'Executive Decision' (Ultime Décision) est une énième série-B d'action mettant en scène un commando américain chargé d'infiltrer en secret un avion détourné par des terroristes arabes. C'est le lieutenant Colonel Austin Travis (Steven Seagal) qui est chargé de mener à bien les opérations, accompagné du docteur David Grant (Kurt Russell) et de ses hommes. Une fois introduit à bord, les hommes de Travis devront désamorcer la bombe et mettre fin aux agissements des terroristes. Pour tenter de ne pas se faire repérer, Grant va rentrer en contact avec Jean (Halle Berry), une hôtesse de l'air qui va tout faire pour lui venir en aide. Film d'action banal signé Stuart Baird, 'Executive Decision' n'étonne que parce que Steven Seagal meurt étonnement vers le premier quart d'heure du film (lui qui se plaît à se montrer comme un super héros totalement invincible dans tous ses films)...après cela, plus aucune surprise, la routine reprend jusqu'au bout! Le film vaut davantage par la qualité de ses scènes de suspense que des quelques rares scènes d'action, la majeure partie du film se déroulant dans les soutes de l'avion, lorsque le commando prépare l'attaque et doit trouver avant tout le moyen de désamorcer la bombe. Cette ambiance d'infiltration n'est donc qu'un prétexte à un nouveau film évoquant les 'gentils' américains contre les 'méchants' arabes, un peu comme dans le caricatural 'True Lies' de James Cameron. Reste que voir Kurt Russell et Steven Seagal réunis dans un même film demeure une chose assez insolite, Seagal s'étant apparemment laissé tenter par l'expérience de voir son personnage mourir dans la première partie du film (et, soyons honnête, par des obligations contractuelles). Voilà donc une série-B d'action banale et divertissante, idéale pour se vider l'esprit pendant 134 minutes.

Jerry Goldsmith est de retour dans l'action avec 'Executive Decision'. Aucune surprise à la clé, il s'agit d'un score d'action/suspense pur et dur, mais comme Jerry Goldsmith sait si bien en faire. La partition orchestrale de ‘Executive Decision’ n'est cependant pas aussi mauvaise que certains ont bien voulu l’affirmer, même s’il est absolument évident qu'elle reste très en dessous de la moyenne, n'ayant ni le punch ni la puissance d'un 'Air Force One' par exemple. La partition s'articule autour d'un thème principal annoncé dans 'The Map', thème d'action cuivré accompagné par l'orchestre et les percussions martiales (acoustiques et électroniques) afin de renforcer le côté infiltration/commando du film de Stuart Baird. On retrouvera ce thème vers le début de 'All Aboard', lorsque le commando du colonel Travis (Steven Seagal) doit s'infiltrer à l'intérieur de l'avion détourné par des terroristes arabes. A ce sujet, Jerry Goldsmith souligne la présence des fanatiques arabes par l'utilisation de percussions orientales et de sonorités instrumentales arabes qui surprennent ici par leur côté artificiel et froid laissant quelque peu à désirer.

Le maestro californien suit parfaitement les péripéties agitées du commando à l'intérieur de l'avion, à savoir que leur mission constitue tout d’abord à ne pas se faire repérer pour pouvoir ensuite reprendre le contrôle de l'appareil après avoir repéré la taupe qui commande la bombe cachée à l’intérieur de l'avion. Par conséquent, la majeure partie du score de Goldsmith sera essentiellement constituée d'une large section de suspense et de tension avec, au final, très peu de passages d’action à proprement parler. A noter que l’on peut entendre un petit motif de cuivres ascendant dans la partie centrale du score, motif symbolisant le suspense mais aussi le danger omniprésent à l’intérieur de cet avion contrôlé par les terroristes arabes. Comme d'habitude, Goldsmith applique les recettes habituelles du genre avec son lot de percussions électroniques, de cordes sombres et de cuivres menaçants et agressifs.

Les dernières minutes du score de ‘Executive Decision’, 'The Ramona' et 'Hold It', nous permettent de retrouver enfin un peu de musique d'action pour clôturer l'album (et le film), lorsque le commando intervient enfin pour éliminer les terroristes et reprendre le contrôle de l'appareil. Orchestre endiablé, percussions acoustiques et électroniques, cuivres enlevés, rien ne manque dans ce score, si ce n'est une petite touche d'originalité ou d'émotion! Si ce score demeure redoutablement efficace dans le film, accentuant le suspense et la tension de l’histoire, il ne laisse guère la place à l'originalité et la finesse mais nous laisse un peu au contraire sur notre faim. Jerry Goldsmith hérite tellement depuis un certain moment de ce type de productions médiocres qu'il finit par ne plus avoir grand chose à dire musicalement, préférant se rabattre uniquement sur le plan cinématographique (comment mettre en musique telle scène, tel sentiment, tel personnage, etc.) et non sur un plan purement musical comme il pouvait le faire auparavant avec ses musiques pour les films de Joe Dante ou de Franklin J. Shaffner. Jerry Goldsmith, réaliste, accomplit parfaitement son travail comme on le lui demande, c'est tout. Exit donc toute finesse, toute recherche, toute forme d'originalité dans sa musique d’action du milieu des années 90! Cependant, il est vrai que Goldsmith a posé les bases plus que sures du score d'action avec des musiques comme 'First Blood', ‘Rambo II’ ou le colossal 'Total Recall', des partitions qui s’avéraient toute fois bien plus ambitieuses que ses scores d’action plus récents tels que ‘Executive Decision’ ou ‘Chain Reaction’. A noter pour finir que l’album publié par Varèse Sarabande et atteignant à peine les 28 minutes de musique est une véritable honte, une insulte à la musique de Goldsmith qui n’aide vraiment pas l’auditeur à apprécier la partition dans son intégralité !

La partition de Jerry Goldsmith pour le film d’action de Stuart Baird n’en demeure pas moins très réussie bien que sans grande inspiration, une partition d’action/suspense très routinière avec un thème principal efficace mais sans surprise. La musique de ‘Executive Decision’ suit parfaitement le déroulement de l'aventure, mélangeant touches martiales/électroniques et morceaux à suspense intenses, même s’il manque ici un petit plus pour permettre à la partition de se hisser au rang des grands chef-d’œuvres d’action du maestro. Jerry Goldsmith applique donc à la perfection toutes ses recettes orchestrales habituelles dans le film de Stuart Baird. On ne peut néanmoins s’empêcher d’en rester ici sur notre faim, ‘Executive Decision’ étant de toute évidence réservé en priorité aux inconditionnels de Jerry Goldsmith!



---Quentin Billard