1-Halloween Theme-
Main Title 2.54
2-Laurie's Theme 2.05
3-Shape Escapes 1.42
4-Myers's House 5.35
5-Michael Kills Judith 3.11
6-Loomis & Shape's Car 3.32
7-"The Haunted House" 3.33
8-The Shape Lurks 1.35
9-Laurie Knows 3.01
10-Better Check The Kids 3.27
11-The Shape Stalks 3.08

Musique  composée par:

John Carpenter

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD 47230

Interprété par:
John Carpenter
Synthétiseurs programmés par:
Dan Wyman
Préparé à l'édition
pour Varèse Sarabande par:
Tom Null
Coordinateur de la musique:
Bob Walter

Artwork and pictures (c) 1985 Varèse Sarabande Records, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
HALLOWEEN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Carpenter
Voici l'ancêtre des slasher movie qui font légion aujourd'hui à Hollywood: 'Halloween' de John Carpenter. Le réalisateur de 'The Thing' et de 'Escape from New York' signait en 1978 l'un de ses films les plus célèbres qui donnera naissance par la suite à de très nombreuses suites avec 'Halloween II' (1981), 'Halloween III: Season of the Witch' (1982), 'Halloween IV: The Return of Michael Myers' (1988), 'Halloween V' (1989), 'Halloween: The Curse of Michael Myers' (1995), 'Halloween H20: 20 Years Later' (1998) et le récent 'Halloween Resurrection' (2002). Evidemment, ce qui était à la base une modeste petite production d'horreur est devenu une gigantesque exploitation commerciale aboutissant à de véritables navets totalement surfaits, destinés à un public d'adolescents en manque de sensations fortes (on parle surtout de 'Halloween H20' ou de 'Halloween: Resurrection' qui tentent de faire de la concurrence à 'Scream', 'I Know What You Did Last Summer', 'Urban Legend' ou d'autres slasher-movie de ce genre). Evidemment, aujourd'hui, le thème du tueur masqué est totalement surfait et a tellement été imité qu'il ne fait même plus peur, mais en 1978, le public était littéralement terrifié par le film de Carpenter (un an après, le public allait encore vivre une forte expérience de peur avec le 'Alien' de Ridley Scott). Tourné avec un budget misérable de 300 000 dollars (en réalité, la moitié du budget est parti dans l'achat de caméras Panavision), 'Halloween' est un considéré comme LE classique du film d'horreur moderne, au côté du 'Night of The Living Dead' de Georges Romero. Difficile pourtant aujourd'hui de revoir ce film d'un oeil neutre, tant on nous abreuve depuis des années déjà de stupidités sanguinolentes qui tentent d'imiter toujours plus 'l'exploit' accompli par Carpenter sans jamais réussir à l'égaler (seul Wes Craven s'en est sorti haut la main avec 'Scream' car il a su renouveler le genre en y apportant une touche d'humour considérable, et ce malgré deux suites plutôt ennuyeuses et très commerciales). Difficile de croire que l'ancêtre du slasher-movie bien à la 'mode' est à l'origine une petite production indépendante tourné avec un budget misérable (les acteurs devaient eux mêmes s'acheter leurs propres costumes et le film a été tourné en 21 jours).

Après deux téléfilms et une petite série TV, l'actrice Jamie Lee Curtis débutait pour son premier rôle majeur au cinéma dans 'Halloween' où elle interprète Laurie Strode, la jeune fille pourchassée dans le film par le tueur fou, Michael Myers. Ce rôle lui restera collé à la peau jusqu'à aujourd'hui où elle continue encore de participer à des productions horrifiques en tout genre. (pour la petite histoire, Jamie Lee Curtis est la fille de deux grandes stars du 'Golden Age Hollywoodien', Janet Leigh et Tony Curtis) Dans 'Halloween', le véritable 'héros' de l'histoire n'est pas Laurie mais bel et bien Michael Myers, figure emblématique du cinéma d'horreur américain. En 1963, le jeune Michael assassina sa jeune soeur à coup de couteau durant la nuit d'Halloween, avec un masque recouvrant son visage (d'où le surnom du film: 'la nuit des masques'). Enfermé dans un hôpital psychiatrique où le docteur Samuel Loomis (Donald Pleasance, acteur fétiche de Carpenter) s'occupe de lui depuis de nombreuses années, Myers réussit un jour à s'échapper et revient dans le quartier d'Haddonfield dans l'Illinois, sa ville natale. Le docteur Loomis se lance alors à sa poursuite et va tout faire pour tenter de l'arrêter, tandis que le tueur fou armé de son masque et de son couteau va continuer à commettre des meurtres en assassinant des gens du quartier avant de s'en prendre à Laurie et ses amies. Scénario minime, mise en scène parfois intense, sursaut de terreur, suspense et rythme lent, tels sont les caractéristiques du film de Carpenter qui a pris évidemment un sacré coup de vieux aujourd'hui. Ensuite, on aime ou on n'aime pas, c'est à chacun d'en juger, mais 'Halloween' reste sans aucun doute un sommet du genre!

