1-Urban Legend 2.18
2-Sexual Ax 4.06
3-Twilight Mercy 6.36
4-Ghost With The Red Hair 3.04
5-Auriculae 1.59
6-Hootie's In The Microwave 4.15
7-House Of Pain 1.55
8-One More Look In Your Eye 5.24
9-Funeral Music 1.21
10-King Sting 4.20
11-Devil Dog Dangling 3.21
12-Love Anagram 4.28
13-The Lucky One 1.42

Musique  composée par:

Christopher Young

Editeur:

Intrada Promo 96008

Album produit par:
Christopher Young,
Douglass Fake

Producteur associé:
Dave Reynolds
Coordinateurs du score:
Gernot Wolfgang,
Jonathan Price,
Benedikt Brydern,
William V.Malpede

Artwork and pictures (c) 1998 Intrada Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
URBAN LEGEND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Young
Depuis le succès du 'Scream' de Wes Craven, le genre du 'slasher-movie' est revenu à la mode à Hollywood. Ce type de cinéma superficiel fait de meurtres sanglants, d'ados en rut et de suspense oppressant permet aux producteurs/réalisateurs Hollywoodiens d'aujourd'hui de s'en mettre plein les poches en visant un seul et même public: les adolescents. Pour se faire, ils vont tout faire pour recréer une ambiance 'tendance': ados branchés et fringués 'in', casting de stars des ados (à noter la présence de deux habitués des films d'horreur: Robert 'Freddy' Englund et Brad Dourif), chansons et autres tubes à succès issues de MTV ou des hits parades américains, fêtes bien excessives et alcoolisées, sexe, etc. l'histoire de cet énième épigone de 'Scream' se passe comme d'habitude dans un campus universitaire où des ados sont mystérieusement assassinés les uns après les autres par un tueur fou armé d'une hache. Un petit groupe d'étudiants de l'Université de Pendleton commencent à se poser des questions et à enquêter sur l'origine de ces meurtres de plus en plus sanglants. Natalie (Alicia Witt) et ses amis Paul (Jared Leto) et Brenda (Rebecca Gayheart) vont alors mener leur enquête et découvrir un secret terrifiant: les meurtres imitent des légendes urbaines, ces fables modernes horrifiques inventés pour terrifier les gens ou pour faire passer un message moral. C'est après avoir entendu parler en cours de ces légendes urbaines que Natalie va petit à petit comprendre que le tueur fou essaie de recréer dans la réalité ces histoires macabres en s'inspirant des faits divers qui y sont décrits. Le tueur se ballade dans le campus et il peut tuer n'importe qui à n'importe quel moment, et tout le monde ignore encore l'identité du meurtrier.

'Urban Legend' est à l'instar de 'I Know What You Did Last Summer', 'Valentine' ou de 'Halloween H20' un slasher-movie totalement surfait et sans originalité particulière. On y retrouve tous les clichés habituels déjà vu maintes et maintes dans 'Scream', 'Scream 2', 'Friday The 13th' ou 'A Nightmare On Elm Street': de jeunes étudiants/ados sont assassinés par un mystérieux tueur en liberté. On a donc notre lot de suspense habituel, de séquences téléphonées (on devine toujours tout à l'avance), de violence sadique et gratuite (la scène du chien dans le micro-onde était répugnante et parfaitement inutile), d'acteurs branchés, (Joshua Jackson, Jared Leto, Rebecca Gayheart, Tara Reid, etc.), le tout visant des adolescents superficiels en manque de sensation forte. Difficile donc de trouver quoique ce soit d'intéressant dans cet énième clone de 'Scream' routinier et peu inspiré, le genre de production superficielle, stéréotypée au maximum et totalement surfaite que l'on oubliera très rapidement.

Christopher Young revient dans le domaine de l'horreur avec 'Urban Legend' pour lequel le compositeur a écrit un score qu'il a toujours beaucoup apprécié personnellement. Le réalisateur australien Jamie Blanks a fait appel à Christopher Young pour son second film car il savait pertinemment qu'il était le seul qui saurait parfaitement retranscrire la vision horrifique de son film. Ce fut alors l'occasion pour Young de revenir à un genre qui fit sa réputation: les musiques d'horreur/thriller. Dans son excellent site Internet, le compositeur déclarait avoir pris beaucoup de plaisir en écrivant la musique d'Urban Legend qui nécessita une organisation assez complexe: 62 minutes de musique avec un orchestre de différentes tailles allant d'un ensemble de 80 musiciens avec 20 choristes pour la partie vocale du score. Avec 'Urban Legend', ne vous attendez pas à un score particulièrement original: Christopher Young nous propose une fois de plus une énième variante excitante de son style horreur/thriller/suspense.

L'album promotionnel édité par Intrada Records nous propose de débuter l'écouter de ce score sympathique avec un 'Urban Legend' particulièrement mystérieux: alors que le compositeur souhaitait débuter sa partition par quelque chose de très agressif, le réalisateur souhaita à son tour entendre quelque chose de plus sombre, de plus calme et de plus mystérieux. C'est là que le compositeur eut l'idée d'utiliser des mystérieuses voix de femmes éthérées qui semblent flotter dans les airs alors que le piano entame les premières notes du motif principal qui parcourra l'ensemble de la partition dans les moments les plus mystérieux. A noter que Young emprunte ici l'idée du choeur féminin sensuel à l'ouverture de son ancien score pour 'Dream Lover' (1994). Ces voix de femmes sensuelles annoncent le côté sombre du film avec une légère touche de fantaisie qui caractérise si bien certaines partitions du compositeur. Ces voix sensuelles et quasi érotiques sont aussi là pour évoquer les personnages féminins du film (Alicia Witt et Rebecca Gayheart), le tout baignant dans une atmosphère sombre, mystérieuse et planante. Les cordes prennent ensuite le relais et font monter la tension jusqu'à ce que la terreur pointe le bout de son nez avec 'One More Look In Your Eye' (les pistes de l'album ne sont pas classées dans l'ordre chronologique du film).

