1-Face On** 4.57
2-80 Proof Rock* 4.29
3-Furniture 7.12
4-The Golden Section
Derma Lift 3.15
5-This Ridiculous Chin 6.51
6-No More Drugs For
That Man* 7.27
7-Hans'Loft* 3.37
8-Ready For The
Big Ride, Bubba 3.54

*Contient musique additionnelle
composée par Gavin Greenaway
**Contient "Since By Man
Came Death" du 'Messie'
composé par:
George Friedrich Haëndel

Musique  composée par:

John Powell

Editeur:

Hollywood Records
162 125-2

Produit par:
Hans Zimmer
Producteurs exécutif de l'album:
Michael Douglas, Steven Reuther,
Michtell Leib

Producteur associé:
Alan Meyerson
Montage de la musique:
Sally Boldt
Assistant de John Powell:
Geoff Zanelli
*Contains additional music by:
Gavin Greenaway
**Contains "Since by man came death" from "Messiah"
written by George Friedrich Haëndel,
produced by James Mallinson
courtesy of Telarc International Corp.
(c) 1992

Artwork and pictures (c) 1997 Paramount Pictures and Touchstone pictures. All rights reserved.

Note: ****
FACE/OFF
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Powell
L'arrivée de John Woo à Hollywood n'a franchement pas été très brillante pour le réalisateur d'origine chinoise et spécialiste du film d'action ultra typé made in Hong Kong. Après un ridicule 'Hard Target' (Chasse à l'Homme, avec un JC Van Damme bidon comme d'habitude) et un 'Broken Arrow' pas très subtil, John Woo marqua finalement le coup avec son splendide 'Face/Off', film d'action servi par une excellente mise en scène et un style alliant violence et poésie avec une maestria rare, le tout servi par un scénario intéressant. 'Face/Off' (Volte-Face) nous raconte l'histoire du flic Sean Archer (John Travolta), un policier dont le jeune fils a été tué par Castor Troy (Nicolas Cage), le tueur psychopathe qu'Archer cherche inexorablement à arrêter depuis des années. Après que Castor Troy ait été mis hors d'état de nuire, Archer se voit proposer une dernière mission étrange: se transformer en Castor Troy, prendre son apparence et entrer en contact avec son frère Pollux (Alessandro Nivola) jeté en prison après l'arrestation des deux frères. La mission est ultra périlleuse et totalement dangereuse pour Archer, mais elle est nécessaire afin que Pollux lui révèle l'emplacement exact du lieu où lui et son frère ont déposés une bombe. La mission est une réussite jusqu'à ce que le vrai Castor Troy se réveille de son coma et prenne à son tour l'apparence de Sean Archer. Changement total de rôle pour Archer qui devient Castor et Castor qui devient Archer. Finalement, Archer 'le faux Castor Troy' (Nicolas Cage) va devoir se battre pour s'échapper de prison et arrêter Castor 'le faux Sean Archer' (John Travolta) qui vit sa propre vie à sa place et se fait passer pour le héros des policiers en désamorçant lui même sa propre bombe. Le tout se terminera alors en affrontement inévitable entre le bien et le mal, éternel combat que John Woo a déjà représenté dans 'Broken Arrow' (Travolta vs. Slater). 'Face/Off' possède plus d'un atout et parmi les bons points du film, on notera la performance remarquable des deux stars, Travolta et Cage, deux numéros d'acteur brillants dans lequel l'un prend la peau de l'autre et change de rôle dans la seconde partie du film, chacun jouant alors à son tour le gentil et le méchant. C'est sur cette idée originale que repose l'intrigue prenante du film servi par une mise en scène très stylée et la touche poétique typique du réalisateur, ne se contentant pas de réaliser un film d'action détonnant mais qui crée deux personnages principaux bien développés au centre d'une intrigue dramatique pour le flic Archer qui doit se battre pour récupérer sa vie que Castor Troy lui a volé (symbolisé dans le film par son visage qu'il lui a volé). Evidemment, on pourra critiquer le coup de l'échange des deux visages est des modifications des deux corps, chose qui paraît peu probable dans la réalité mais qui fait néanmoins recette dans le film. Quand aux passages plus poétiques et 'stylés' du film, on notera le plan typique à la Woo dans la scène du combat de l'église vers la fin du film, où Nicolas Cage (Sean Archer) débarque au ralenti devant la statue du Christ et des colombes symbole du Bien et de la pureté. Considéré à l'unanimité comme le meilleur film américain de John Woo, 'Face/Off' reste une véritable référence dans son domaine, ou comment le réalisateur a réussi l'exploit de faire un film d'action intelligent reposant sur une intrigue pour une fois très dramatique. Scènes d'action spectaculaires très chorégraphiques, moments d'émotion, intrigue intéressante et musique prenante, tout est réuni dans ce film pour en faire l'un des meilleurs film d'action de l'année 1997.