Comme d'habitude, John Carpenter signe lui même la musique de son film, entièrement écrite pour synthétiseur, avec l'aide de son fidèle complice Alan Howarth qui s'est occupé du mix stéréo de sa musique. A l'origine, le score devait être écrit pour un orchestre à cordes qui rendrait hommage au 'Psycho' de Bernard Herrmann, le film d'Hitchcock ayant servi de source d'inspiration pour Carpenter. Dan Wyman s'occupa alors de la programmation des synthétiseurs et de l'enregistrement du score, Wyman ayant déjà travaillé avec Carpenter sur 'Assault on Precinct 13' (1976), sa deuxième production après 'Dark Star' (1974) (pour la petite anecdote, le thème principal de 'Assault on Precinct 13' a été rendu célèbre dans les années 80 par le remix 'Megablast' de 'Bomb The Bass', repris ensuite par le fameux compositeur de musiques de jeux vidéo David Whittaker dans le jeu 'Xenon II' pour Amiga/Atari ST). Carpenter raconte même que Wyman l'aurait aidé à interpréter au clavier certains passages plus difficiles à jouer.

Le célèbre thème principal de 'Halloween' reste ce que Carpenter a fait de mieux dans ce domaine, un thème envoûtant et sinistre reposant sur un ostinato obsédant et répétitif. Carpenter raconte même que ce rythme lui aurait été inspiré d'un exercice rythmique fait avec son père en 1961. Ce fameux motif de 3 notes ascendantes reposant sur ce petit ostinato obsédant et rapide (qui ressemble à un son de montre mais en accéléré) doublé par le fameux ostinato mélodique de piano ouvre le film dans le 'Main Title' qui donne tout de suite le ton de l'histoire. Il est intéressant de noter que le thème de Laurie est le même que celui du thème principal associé aux méfaits de Michael Myers. Très vite, le 'Laurie's Theme' se met lui aussi en place dans le film sous la forme d'une variante plus lente du thème principal. Le piano est ici bien plus mis en avant, surtout dans l'écriture dissonante privilégiée par le compositeur/réalisateur. Il est intéressant de constater à quel point le 'Halloween Theme' et le 'Laurie's Theme' sont similaires, comme si le compositeur voulait évoquer le fait qu'indubitablement, Laurie Strode et Michael Myers sont associés l'un à l'autre par un étrange lien secret, comme si ces deux personnages ennemis étaient inséparables l'un de l'autre. Voilà la preuve qu'une petite musique électronique très modeste peut contenir une étonnante astuce!

'Shape Escapes' met en place un certain malaise inhérent à l'atmosphère musicale privilégié par Carpenter tout au long de son film. A l'aide du thème principal associé aux méfaits de Michael Myers et de quelques sonorités sinistres du synthé, Carpenter évoque l'évasion de Myers de l'hôpital psychiatrique en soulignant l'inquiétude suggérée par le personnage, accompagné continuellement de ce leitmotiv obsédant. Dans 'Myers' House', Carpenter utilise quelques sonorités glauques du synthé (imitant les cordes d'un orchestre) avec quelques notes de piano flottant dans les airs et quelques sons étranges. Le climat tourne ici à l'inquiétude pour la première scène d'introduction du film (le jeune Myers tue sa soeur chez lui). La terreur pointe le bout de son nez avec le dissonant 'Michael Kills Judith', lorsque le tueur commet ses premiers méfaits en 1978. A noter ici l'utilisation de tenues stridentes maintenant le suspense, Carpenter ayant très habilement recours à des clusters graves plus sombres lors des scènes de meurtre. Cela paraît très 'cliché' aujourd'hui, mais à l'époque, ce genre d'effets musicaux électroniques faisaient leur petit effet, d'autant que les effets de sursaut sont parfaitement maîtrisés par le compositeur et sa mise en scène. Les quelques rares moments de calme où la musique n'intervient pas renforcent encore plus les moments de sursauts où la musique apparaît tout à coup sur un violent cluster électronique chaotique, surtout lors des apparitions de Michael Myers. 'Loomis & Shape's Car' reprend le thème principal associé ici à l'idée de la traque de Myers et Loomis qui est enfin arrivé dans le quartier où se trouve le tueur.

'The Haunted House' nous plonge dans une ambiance 'fantomatique', une atmosphère étouffante sur un dérivé du 'Laurie's Theme' et de son piano envoûtant, tandis que 'The Shape Lurks' évoque une fois encore les méfaits du tueur avec des sonorités étranges et des tenues dissonantes et étouffantes. 'Better Check The Kids' prolonge l'ambiance de terreur de 'The Shape Lurks', l'ombre du thème planant une fois encore sur ce morceau de suspense extrêmement dissonant, tandis que 'The Shape Stalks' évoque les derniers méfaits du tueur en reprenant l'ambiance de terreur hypnotisante de 'The Shape Lurks'. Parfaitement maîtrisé de bout en bout, la composition de John Carpenter paraît extrêmement kitsch aujourd'hui, mais son intérêt au sein même du film est quasiment irréprochable. Carpenter a réussi avec très peu de moyens à créer une ambiance de terreur et de suspense assez forte, et ce aussi bien à travers sa mise en scène que son petit score électronique somme toute très modeste. Ce n'est certainement pas un chef d'oeuvre mais pour peu que l'on soit réceptif à ce style de score électronique de série-B d'horreur assez kitsch, 'Halloween' s'avérera être un score très réussi. A l'image du film, la musique de Carpenter a pris aujourd'hui un sacré coup de vieux, mais il serait dommage de rejeter l'effort accompli par Carpenter qui signe là l'un des grands classiques de la musique de film d'horreur. Ce n'est pas un chef d'oeuvre, ce n'est pas une musique intéressante à écouter en dehors du film, c'est pauvre, très kitsch et très 'vieillot', mais ca a quand même gardé un certain charme propre au film de Carpenter, et c'est ca qui en fait tout son intérêt!


---Quentin Billard