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1-Twentieth Century
Fox Fanfare 0.27* 2-Main Title 3.51 3-Something Else 3.34 4-Cut Em' Down 1.56 5-Payback Time 2.09 6-The Truck 4.22 7-Jungle Trek 1.47 8-The Girl's Escape 6.00 9-Blaine's Death 2.47 10-He's My Friend 1.26 11-We're All Gonna Die 3.32 12-Building A Trap 3.02 13-The Waiting 3.27 14-The Hunt Is On 4.51 15-Dillon Is Disarmed 2.07 16-Billy Stands Alone 2.34 17-Battle Plans 9.24 18-Wounded Predator 4.14 19-Hand To Hand Combat 3.12 20-Predator's Big Finish 3.42 21-The Rescue and End Credits 4.44 *Composé par Alfred Newman Arrangement de Elliot Goldenthal - 1992. Musique composée par: Alan Silvestri Editeur: Varèse Sarabande VCL 0803 1022 Album produit par: Nick Redman Producteur exécutif: Robert Townson Monteur de la musique: Michael Tronick Directeur en charge de la musique pour 20th Century Fox: Tom Cavanaugh Artwork and pictures (c) 1986/2003 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved. Note: ***** |
PREDATOR
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Alan Silvestri
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'Predator' fait partie de ces classiques du cinéma que l'on ne présente plus. Il s'agit du premier film de studio réalisé par John McTiernan, un an après son méconnu 'Nomads' (1986). 'Predator' repose au départ sur un script écrit par deux frères jusqu'ici totalement méconnus, Jim et John Thomas. Il s'agit en réalité de leur tout premier scénario écrit pour le cinéma. Les producteurs Joel Silver et Lawrence Gordon ont très vite accroché à l'histoire des deux frangins et ont décidé d'en faire un film, avec un réalisateur tout aussi méconnu. C'est John McTiernan qui s'est retrouvé à la tête de ce projet avec un budget pas si énorme pour l'époque (18 millions de dollars). Il ne manquait plus qu'un casting solide et une star hollywoodienne montante, et le tour était joué. La production a finalement fait appel à Arnold Schwarzenegger, le seul acteur qui était fait pour jouer le rôle du sergent Dutch Schaeffer. Le reste appartient à l'histoire: 'Predator' est devenu un véritable film culte des années 80, un film intense mélangeant à la fois action, suspense, terreur, science-fiction, horreur, etc. Un tel mélange de genres dans un film, c'est assez rare, et il n y avait que McTiernan pour réussir pareil exploit (un an plus tard, le réalisateur allait révolutionner le cinéma d'action hollywoodien avec 'Die Hard'). 'Predator' raconte l'histoire d'un commando envoyé dans la jungle sud-américaine pour mener à bien une mission spéciale. L'équipe est dirigée par le major Dutch Schaeffer (Schwarzenegger), un homme spécialisé dans les missions de sauvetage et recruté pour l'occasion par son ami Dillon (Carl Weathers). Objectif de la mission : libérer des otages retenus prisonniers dans un camp de guérilleros près de la frontière mexicaine. Arrivés sur place, les militaires découvrent avec horreur les cadavres écorchés de soldats américains qui n'auraient pas dû se trouver là. Le mystère est entier, d'autant que les traces de tir retrouvées sur le sol indiquent que le commando est tombé dans un piège apparemment sans issue. Dutch et son équipe continuent alors leur chemin et arrivent enfin au camp des guérilleros. Après une terrible bataille, Dutch et sa bande s'en tirent indemnes et récupèrent tout le matériel de la carcasse de l'hélicoptère repéré quelques minutes auparavant dans un arbre. Le commando ne récupère alors qu'un seul otage, une mystérieuse femme du nom d'Anna (Elpidia Carrillo), les autres otages ayant été abattus. Dutch découvre alors la vérité: Dillon l'a manipulé depuis le début pour faire son sale boulot à sa place. Cette révélation jette alors un froid entre Dutch et Dillon. Le commando doit désormais repartir pour rejoindre l'hélicoptère. Mais la végétation est de plus en plus dense et l'équipe n'a plus qu'une seule solution: rejoindre une vallée difficile pour tenter de sortir de cette jungle infernale. Seulement voilà, sur le chemin du retour, les choses ne se passent pas comme prévues, et les membres du commando commencent à être éliminés les uns à la suite des autres. Dutch ignore tout de celui qui les poursuit. Lui et ses hommes croient tout d'abord à un groupe de mercenaires cachés dans la jungle. Très vite, ils découvrent avec horreur que leur mystérieux agresseur est bien un seul et même individu et qu'il n'a rien d'un être humain. Le carnage se poursuivra jusqu'à ce que Dutch se retrouve seul face au prédateur dans un final considéré à juste titre comme un grand moment d'anthologie pure du cinéma d'action américain des années 80.
