1-Professor Alexander
Hartdegen 3.25
2-Wish Me Luck 1.21
3-Emma 2.35
4-The Time Machine 3.11
5-Bleecker Street 2.26
6-I Don't Belong Here 3.48
7-Time Travel 4.36
8-Eloi 2.10
9-Good Night 4.03
10-Stone Language 4.53
11-Morlocks Attack 4.23
12-Where The Ghosts Are 1.36
13-The Master 7.15
14-"What If?" 6.16
15-Godspeed 5.20

Musique  composée par:

Klaus Badelt

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 337 2

Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de
la musique pour Dreamworks:
Todd Homme
Musique additionnelle de:
Geoff Zanelli
Arrangements additionnels de:
Jim Dooley, Tim Jones,
Ramin Djawadi

Artwork and pictures (c) 2002 Dreamworks Pictures/Warner Bros. All rights reserved.

Note: ****
THE TIME MACHINE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Klaus Badelt
Après une première version cinématographique réalisé par George Pal (1960) et adaptée du célèbre roman de science-fiction d'H.G. Wells, 'The Time Machine' (La machine à explorer le temps) fait un retour spectaculaire avec Simon Wells à la réalisation et une avalanche d'effets spéciaux signés Dreamworks. Le problème de cette nouvelle version, c'est qu'elle ne respecte en rien l'esprit visionnaire du roman d'H.G. Wells. Simon Wells, qui se trouve être l'arrière petit-fils du célèbre écrivain, semble avoir trahi la vision de son ancêtre en accouchant d'une production dont la durée étonnamment courte (seulement 92 minutes) nuit complètement à un film où le scénario bâclé domine malheureusement toute l'histoire de bout en bout. Pour cette nouvelle adaptation, Guy Pearce joue le rôle du professeur Alexander Hartdegen, un scientifique hanté par la mort accidentelle de sa bien-aimée et qui s'est mis en tête de construire une machine à explorer le temps pour remonter dans le passé et empêcher sa mort. Mais il découvre alors qu'il ne peut pas changer le futur, et ce malgré tous ses efforts. Désespéré, Hartdegen décide d'aller voir dans le futur pour chercher une réponse à sa question et se retrouve alors 800000 ans plus tard sur terre. Il découvre que la terre a été ravagé par des débris de la lune s'étant écrasés sur terre et que l'humanité est maintenant divisé en deux races: les Elois et les Morlocks. Les Elois sont un peuple pacifique qui vivent en petite communauté dans des cabanes près des forêts et des lacs. Mais les Morlocks sont des créatures qui vivent dans les profondeurs de la terre et qui remontent régulièrement à la surface pour venir chasser les Elois qu'ils utilisent pour leur survie sous terre. L'humanité de ce sinistre futur se réduit finalement au concept ultra primaire du chasseur et du chassé. Hartdegen ne peut pas croire que l'homme ait connu tant de siècles d'évolution pour finir par en arriver là - comme au point de départ, aux origines de l'humanité. Scandalisé par le manque de combativité des Elois qui se laissent faire et l'inhumanité des Morlocks, Hartdegen va tout faire pour tenter de libérer les Elois du joug des Morlocks. Mais en 92 minutes, c'est très difficile de nous convaincre.