Pour la scène d'introduction du film avec le meurtre sanglant de Michelle Mancini à la station service (Natasha Gregson Wagner), Young décide de faire monter la tension en créant une ambiance glauque et extrêmement tendue. A noter ici l'utilisation ironique et discrète d'un harmonica qui permet au compositeur de faire un petit clin d'oeil subtil à sa partition de 'Hard Rain' (1997). Les cordes installent ici une ambiance quasi hypnotisante tout à fait caractéristique de la partie suspense du score d'Urban Legend. Après l'harmonica, on pourra entendre ici l'utilisation discrète d'une voix féminine qui semble tout droit sortir des ténèbres. Très vite, le morceau prend une tournure horrifique alors que Mancini se retrouve mystérieusement poursuivit par le gérant de la station service avant d'être assassiné dans sa voiture. On trouvera ici des rythmiques métalliques chères au compositeur et un style action excitant qui rappelle beaucoup 'Copycat', 'Hush' ou 'Hard Rain'. On notera le glissendo de choeur à la fin du morceau pour renforcer l'ambiance excitante et chaotique de ce premier passage de terreur pure qui en dit déjà long sur la qualité d'un score excitant à défaut d'être révolutionnaire.

Chaque moment de terreur permet au compositeur de libérer son écriture atonale déchaînée et ses orchestrations habituelles dans les moments les plus horrifiques. Ainsi, 'Devil Dog Dangling' (marque de fabrique du composite: des noms bizarres et humoristiques dans le titre de ses pistes) décrit avec chaos le meurtre de Damon Brooks (Joshua Jackson). Les cordes installent une ambiance particulièrement tendue au début du morceau avant que des sursauts orchestraux agressifs viennent amorcer l'ambiance de terreur de ce nouveau morceau chaotique (on retrouve toujours les percussions métalliques et les glissendi de choeur à la Penderecki). On notera le cauchemardesque 'Funeral Music' tout à fait représentatif du style atonal/chaotique de Christopher Young avec une impressionnante montée en tension du choeur de femmes et de l'orchestre pour le meurtre de Tosh Guaneri (Danielle Harris), l'étrange camarade de chambre de Natalie.

'Hootie's In The Microwave' débute quand à lui sur une ambiance de suspense sinistre avec un nuage de cordes angoissantes et dissonantes et quelques mystérieuses notes de célesta. Le morceau est utilisé lors de la séquence où Parker (Michael Rosenbaum) se fait assassiner. On notera ici l'impressionnante utilisation de chuchotements des voix dans une ambiance chaotique à souhait dans la lignée du style horreur/thriller de 'Copycat', 'Jennifer 8' ou 'Species'. Mais le morceau de terreur le plus excitant reste sans aucun doute l'excellent 'Sexual Ax' pour la séquence du meurtre de Sasha (Tara Reid), poursuivi par le tueur fou armé de sa hache. On retrouve ici les rythmiques habituelles chères au compositeur (le fameux 'clic' orchestral) ainsi que quelques voix fantomatiques menaçantes renforçant l'ambiance chaotique de ce grand moment de terreur au sommet de la partition de Young. 'Auriculae' accentue plus le suspense avec des cordes hypnotisantes et sinistres (Natalie et ses amis s'enfuient pour aller chercher de l'aide) tandis que 'King Sting' semble faire une légère allusion thématique à 'Hellraiser' dans une ambiance étouffante se concluant sur un nouveau passage de terreur après la découverte d'un cadavre dans le coffre de la voiture de Paul.

'House Of Pain' décrit la poursuite effréné en voiture avec les rythmiques habituelles du compositeur, Young faisant brillamment monter la tension en accentuant progressivement le rythme de l'orchestre; 'Ghost With The Red Hair' (un titre bien énigmatique) nous permet finalement de rentrer dans le final du film avec l'affrontement contre le tueur fou. Dans 'Twilight Mercy', Young crée une ambiance de suspense absolu alors que Natalie rentre dans la maison où elle entend des cris. A noter ici l'utilisation des voix d'hommes/femmes qui semblent ramper dans l'obscurité avec des cordes mystérieuses et particulièrement tendues. La conclusion se fera sur 'Love Anagram' qui annonce déjà le happy-end du film suivi d'une reprise du thème d'ouverture et de ses voix sensuelles dans 'The Lucky One'.

'Urban Legend' est un bon score d'horreur/suspense/thriller à réserver en priorité aux fans des déchaînements orchestraux et des ambiances macabres et sinistres chères au compositeur. Christopher Young a pris un grand plaisir à créer cette partition horrifique pour ce slasher-movie routinier et cela se sent. Avec son style atonal habituel et ses effets vocaux digne des grandes partitions chorales de Penderecki ou de Lutoslawski, Christopher Young nous livre avec 'Urban Legend' un score sans prétention particulière si ce n'est de renforcer avec brio l'ambiance de suspense/terreur présente tout au long du film de Jamie Blanks. En conclusion, si vous avez adoré 'Hard Rain', 'Hider In The House', 'Tales From The Hood', 'Copycat', 'Jennifer 8', 'Species' ou bien encore 'Hush' et 'Unforgettable', 'Urban Legend' est fait pour vous!


---Quentin Billard