Après avoir fait appel à Hans Zimmer sur 'Broken Arrow', John Woo renoue avec le style de Media-Ventures en faisant appel à John Powell, un protégé de Zimmer et qui a composé pour 'Face/Off' un score d'action dramatique vraiment remarquable. Produit par Zimmer lui même, le score de John Powell rend le film encore plus prenant en accentuant le côté excitant des scènes d'action avec un punch et une énergie typique de la plupart des productions musicales de chez Media-Ventures. Mais l'autre grand atout du score est la partie plus dramatique et lyrique du score. Le Main Title du film, 'Face On', nous plonge d'entrée dans le côté dramatique du score avec le premier thème, celui de Michael, le fils d'Archer que Castor Troy tue au début du film en voulant viser Archer. Ce très beau thème est introduit de manière paisible autour de cordes douces qui donnent à ce thème un côté nostalgique très touchant (la nostalgie des moments heureux du père et du fils avant la mort brutal du fils). Le thème est soutenu par une petite rythmique de boîte à musique cristalline tout à fait caractéristique de l'aspect enfantin et paisible de ce très beau thème. Mais la musique devient subitement plus sombre alors que l'on voit à l'écran un premier plan menaçant de Castor Troy qui nous permet alors de comprendre grâce à la musique et à la vue de l'arme du personnage que quelque chose de grave va arriver. La mort de Michael permet au compositeur d'amorcer le style dramatique de son score, faisant alors brièvement allusion à son thème principal sous une forme lente et tragique renforcé par des choeurs discrets et lointains. Le morceau alterne entre l'aspect tragique de l'histoire (belle reprise du début du thème à la guitare) et les moments plus sauvages évoquant la folie de Castor Troy (avec les percussions et les synthés typiques de chez Media-Ventures). La seconde partie du morceau permet d'entendre un excellent arrangement du chant pour choeur 'Since By Man Came Death' extrait du 'Messie', le célèbre oratorio de Haëndel, et qui donne un côté religieux très dramatique à ce premier morceau (la séquence se termine d'ailleurs sur un choeur chantant l'Alléluia du Messie de Haëndel) qui pourrait servir à évoquer cette idée de l'affrontement éternel entre le bien et le mal placé sous le regard de Dieu (après tout, les deux hommes s'affrontent bien vers la fin du film dans une église). Après cette splendide introduction au score, Powell nous plonge au coeur de l'histoire avec une intensité et une maestria remarquable pour ce compositeur qui marque véritablement le début de sa carrière avec cet excellent score pour le film de John Woo.

'80 Proof Rock' évoque la première rencontre entre Archer (Cage) et Troy (Travolta) après leur échange de visage et de corps, dans la prison où se trouve Archer. Le compositeur fait ici un bel usage de ses différents sons de synthé sans oublier l'utilisation de diverses sonorités plus légères du synthé pour donner un côté humour noir au personnage taré de Castor Troy (notons les sons de pizz et de guitare). Les brusques sursauts de synthé sauvages évoquent les rapides flash-back qui nous montre la mort des amis d'Archer que ce dernier a tué après s'être réveillé de son coma. Le morceau possède alors un côté à la fois sombre et mystérieux dans lequel la situation semble désespérée pour Archer (notons un bref retour du début du thème principal aux violoncelles plus dramatiques), la seconde partie du morceau illustrant la séquence où Troy va désamorcer lui même sa bombe. (le morceau finit avec un faux côté raffiné aux cordes avec une petite touche d'humour noir grinçant, parfait pour évoquer le côté fou du personnage de Castor Troy)

