Disc 1

1-Session 2.23
Interprété par Linkin Park
2-This is The New Shit 4.20
Interprété par Marilyn Manson
3-Reload 4.25 (instrumental)
4-Furious Angels 5.29
Interprété par Rob Dougan
5-Lucky You 4.08
Interprété par Deftones
6-The Passportal 2.55
Interprété par Team Sleep
7-Sleeping Awake 3.23
Interprété par P.O.D.
8-Bruises 2.36
Interprété par Unloco
9-Calm Like a Bomb 4.58
Interprété par
Rage Against The Machine
10-Dread Rock 4.40
Interprété par Paul Oakenfold
11-Zion 4.33
Interprété par Fluke
12-When The Worlds Ends
(Oakenfold Remix) 5.26
Interprété par Paul Oakenfold

Disc 2

1-Main Title 1.30*
2-Trinity Dream 1.56*
3-Teahouse 1.04**
4-Chateau 3.23***
5-Mona Lisa Overdrive 10.08+
6-Burly Brawl 5.52+
7-Matrix Reloaded Suite 17.35*

*Score de Don Davis
**Juno Reactor/Gocoo
***Rob Dougan
+Juno Reactor/Don Davis

Musique  composée par:

Don Davis

Editeur:

Warner/Sunset/Maverick
CDW 48411

Producteur exécutif du soundtrack:
Guy Oseary
Superviseur de la musique:
Jason Bentley
Album co-produit par:
Don Davis, Ben Watkins

Artwork and pictures (c) 2003 Maverick Records/Warner Bros. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE MATRIX RELOADED
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Don Davis
Voici enfin la suite tant attendue de l'un des plus gros succès du cinéma américain de ce nouveau millénaire: 'The Matrix'. Pour beaucoup, 'The Matrix' est un film culte, une entrée pleine de fureur dans une nouvelle génération de cinéma vue sous l'angle de la cyber-culture. Avec ses thèmes philosophiques et ses images de synthèse innovante (procédé du 'Bullet Time', crée spécialement pour le film), 'Matrix' repoussait toutes les limites du film de science-fiction/action en plaçant Keanu Reeves dans la peau de Neo, l'élu qui doit sauver la race humaine menacée par les machines de la gigantesque 'matrice', une organisation informatique/mécanique dans laquelle se trouvent tous les humains, cultivés par les machines. A la fin de 'Matrix', Neo apprenait qui il était réellement et quels étaient ses pouvoirs, mais il ne savait pas encore les maîtriser complètement pour pouvoir mettre fin à la guerre contre les machines. Réfugiés dans Zion, l'unique repère des survivants, les derniers humains préparent la bataille finale contre les machines en espérant que Neo saura guider leurs pas vers la victoire. La situation devient de plus en plus critique, car les pieuvres-sondeuses commencent à creuser le sol et dans 72 heures, elles découvriront Zion et détruiront tout sur leur passage. Hanté par un étrange cauchemar, Neo sent que la vie de Trinity (Carrie-Anne Moss) est en danger. Il sait qu'elle va mourir et il ne veut pas la perdre, car elle est tout pour lui. Plongé dans le monde de la matrice, Neo va tenter de retrouver l'oracle afin d'obtenir des réponses à ses questions. Sur son chemin, notre héros va découvrir que l'agent Smith (Hugo Weaving) n'a pas disparu mais qu'il est toujours présent, son programme ayant été remis à jour. Smith n'est désormais plus un agent au service de la matrice: il cherche à s'émanciper et à se multiplier à l'infini afin de dominer cet univers virtuel. Neo aura fort à faire pour parvenir vivant jusqu'à l'oracle et pour tenter de retrouver le précieux maître des clés, celui qui détient la clé qui lui permettra d'accéder à la porte de la 'source' de la matrice, là où tout commence et où tout fini. Avec ses idées philosophiques/métaphysiques, 'The Matrix Reloaded' va encore plus loin que le premier opus, puisqu'il aborde cette fois ci le sujet passionnant du déterminisme, un principe fondamental selon lequel tout fait à une cause. Le scénario aborde ici l'idée des choix que nous faisons dans notre vie et qui peut l'affecter à tout jamais. Enfin, la dernière partie du film évoque la puissance de l'amour, plus forte que la mort, une idée déjà abordée dans le premier opus mais transcendé ici dans une scène touchante vers la fin du film. Nouveaux personnages, nouvelles situations et nouveaux effets spéciaux: 'The Matrix Reloaded' n'atteint pas la qualité du premier épisode mais nous propose une suite assez grandiose et spectaculaire.

