Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:


Réalisation:
John Frankenheimer
Genre:
Thriller/Drame
Avec:
Burt Lancaster,
Kirk Douglas,
Ava Gardner.

(c) 1964 Joel Productions/Seven Arts Productions.

Note: **1/2
SEVEN DAYS IN MAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Dans ce vieux thriller politique tourné en pleine guerre froide (1964), John Frankenheimer évoque le fonctionnement d'un complot militaire visant à renverser le gouvernement américain en pleine négociation avec les russes pour le démantèlement des armes nucléaires. C'est Burt Lancaster qui campe le rôle du Général James Mattoon Scott, un vieux patriote fanatique qui rejette vigoureusement la politique diplomatique du président Jordan Lyman (Frederic March) et va tout faire pour tenter de prendre le pouvoir à la fin de la semaine, lors d'un tir d'essai. Scott est aveuglément convaincu que si les américains 'baissent les bras' en supprimant leurs armes nucléaires, les russes y verront une occasion malsaine pour nous attaquer par surprise. Mais le président Lyman est un fervent partisan de la constitution des Etats-Unis, et c'est grâce aux soupçons du colonel Martin 'Jiggs' Casey (Kirk Douglas) que Lyman découvrira le complot et fera éclater la vérité au grand jour lors d'une ultime conférence de presse annonçant la démission des généraux séditieux. Dans ce film, on voit deux manières d'agir par rapport à la 'menace' représenté par les soviétiques: Casey, le président Lyman et une majorité de son gouvernement sont pour une politique démocratique respectant la constitution américaine, tandis que le général Scott et ses amis sont pour le patriotisme à outrance, la lutte armé et le pouvoir par la force, deux attitudes qui de toute évidence feront monter la tension tout au long du film basé sur l'intrigue d'une mystérieuse base militaire secrète du nom de 'Ecomcon', crée par Scott et ses amis afin de préparer ses hommes à prendre le pouvoir en fin de semaine, lors d'un exercice d'alerte. Avec la présence de Burt Lancaster et Kirk Douglas, deux grands noms de l'époque, Frankenheimer fait monter le film au rang des classiques du thriller politique Hollywoodien même si le film manque un peu de rythme par moment. A noter aussi la présence d'Ava Gardner qui sert plus à ajouter un peu de charme à l'intrigue qu'autre chose puisque son personnage possède un rôle finalement assez mineur.

Voilà un score mineur peu mémorable dans la carrière du jeune Goldsmith des années 60. Le score de 'Seven Days In May' possède la particularité de faire appel à un ensemble instrumental original: un pupitre de percussions composé de timbales, cymbales, caisses et tambours, un xylophone, un vibraphone, des cloches et un piano. Pas de cuivres, pas de cordes et pas de bois ici, la majeure partie de la musique (près de 15 minutes environ - sur 118 minutes de film, c'est peu!) reposant sur le pupitre de percussions qui fait monter la tension tout au long du film et suggère l'intrigue de conspiration militaire du film. L'ouverture du film se fait ainsi au son de caisses militaires. Très rythmé, les timbales viendront rejoindre les caisses et le morceau se conclura sur une partie de xylophones typique de Goldsmith, dans la veine d'un Bartok. (les xylophones apparaissent alors que l'on voit des images d'ogives nucléaires apparaître à la fin du générique, suggérant la menace nucléaire au centre de l'histoire du film)

Le reste de la partition minimaliste de Goldsmith sera dans la même veine: la première scène de filature est ainsi accompagné de percussions avec des sonorités plus sombres développées par le piano (utilisé de manière rythmique un peu comme chez Edgar Varèse ou chez Bartok - voir sa 'Sonate pour 2 pianos et orchestre') et des tenues mystérieuses de vibraphone. On retrouvera cette ambiance dans la deuxième séquence de filature du film, le piano prenant de plus en plus d'importance afin de renforcer le climat intriguant du film (et par conséquent de la musique). Totalement uniforme, la musique de Goldsmith ne connaîtra aucun développement thématique ou motivique, la quinzaine de minutes reposant essentiellement sur le rythme. L'action pointe le bout de son nez dans la scène où le sénateur Raymond Clark s'évade de la base militaire secrète en compagnie d'un officier d'Ecomcon. Pour se faire, Goldsmith utilise une rythmique agité de percussions avec le xylophone/piano dans un petit motif rythmique plus accentué. Hélas, il s'agit de l'unique passage d'action du score, le reste reposant essentiellement sur une ambiance d'intrigue développé par la rythmique du petit ensemble instrumental interprétant la musique de ce film.

Rien de bien fameux donc, et malgré l'originalité de cette petite formation instrumentale rythmique, le score de 'Seven Days In May' s'oubliera très vite, surtout que l'écoute de cette partition dans le film nous donne clairement l'impression que le compositeur manquait d'ambition ou d'inspiration sur ce sujet (et ce même si le score colle bien au film). Dommage, mais comme Goldsmith en est encore à ses débuts à cette époque, on lui pardonnera sans problème ce très léger faux pas. Il reste que l'on aurait aimé entendre une partition plus développé et plus ambitieuse, plus dans l'esprit du film de Frankenheimer.


---Quentin Billard