfaite de cette histoire d'aventure, de rivalité, de poésie, d'amour, de nostalgie et de tendresse. Une Bo vraiment très rafraîchissante, preuve incontestable du talent du compositeur japonais!


---Quentin Billard