1-Hunting Season Opens 4.50
2-Natasha 1.32
3-Chance and Carmen 1.48
4-Streetfighting Van Damme 1.51
5-Friends 1.27
6-The Lark Descending 2.29
7-Won't You Let
Me Go? 4.28*
8-The Dove & The Garotte 2.29
9-Motorcycle Chase 2.46
10-New Orleans Mission 1.31
11-On The Docks 1.25
12-Mardi Gras Graveyard 2.26
13-Miles To Go 2.50
14-Fouchon's Death 4.27
15-Epilogue 1.55

*Interprété par:
Buckwheat Zydeco
Ecrit par:
Stanley Dural, Jr.

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5445

Album produit par:
Graeme Revell
Producteur exécutif de l'album:
Robert Townson
Directeur en charge de la
musique pour Universal Pictures:
Burt Berman
Monteur de la musique:
Dick Bernstein

Artwork and pictures (c) 1993 Universal City Studios, Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
HARD TARGET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Pour son premier film Hollywoodien, John Woo n'a pas vraiment brillé, tombant dans les stéréotypes très à la mode du film d'action typiquement américain. 'Hard Target' (Chasse à l'homme) est une succession ininterrompue de scènes vues et revues, de héros sans personnalité bien à l'américaine et de cascades bien spectaculaires mais trop 'grosses' pour être crédibles. John Woo a eu le malheur de faire appel à Jean-Claude Van Damme pour son premier film américain: visiblement, l'acteur belge l'a pleinement convaincu et on se demande bien pourquoi puisque Van Damme a l'air niais durant tout le film, se la joue grave et n'est pas franchement crédible dans le rôle de ce gros dur à cuire. L'histoire partait pourtant d'une bonne idée: une organisation dirigée par un certain Emil Fouchon (Lance Henriksen) propose à ses clients une partie de chasse à l'homme en échange d'une grosse poignée de dollars. Comme le dit le texte de la VSH française du film: "Quand on a chassé tous les gibiers que l'homme connaît et que l'on est fou de chasse, la seule proie qui reste à traquer est l'homme lui-même." L'une des premières victimes du film est Charles Binder (Chuck Pfarrer, qui se trouve être le scénariste du film). Quelque temps après, sa fille Natasha (Yancy Butler) se met à sa recherche et découvre avec effroi qu'il était clochard et vivait dans la rue. Arrivé dans un port de la Nouvelle-Orléans, Natasha rencontre Chance Boudreaux (Van Damme - son personnage ne pouvait pas avoir un nom plus ridicule!), un homme qui vient de lui sauver la vie après une agression à la sortie d'un bar. Elle décide de l'engager pour qu'il l'aide à retrouver son père. Quelque temps après, elle apprend que son père est mort dans un incendie. Chance va mener sa propre enquête et va découvrir qu'il a été assassiné et que ce n'était donc pas un accident. Les hommes de Fouchon lui tombent alors dessus et lui demandent de quitter la ville. Pendant ce temps, Fouchon et son complice Van Cleaf (Arnold Vosloo) continue à mener tranquillement leur chasse à l'homme dans la Nouvelle-Orléans, et ce jusqu'à ce que Chance devienne leur nouvelle cible. Bien décidé à ne pas se laisser faire, Chance préparera la contre-attaque avec l'aide de Natasha et de son oncle Douvee (Wilford Brimley).

