Fargo

1-Fargo, North Dakota 2.48
2-Moose Lake 0.41
3-A Lot Of Woe 0.53
4-Forced Entry 1.23
5-The Ozone 0.58
6-The Trooper's End 1.04
7-Chewing On It 0.53
8-Rubbernecking 2.05
9-Dance Of The Sierra 1.25
10-The Mallard 1.02
11-Delivery 4.47
12-Bismark, North Dakota 1.04
13-Paul Bunyon 0.34
14-The Eager Beaver 3.13
15-Brainerd, Minnesota 2.41
16-Safe Keeping 1.45

Barton Fink

17-Fade In 1.08
18-Big Shoes 1.33
19-Love Theme from
"Barton Fink" 1.21*
20-Barton In Shock 1.57
21-Typing Montage 2.11
22-The Box 3.05**
23-Barton In Flames 0.57
24-Fade Out - The End 3.37

*Drain effects
by Skip Lievsay
**Wrestling Effects
by Skip Lievsay.

Musique  composée par:

Carter Burwell

Editeur:

TVT Soundtrax
TVT 8010-2

Producteur:
Carter Burwell
Monteur de la musique:
Todd Kasow
Monteur associé:
Shari Schwartz
Barton Fink
Musique composée par:
Carter Burwell
Produit par Carter Burwell
Monteur de la musique:
Todd Kasow
Directeur en charge pour Polygram Filmed Entertainment:
Dawn Solér
Directeur en charge pour la bande originale à TVT Soundtrax:
Patricia Joseph

Artwork and pictures (c) 1996 TVT Records/1991 Twentieth Century Fox Film Corporation/1995 Grammercy Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
FARGO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Carter Burwell
Joel et Ethan Coen sont habituellement cantonnés dans des films souvent inclassables dans une catégorie en particulier, des oeuvres bien souvent isolées, soit par leur côté trop original, soit pas leur caractère parodique et décalé. Entre du pur Tarantino et du Terry Gilliam moderne, les films des frères Coen manient régulièrement la violence avec aisance, dans des situations où on ne l'attend pas toujours, comme dans la réalité en fin de compte ! Comme le disait Ethan Coen lui-même : « on ne peut pas se fixer des principes ou des règles générales en ce qui concerne la violence; elle possède ses propres paramètres, qui varient en fonction des projets. »

L'histoire de « Fargo » est elle-même assez intrigante : un homme, Jerry Landergaard (William H. Macy), vendeur de voiture minable endetté jusqu'au cou, décide de faire appel à deux truands pour kidnapper sa propre femme, contre une rançon, rançon que payera d’ailleurs le beau-père de Jerry et qui sera partagée entre les truands et Landergaard lui-même. Mais lorsque la petite machination coûte trois vies incluant celle d'un flic, les enchères vont vite monter, et la neige du Minnesota virera très rapidement au rouge. « Fargo » n'est pas une comédie, même si il en a la teinte, ce n'est pas un film policier même s’il en a la couleur, ce n'est pas non plus tout à fait un drame, c'est ... une sorte de comédie dramatique policière qui, dans sa totalité, reflète quand même un drame sur le jugement de l'humanité, de la société humaine d'aujourd'hui.

Le plus incroyable reste finalement que ce film est tiré d'un fait réel, rendant alors le jugement bien plus crédible et intéressant. Avec 7 nominations aux Oscars 1997 dont 2 Oscars (celui de la meilleure actrice pour France McDormand et du meilleur scénario original), « Fargo » est une extrême réussite, car il allie des acteurs talentueux (Steve Buscemi, William H. Macy et Harve Presnell sont parfaits !), une histoire délicieusement bien ficelée et un environnement réellement glacial. La frontière entre la pureté du paysage enneigé recouvert d’un long manteau blanc, abritant la folie meurtrière des hommes, est aussi génialement attrayante.

La musique de « Fargo » instaure davantage une ambiance plus dramatique au film que ce que reflètent réellement les images. Le compositeur Carter Burwell – fidèle complice des frères Coen - nous montre ici que l’histoire est bien sérieuse, et que si certains passages peuvent prêter à sourire, d’autres rappellent au contraire la tristesse d’une réalité plus dure décrite dans le film des frères Coen. Variant les ambiances avec un certain éclectisme, Carter Burwell nous révèle par sa musique parfois plaintive le vrai sens du film. Utilisant pratiquement les cordes ou le violon irlandais, instruments habituellement associés au drame, il nous rappelle par un magnifique thème mélodique récurrent (« Fargo, North Dakota ») que l'on ne peut avoir le courage d'en rire. Effectivement, on pourrait ainsi penser que la musique de Burwell fonctionne à contre-emploi dans ce film, mais c'est une approche bien plus subtile que cela, car le film n'est pas un drame à proprement parler, même si l'histoire est en elle-même tragique.

Il faut alors prendre le film d’Ethan et Joel Coen avec un certain recul : cette histoire tragique est racontée à travers une ironie très subtile, qui risque fort d’échapper à certains lors d’une première vision du film. C’est sans aucun doute dû en partie à la musique de Carter Burwell, qui instaure donc une ambiance glaciale dans le film indissociable des décors enneigés. Le thème principal s’avère être réellement poignant, élégiaque et plaintif, avec ses sonorités irlandaises bien choisies. Le compositeur utilise pleinement l'orchestre symphonique et crée une ambiance froide tout au long du film, une ambiance parfois proche du désespoir sans jamais y sombrer complètement. On appréciera au passage une reprise plus émouvante du thème au hautbois dans « A Lot of Woe ». Le thème renvoie par la même occasion aux réflexions bouleversantes que soulève le film des frères Coen : comment peut-on être assez cynique pour détruire des vies humaines au nom du dieu argent ? Que vaut donc pour l'homme sans scrupules la vie humaine ? Malraux disait d’ailleurs: « une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie ». C'est cette réflexion qui nous amène finalement à apprécier le travail des frères Coen et du compositeur Carter Burwell, qui signe là un score de grande qualité sur la musique de « Fargo ». Les fans du compositeur disent souvent de lui qu’il possède un don particulier pour rentrer dans l’atmosphère d’un film à travers sa musique, représentant toutes les facettes d'un film, aussi bien apparentes que cachées. La partition musicale de « Fargo » s’avère donc être très intéressante, à la fois mélancolique, lente et résignée, une partition de qualité dans la collaboration entre Carter Burwell et les frères Coen !



--- Quentin Billard & Lilian Ginet