Le film met un peu de temps à développer le sujet du voyage dans le futur, et toute la première partie se passe uniquement dans le passé. Une fois que Hartdegen traverse le futur, c'est une longue suite d'effets spéciaux en tout genre et de séquences spectaculaires (la vision du futur que nous propose le réalisateur est somme toute très banale - on se croirait revenu au bon vieux temps du 'Back To The Future' de Robert Zemeckis avec ses hologrammes parlants, ses écrans publicitaires, ses vêtements excentriques, etc.) et lorsque notre héros arrive enfin chez les Elois, c'est là que les choses commencent à s'empirer: le réalisateur ne nous laisse même pas le temps d'en savoir un peu plus sur la manière de vivre de ces gens et leurs coutumes. Le sujet est à peine effleuré. Pire encore, lorsqu'Hartdegen descend sous terre pour aller affronter le chef des Morlocks (interprété par un Jeremy Irons qui semble vraiment prendre un malin plaisir à jouer le rôle des gros méchants de service - cf. 'Die Hard 3' ou 'Dungeons & Dragons'), la rencontre entre le chef des Morlocks et le héros ne dure que seulement cinq minutes, le temps qu'Hartdegen lui mettre une bonne raclée et fasse disparaître le repère des Morlocks par une astuce incompréhensible avec sa machine à explorer le temps. (on sent ici le manque d'idées des scénaristes qui, ne sachant pas comment évoquer la chute des Morlocks, ont pris un raccourci fâcheux et totalement bâclé) En tout, la participation de Jeremy Irons à ce film bancal ne dure qu'à peine 6 ou 7 minutes, pas plus. Pouvons nous dire qu'on trouve cela normal? Non, car visiblement, soit le réalisateur était pressé de terminer son film, soit c'est la panne d'inspiration total pour les producteurs de ce film et leurs scénaristes. Comment réduire un chef d'oeuvre de la littérature de science-fiction en un gros navet Hollywoodien plein d'effets spéciaux et d'idées totalement sous-développées? La réponse dans 'The Time Machine' de Simon Wells!

On retiendra néanmoins un bon point de cette version catastrophique du roman d'H.G.Wells: l'excellente musique symphonique de Klaus Badelt. Le jeune protégé de Hans Zimmer a fait ses pas dans la musique de film en composant la musique de quelques téléfilms allemands avant d'écrire la musique additionnelle de certaines grosses partitions de chez Media-Ventures (la boîte de Zimmer): 'Chill Factor' (1999), 'The Tigger Movie' (2000), 'The Road To El Dorado' (2000), 'Gladiator' (2000), 'Mission : Impossible 2' (2000), 'Hannibal' (2001), 'Pearl Harbor' (2001), 'Invincible' (2001) sans oublier son score atmosphérique écrit pour 'The Pledge' (2001) . Son score pour 'Invincible' (écrit en collaboration avec Hans Zimmer) témoignait déjà d'un goût sûr pour la musique symphonique lyrique, mais avec 'The Time Machine', le compositeur va encore plus loin et renoue avec un style plus épique et des leitmotive à l'ancienne. Son score orchestral témoigne d'un certain souci du renouveau symphonique au sein de l'écurie de Zimmer qui avait tendance ces derniers temps à s'enfoncer de plus en plus dans du gros synthétique atmosphériques (cf. certaines partitions récentes de Harry Gregson-Williams ou de John Powell) et dont le résultat n'était pas toujours à la hauteur de nos attentes. C'est pourquoi 'The Time Machine' devrait étonner tout ceux qui s'attendaient à entendre un gros score épique à la 'The Rock' ou à la 'Peacemaker' avec grosses percussions, guitares et synthético-orchestral (et ce même si les synthés sont loin d'être absents du score de Badelt - disons qu'ils sont utilisés d'une façon un peu plus discrète).

Plus traditionnelle sur le plan de l'écriture, la musique de 'The Time Machine' s'articule autour de quelques grands thèmes dont un superbe thème principal évoquant le professeur Hartdegen et son aventure héroïque dans le temps. On a reproché au compositeur de s'être vaguement inspiré ici du thème principal de 'The Edge' de Jerry Goldsmith, et il est vrai que l'on pourra noter quelques similitudes entre les deux thèmes (quelques ressemblances mélodiques mais surtout des enchaînements d'harmonies parfois très ressemblantes) mais le thème de 'Time Machine' n'en demeure pas moins parfaitement réussi et mémorable, le genre de thème qui, décliné sous plusieurs formes tout au long du film, nous donne véritablement envie de participer à une grande et noble aventure. 'Professor Alexander Hartdegen' ouvre le film en exposant ce superbe thème principal et malgré le côté paisible de cette très belle introduction orchestrale, on sent déjà ici le début d'une grande aventure. 'Wish Me Luck' amène le spectateur dans la partie plus intime/romantique du début du score, lorsqu'Hartdegen va voir sa bien-aimée près du parc. Badelt a recours ici à un piano intime qui nous propose un discours simple et énergique avec un orchestre évoquant ici le bonheur d'Hartdegen qui retrouve sa bien-aimée. Paisible, le morceau nous fait croire que tout va bien dans le meilleur des mondes. Cette idée est très vite contredite par le sombre 'Emma' qui évoque la mort accidentelle de la fiancée d'Hartdegen, effondré par son chagrin.