Mais c'est quand même l'excellentissime 'Furniture' qui reste le morceau clé du score. Dans 'Furniture', on assiste à la première scène de confrontation du film dans l'aéroport au début du film, là où Travolta fait encore Archer et Cage fait Troy. L'arrivée au ralenti d'un Castor Troy qui se la joue grave se fait avec une rythmique très accentué au synthé et une guitare/basse qui donne un côté cool au personnage (on notera ici l'excellent travail effectué autour des multiples sons du synthé). Le morceau prend alors subitement une tournure action au moment où Archer et sa troupe de flic débarquent dans l'aéroport. La poursuite entre Troy et les flics commencent alors. Entamé par un excitant rythme de percussions action à la Media-Ventures, la tension ne cesse de monter alors que Troy prend en otage un des membres de l'équipe d'Archer et tue son agent. Cette séquence d'action permet à Powell d'entendre pour la première fois dans le thème principal dans sa puissante version intégrale. L'envolée grandiose du magnifique thème principal en a marqué plus d'un au sein de ce morceau d'action surpuissant dans la lignée de ce que Zimmer et ses potes ont put faire sur des scores d'action tels que 'The Rock' ou 'The Peacemaker'. Le superbe thème principal de 'Face/Off' est l'illustration même d'un combat acharné entre le Bien et le Mal. Il illustre non seulement la détermination héroïque d'Archer qui se battra jusqu'au bout pour vaincre son ennemi de toujours et venger la mort de son fils. Il évoque aussi l'idée d'un combat de toute une vide dédiée à la vengeance, le destin d'un homme qui devra vivre toute sa vie pour laver l'affront de la mort de son fils: dans un élan grandiose, le thème prend une tournure à la fois héroïque et dramatique en même temps, rythmé par des percussions puissantes et des samplers de cuivres dans la lignée directe de ce que font les compositeurs de chez Media-Ventures (essentiellement ici dans les parties d'action, les parties plus dramatiques et douces reposant en fait autour de la partie plus orchestrale du score, surtout au niveau des cordes). 'Furniture' est une véritable bombe: on assiste à un cocktail explosif d'action pendant plus de 7 minutes d'action prenantes pour la scène de l'avion qui se crashe dans le hangar ou pour la partie finale du morceau qui est en fait utilisé dans la scène où Archer s'échappe de la prison. (morceau qui réutilise dans le film la partie de l'envol grandiose du thème principal de 'Furniture', partie absente du CD comme beaucoup d'autres bons morceaux du score) A l'aide de percussions frénétiques, des cuivres du synthé ultra efficaces et d'une rythmique puissante, Powell illustre ce premier grand affrontement d'une manière puissante et explosive avec un morceau d'action déchaîné donnant le ton au reste de la partition qui naviguera ainsi entre action et moments dramatiques.

Dans 'This Ridiculous Chin' (dont le titre ne convient pas du tout à la scène en question!), Archer subit l'opération chirurgicale pour échanger son visage avec celui de Castor Troy. Powell a écrit un morceau à la fois mystérieux et sombre pour cette scène, surtout au travers des cordes bien mises en avant ici, toujours soutenu par différentes sonorités et rythmes du synthé. Powell nous fait alors comprendre que cette opération va marquer le début des problèmes pour Archer. (on admirera la reprise très dramatique du thème principal aux violoncelles vers la fin du morceau, alors qu'Archer a pris l'apparence de son pire ennemi) 'No More Druges For That Man' est, quand à lui, composé par Gavin Greenaway, un autre compositeur de chez Media-Ventures et à qui Zimmer avait déjà fait appel sur 'The Peacemaker' pour écrire la musique additionnelle (Greenaway est aussi un ami de longue date de John Powell). Sur 'Face/Off', Greenaway a aussi apporté sa contribution en créant quelques bons passages du score dans le style de ce qu'a fait Powell. 'No More Drugs For That Man' illustre avec un côté troublant et sombre la scène où Archer (Cage) se retrouve chez Dietrich (Nick Cassavetes) et voit le fils de Sasha (Gina Gershon) qui est en fait le propre fils de Castor Troy. La vue de ce jeune enfant innocent lui rappelle la souvenir de son fils Michael ce qui permet au compositeur de réutiliser le thème de Michael et les sons de boîte à musique du début de 'Face On' pour les transformer petit à petit en sons tordus et étranges au fur et à mesure qu'Archer pète un boulon à cause de la saloperie qu'il vient de prendre. (le morceau devient d'ailleurs de plus en plus pesant et sombre) La suite du morceau continue sur l'affrontement dans la salle des miroirs (scène symbolique - chacun voit le reflet de son ennemi dans le miroir alors qu'il s'agit en fait de son propre reflet acutel). Le compositeur évoque ici avec brio ce petit jeu du chat et de la souris (notons la reprise très dramatique du thème principal aux cordes) tandis que la troisième partie nous ramène à la scène du début où Castor Troy se fait arrêter dans le hangar. (on regrettera le fait que les morceaux soient complètement dans le désordre par rapport à l'ordre chronologique du film, 'No More Drugs For That Man' étant en fait un montage de différents petits passages composés par Greenaway dans le score) La quatrième partie est nettement plus dramatique avec un violoncelle soliste résigné finissant alors sur un style plus tendu pour une scène où Archer (Cage) retourne chez lui en évitant de croiser des flics.

