1-The Elephant Man Theme 3.44
2-Dr.Treves Visits The
Freak Show & Elephant Man 4.08
3-John Merrick & Psalm 1.16
4-John Merrick & Mrs.Kendal 2.02
5-The Nightmare 4.38
6-Mrs.Kendal Theater &
Poetry Reading 1.57
7-The Belgian Circus Episode 2.59
8-Train Station 1.54
9-Pantomine 2.19
10-Adagio For Strings 9.28*
11-Recapitulation 5.35

*Composé par Samuel Barber

Musique  composée par:

John Morris

Editeur:

Milan Records
74321 19986-2

Produit par:
John Morris
Supervision de l'album:
David Franco
Direction exécutive de Milan:
Emmanuel Chamboredon,
Toby Pieniek


"Adagio For Strings"
Interprété par:
The London Symphony Orchestra
Conduit par:
André Prévin
(p) 1977 EMI Records Limited.

Artwork and pictures (c) 1980 Brooksfilms Ltd./1994 Milan Entertainment, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE ELEPHANT MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Morris
Film dur et bouleversant, 'Elephant Man' raconte l'histoire tragique de John Merrick (John Hurt), un jeune anglais de 21 ans surnommé 'l'homme éléphant' à cause d'une terrifiante malformation du visage et du corps qui terrorise les gens qui le croisent. C'est le docteur Frederick Treves (Anthony Hopkins) qui le découvre un jour dans une attraction foraine et décide de le ramener à l'hôpital afin de l'examiner et de le présenter à ses collègues. Treves commence à s'attacher à ce pauvre homme et se bat pour le faire garder à l'hôpital. Mais son ancien 'propriétaire', un ivrogne du nom de Bytes (Freddie Jones) réclame de nouveau son 'gagne-pain' et va tout faire pour lui mener la vie dure. Petit à petit, Merrick va recevoir pour la première fois de sa vie des gestes attentionnés et nouera une très belle amitié avec le docteur Treves. Mais les gens continueront encore à le rejeter pour son apparence horrifique. Fable poignante sur la tolérance, 'Elephant Man' s'inspire de l'histoire vraie de Joseph Carey Merrick, mort au Royal London Hospital en 1890 à l'âge de 27 ans. Basé sur les écrits du docteur Treves ('The Elephant Man and Other Reminiscences'), le film de David Lynch (qui signait là son deuxième long métrage après quelques courts métrages réalisés à la fin des années 60 et dans les années 70) reprend les principales lignes des écrits de Treves et nous propose une vision particulièrement noire de la bêtise humaine et de l'intolérance. Entièrement réalisé en noir en blanc (probablement dans l'objectif de renforcer le malaise du film), 'Elephant Man' est un film dur, servi par un John Hurt inoubliable dans ce rôle (il lui fallut endurer près de douze heures de maquillage pour camper le rôle de cet 'homme éléphant') et un Anthony Hopkins tout aussi émouvant dans le rôle de ce docteur consciencieux qui se bat pour offrir une vie meilleure à l'un de ses patients favoris (d'où une scène particulièrement émouvante vers la fin du film où Merrick reçoit un hommage vibrant à la fin d'une représentation de pièce de théâtre). A noter que c'est Mel Brooks qui a produit le film, mais comme ce dernier voulait conserver tout le sérieux de ce projet, il a voulu éviter d'être crédité au générique, de peur que le public associe son nom à une idée satirique ce qui, bien entendu, est loin d'être le propos du très beau film de Lynch. La tagline du film est emprunté à la célèbre réplique du personnage principal: "je ne suis pas un animal! Je suis un être humain, je suis un homme!". Cette scène émouvante résume à elle seule toute la pensée de cette fable tragique d'un homme dont la vie se résume à une longue suite de souffrances mentales et physiques jusqu'au jour où il découvre la bonté humaine chez Treves et ses amis de l'hôpital. 'Elephant Man' fait ainsi parti des grands classiques du réalisateur, ce genre de film émouvant à ne manquer sous aucun prétexte!