Le scénario est somme toute assez basique et ce malgré quelques bonnes idées, le film valant surtout par la qualité de la mise en scène typique John Woo: affrontements au double flingue, ralentis hypnotiques, plans d'une colombe symbolisant le bien (on retrouve cela dans une bonne partie des films de Woo - 'Face/Off', 'Mission: Impossible II', etc.), violence très stylée (un peu trop d'ailleurs?), fusillades complexes et spectaculaires, chorégraphie de combats très 'esthétique Hongkong', etc. le seul problème, c'est que Woo essaie de mettre en valeur Van Damme dans le film et finit par le ridiculiser: Van Damme passe une bonne partie de son temps à se la jouer grave tout au long du film, surtout dans les ralentis un peu surfaits et totalement gratuits (scène du port vers le début du film - à mourir de rire). La séquence d'affrontement en moto est quand à elle totalement surfaite et quasiment surréaliste: essayez un peu de faire ce que fait Van Damme lorsqu'il monte sur la moto...et ne parlons pas de la séquence où Van Damme met un coup de poing à un serpent (avec un gros bruit pas crédible pour un son - taper sur la tête d'un serpent, ca ne fait certainement pas ce bruit là!) Pas crédible pour un sou, certaines scènes d'action auraient gagnées en profondeur et en réalisme si John Woo n'avait pas autant mis l'accent sur les effets gratuits et autres artifices spectaculaires en tout genre. Malgré un style très personnel, on sent clairement l'influence d'Hollywood sur cette production bâtarde, surtout au niveau des artifices en tout genre qui gâchent une bonne partie du film (un peu moins de ralentis aurait par exemple été la bienvenue - la plupart sont parfaitement inutiles. Il y a aussi un peu de violence gratuite parfois assez malsaine - la séquence de l'oreille éclatée était-elle vraiment nécessaire?). Quand à Van Damme, comme nous l'avons déjà signalé un peu plus haut, il reste égal à lui même, ce qui n'est pas forcément une bonne chose en fin de compte...l'acteur/karatéka belge a passé une bonne partie de sa carrière à aligner navet sur navet, 'Hard Target' ne dérogeant finalement pas à la règle. C'est le premier film américain de John Woo, alors faut-il considérer ce film comme un premier faux pas? Sans aller jusque là (le film possède quand même quelques bons moments), 'Hard Target' reste un premier effort passable de la part du réalisateur chinois dans l'univers très artificiel du cinéma d'action Hollywoodien. Heureusement, John Woo a compris que choisir Van Damme n'était peut être pas le meilleur des choix (Kurt Russel était prévu à l'origine), c'est probablement ce qui l'a incité à se tourner par la suite vers des acteurs d'un bien meilleur niveau avec une filmographie plus consistante: Nicolas Cage, Christian Slater, John Travolta, Tom Cruise, etc. on oubliera très rapidement ce premier essai U.S. assez pâlichon et on préférera se tourner vers un 'Face/Off' ou un 'Broken Arrow'.

Graeme Revell a accompagné avec énergie la première réalisation américaine de John Woo. Le compositeur (qui n'avait pas encore connu le succès avec 'The Crow') a eu l'occasion d'écrire un score orchestral avec synthé tout en faisant appel à quelques solistes pour la partie plus rock/blues du score. Ce fut aussi l'occasion pour le compositeur de collaborer avec Kodo, le célèbre groupe de percussionnistes japonais de l'île de Sado dont le but est de préserver et d'interpréter les arts musicaux traditionnels du Japon. Dans le livret de l'album du score, Revell explique que sa collaboration avec Kodo fut assez difficile: pour des questions d'emploi du temps, Revell et les musiciens de Kodo ne purent se voir qu'une seule journée, le temps d'un enregistrement pour la bande son du film. Revell eut cette idée lorsqu'il apprit que le réalisateur du film était chinois: dans l'espoir de faire ressortir le style asiatique de la mise en scène de John Woo, il était nécessaire selon lui d'adopter un ton plus asiatique dans sa composition. Mais ne vous y trompez pas, en dehors de l'aspect percussif de la participation de Kodo au score de Revell, le score de 'Hard Target' n'a rien d'une grande musique asiatique: le compositeur s'est plutôt axé ici du côté du rock/blues de la Nouvelle-Orléans, le lieu où se déroule l'histoire du film.

Le film s'ouvre au son du sombre 'Hunting Season Opens', début d'une chasse à l'homme particulièrement violente qui ouvre le film avec fureur. Quelques notes de de piano jazzy et de saxophone flottent mystérieusement dans l'air avant que le synthé n'entame une rythmique sombre, mixé avec un orchestre tendu. Revell nous invite à rentrer dans l'univers sombre et violent du film avec cette première chasse à l'homme servant d'introduction au film. A noter l'utilisation des voix d'hommes qui renforcent ici le côté brutal de la scène. 'Natasha' nous introduit au côté rock bien cool de la partition avec un rythme de batterie bien sympa, une basse avec synthé et deux guitares électriques pour la scène nous introduisant au personnage de Natasha. A noter ici la présence d'un saxophone qui renforce le côté jazzy du début du score. 'Chance and Carmen' nous introduit quand à lui au personnage de Chance Boudreaux dans un style blues très Nouvelle-Orléans, joué par des guitares et un violon. Le côté 'style' de ce passage permet au compositeur de renforcer le côté 'c'est moi le héros et je me la joue bien grave' sur fond de rythmes jazzy sympa. 'Streetfighting Van Damme' (titre fort amusant - comble de l'ironie, un an après, Van Damme jouera dans 'Street Fighter', un film que Graeme Revell lui même mettra en musique) est un nouveau morceau de rock/blues confié à une rythmique bien sympa avec guitares électriques cool pour la scène où Chance défait les types qui tentaient de s'en prendre à Natasha à la sortie du bar. Très bref, ce passage n'en demeure pas moins assez amusant, Revell donnant un côté cool à cette scène violente où l'unique but du compositeur est de rendre le héros encore plus 'cool' qu'il n'est censé déjà l'être. 'Friends' est confié quand à lui à une guitare intime et quelques cordes plus chaleureuses alors que Natasha et Chance commencent à sympathiser, surtout après que Natasha ait appris la mort de son père.