Malheureusement, le film des frères Wachowsky souffre du défaut habituel aux films de ce genre: toujours plus d'effets spéciaux, toujours plus d'artifices, de spectacle. Le film est totalement saturé d'effets spéciaux, à tel point que certaines séquences deviennent vite ridicules: ainsi, l'affrontement contre la centaine d'agents Smith, certes hautement spectaculaire, n'en demeure pas moins plutôt 'limite' dans l'animation de Neo ou de certaines copies de Smith, alternant acteur réel/personnage en image de synthèse. Ainsi, la plupart des cascades surréalistes de Neo ou de Smith se font avec des plans synthétiques trahis par les mouvements de la cape de Neo ou certains de ses gestes. Si l'on regarde d'un peu plus près, on pourra même voir leur visage clairement retravaillé sur ordinateur et légèrement saccadé. Avec la technologique dont dispose les artisans Hollywoodiens des effets spéciaux d'aujourd'hui, il est assez regrettable d'avoir encore à se plaindre de ce genre de défaut que l'on pardonnerait fort aisément (rien n'est parfait) s'ils ne se multipliaient pas à une vitesse impressionnante tout au long du film (les frères Wachowsky se sont montrés un peu trop ambitieux et la pluie d'effets spéciaux qui inonde le film tend parfois à gâcher l'intrigue intéressante de l'histoire - il faudrait que les réalisateurs comprennent un jour que les effets spéciaux doivent servir l'histoire et non l'inverse). D'autre part, toujours dans le domaine du 'faisons-en toujours plus', les scènes de combat sont beaucoup plus longues que dans le premier opus et, du coup, elles en deviennent beaucoup plus lourdes et fatiguantes. Ainsi, l'affrontement contre les agents Smith semble s'éterniser alors qu'on aurait préféré que les réalisateurs l'ampute d'une trentaine de secondes au minimum; la séquence de la poursuite sur l'autoroute traîne en longueur et semble s'éterniser comme si elle n'avait jamais de fin, les deux frères réalisateurs ayant tout fait pour mettre le plus de cascades et de pyrotechnie possible sur cette séquence longuissime et finalement assez saoulante vers la fin; d'une manière générale, on pourra reprocher aux combats leur côté linéaire et un peu trop chorégraphique (toujours orchestrés par Woo-Ping Yuen, un spécialiste des chorégraphies d'arts martiaux) alors que le premier épisode avait un peu plus de variété dans ces scènes d'action.