Ce qui fait la qualité de ce film, c'est avant tout sa mise en scène: 'Predator' est LE modèle de mise en scène par excellence, preuve qu'un bon film d'action passe avant tout par une maîtrise intégrale de la réalisation. McTiernan et son équipe se sont investis à fond dans leurs objectifs. Le réalisateur a réussi à véhiculer une tension extraordinaire à l'écran. En ce sens, les grands moments de suspense et de tension ne manquent pas: la recherche du corps de Hawkins, l'attente après les préparatifs du piège dans les arbres, le pluie de tirs à travers les arbres - qui n'aboutit à rien - la séquence macabre des cadavres écorchés, la poursuite entre Dutch et le predator dans la boue, etc. bien sûr, on pourra reprocher au film une certaine violence qui frise la barbarie, mais McTiernan est un bon réalisateur et a su éviter le piège de la violence gratuite: ici, les tueries ont toujours un sens supra-humain: les hommes deviennent des trophées de chasse pour un être venu d'ailleurs et descendu sur terre pour chasser le plus terrible des prédateurs: l'homme. Le predator agit pour le sport et ne tue que si l'homme est armé. En ce sens, la créature extra terrestre possède un code d'honneur assez inattendu : il ne tue que les proies armées en ne faisant qu'une victime à la fois, puis il s'empare des crânes de ses victimes qui deviennent alors de véritables trophées de chasse. Et comme tout bon chasseur qui se respecte, le predator sait aussi maîtriser son environnement pour se déplacer comme bon lui semble dans cette jungle hostile. McTiernan et son équipe ont réussi à apporter une dimension cauchemardesque et claustrophobique à cette jungle immense et sauvage, une nature à la fois belle et inquiétante qui devient un piège mortel dans lequel les héros se retrouvent enfermés, aux prises avec un adversaire invisible qui se camoufle comme un caméléon dans cette végétation luxuriante. L'ambiance de danger et de menace est omniprésente tout au long du film, comme si le predator pouvait surgir n'importe où n'importe quand. La tension va crescendo au fur et à mesure que les morts se multiplient et que les cadavres disparaissent mystérieusement (cf. scène du cadavre de Blain). Le mystère est total : Dutch et ses hommes sont totalement dépassés par la situation, apparemment impuissants face à la menace du chasseur extra terrestre. L'autre intérêt du film, en plus de son atmosphère unique, c'est la façon dont le réalisateur personnifie le predator: la créature devient un symbole de forces occultes et mystiques lorsqu'Anna, dans son monologue angoissant, raconte la légende du diable descendu sur terre pour détruire les hommes. Le predator possède ainsi une connotation satanique empreinte d'une certaine mythologie. A ce sujet, le réalisateur avoue que le script lui a permit d'insérer cette partie mythologique dans son film, surtout lors de l'affrontement final, grand moment de cinéma d'action qui n'est pas sans rappeler le thème mythologique de l'affrontement entre David et Goliath. La dimension mythologique de 'Predator' apparaît nettement dès le début, lorsque les interrogations commencent: qui peut commettre de telles atrocités ? Un homme peut-il vraiment faire cela à l'un de ses semblables ? La réponse est ailleurs, car celui qui commet ses tueries n'a rien d'un homme. Il est "le diable qui se fait des trophées avec les hommes", celui qui terrorise les paysans du pays, celui qui vient tous les étés lorsqu'il fait très chaud. Ces quelques lignes de dialogue d'Anna dans le film font frémir tant les propos s'avèrent être à la fois convaincants, effrayants et incroyablement intenses. Le commando ne sait pas à qui il a à faire. Pire encore, pour Billy (Sonny Landham), tout semble désormais perdu: son flair lui fait comprendre qu'ils vont tous mourir. Et le film se dresse alors d'un lourd manteau de fatalité tragique où l'inexorabilité cotoie la mort. La tension ne cesse ainsi de monter jusqu'à ce que le massacre se transforme en chasse contre le prédateur dans l'inoubliable dernière demi-heure du film: dans une inversion des rôles astucieus e et bien amenée, le chasseur devient le chassé, et inversement. Dutch n'est plus l'homme civilisé qui fait des manières avec son cigare au début du film en roulant