1-Kate's Theme 2.05*
2-The Mansion 1.31
3-Christy Dies 2.27
4-The Mansion Chase 4.33
5-Christy's Dance 3.40
6-Waiting For Luther/
Wait For My Signal 6.56
7-Dr. Kevorkian I Presume 1.43
8-Sullivan's Revenge 2.16
9-Kate's Theme/End Credits 4.43**

*Ecrit par Clint Eastwood
**Ecrit par Clint Eastwood
et Lennie Niehaus.

Musique  composée par:

Lennie Niehaus

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5808

"Kate's Theme" composé par:
Clint Eastwood
Album produit par:
Lennie Niehaus
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson

Artwork and pictures (c) 1997 Castle Rock Entertainment/Columbia Pictures Corp. All rights reserved.

Note: ***
ABSOLUTE POWER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Lennie Niehaus
« Absolute Power » (Les pleins pouvoirs) marque le retour de Clint Eastwood derrière la caméra, pour une adaptation cinématographique du roman de David Baldacci. On y suit ici les péripéties de Luther Whitney (Clint Eastwood), un voleur élégant qui ne dérobe leurs biens qu’aux riches. Mais avant de raccrocher définitivement, Luther projette de dévaliser la résidence de Walter Sullivan (E.G. Marshall), un puissant homme d’affaire de Washington parti en voyage d’affaires avec sa femme Christy (Melora Hardin). Mais au moment de quitter la demeure avec son précieux butin, Luther découvre que la cloison de la chambre forte contient un miroir sans tain qui donne sur la chambre à coucher. C’est alors que le voleur assiste à un meurtre impliquant la femme de Sullivan et Allen Richmond (Gene Hackman), le Président des Etats-Unis en personne ! Luther est alors découvert et doit prendre la fuite. Poursuivis par les services secrets américains, notre pauvre voleur va devoir ruser pour tenter de sauver sa peau et faire tomber le Président des Etats-Unis. « Absolute Power » demeure au final un thriller extrêmement conventionnel, avec son lot de trahison, de manipulations, de courses poursuites et de scènes à suspense sans grande originalité, dont l’unique audace réside dans sa dénonciation assez crue des dérives politiques - s’attaquer ainsi au Président des Etats-Unis dans un film américain de ce genre, il fallait oser ! Comme toujours, la mise en scène de Clint Eastwood demeure très carré mais aussi sans grande subtilité, avec un rythme assez lent et pas toujours très palpitant. Reste comme toujours l’interprétation sans faille de Clint Eastwood, égal à lui-même, entouré ici d’un casting très impressionnant : Gene Hackman dans le rôle d’un Président américain corrompu, mais aussi Ed Harris, Scott Glenn, Laura Linney, Dennis Haysbert, Judy Davis et E.G. Marshall. Parfois très pépère et parfois étrangement audacieux (la scène du viol au début du film sombre dans un voyeurisme rarement vu dans un film de Clint Eastwood !), « Absolute Power » est un thriller bancal et inégal sur la corruption des dirigeants américains, un bon film qui se laisse voir mais qui est loin de faire partie des chefs-d’oeuvre de Clint Eastwood !

La musique de « Absolute Power » a été de nouveau confiée à Lennie Niehaus, fidèle complice de Clint Eastwood depuis de nombreuses années déjà, et qui a écrit la plupart des musiques de ses films. Le score de « Absolute Power » apporte au film un mélange de suspense, de tension et d’émotion de façon très efficace. Lennie Niehaus aborde la partie « thriller » du film de façon saisissante, avec une masse de cordes dissonantes sur fond de rythmes synthétiques représentant les tueurs travaillant pour le compte du président. La scène du cambriolage du manoir Sullivan au début du film permet au compositeur de nous offrir un premier morceau de suspense glauque et sinistre dominé par des cordes dissonantes et des sonorités synthétiques inquiétantes. La tension monte alors d’un cran dans « Christy Dies », où les cordes deviennent plus dissonantes, et où les synthétiseurs instaurent une atmosphère de menace particulièrement oppressante. La musique renforce ici le côté dérangeant de la scène du meurtre de Christy avec une certaine intensité.

Les scènes de poursuite permettent au compositeur d’aborder un style plus électronique qui renforce par moment le côté très « musique de série-B à suspense au budget modeste », comme c’est le cas dans « Mansion Chase » lorsque Luther, après avoir été témoin du meurtre de Christy, réussit à s’échapper du manoir après avoir semé ses poursuivants. Le morceau repose essentiellement ici sur tout un attirail de percussions électroniques un peu kitsch dans un style très années 80. La tension monte encore d’un cran avec les cordes sombres et menaçantes de « Waiting for Luther/Wait for my Signal » ou « Dr. Kevorkian I Presume » et sa basse synthétique à la James Newton Howard (on n’est guère loin par moment du style de « The Fugitive » de JNH !). Enfin, les percussions synthétiques reviennent pour la conclusion de l’histoire, dans le très sombre et agressif « Sullivan’s Revenge », où les percussions électroniques cohabitent avec des cordes denses et agitées.

Mais le score de « Absolute Power » ne serait rien sans un bon thème principal de qualité, thème principal que nous offre cette fois-ci Clint Eastwood lui-même avec le magnifique « Kate’s Theme », associé au personnage de Laura Linney dans le film, qui interprète Kate Whitney, la fille de Luther. Ce thème plus intime et émouvant vient rompre avec toute la partie suspense/thriller de la musique de Lennie Niehaus en apportant une touche de sensibilité et de douceur quasi nostalgique d’esprit, véritable touche de finesse dans un monde de brute. C'est un thème magnifique, interprété par au piano délicat et quelques cordes douces, repris ensuite aux cordes pour l'excellent générique de fin (« Kate’s Theme/End Credits »). Lennie Niehaus rappelle enfin avec le morceau « Christy’s Dance » qu’il est aussi un grand compositeur de jazz, sa spécialité musicale depuis de nombreuses années déjà - et qui partage d’ailleurs avec Clint Eastwood son amour du jazz !

Entre la beauté poétique du magnifique « Kate’s Theme » et la noirceur oppressante de la partie suspense, le score de « Absolute Power » demeure une bien belle réussite qui, à défaut de laisser un souvenir impérissable, confirme encore une fois la bonne tenue de la collaboration Lennie Niehaus/Clint Eastwood, un score qui apporte un mélange très réussi de suspense et d’émotion assez intense à l’écran !



---Quentin Billard