Sur le plan de l'histoire, on ne pourra que féliciter les scénaristes qui ont parfaitement réussi à développer le potentiel des différents personnages et de leur psychologie. Effectivement, on ressent très clairement ici une évolution par rapport au premier opus: les personnages ont évolués, leurs enjeux sont encore plus percutants, plus approfondis. Ainsi, on découvre que Morpheus est un fanatique qui ne fait pas l'unanimité à Zion, tandis que Neo, pourtant révélé comme étant l'élu, n'arrive pas à encore à trouver une solution à tous ses problèmes, tandis que Trinity sait qu'elle doit suivre une destinée qui l'amènera peut être un jour à mourir pour celui qu'elle aime. A noter que le casting fait aussi intervenir deux grandes stars européennes inattendues: Monica Bellucci (Persephone) et Lambert Wilson (Merovingien). On ne pourra pas passer à côté de l'excellente séquence dans le restaurant de Merovingien qui montre à Neo et ses amis que tout est régi par les lois de la causalité, entraînant irrémédiablement un fait (scène du gateau). Un bel effort pour tenter de développer le côté 'réflexion' de l'histoire (cf. scène de l'oracle ou scène finale avec l'architecte), parfois gâché par des séquences gratuites (on ne comprend toujours pas l'utilité de la scène de danse orgiaque au début du film - quel intérêt hormis celle de mettre une scène de sexe histoire de faire comme 90% de la production Hollywoodienne où il est dit qu'il faut toujours une scène de sexe pour faire une bonne production d'action? - souvent à la demande même des producteurs-). Malgré ce très mauvais point qui vise une fois de plus un public de jeunes et de leur goût immodéré pour les boîtes de nuit et les fiestas pleine d'excès (on espère que le troisième opus ne s'aventurera pas plus loin sur ce terrain glissant - sinon, c'est la catastrophe assurée pour une trilogie qui commence pourtant de manière fort prometteuse), 'The Matrix Reloaded' s'en tire à bon compte, faute d'atteindre l'exploit du premier épisode. Bilan final: on retiendra surtout les thèmes philosophiques du film et certaines séquences d'action captivantes et on regrettera le côté un peu trop 'tendance' du film (musique techno à fond les manettes, même dans le score original de Don Davis, sans oublier la scène gratuite très 'discothèque' du début ou la saturation d'images de synthèse dans certaines séquences) qui sent très clairement l'exploitation commerciale inhérente à ce genre de grosse production censé miser sur le succès d'un premier épisode. Une bonne suite qui souffre hélas des défauts habituels du cinéma Hollywoodien d'aujourd'hui: le 'toujours plus'.

Don Davis retourne donc aux commandes de la musique de ce second épisode pour lequel il a écrit un nouveau score orchestral/électronique faisant cette fois ci intervenir Juno Reactor (un groupe de musique électronique/trance/techno mené par Ben Watkins depuis la fin des années 80) et Rob Dougan (révélé par 'The Matrix' pour son morceau 'Clubbed To Death' aux accents dance/pop/techno) qui s'est occupé de la musique additionnelle du film aux côtés de Don Davis. Ce mélange de genre permet au score de trouver un second souffle tout en accentuant le côté résolument commercial de la musique de ce film: inutile de préciser que le public 'lambda' achètera sans aucun doute l'album du film pour les musiques pop/techno, délaissant au passage le score de Davis, pourtant fort intéressant (il faut voir les forums du film sur internet inondés de question du genre: 'comment s'appelait la musique techno sur la séquence de l'autoroute?' ou 'y a t il ce morceau de techno dans le CD?', etc.) Quoiqu'on puisse en penser, l'impact de ces nombreux passages techno dans le film est tout à fait satisfait, surtout dans les grandes scènes d'action, renforcé par les orchestrations de Don Davis et de ses compères.

Pour le reste du score, Davis reprend son matériau orchestral avec son style atonal torturé et son écriture typique de cuivres dissonants et de cordes stridentes. Davis n'apporte pas grand chose de neuf hormis quelques passages plus tonals, néanmoins, on sent une réelle évolution par rapport au premier opus, surtout dans le ton de la musique. On pourra émettre une première critique quand au manque de repère thématique, puisque, 'The Matrix' contenait un excellent motif de cuivres se répondant en octaves, un motif non mélodique qui évoquait bien l'univers de la matrice et de ses dangers. Dans 'The Matrix Reloaded', le motif n'intervient que dans le 'Main Title' et 'Trinity Dream' qui s'ouvre d'une manière tout à fait similaire à celle du premier opus, exposant l'aspect orchestral et sombre de la musique de Davis. Le premier morceau d'action torturé ('Trinity Dream') apparaît dans la séquence d'introduction avec Trinity. On retrouve ici le style de morceaux tels que 'Exit Mr.Hat' ou 'Hotel Ambush' du premier score, surtout dans l'écriture des cuivres et des percussions (utilisation de percussion métalliques chères au compositeur). 'Trinity Dream' marque ainsi le retour du grand Don Davis que l'on aime tant, toujours aussi sombre et enragé dans sa manière d'écrire pour l'orchestre. La nouveauté dans 'The Matrix Reloaded', c'est l'utilisation plus épique des choeurs. Si la chorale apparaissait déjà dans 'The Matrix', où Davis avait même recours à la voix d'un jeune garçon soprano pour 'Welcome To The Real World', elle revient ici sous une forme plus épique, Davis ayant même recours à des paroles en latin pour certaines séquences de combat épiques. C'est le cas du superbe 'Burly Brawl' où les choeurs épiques latin cohabitent avec un orchestre déchaîné et quelques rythmiques techno signées Juno Reactor. Ces moments sont assez peu présents tout au long du film mais lorsqu'ils interviennent, ils créent un impact assez saisissants à l'écran.