des mécaniques : c'est le retour aux instincts primaires de survie, à la nature sauvage de l'homme des temps anciens, où la rudesse de la nature l'obligeait à se battre pour survivre coûte que coûte : un grand moment de cinéma, tout simplement ! Pour Schwarzenegger, 'Predator' reste un film-clé dans sa carrière. C'est le long-métrage de McT qui lui a enfin permi de mettre en avant ses talents d'acteur au sein même d'un groupe de comédiens soigneusement sélectionnés pour le casting. Jusqu'à présent, Schwarzy s'était battu seul ('Commando', 'Raw Deal',' The Terminator') ou avec quelques compagnons ('Conan The Barbarian', 'Red Sonja'), mais jamais encore il n'avait tourné en compagnie d'un groupe d'acteurs qui le suivraient tout au long du film. 'Predator' fut aussi une expérience difficile pour l'acteur body-buildé, car les conditions de tournage étaient extrêmes. 'Predator' a été tourné au Mexique à Puerto Vallarta (l'histoire se passe dans la jungle sud-américaine). Les acteurs ont suivi un entraînement physique intense pour se préparer à leurs rôles de soldats d'un commando américain. Entre temps, l'équipe du film a connu quelques déboires durant la post-production, notamment à cause du design de l'extra-terrestre qui s'éternisait et qui n'a finalement convaincu personne (l'acteur d'origine portait une espèce de pyjama rouge ridicule en forme de lézard). L'acteur Jean-Claude Van Damme avait même été contacté pour jouer le rôle du predator. C'est alors que l'équipe du génial Stan Winston est intervenue et a sauvé la situation en nous livrant un extra terrestre belliqueux impressionnant et superbement réalisé, interprété par l'immense Kevin Peter Hall, acteur noir de plus de 2 mètres 7. Le predator est probablement l'un des chefs-d'oeuvre de toutes les créations effectuées par Stan Winston pour le cinéma hollywoodien - on raconte que l'idée des mandibules autour de la bouche du predator serait une idée de James Cameron. C'est la chaleur écrasante de la jungle mexicaine et le fait d'être constamment envahis par des tas d'insectes qui rendirent le tournage particulièrement éprouvant et laborieux pour les acteurs et l'équipe du film. Mais quand on voit le résultat à l'écran, on ne peut qu'applaudir le travail colossal de John McTiernan et de son équipe, qui nous ont finalement offert un très grand moment de cinéma, un film maîtrisé de bout en bout qui fait aujourd'hui partie de ses classiques incontournables du cinéma américain. Alan Silvestri a écrit sans conteste son chef d'oeuvre pour 'Predator', la pièce maîtresse qui lui a permit d'asseoir son style orchestral, aux côtés de 'Back To The Future' en 1985. Silvestri a fait appel à un grand effectif orchestral, le Hollywood Studio Orchestra qui se trouve être un orchestre AFM, c'est-à-dire un orchestre de musiciens syndiqués. C'est ce qui explique donc l'absence d'édition officielle de ce score très coûteux...Varèse Sarabande ayant finalement décidé de mettre fin à cette très longue attente (16 ans) en éditant le très attendu CD Club de 'Predator' en édition limitée, album indispensable qui contient l'intégralité de la partition, soit près de 73 minutes de musique inoubliable - plus récemment, c'est le label Intrada qui a décidé de rééditer le score, avec un nouveau mixage et un séquençage un peu différent. Pour atteindre son objectif, Silvestri a utilisé 51 cordes, 12 violoncelles (ce qui est énorme, généralement), 6 contrebasses, 5 trompettes, 6 trombones, 2 tubas, 8 cors et près d'une vingtaine d'instruments à vents, sans compter les claviers électroniques, les deux harpes et les deux percussions (le livret mentionne aussi la présence de deux guitaristes impossible à entendre dans le score). Autant vous dire tout de suite qu'il s'agit d'un orchestre massif, sans pour autant atteindre l'effectif de ce qu'aurait souhaité un musicien comme Hector Berlioz. Après avoir tenté un essai raté avec un orchestre européen qui s'est avéré incapable d'interpréter ce puissant score, Silvestri s'est tourné vers le Hollywood Studio Orchestra, seuls musiciens capables de jouer sa partition. Le score de Silvestri pour 'Predator' est l'incarnation même de la BO impeccablement ancrée dans le film sur plus d'un point. A l'instar du film lui-même, le score se structure en trois grosses parties: l'arrivée dans la jungle et la mission, la tuerie dans la jungle et la contre-attaque finale. Ce fut alors pour le compositeur l'occasion d'avoir