Disc 1

1-Main Title and
Colwyn's Arrival 7.35
2-The Slayer's Attack 9.20
3-Quest for the Glaive 7.24
4-Ride to The Waterfall 0.54
5-Lyssa in The Forteress 1.29
6-The Walk To The
Seer's Cave 4.11
7-The Seer's Vision 2.19
8-Battle in the Swamp 2.41
9-Quicksand 3.39
10-The Changeling 4.05
11-Colwyn & Lyssa
Love Theme 2.35

Disc 2

1-Leaving The Swamp 2.01
2-The Widow's Web 6.20
3-The Widow's Lullaby 5.03
4-Vella 3.47
5-Ynyr's Death 1.42
6-Ride of the Firemares 5.23
7-Battle on the Parapets 2.53
8-Inside the Black Forteress 6.16
9-The Death of the Beast &
The Destruction of the
Dark Fortress 8.32
10-Epilogue & End Title 4.50

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

SuperTracks MGI STCE-01/02

Produit pour SuperTracks par:
Ford A.Thaxton
Musique montée par:
Bob Badami
Score produit par:
James Horner
Ressortie de l'album produite par:
John J.Alcantar III,
Thomas C.Stewart,
Ford A.Thaxton

Artwork and pictures (c) 1983/1998 SuperTracks/Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ****
KRULL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
'Krull' est encore un autre des ces films surfant sur la vague de l'heroic-fantasy revenu au goût du jour durant les années 80. Le développement grandissant de ces films épiques est probablement dû au succès populaire de la première trilogie des 'Star Wars' initiée par George Lucas en 1977 (suivirent alors 'Dragonslayers', 'The Beastmaster', 'Masters of The Universe', sans oublier 'The Sword and The Sorcerer' en 1982, etc.). Pour le réalisateur Peter Yates, plus connu pour son fameux 'Bullitt' (1968), il s'agit de sa première incursion dans l'univers du film d'heroic-fantasy. L'histoire se déroule sur une planète nommée Krull. La mystérieuse 'bête' et sa horde de tueurs arrivent alors sur la planète à bord de la gigantesque forteresse noire. La bête déchaîne alors son armée de tueurs qui sèment le chaos et la dévastation partout sur la planète. Afin de mettre fin aux agissements de ces envahisseurs, deux familles ennemies sont obligées de s'unir pour traquer l'adversaire. Leur union se concrétisera à l'occasion du mariage entre la princesse Lyssa (Lysette Anthony) et le prince Colwyn (Ken Marshall). Les tueurs interrompent alors brutalement la cérémonie et mettent le palais à feu et à sang avant de kidnapper la princesse Lyssa. Mortellement blessé, Colwyn est secouru par Ynyr (Freddie Jones), un vieux sage descendu des montagnes pour lui venir en aide. Remis sur pieds, Colwyn va préparer sa vengeance. Son voyage sera long et fastidieux. Pour affronter la bête et son armée, il devra être épaulé par des guerriers qui le suivront partout où il ira. Sa première tâche sera de mettre la main sur une arme légendaire du nom de 'glaive', une sorte d'étoile magique à bords tranchants. Seul le glaive peut tuer la bête. Après avoir rencontré la bande de maraudeurs de Torquil (Alun Armstrong) et après les avoir convaincus de le suivre dans son aventure, Colwyn se mettra en route vers la caverne du vieux sage aveugle aux dons extralucides. Seul le vieillard saura les mettre sur le chemin de la forteresse noire qui disparaît à chaque lever du soleil pour se télétransporter dans une autre région de la planète. En route vers leur destination, nos héros vont devoir faire face aux pouvoirs de la bête, capable de prendre n'importe quelle apparence pour tenter de tromper Colwyn et ses amis. Pendant ce temps, Lyssa est retenue prisonnière dans l'antre de la bête qui veut en faire sa nouvelle reine afin de régner sur la planète entière. Après la mort du vieux aveugle dans les marais, Colwyn et ses amis n'ont plus qu'une seule solution: interroger la veuve aux milles fils pour découvrir l'emplacement exact de la prochaine apparition de la forteresse noire.

