1-Prologue 0.51
2-Main Title 1.52
3-The Market 1.05
4-All In Vain 3.23
5-The Picnic 4.03
6-Plans 5.06
7-First Test 0.40
8-Too Much Work 1.30
9-Success 3.44
10-First Flight 9.40
11-The Car 2.17
12-The Patches 2.49
13-Short Of Time 2.43
14-Tomorrow We Go 1.02
15-The Chemist 1.29
16-No Time To Wait 5.35
17-Final Flight 6.12
18-In The West 3.31
19-End Credits 1.11

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Intrada Records
VJF 5004D

Produit par:
Jerry Goldsmith

Artwork and pictures (c) 1982 The Walt Disney Company. All rights reserved.

Note: ***1/2
NIGHT CROSSING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
'Night Crossing' (La nuit de l'évasion) nous plonge dans l'Allemagne d'après-guerre avec la construction du gigantesque mur de Berlin séparant l'Allemagne de l'Est et l'Allemagne de l'Ouest. Inspiré d'une histoire vraie, le film de Delbert Mann raconte l'évasion spectaculaire de deux familles allemandes, les Strelzyk et les Wetzell. John Hurt et Jane Alexander interprètent Peter et Doris Strelzyk. C'est Peter qui décide un jour, avec l'aide de son ami Guenter Wetzel (Beau Bridges), de construire une gigantesque montgolfière qui l'emmènera lui et sa famille au dessus de la zone frontalière surveillée constamment par des militaires armés jusqu'aux dents. Après le désistement de Guenter et sa femme Petra (Glynnis O'Connor), Peter tentera un deuxième essai avec, cette fois-ci, Guenter et sa famille, qui n'ont plus d'autre choix que de quitter l'Allemagne de l'Est, étant recherchés par la police allemande. Pour eux, il n'y a plus aucune autre alternative possible: pour fuir le totalitarisme communiste de l'Allemagne de l'Est, il faudra qu'ils réussissent à passer par dessus la frontière, et ce au péril de leurs vies. Beaucoup ont échoués là où eux devront réussir.

'Night Crossing' est une petite production Disney sans prétention, évoquant un épisode réel de l'histoire allemande, une des nombreuses tentatives d'évasion pour rejoindre l'Allemagne de l'Ouest et franchir le mur de Berlin. Le film fait partie de ces quelques films familiaux produit par Disney dans les années 70/80 et basés sur des thèmes plus adulte. 'Night Crossing' aborde donc cet épisode de l'Allemagne d'après-guerre sur le ton de l'aventure et de l'action. Le casting réuni John Hurt, Jane Alexander, Beau Bridges, Doug McKeon et Glynnis O'Connor pour un petit film d'aventure mêlant drame et émotion sur un ton plus familial où il est question d'espoir et de quête de liberté. Le suspense et la tension sont omniprésents tout au long du film, et ce même si le début de l'histoire met beaucoup de temps à se mettre en place. On pourra néanmoins reprocher à 'Night Crossing' son rythme un peu mou et le côté expéditif du final (qui dit Disney dit happy-end), sans oublier le côté un peu simpliste du film (les gens de l'Allemagne de l'Est sont gentils et oppressés, la police communiste est méchante et brutale), tout cela ayant contribué à faire de 'Night Crossing' un petit film passable et sans histoire, une modeste production Disney réussie mais totalement tombée dans l'oubli.

Jerry Goldsmith retrouve Delbert Mann après avoir mis en musique 'A Gathering of Eagles' (1963) et le téléfilm 'A Girl Named Sooner' (1975). 'Night Crossing' marque donc les retrouvailles entre Goldsmith et Mann, qui n'a jamais été un homme de collaboration. Goldsmith signe avec 'Night Crossing' l'un de ses premières grande partition orchestrale du début des années 80. A l'instar du film, le score de Goldsmith repose essentiellement sur le suspense et la tension, le compositeur n'oubliant pas la part d'émotion du film. Le film s'ouvre au son d'un petit motif de timbales qui sera très vite rejoint par un premier motif de cordes agité et des cuivres plus martiaux (3 trompettes, 6 cors et 3 trombones, ce qui donne déjà une sonorité de cuivres assez impressionnante). Il s'agit en réalité du premier thème du score, associé ici aux militaires et au danger qu'ils représentent pour les héros. Goldsmith a donc décidé d'ouvrir son score au son du 'thème du danger'. La partie percussive et rythmique de ce premier thème est déjà assez impressionnante. Afin de retranscrire la sensation de danger, Goldsmith a écrit son 'Prologue' sur une mesure à 11/8, chose assez rare. Le 'Main Title' reprend le thème du danger par la superposition de deux mesures, une à 3/4 et une à 5/8. En réalité, ce thème possède quelques similitudes avec le thème que Goldsmith écrivit pour 'Capricorn One' (1977), les deux motifs étant très proches l'un de l'autre sur le plan rythmique (on retrouve cette même écriture syncopée et cette mesure à 11/8 déjà utilisée dans 'Capricorn One'). Que l'on se rassure, le reste du score s'éloigne de 'Capricorn One' pour permettre à Goldsmith d'offrir un bon score pour ouvrir sa période des années 80 (qui démarra en beauté avec des scores tels que 'Outland', 'The Final Conflict, 'Masada' ou bien encore 'Inchon').