recours à une technique musicale que l'on avait rarement entendue depuis certains anciens scores de John Williams: les leitmotive. Ce principe wagnérien dans lequel on associe un thème récurrent à un personnage précis a permit au compositeur d'écrire une très solide partition épousant à la fois l'âme et les différents contours du film. Ainsi, on trouve donc un thème principal guerrier pour le film, le thème du commando énoncé dans 'Something Else', un mystérieux thème de 4 notes ascendantes associé au mythe du predator dans 'Cut 'Em Down', un motif descendant pour évoquer le suspense et la tension, un motif du danger entendu dans le sombre 'Dillon Is Disarmed', un autre motif de 4 notes associé cette fois-ci au predator lui-même et que le livret rapproche au style d'un motif de 'Dies Irae', ce qui est une idée intéressante et qui confirmerait cette volonté d'associer le predator au personnage du diable. On pourra retrouver par ci par là d'autres petits motifs moins développés, mais pour la majorité de la partition, c'est la quasi totalité des leitmotive que l'on pourra entendre dans cette BO. Autant vous dire qu'il est extrêmement rare de nos jours d'entendre un score avec autant de thèmes, preuve que le compositeur s'est donné à fond dans cette composition pour offrir le meilleur de lui-même au film de McTiernan. Le 'Main Title' nous introduit à un son plutôt sourd et silencieux. Du néant surgit alors une explosion de cuivres au moment où le titre du film apparaît à l'écran. Très vite, Silvestri impose dès le début du film le ton mystérieux du score: le motif de 4 notes ascendantes est entendu aux cordes alors que l'on voit passer à l'écran le vaisseau larguant l'extra terrestre sur terre. Très vite, le climat mystérieux se gonfle d'énergie et laisse la place au superbe et célèbre thème principal, une sorte de marche guerrière écrite sous la forme d'une fanfare avec un thème où domine quelques intervalles de tritons, autre figure musicale servant à évoquer le diable (dans le langage musical classique, on surnomme cet intervalle le 'diabolus in musica'). Le thème principal est considéré comme l'un des plus grands thèmes du compositeur absolument évocateur de toutes les images et l'ambiance du film, au même titre que le célèbre thème de 'Back To The Future'. A noter que le thème est accompagné d'un ostinato rythmique de 6 notes jouées par un clavier électronique, une idée originale qui donne un ton quasi unique à ce thème guerrier excitant. Le début du 'Main Title' est aussi révélateur d'un autre effet d'écriture abordé par Silvestri tout au long de ce score: des tremolos de cordes mystérieux qui reviendront fréquemment pour évoquer le mystère ou le suspense. Cela peut paraître anodin, et pourtant, il s'agit bien là d'une puissante figure musicale représentative du style orchestral de la musique de 'Predator'. 'Something Else' nous amène alors dans la jungle, avec l'arrivée du commando qui tombe très rapidement sur la carcasse d'un hélicoptère traînant dans des arbres. Le morceau s'ouvre au son de petits tambours exotiques (samplés sur synthétiseur) évoquant le son de la jungle avec un côté tribal parfois proche d'un rituel indien. Ces tambours ont une connotation souvent sombres, voire inquiétantes. Ils suggèrent la présence hostile de la jungle, le danger, l'immensité des décors qui dépassent complètement les hommes, etc. très rapidement, Silvestri nous propose un petit jeu orchestral étonnant: le thème du commando se fait sur une alternance de différentes mesures en passant d'un instrument à l'autre. Silvestri et son orchestrateur James Campbell font preuve ici d'une très grande inventivité: trompettes en sourdine, petites percussions, clarinettes, hautbois, cloches, timbales, tambours, trombones, etc. tout est fait ici pour créer une certaine ambiance furtive soutenue par ces jeux de couleurs instrumentales à la fois légers et très sérieux. On pourrait presque dire sans exagérer que l'ambiance entendue au début de 'Something Else' est quasiment unique en son genre, du moins dans une séquence qui est chargée d'amorcer le mystère et la tension sur le début de la mission du commando. 