La musique de Davis prend aussi une tournure plus humaine, surtout lorsqu'elle évoque l'amour entre Neo et Trinity au moyen d'un très beau 'Love Theme' très peu développé mais déjà entendu à la fin de 'Anything is Possible' dans le premier score de 'The Matrix'. Les choeurs interviennent aussi d'une manière plus religieuse dans la séquence où Neo se retrouve, à l'instar du Christ, devant une foule de mendiants qui viennent l'implorer de faire des miracles (allusion Biblique/religieuse que l'on retrouvera aussi vers la fin du film pour la séquence de l'architecte de la matrice, métaphore de Dieu).

C'est le côté plus 'harmonieux' de certains passages du score qui permet à 'The Matrix Reloaded' de prendre un second souffle, et ce même si la majorité du score de Davis est constitué de larges pièces d'action chaotiques et de suspense. La contribution de Juno Reactor sur 'Mona Lise Overdrive' est assez impressionnante, car, même si l'on déteste la musique techno, force nous est de constater que cette longue pièce d'action de plus de 10 minutes illustre à merveille l'affrontement frénétique sur l'autoroute vers le milieu du film (à grand renfort de cascades et d'effets spéciaux en tout genre). Mené au son d'une excitante rythmique techno/électronique renforcé par quelques cordes/cuivres tendus et rythmés, le morceau nous plonge dans une course poursuite effréné avec le son 'moderne' un peu trop commercial (mais à l'écran, ca marche parfaitement!). Rob Dougan a écrit quand à lui le fameux 'Chateau', composé pour la scène d'affrontement avec Neo et les sbires de Merovingien. Soutenu par un rythme pop/techno, le morceau -qui reprend le thème de 'Clubbed To Death'- met en avant les synthétiseurs avec une petite partie orchestrale non négligeable.

Les parties d'action de 'The Matrix Reloaded' se distinguent toute ainsi de par l'utilisation de rythmes techno/pop avec lesquels Don Davis s'amuse à broder pour nous proposer une symbiose électronique/orchestre parfois très impressionnante. Le score évoluera ainsi entre action, suspense et terreur (pour évoquer la menace constante des machines, comme dans le premier opus), le tout soutenu par une écriture orchestrale atonale similaire à celle de 'The Matrix', sans oublier les petits 'bonus' non négligeables, les pistes techno de Rob Dougan et Juno Reactor ou les moments plus harmonieux dans 'The Matrix Reloaded Suite' (constitué d'une série des grands moments du score, compilés dans un morceau de 17 minutes) sans oublier le côté épique et déchaîné de 'Burly Brawl'. Moins sombre que le premier opus, la musique de 'The Matrix Reloaded' nous plonge néanmoins dans un univers de bataille infernale entre le bien et le mal au son d'un rythme toujours très soutenu. Davis évoque l'espoir d'un avenir meilleur cohabitant avec la noirceur de cette guerre sans pitié contre les machines. Si vous avez aimé le premier opus, vous apprécierez sans aucun doute 'The Matrix Reloaded'. Dommage cependant que l'ensemble manque parfois un peu d'inspiration, d'autant que la participation pourtant fort remarquable de Rob Dougan et de Juno Reactor sent plus l'exploitation commerciale que le propos artistique pur. Sans arriver à la cheville du premier score, 'The Matrix Reloaded' n'en demeure pas moins un bien bel effort de la part de Don Davis, l'une des valeurs sures dans le monde de la musique de film américaine d'aujourd'hui.



---Quentin Billard