'Hans'Loft' (petit clin d'oeil à Zimmer) illustre une nouvelle scène d'affrontement entre Archer et Troy les deux ennemis jurés (scène de fusillade à la sortie de l'église), morceau à nouveau composé par Gavin Greenaway. Partant sur un rythme d'action brutal et excitant, le compositeur évoque lui aussi à son tour ce combat acharné entre le Bien et le Mal, le tout de manière très stylé avec percussions de synthé bien de chez Media-Ventures. Le morceau finit sur un rythme action à la Zimmer qui prouve une fois de plus que les disciples de Hans ont parfaitement appris leur leçon (la fin très rythmée de 'Hans'Loft' fait beaucoup penser au style de musique d'action que fait Trevor Rabin). Finalement, c'est le magnifique 'Ready For The Big Ride, Bubba' qui permet d'apporter la touche d'émotion finale avec une reprise du thème de Michael sous une forme dérivée, puisqu'ici le jeune enfant de Sacha vient remplacer quelque part le fils de Michael pour Archer qui a vaincu son ennemi et récupéré son vrai corps et son vrai visage. Ainsi donc, le thème de Michael ne pouvait pas revenir sous sa forme initiale et Powell devait trouver un astucieux dérivé symbolique de cette paix retrouvé pour Archer et sa famille. Illustré par des cordes paisibles, un piano et une petite rythmique de synthé légère, Powell nous fait d'abord entendre ce nouveau thème de conclusion au piano de manière très touchante alors qu'Archer sort de la lumière pour venir rejoindre sa famille. Le thème prend alors son envol en réutilisant les sons de boîte à musique entendu au début de 'Face On' et qui évoquait encore les moments paisibles pour le héros en compagnie de son fils. C'est l'utilisation d'un choeur qui vient apporter une touche presque magique à ce magnifique morceau final vraiment très puissant évoquant la victoire du Bien sur le Mal et le retour à la paix pour Archer et sa famille.

'Face/Off' reste une BO d'action exemplaire, preuve du talent des compositeurs de chez Media-Ventures à créer des partitions reposant sur le style synthético-orchestral amorcé par Hans Zimmer à la fin des années 80 et pleinement exploité par son 'industrie' de compositeurs durant les années 90. 'Face/Off' est aussi important pour le compositeur John Powell puisqu'il marque son entrée dans la cours des grands et qui va lui permettre alors d'acquérir sa réputation sur des projets tels que 'Evolution', 'Endurance', 'Antz' ou bien encore le superbe 'Chicken Run'. Score parfait pour le film de John Woo et véritablement prenant tout au long du film, 'Face/Off' illustre cette idée de l'éternel combat du bien et du mal avec de grands moments dramatiques qui en font un score dramatique plus aéré et encore plus émouvant, à l'image du film lui même. Le gros défaut du CD est le désordre total des pistes et l'absence de nombreux bons morceaux du score entendu dans le film - surtout les morceaux d'action, finalement assez peu nombreux dans le CD -, l'album omettant plus de la moitié du score sur le CD. Bref, il n'y a qu'une seule conclusion à apporter: 'Face/Off' est une BO d'action exemplaire!


---Quentin Billard