'Cut Em' Down' nous plonge enfin dans l'horreur pour la découverte des cadavres écorchés. Les tambours tribaux résonnent encore jusqu'à ce que Billy fasse sa sinistre découverte, derrière les branches d'un arbre. Ce premier sursaut de terreur laisse très rapidement la place à l'excellent thème de 4 notes évoquant le mythe terrifiant du predator. Ce sont les hautbois qui entament le thème, soutenus par des cordes sombres et un rythme lent de timbales quasi funèbres. Ce morceau possède un côté extrêmement mystérieux et inquiétant à la fois. Silvestri a parfaitement compris tout le sens du mot mystère en élaborant ce morceau et les autres pièces de ce genre qui vont suivre. Le compositeur a parfaitement réussi à évoquer en musique l'idée mythe qui dépasse les hommes, le mythe qui effraie, qui terrifie, le genre de chose que l'on a du mal à imaginer, qui nous dépasse et que l'on refuse de croire, mais qui, pourtant, arrive quand même à nous glacer le sang. C'est ça que Silvestri a réussi à faire dans un morceau comme 'Cut Em' Down' et c'est l'effet principal qui ressort de la musique à l'écran. 'Payback Time' suggère concrètement la présence du predator. Le morceau alterne entre quelques parties orchestrales énergiques et brutales (le commando, armé jusqu'aux dents, se met en route en direction du camp des guérilleros) et des tenues d'effets sonores électroniques utilisées pour les séquences de vision termographique de l'extra terrestre qui observe Dutch et ses hommes, camouflé au sommet des arbres. 'Payback Time' nous permet de retrouver le thème du commando sous une variante plus brutale, Silvestri faisant preuve une fois encore d'une grande inventivité sur le plan orchestral. Cette sensation se confirme sur l'excellent 'The Truck', musique accompagnant la séquence des préparatifs de l'attaque du camp guérilleros. Le compositeur installe une certaine tension au début du morceau, utilisant quelques petits tambours jusqu'à ce que l'un des gardes du camp tue un otage d'une balle dans la tête. A ce moment là, la tension monte encore d'un cran et le rythme commence à changer: on retrouve alors l'ostinato de 6 notes du thème principal joué ici par la caisse militaire alors que Dutch et ses hommes rampent discrètement pour rentrer dans le camp. Le reste du morceau est un excellent 'jeu du chat et de la souris', Silvestri utilisant toute une série de traits instrumentaux brefs et furtifs pour évoquer les préparatifs de l'attaque. Une fois encore, le compositeur fait preuve d'une grande inventivité orchestrale et réutilise quelques variantes du thème du commando jusqu'à ce que le morceau finisse dans le chaos au moment de la première explosion. La traversée de la jungle est accompagnée par l'un des meilleurs morceaux d'action du score: le superbe 'Jungle Trek'. Silvestri reprend une dernière fois le thème du commando sous sa forme la plus énergique, soutenue cette fois-ci par des tambours. Cette reprise assez cuivrée du thème du commando finit par une petite reprise du thème principal alors que le commando arrive dans la vallée où les hommes vont pouvoir se reposer quelques minutes. On entre alors dans la deuxième partie du score (et du film) avec l'excellent 'Girl's Escape'. Il s'agit de la séquence où Anna s'échappe, poursuivie par Hawkins. Silvestri fait monter la tension avec un trait de cordes répété inlassablement et qui ne cesse de prendre de l'ampleur jusqu'à ce que le predator commette son premier méfait sanguinaire et assassine Hawkins sous les yeux terrorisés d'Anna. Silvestri nous fait rentrer ici dans le côté plus brutal et sombre du score, surtout avec le côté martelé des percussions, un élément musical majeur qui reviendra tout au long du score. On change alors très vite d'ambiance, Silvestri installant ensuite une ambiance de suspense quasi macabre, lui permettant de nous faire entendre le motif descendant du suspense et commence à nous faire entendre le thème de 4 notes du predator (dans le style 'Dies Irae'). Les cordes stridentes très tendues créent une ambiance de suspense quasi palpable à l'écran, le compositeur variant ses différentes couleurs orchestrales pour renforcer l'interrogation angoissés des personnages: qui a fait ça et où est passé le corps de Hawkins? La dernière partie du morceau nous permet de réentendre le thème du suspense sous une forme plus brutale alors que les hommes se mettent à la recherche du corps de Hawkins. On retrouve ici aussi les percussions martelées, un élément très représentatif de ce score, pour ne pas dire l'élément incontournable. 