La partition s'articule autour de trois grands thèmes: le thème du danger, déjà mentionné un peu plus haut, un petit thème de valse à la Française, très nostalgique d'esprit et joué par un accordéon (on pense un peu ici à 'Papillon') et le très beau thème de l'évasion évoquant l'idée de l'espoir et de la quête de liberté. Si Goldsmith choisi de nous plonger dès le 'Main Title' du film dans le côté plus sombre et rythmé de sa partition, il va très vite s'attacher à nous amener progressivement 'vers la lumière', vers l'idée où tout espoir est possible. 'All In Vain' reprend le thème du danger avec son excellente combinaison motif de cordes/percussions/cuivres massifs et impressionnants, évocation franche de la menace militaire. Le morceau décrit la tragique tentative d'évasion du jeune Lukas au début du film, plongeant de nouveau le spectateur dans cette ambiance martiale sombre après un 'Main Title' assez similaire. 'The Picnic' nous introduit quand à lui au thème de la valse française jouée par un accordéon, une petite mélodie légère et nostalgique affirmant le ton européen de l'histoire du film. La valse de 'The Picnic' est aussi associée à la chaleur familiale et aux familles Strelzyk et Wetzell.

C'est 'Plans' qui nous permet alors de rentrer dans l'action, avec la séquence où Peter et Guenter préparent ensemble la construction de la montgolfière. Goldsmith utilise pour cela une écriture orchestrale plus agitée et énergique. Pour cette séquence des premiers préparatifs, Goldsmith nous fait enfin entendre le thème principal du score, celui de l'évasion. Ici, Goldsmith prépare le terrain et nous propose quelques variantes plus lentes autour du thème, jusqu'à ce qu'un crescendo orchestral plus enthousiaste vienne mettre en avant ce superbe thème au fur et à mesure que la construction touche à sa fin. Le message du compositeur devient alors très clair: les deux héros croient en leur rêve d'évasion et savent que tout espoir est possible. Ce thème d'évasion devient alors à ce moment là un thème 'd'espoir'. 'First Test', 'Too Much Work' et 'Success' évoquent les préparatifs du décollage de la montgolfière. La tension est omniprésente comme pour suggérer le fait que leurs agissements deviennent louches aux yeux des voisins et que la police ne va pas tarder à les appréhender s'ils ne se dépêchent pas de partir.

Le thème de l'évasion revient comme une sorte de balise musicale suggérant l'espoir d'un avenir meilleur dans l'Allemagne de l'Ouest. 'First Flight' est un morceau d'action solide évoquant le premier envol de la montgolfière avec une reprise superbe du thème de l'évasion dans toute sa splendeur orchestrale, majestueux et plus aérien que jamais. La tension ne cesse alors de monter, après l'échec de cette première tentative d'évasion. Cette fois, les Strelzyk et les Wetzell savent qu'ils sont poursuivis par la police allemande. Goldsmith utilise les cordes pour suggérer la tension. Ainsi, 'The Car' reprend le thème du danger alors que la police recherche les fugitifs. 'No Time To Wait' évoque la poursuite avec un sentiment d'excitation liée au départ de l'aventure. Goldsmith arrive à conserver le ton sombre et suspense de sa partition mais sans tomber dans la noirceur extrême: les repères thématiques sont toujours là pour relancer le rythme et évoquer l'espoir pour les héros.

Finalement, 'Final Flight' et le superbe 'In The West' concluent le film en beauté, 'In The West' finissant sur une ultime reprise du thème de l'évasion dans toute sa splendeur, dernière reprise triomphante à souhait. A noter que le 'End Credits' se contente de reprendre uniquement le petit thème de valse française avec l'accordéon et l'orchestre. Vous l'aurez compris, 'Night Crossing' est un très bon score d'aventure matinée de suspense et de tension. Sans être le premier grand chef d'oeuvre du Goldsmith des années 80, 'Night Crossing' vaut néanmoins le détour, rappelant que le maestro est décidément un maître de l'écriture orchestrale, à une époque où il n'utilisait pas encore systématiquement le synthé ('Night Crossing' est entièrement orchestral!). Une BO qui, à l'inverse du film, est devenue assez populaire chez les fans du compositeur californien.


---Quentin Billard