Stereo

1-Main Title 1.25
2-The Hanging 3.08
3-Escape and Pursuit 3.52
4-The Church 1.13
5-Journey To The Fort 3.54
6-I Want Their Heads 1.37
7-Cliff Fight 1.21
8-Burn & Pillage/Retribution 5.00
9-Burning The Stronghold/
New Morning 3.56
10-Lyedecker and Sarita 1.04
11-Across The Plains 1.04
12-Ready For The Ambush 1.31
13-I'll Go Back 1.33

Source Music

14-Mariachi #1 (stereo) 2.04
15-Mariachi #2 (mono) 1.33

Mono

16-Main Title 1.24
17-The Hanging 3.08
18-Escape and Pursuit 3.52
19-The Church 1.12
20-Journey To The Fort 3.54
21-Our String Has
Done Run Out 2.12
22-I Want Their Heads 1.38
23-Cliff Fight 1.22
24-Downhill Ride 5.12
25-Burn & Pillage/Retribution 5.00
26-Burning The Stronghold/
New Morning 3.54
27-Lyedecker and Sarita 2.30
28-Across The Plains 1.04
29-Ready For Ambush 1.30
30-Eulogy For Sarita 1.28
31-I'll Go Back 1.32

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

FSM Silver Age Classics
Vol.2 No.1

Album produit par:
Lukas Kendall, Jeff Bond
Producteur exécutif:
Nick Redman
Coordinateur du projet pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 1969 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
100 RIFLES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
Réalisateur de téléfilms et de séries télé en tout genre, Tom Gries réussit à percer dans le cinéma en réalisant 'Will Penny' (1968) et surtout '100 Rifles' (Les 100 Fusils), superbe western produit par la 20th Century Fox et mettant en scène un indien et ses amis au prise avec une troupe de soldats mexicains dirigés par un général cruel et impitoyable. C'est Burt Reynolds qui interprète Yaqui Joe Herrera, le héros du film. Après avoir dévalisé une banque aux USA, Yaqui Joe se retrouve poursuivit par Lyedecker (Jim Brown), un policier américain qui s'est mis en tête de le capturer et de le ramener aux Etats-Unis pour toucher une récompense. Seulement voilà, en arrivant à Mexico pour tenter de mettre la main sur son homme, Lyedecker était loin de s'imaginer qu'il allait se retrouve emporté malgré lui dans une histoire de lutte contre l'oppression militaire mexicaine. Le butin de Yaqui Joe servit en fait à acheter 100 fusils afin d'armer les indiens et de les aider à lutter contre la tyrannie du général Verdugo (Fernando Lamas). Soutenu par la belle Sarita (Raquel Welch) et ses amis, Yaqui Joe va tout faire pour tenter de convaincre Lyedecker d'abandonner son idée de le livrer à la police américaine et de venir les soutenir dans leur combat, mais ce dernier est très têtu et ne se laissera pas convaincre aussi facilement, jusqu'à ce qu'il voit de quoi sont véritablement capable les soldats mexicains de Verdugo. La bataille finale se livrera finalement dans une petite ville mexicaine près d'un voie ferrée.

'100 Rifles' est un western spectaculaire servi par des séquences de combat parfaitement réussies. Ici, pas de duel au pistolet ou de rouleaux de paille traversant des ruelles balayées par le vent. '100 Rifles' est une sorte de film de guerre transposé dans l'époque des westerns. Les deux héros campés par Jim Brown et Burt Reynolds sont les vrais héros américains, les durs à cuire que rien n'arrêtent, soutenus par une superbe Raquel Welch qui n'hésite pas à se battre comme un homme. Pour beaucoup, '100 Rifles' est en réalité une métaphore de la guerre du Viêt-nam. Les indiens Yaqui évoqueraient alors le Viêt-cong tandis que les soldats mexicains symboliseraient les troupes américaines. Cette transposition n'a rien de fantaisiste quand on sait à quelle époque le film a été tourné: nous sommes alors en 1969, et depuis l'arrivée de Richard Nixon au pouvoir, la guerre fait rage au Viêt-nam. On ne sait pas si le réalisateur a tenu à évoquer ce conflit dans son film mais étant donné la gravité de ces combats qui troublèrent l'âme des américains de l'époque, il n'est pas idiot de penser que le film a été conçu comme une métaphore de cette lutte à mort entre deux camps ennemis. Toute considération historique faite, '100 Rifles' n'en demeure pas moins une production d'action solide, un western violent où fusillades et batailles se mêlent à une impressionnante chorégraphie de combats surprenante pour l'époque. Un western à (re)découvrir, assurément!

Jerry Goldsmith entame avec '100 Rifles' sa sixième partition pour un western après 'Lonely Are The Brave' (1962), 'Rio Conchos' (1964), 'Stagecoach' (1966), 'Hour Of The Gun' (1967), 'Bandolero!' (1968). Avec '100 Rifles', Jerry Goldsmith nous propose un résumé fort intéressant de son style d'écriture western habituel. Le film se déroulant au Mexique, il était évident que Goldsmith s'attache à donner un ton mexicain à sa musique. Basé sur un excellent thème principal mémorable entendu dès le 'Main Title' du film, Goldsmith annonce le ton de sa partition. Ce qui marque à la première écoute du score, c'est la qualité et l'inventivité de l'instrumentation du compositeur, une marque de fabrique de ses partitions westerns plus tardives comme 'Rio Lobo' par exemple. Ce sont les cors qui entament le thème principal héroïque soutenu par une importante percussion mélangeant tambours, timbales, castagnettes, cymbales et diverses percussions en bois. A cela se rajoute quelques guitares plus discrètes pour le côté western et surtout des trompettes qui évoqueront tout au long de la partition le style de la musique des mariachis mexicains. Très rythmé sur un rythme à trois temps, cet excellent 'Main Title' énergique nous invite dès le générique de début du film à partager une longue aventure musclé et héroïque.