'Blaine's Death' accompagne la mort brutale de Blaine, Mac venant tout de suite le venger en tirant comme un fou dans les arbres. Silvestri laisse se déchaîner l'orchestre dans un élan de férocité orchestrale excitante à souhait: on retrouve les rythmes martelés, quelques trémolos de cuivres, des cors et des trombones puissants, etc. après ce passage bref mais excitant, on retrouve l'ambiance d'interrogation angoissée de la dernière partie de 'The Girl's Escape'. Silvestri utilise alors le thème de 4 notes associé au mythe, soutenu par une écriture de tremolos de cordes (entendus dès le début du 'Main Title') suggérant le mystère, avec un balancement de deux notes aux cordes aiguës, un autre élément servant à renforcer l'ambiance de mystère pesant du morceau. La tension monte d'un cran avec le retour du thème du suspense soutenu par de la percussion martelée et insistante, utilisé pour la scène où Mac va s'occuper de ranger le corps de Blaine dans son poncho. On change radicalement d'ambiance avec 'He's My Friend', l'un des rares passages d'émotion du score: Mac se recueille sur le corps de son ami Blaine et boit un dernier coup à la mémoire de son ami mort d'une manière bien mystérieuse. Silvestri utilise alors un thème de trompette imitant les clairons militaires utilisés dans les cérémonies militaires funèbres (certains disent que le motif serait emprunté à Ralph Vaughan-Williams). Après ce trop bref passage émouvant, on retrouve la noirceur du score dans 'We're All Gonna Die'. Le début du morceau installe une ambiance mystérieuse avec des trémolos de cordes dissonants et un motif de 4 notes de piano dans la séquence où l'extra terrestre soigne sa blessure. La deuxième partie du morceau évoque ensuite la séquence où Mac (Bill Duke) fait le guet la nuit et jure de venger son ami Blaine. Silvestri utilise de nouveau le thème de trompette de 'He's My Friend' et le fait se succéder du thème de 4 notes associé au mythe, un thème qui crée ici une certaine tension à l'écran, comme si le compositeur voulait nous dire que Mac ne sait pas qui il va devoir affronter. L'attaque du cochon sauvage est accompagnée d'une nouvelle séquence d'action particulièrement violente, Silvestri faisant preuve d'une très grande efficacité sur le plan de la 'violence' orchestrale. On retrouve les percussions martelées qui, au bout d'un certain moment, finissent par installer dans le film une certaine ambiance psychologique, ce que j'ai coutume d'appeler les 'rythmes labyrinthiques'. En répétant ici sous plusieurs variantes ces rythmes martelés, Silvestri arrive à renforcer l'idée que les héros sont piégés dans cette jungle et que, à l'instar d'un labyrinthe où tous les lieux et les couloirs se ressemblent sans jamais être les mêmes, les rythmes martelés reviennent sans arrêt sous des formes diverses, comme pour évoquer - sur un plan plus psychologique - l'idée qu'il n'y a aucune échappatoire possible pour le commando. C'est le superbe et indispensable 'Building A Trap' qui nous permet de réentendre le thème principal exposé cette fois-ci sous la forme d'une marche militaire déterminée. Il s'agit en fait de la séquence où le commando prépare des pièges dans les arbres pour tenter de capturer le predator. Il s'agit ici de l'un des meilleurs morceaux du score et aussi l'un des plus excitants. 'The Waiting' est quant à lui le passage de suspense incontournable dans toute la partition. Silvestri installe une ambiance d'attente tendue avec ses trémolos de cordes et quelques glissandos de harpes mystérieux. Le thème de 4 notes du mythe revient ici sous sa forme la plus mystérieuse. Le commando s'est caché et attend que le predator tombe lui-même dans les pièges des arbres. Ce sont les cordes qui s'emparent de ce thème mystérieux et sombre, accompagné par un motif de balancement sur deux notes de flûtes, une idée - comme le mentionne le livret de l'album - qui n'est pas sans rappeler un effet similaire entendu dans 'Alien' de Goldsmith, autre grand film de la Fox avec un extra terrestre sanguinaire. Silvestri a réussi ici aussi à recréer l'atmosphère du mystère qui glace le sang, cet effet étant très largement renforcé par le discours peu rassurant d'Anna sur le mythe terrifiant du predator. La deuxième partie du morceau accompagne le moment où Dutch sort de sa cachette et se positionne devant les arbres, espérant voir le predator tomber dans le piège. Silvestri nous introduit pour la première fois ici au sinistre thème du danger, un motif de 7 notes soutenu ici par un petit ostinato à 5 notes des timbales. Ce thème du danger fait monter la tension d'un cran à l'écran, l'issue de la séquence étant alors plus qu'incertaine, le suspense devenant redoutable, puisque Dutch a décidé de se mettre à découvert. La dernière partie du morceau évoque avec violence la tentative ratée du piège. La chasse au prédateur commence alors dans 'The Hunt Is On', une double chasse puisque les hommes du commando vont poursuivre le predator, ce dernier poursuivant à son tour les hommes du commando. 