C'est John Morris, le musicien fétiche de Mel Brooks, qui a écrit la musique de 'Elephant Man'. On suppose que c'est la présence de Mel Brooks à la production du film qui permit à John Morris d'arriver sur ce projet. (leur première collaboration débute avec 'The Producers' en 1968) La musique d'Elephant Man se caractérise par sa noirceur et sa mélancolie toute à l'image du film. Basé sur un thème de valse mélancolique qui évoque le monde du cirque d'où vient John Merrick. Cette valse mystérieuse et mélancolique ouvre le film d'une manière tout à fait envoûtante. Confié à un petit ensemble instrumental réunissant une flûte à bec, un petit orgue, un célesta, une boîte à musique, quelques cordes et un hautbois, ce très beau thème fait apparaître à notre esprit l'image de ce personnage dont l'apparence hideuse recèle une âme humaine en manque d'attention. (d'où peut être finalement le côté à la fois enfantin et simple de cette valse et la mélancolie apparente et la lenteur du tempo qui évoquerait plutôt la dureté de la vie de Merrick) En basant sa partition sur ce fameux thème de valse, John Morris construit une partition à la fois noire, triste et émouvante, le reflet d'une tragédie teintée d'humanité.

'Dr.Treves Visits The Freak Show & Elephant Man' permet au compositeur d'aborder la musique de cirque avec un nouveau thème de valse, écrit cette fois ci dans le style musique de foire/parade, à l'instar de 'The Belgian Circus Episode'. 'John Merrick And Psalm' atteint un premier pic d'émotion lors de la scène où Merrick récite un psaume qu'il a appris tout seul. Ecrit ici pour cordes, Morris adopte une écriture lyrique et émouvante digne des plus grands Adagios postromantique de la fin du 19ème siècle. Véritablement poignant, 'John Merrick And Psalm' illumine la scène de par la beauté du morceau et l'intensité de l'émotion au moment où le personnage se révèle à Treves et Gomm. On ressent ici toute l'humanité enfouie au fond de Merrick qui décide alors de la faire resurgir à la surface et de prouver qu'il est doué d'intelligence et de sensibilité. L'émotion de 'John Merrick And Psalm' l'inscrit comme l'un des premiers grands morceaux incontournables du score. Dans 'John Merrick And Mrs.Kendal', on retrouve cette écriture de cordes lyrique et émouvante lorsque Mrs.Kendal (Anne Bancroft) rencontre John Merrick et qu'ils partagent ensemble leur goût pour les pièces de théâtre. La musique de Morris souligne ici aussi toute la chaleur humaine de la scène avec une simplicité poignante, sans aucun artifice particulier, mais plus l'histoire avance, plus la musique se veut de plus en plus noire.

'The Nightmare' reprend ainsi le thème de l'homme éléphant joué par une boîte à musique évoquant la jeunesse mouvementée de Merrick et le souvenir de sa mère écrasée par un éléphant alors qu'il était encore dans le ventre de sa mère. Très sombre, 'The Nightmare' nous renvoie une fois de plus à la noirceur de l'histoire (la scène de cauchemar est véritablement impressionnante et effrayante, voire malsaine). On retrouve le lyrisme de 'John Merrick And Mrs.Kendal' dans le très beau 'Mrs.Kendal's Theater And Poetry Reading' où la flûte nous offre une mélodie chaleureuse soutenue par des cordes évoquant une fois encore la chaleur humaine qui entoure un Merrick reprenant goût à la vie après avoir vécu des années comme une bête repoussante. 'Train Station' est un autre épisode plus dramatique où Merrick se retrouve poursuit par des passants dans la séquence poignante de la gare. On notera ici le côté nettement plus torturé des cordes et des harmonies, un aspect qui se concrétisera dans la séquence où des sales types s'en prennent à lui et le martyrisent dans sa chambre d'hôpital. Pour cette scène difficile, Morris reprend le thème principal sous la forme d'une valse enragée et noire, reflet de la bêtise humaine et de la cruauté. On notera pour finir la touche d'espoir amenée par la valse de 'Pantomime' évoquant l'univers viennois d'un Johann Strauss lors de la scène de théâtre finale. 'Recapitulation' conclut le score de manière poignante et c'est le célèbre 'Adagio' de Samuel Barber qui clôt le film de par sa beauté qui continue encore aujourd'hui à émouvoir des milliers d'auditeurs. L'Adagio de Barber est ici une élégie poignante adressée à John Merrick , un être à l'apparence inhumaine mais avec un coeur débordant d'humanité et de gentillesse.

'Elephant Man' est une partition qui hante l'esprit. A la fois sobre et mélancolique, la musique de John Morris nous touche profondément et nous rappelle à quel point la vie de ce pauvre homme a du être insupportable. Entre poésie, tristesse et noirceur, la musique de Morris (loin du style comédie des films de Mel Brooks) reflète au plus haut point toute l'histoire de ce personnage bouleversant. Dans l'univers des musiques de film de David Lynch, 'Elephant Man' est de loin l'une des partitions incontournables, à l'instar du film en lui même: hautement recommandé!


---Quentin Billard