'The Dove and The Gavotte' est un passage atmosphérique plus sombre mettant en avant quelques sonorités électroniques plus sombres lorsque Chance mène sa propre enquête et découvre que le père de Natasha a en fait été assassiné. La deuxième partie du morceau prend une tournure plus action avec les percussions de Kodo qui apportent à cette scène une certaine violence sonore (la guitare électrique s'avère quand à elle parfaitement inutile dans ce morceau et lui donne un côté trop 'musique de film d'action de série-B' ce qui est fort dommage). 'Motorcycle Chase' nous fait alors rentrer dans le côté action du score, Revell mettant alors en avant à partir de ce moment là l'orchestre et les percussions. Le morceau décrit ici l'affrontement en moto (avec ces cascades surréalistes), l'orchestre dominé par les cordes et les cuivres étant renforcé ici par diverses percussions en tout genre et une basse rythmique du synthé. (rien de bien original dans le genre, même si la musique opère parfaitement à l'écran) On retrouve le style rock/blues dans 'New Orleans Mission' enchaînant sur une seconde partie plus intime et nostalgique évoquant l'amitié entre Chance et Natasha, tandis que 'On The Docks' s'évertue quand à lui à créer cette ambiance sympa avec guitare électrique censé évoquer le côté cool du héros (ici, pour la scène du port au début du film).

'Mardi Gras Graveyard' est quand à lui un peu à part du reste du score. Plus expérimental d'esprit, le morceau permet au compositeur de mélanger les percussions de Kodo avec une musique festive jazzy de la Nouvelle-Orléans et des percussions de synthé. Sombre, le morceau intervient alors que Fouchon et ses sbires s'introduisent dans le hangar dans lequel se cache Chance vers la fin du film, l'orchestre faisant monter la tension débouchant sur l'affrontement s'opérant dans l'excitant 'The Lark Descending' (hommage ironique au 'Lark Ascending' de Ralph Vaughan-Williams?). Pièce d'action entièrement orchestrale, 'The Lark Descending' nous permet d'entendre le style plus symphonique du compositeur, l'écriture du morceau n'étant pas sans rappeler certaines futures compositions de Revell (on pense ici à 'From Dusk Till Dawn' pour ne citer qu'un exemple flagrant). Le morceau décrit ici l'affrontement entre Chance et les hommes de Fouchon, Chance s'étant caché sur un oiseau mécanique suspendu au plafond (idée plus que ridicule, mais que voulez vous...). 'Miles To Go' apporte un peu de tendresse lors des retrouvailles entre Chance et son oncle Douvee, un morceau dominé par un piano intime et quelques cordes chaleureuses. L'affrontement final se fera au son du sombre et agité 'Fouchon's Death' (merci Varèse Sarabande pour les titres 'spoilers'!). 'Fouchon's Death' reprend le style orchestral de 'The Lark Descending' pour un dernier morceau d'action faisant monter la tension tout au long de ce violent affrontement, le score se concluant finalement sur un 'Epilogue' plus intime, absent du film.

Avec 'Hard Target', ne vous attendez pas à quelque chose de bien original. Malgré quelques bonnes idées (la participation avec Kodo dans ce score n'est pas spectaculaire, mais elle a au moins le mérite d'exister), le score de 'Hard Target' ne restera certainement pas dans les annales. Le principal défaut de la partition de Revell est son manque apparent d'unité: pas de thème et un enchaînement de styles et de registres parfois peu cohérent. On passe parfois d'un style rock/blues à un morceau d'action sombre ou un passage atmosphérique sans que l'on puisse réellement comprendre comment le compositeur a voulu structurer sa partition, finalement assez fourre-tout. D'autre part, on regrettera l'absence quasi totale de thème qui aurait pu servir de structure à une partition en manque d'unité. Voici donc un score de Revell assez sympa, mais loin d'être indispensable.


---Quentin Billard