'The Hunt Is On' commence de manière brutale et nous permet de retrouver ensuite le thème du danger sur des cordes sombres et tendues. Silvestri nous fait clairement comprendre qu'ils ne peuvent plus reculer désormais, que les jeux sont faits. Mac s'est lancé tout seul à la poursuite du predator. Dillon décide alors de partir le rejoindre seul, tandis que Dutch, Billy, Anna et Poncho (gravement blessé) foncent en direction de l'hélicoptère. La deuxième partie de 'The Hunt Is On' accompagne donc la recherche de Dillon avec des tremolos de cordes stridents et des tremolos de vents. Silvestri crée ici une ambiance de suspense très froide, à la Bernard Herrmann. Dillon rejoint finalement Mac, caché sous un tronc d'arbre, en train d'épier le predator perché en haut d'un arbre. Silvestri crée ici des tenues dissonantes inquiétantes à souhait (trémolos de cordes stridents, tenues de vents dissonants, etc.), évoquant la menace qui pèse sur ces deux hommes bien décidés à en finir. Silvestri a alors recours à un petit passage entièrement joué par des pizzicati de cordes pour évoquer une ambiance furtive et discrète alors que Mac tente de sa rapprocher du predator, fonçant droit en direction de sa propre mort. 'Dillon Is Disarmed' commence sur un climat d'urgence paniqué alors que Dutch, Billy, Anna et Poncho foncent toujours pour rejoindre l'hélicoptère qui les emmènera loin de cet enfer. C'est finalement Dillon qui se retrouve seul, face au predator dans l'une des scènes les plus violentes et les plus terrifiantes du film. Le thème du mythe prend un crescendo de puissance terrifiant pour laisser la place à une nouvelle reprise du thème du danger sous une forme terrifiante (rythme de marche brutal et sec), accompagnant la mort de Dillon. La terreur ne cesse d'augmenter avec l'intense 'Billy Stands Alone', lorsque Billy, qui en a marre de fuir, se retrouve seul face au predator. Sivlestri réutilise ici le thème de 4 notes 'Dies Irae', thème répété inlassablement et amplifié par des cuivres funèbres avançant de façon inexorable. 'Billy Stands Alone' est de loin l'un des passages les plus terrifiants de tout le score. L'impact que le morceau crée à l'écran est extraordinaire: on sent vraiment la puissance redoutable de cet être surnaturel qui semble impossible à arrêter. La deuxième partie du morceau est l'un des passages les plus violents du score: il accompagne la séquence où Dutch se fait tirer dessus par le predator, et se retrouve poursuivi par l'extra terrestre. On retrouve ici les puissants rythmes 'labyrinthiques', martelés d'une manière encore plus sauvage qu'auparavant. Pour Silvestri, le message est clair ici: la chasse est ouverte! On arrive alors à 'Battle Plans' qui nous permet finalement de rentrer dans la troisième partie du score et du film. Après la séquence où Dutch se camoufle avec de la boue pour échapper au predator (reprise très sombre du thème genre 'Dies Irae' sur des rythmes martelés lorsque le predator sort de l'eau), on arrive enfin à l'un des grands moments du score (décidément parsemé de 'grands moments'): les préparatifs de la contre-attaque finale. Pour se faire, Silvestri installe un ostinato de timbales sur 5 notes, une idée empruntée à 'The Waiting' mais sous une forme plus franche et plus déterminée. C'est aussi pour Silvestri l'occasion de réutiliser le thème principal entendu aux cuivres (d'abord, cors/trombones, puis, à la fin, aux trompettes). Le morceau accompagne à merveille la séquence où les deux combattants se préparent chacun de leur côté, Silvestri allant même jusqu'à opposer le thème principal guerrier (associé ici à Dutch) au thème de 4 notes lorsque le predator arrache le crâne de Billy et s'en fait un nouveau trophée. L'ostinato de timbales crée une ambiance à la fois envoûtante, comme une sorte de rituel guerrier, une idée qui vient renforcer le côté primaire et sauvage de cet affrontement entre deux guerriers bien décidés à en finir une bonne fois pour toute. Le thème du danger revient ici, alors que les préparatifs avancent, et ce jusqu'à ce que ce morceau finisse par être dominé par l'ostinato de 5 notes des timbales pour la scène où Dutch pousse un cri de guerre terrifiant, résonnant à travers toute la jungle. La dernière partie du morceau évoque alors le piège que prépare Dutch pour attirer le predator vers un feu de bois. 