Nourri du style de 'Hour Of The Gun' ou de 'Rio Conchos', Goldsmith nous livre une partition agité qui va aussi lui permettre de mettre en avant son style avant-gardiste qu'il avait déjà pleinement exprimé un an avant avec son célèbre 'Planet Of The Apes'. Comme nous l'avons déjà signalé auparavant, c'est l'inventivité de l'instrumentation de ce score qui en fera toute la richesse sur le plan musical. Soutenu par un thème principal héroïque et mémorable, le score de Goldsmith va s'attacher à décrire l'affrontement violent opposant les indiens Yaqui et les troupes de Verdugo. Après un 'The Hanging' tendu et sinistre mettant déjà en avant une instrumentation très réussie, c'est avec 'Escape & Pursuit' que le compositeur va nous inviter à partager un premier grand moment d'action. Véritable tour de force orchestral, 'Escape & Pursuit' décrit la séquence où Yaqui s'échappe du camp de Verdugo et se retrouve poursuivi par Lyedecker et les soldats mexicains. Le morceau est dominé par une rythmique impressionnante et une section de cuivres spectaculaire: les cors débutent le morceau avant d'être rejoint par des trompettes agitées dans un style très mexicain d'esprit. Le thème principal refait son apparition pour évoquer la détermination du héros tandis et la puissance des différences couches rythmiques du morceau rappelle par moment la virtuosité et l'agressivité des passages d'action de 'Planet of The Apes' (on pense par moment à du Bartok ou du Stravinsky version western/mexicain). Au niveau des percussions, il faudra noter une excellente utilisation des tambours/timbales soutenus par des blocs de bois. Premier grand morceau d'action intense et spectaculaire, 'Escape & Pursuit' est un brillant tour de force orchestral comme on en entend rarement aujourd'hui. Goldsmith nous propose une utilisation très intelligente du rythme et son orchestre de virtuoses exécute de véritables pirouettes qui rendent ces scènes d'action encore plus excitantes et entraînantes.

'Journey To The Fort' nous permet de retrouver une nouvelle variante du thème principal sous forme de chevauchée entraînante tandis que 'I Want Their Heads' évoque à son tour la menace des soldats mexicains et du général Verdugo. Un morceau comme 'Cliff Fight' permet à Goldsmith de renforcer son instrumentation originale et avant-gardiste par moment, le compositeur n'hésitant pas à faire des mélanges étonnants, comme par exemple lorsqu'il utilise un sitar indien lors d'une séquence se déroulant dans le désert mexicain. 'Burn & Pillage/Retributions' est un nouveau morceau d'action violent décrivant l'attaque du fort des soldats de Verdugo, la séquence débutant sur un style plus suspense noir avec une utilisation fort étonnante du piano 'préparé', un tic instrumental cher au compositeur John Cage. Goldsmith utilise ici le piano de manière rythmique et en fait un instrument de percussion à part entière. La sonorité métallique et sèche qui se dégage du piano préparé renforce la tension de la scène alors que Yaqui Joe et ses amis préparent l'attaque du fort la nuit. Le morceau finira sur un style mariachi plus festif avec les trompettes mexicaines. La séquence se conclut sur le sombre 'Burning The Stringhold/New Morning' qui débute sur des cuivres particulièrement dissonants et chaotiques nous faisant entendre le thème d'action de 'Escape and Pursuit' sous une forme plus sombre, soutenu par un pupitre de cuivres et de percussions particulièrement agités. Le compositeur nous accorde une petite 'pause' le temps d'un 'Lyedecker and Sarita' plus intime avant de repartir dans l'action vers le sombre 'Ready For The Ambush' pour l'affrontement final. Finalement, 'I'll Go Back' ramène la paix avec quelques vents/cordes plus paisibles avant que les trompettes mexicaines viennent conclure le morceau sur un ton plus festif lors d'une ultime reprise du thème principal.

Si vous aimez le Goldsmith inventif et inspiré de la fin des années 60, vous ne pourrez qu'apprécier '100 Rifles', une excellente partition western dans laquelle le compositeur, loin des clichés de l'harmonica ou de la guitare à la Morricone (il y a quelques guitares mais elles se font toujours très discrètes et n'ont pas le même rôle que chez Morricone), nous propose une série d'orchestrations particulièrement inventives avec un mélange d'instruments parfois étonnant. Goldsmith reprendra d'ailleurs ce genre d'instrumentation un an plus tard avec l'excellent 'Rio Lobo'. L'instrumentation parfois extrêmes et complexes de certains passages tend à créer une énergie implacable dans le film de Tom Gries qui peut se vanter d'avoir offert à Goldsmith l'occasion d'écrire l'une de ses meilleures partitions pour un western. Parfois sombre et violente, la musique de Goldsmith n'est pas sans évoquer son côté avant-gardiste plus proche de 'Planet of The Apes' ou de certains passages de 'The Sand Pebbles'. Typique de son style année 60, '100 Rifles' est la partition western de Goldsmith à découvrir en priorité, aux côtés de 'Rio Lobo' ou 'Hour Of The Gun'.


---Quentin Billard