Le thème de la machine à explorer le temps apparaît dans le superbe 'The Time Machine' lors de la première scène de voyage dans le temps. Noble et énergique à la fois, le thème de la machine (facilement reconnaissable par ce motif d'une dizaine de notes souvent entendu aux cuivres et parfois aux cordes) annonce toute la splendeur du voyage dans le temps avec un côté vaguement héroïque et solennel en même temps. 'The Time Machine' est encore un morceau qui nous incite à partager l'aventure du héros avec un certain sentiment d'excitation lié aux préparatifs de son voyage dans le temps. ('The Time Machine' est le premier gros morceau incontournable du score avec 'Professor Alexander Hartdegen') Plus mélancolique et lyrique d'esprit, 'Bleeker Street' nous fait de nouveau entendre la partie plus romantique du score de Badelt et c'est 'I Don't Belong Here' qui nous permet de retrouver ici le thème du voyage dans le temps suivi du thème principal toujours aussi noble et épique, surtout lorsqu'il est entendu par les cors. 'Time Travel' est nettement plus sombre et montre une vision plus noire de notre futur. La composition de Badelt s'assombrit considérablement jusqu'à déboucher sur un nouveau thème, celui des 'Elois', chanté par une très belle chorale mixant choeurs d'hommes/femmes et choeur d'enfants. On ressent ici l'influence incontestable des grandes oeuvres 'vocales' de Hans Zimmer telles que 'The Power of One' ou 'The Lion King'. Le très beau thème des Elois possède une dimension quasi universelle par le biais de cette masse chorale s'unissant pour chanter un chant de paix dédié à ce peuple pacifique qui vit en paix avec la nature (un élément pourtant peu abordé par le film). A noter que Badelt utilise quelques touches ethniques pour évoquer les Elois - flûte exotique, petits tambours, etc. 'Good Night' reprend d'ailleurs le thème principal joué de manière plus paisible par une flûte exotique lors de la scène où Hartdegen se repose chez les Elois la nuit.

Avec ces trois grands thèmes, 'The Time Machine' s'avère être une belle surprise pour tout ceux qui s'attendaient à la routine Media-Venturienne habituelle. Il manquait juste un élément pour faire de 'The Time Machine' une partition riche: l'action. Rassurez vous, Badelt ne nous oublie pas de ce côté là et nous réserve quelques bons moments d'action avec l'excitant 'Morlocks Attack' plus dans l'esprit musique d'action à la Media-Ventures, décrivant avec frénésie l'attaque surprise des Morlocks. 'Where The Ghosts Are' nous plonge dans l'univers plus sombre des Morlocks et c'est 'The Master' qui évoque la rencontre finale entre Hartdegen et le maître des Morlocks. Pour 'The Master', Badelt utilise le choeur et l'orchestre d'une manière beaucoup plus ténébreuse. D'une manière générale, les parties évoquant les Morlocks sont nettement plus rythmiques et sombres, comme on aurait pu s'y attendre. 'What If ?' est le dernier gros morceau d'action du score pour la confrontation finale (honteusement brève) avec Hartdegen et le maître des Morlocks, le score trouvant une conclusion paisible sur 'Godspeed' reprenant une dernière fois l'excellent thème principal épique du score.

Si 'The Pledge' avait déjà permit au compositeur de se faire remarquer, c'est 'The Time Machine' qui l'aura définitivement révélé au public béophile voyant en lui le nouveau grand compositeur de chez Media-Ventures qui apportera un souffle nouveau à une production électronique quelque peu inspiré ces derniers temps (force nous est de reconnaître que certains musiciens de l'écurie de Zimmer commencent à s'essouffler considérablement en commençant par Zimmer lui même, et ce malgré quelques hits tels que 'Gladiator' ou 'Hannibal'). Grand score d'aventure symphonique et épique, 'The Time Machine' est véritablement une excellente surprise recommandé pour tout ceux qui voudraient s'intéresser d'un peu plus près à ce jeune compositeur allemand à l'avenir prometteur!


---Quentin Billard