'Wounded Predator' nous permet de réentendre sur un rythme plus espiègle le motif de 4 notes de 'We're All Gonna Die' alors que Dutch doit se cacher pour ne pas être repéré par le predator. 'Wounded Predator' n'est pas le passage le plus intéressant du score. Il évoque néanmoins le premier affrontement entre Dutch et l'extra terrestre, traque qui ne cesse de s'accentuer au fur et à mesure où le héros agace de plus en plus le chasseur alien en lui jouant quelques mauvais tours qui le rendent fou furieux. Dans 'Hand To Hand Combat', le predator dévoile enfin son visage à Dutch en retirant son masque. Il se débarrasse aussi de tout son équipement et décide d'affronter Dutch à mains nues, conservant néanmoins ses lames extrêmement tranchantes. L'ostinato de timbales sur 5 notes revient ici au moment où l'alien retire son masque. Les coups violemment martelés par les cuivres annoncent la couleur: le predator est déchaîné et ne va faire qu'une bouchée de Dutch. On trouve alors un motif de 3 notes pour la séquence du combat à mains nues avec des percussions martelées, Dutch se prenant une sévère déverrouillée. 'Predator's Big Finish' reprend le thème du danger sous une forme puissante avec les rythmes labyrinthiques obsédants. Dutch se retire dans ses derniers retranchements et doit ruser pour éliminer définitivement son adversaire. Après un passage mystérieux reprenant le style du début de 'The Waiting' lorsque Dutch observe le corps blessé du predator sous le tronc d'arbre (à noter le balancement de flûtes sur deux notes, qui sonne de manière assez étrange ici), c'est le compte à rebours final où Silvestri reprend une dernière fois le thème du danger sous une forme plus paniquée avec les cordes glaciales du début de 'Dillon Is Disarmed'. Le final se fait donc dans 'The Rescue & End Credits', Silvestri reprenant le thème du mythe pour une version inédite et non présente dans le film. En guise de bonus, les producteurs de l'album ont décidé de mettre à la suite de ce morceau le thème de trompette entendu dans cette scène dans le film (la musique devait exprimer la tristesse du personnage ayant perdu tous ses amis). Le morceau se finira sur une dernière reprise du thème principal sous la forme du 'Main Title' pour le générique de fin. 'Predator' est un voyage musical intense au coeur de la jungle cauchemardesque. Silvestri évoque finalement la chasse, le piège, la peur, le mystère, le suspense, la violence et même le drame. Le score de Silvestri semble avoir beaucoup marqué les esprits, si l'on en croit les différentes critiques que l'on pourra lire un peu partout à ce sujet. Peut être est-ce tout simplement parce que le compositeur était très inspiré, à tel point qu'on pourrait presque penser que c'est lui qui a réalisé le film, tant sa musique colle à merveille aux images. A un tel stade de réussite image/musique, on peut véritablement parler d'impact, un impact quasi unique en son genre sur les images du film. 'Predator' est une BO qui, de toute évidence, ne pourra jamais être imitée, tant son impact dans le film est extraordinaire; même ceux qui essaient, comme Trevor Jones dans 'Cliffhanger', n'arrivent pas à égaler la puissance unique de cette partition redoutable. Silvestri a réussi à faire ce que peu de compositeur arrivent à faire: transcender les images, aller au delà du film en créant un univers à la fois sombre, violent, sauvage et glacial. On pourrait s'imaginer le score de 'Predator' comme une gigantesque 'chasse' musicale avec son lot de suspense, de mystères et de dangers. Ce serait évidemment très réducteur pour l'oeuvre d'Alan Silvestri. Il s'agit pourtant de l'exemple flagrant d'un compositeur en pleine possession de ses moyens, maître de son sujet et au sommet de son inspiration. Rarement aura t'on pu entendre une musique orchestrale d'une telle qualité avec autant de thèmes, rarement aura t'on pu entendre un compositeur aussi inspiré par son sujet. Maintenant que Varèse Sarabande l'a enfin réédité, foncez sur le CD de 'Predator': frissons garantis. Un pur chef-d'oeuvre de la musique de film hollywoodienne, tout simplement! ---Quentin Billard |