'Krull' mélange tous les clichés du genre de l'heroic-fantasy avec des personnages mythologiques, des monstres répugnants, des princesses captives et des pièges énigmatiques. L'échec retentissant du film au box-office 1983 prouve bien que le film de Peter Yates, pourtant considéré par certains comme un film-culte, n'a pas su trouver son public à sa sortie en salle. On a beaucoup critiqué Ken Marshall pour sa performance plus que passable dans le rôle du héros de service. Ken Marshall a beau être grand, svelte et élégant, il n'a pas le charisme ni le talent d'acteur d'un Mark Hamill (alias Luke Skywalker). Les effets spéciaux sont sympathiques, sans plus (la séquence de la traversée avec les chevaux de feu a assez mal vieillie), et les décors, souvent grandioses, font un peu carton pâte par moment. Malgré tout, le film reste assez réussi techniquement, le principal défaut de 'Krull' provenant de nombreuses faiblesses au niveau du scénario et de personnages plutôt fades et ridicules. On se serait par exemple passé volontiers de l'agaçant Ergo (David Battley), le gagman de service qui finit par nous taper sur les nerfs et qui n'apporte rien à l'intrigue. Dans 'Star Wars', C-3PO occupait un rôle quasi similaire, mais dans 'Krull', Ergo est d'un chiant et n'est qu'un prétexte à quelques effets spéciaux moyens (plans où il se transforme en animaux). On ne comprend pas non plus pourquoi le héros a besoin du glaive pour tuer la bête, pas plus que la raison pour laquelle lorsque les tueurs meurent, leur cerveau sort du casque et s'échappe dans le sol. On a aussi du mal à comprendre comment les bandits de Torquil se laissent aussi facilement convaincre par Colwyn et Ynyr. Bref, le scénario de 'Krull' est assez faible, le film essayant d'imiter 'Star Wars' sans jamais réussir à l'égaler (Colwyn est Luke Skywalker - la bête est Dark Vador - la princesse Lyssa est la princesse Leia - Ergo est C-3PO - Torquil est Han Solo, etc.). Cet énième combat entre le bien et le mal aura au moins le mérite d'avoir déclenché des passions pour certains puristes du genre qui le considèrent aujourd'hui comme l'un des film-cultes de l'heroic-fantasy des années 80. A noter, pour finir, un casting d'acteurs anglais assez impressionnant, réunissant des 'pointures' telles que Alun Armstrong, Freddie Jones, Bernard Bresslaw (son masque de cyclope est d'un ridicule dans ce film!), Tony Church, sans oublier deux acteurs encore peu connus à l'époque: Liam Neeson (Kegan) et Robbie Coltrane (Rhun).

James Horner venait de se faire un nom au cinéma grâce à son score pour 'Star Treck II : The Wrath of Khan'. Pour 'Krull', le jeune compositeur reprenait son style de 'Battle Beyond The Stars' (1980) et 'Star Trek II' pour écrire cette grande fresque symphonique interprétée par un London Symphony Orchestra en pleine forme. Le thème principal du score fait partie des grands thèmes mémorables du Horner des années 80, introduit par un 'Main Title' épique à souhait. Le 'Main Title' débute avec un choeur d'enfants (les 'Ambrosian Singers' auxquels Horner refera appel pour son score de 'Glory' en 1989 et qu'il utilise la même année dans 'Brainstorm') dont la particularité, comme dans 'Glory', est de monter dans un aigu difficilement atteignable pour d'autres jeunes chanteurs. Ces choeurs d'enfants introduisent la dimension féerique et magique du film, étant très vite suivi d'une fanfare héroïque annonçant le thème principal exposé par des cordes et des cuivres amples et puissants. Très enjoué et assez joyeux, le thème de 'Krull' (une mélodie fraîche assez longue) évoque bien l'univers musical de la jeunesse de Horner, seulement âgé de 30 ans à l'époque où il compose cette musique. Pour la petite anecdote, Horner est tombé malade durant l'écriture de son score pour 'Krull'. Afin de gagner du temps, il a du faire appel à quelques orchestrateurs pour finir son travail, travaillant lui-même sur les parties orchestrales de sa partition. Au final, le résultat est assez épatant sans être ce que Horner même si depuis, le compositeur a écrit de bien meilleures partitions.

Après cette introduction puissante, épique, héroïque et très cuivrée, on retrouve la fanfare pour l'arrivée de Colwyn au palais, le thème principal étant repris ici sous la forme d'une chevauchée héroïque et captivante. L'attaque des tueurs dans 'The Slayer's Attack' se fait au son d'un nouveau thème de cors/trombones plus sombre, avec une rythmique plus massive et quelques petits sons de synthé discrets créant un environnement sonore nettement plus sombre. Le morceau débute au son du 'Love Theme' entre Colwyn et Lyssa, entendu au début du film lors de leurs retrouvailles. Confié à des cordes très sirupeuses et typiquement hollywoodiennes, ce joli 'Love Theme' n'a rien de franchement marquant en soi et n'est certainement pas le meilleur thème du score. L'attaque des tueurs se fait au son d'un orchestre massif avec un flot de percussions déchaînées et de cuivres et cordes agressifs à souhait. On trouvera par exemple un martèlement d'effets de col legno des cordes qu'Horner avait déjà utilisé dans 'Wolfen', 'Battle Beyond The Stars' et 'Star Trek II'. C'est le pupitre de cuivres utilisé ici qui rend le score véritablement impressionnant et qui contribue à créer ce son orchestral si unique en son genre, Horner alternant plusieurs formes de cors avec divers trombones, tubas et quelques trompettes.

'Quest for The Glaive' nous permet de réentendre une reprise particulièrement noble du thème principal alors que Colwyn se met en quête du glaive en escaladant la montagne à mains nues. Le choeur d'enfants refait son apparition pour évoquer les exploits de Colwyn. Après avoir évoque l'attaque des tueurs dans 'The Slayer's Attack', Horner évoque de nouveau les forces du mal dans 'Lyssa In The Forteress'. La bête est personnifiée dans le film avec des cuivres pesants et dissonants et un choeur d'hommes extrêmement menaçant et qui semble ramper dans l'obscurité, une petite trouvaille intéressante qui ajoute une couleur sonore de plus à la palette musicale du compositeur. Cette 'couleur sonore' particulièrement sinistre et inquiétante traverse une bonne partie de la composition de Horner et sert de balise musicale au personnage de la bête. Horner alterne ainsi entre l'héroïsme cuivré de Colwyn et le cauchemar suffoquant des sonorités orchestrales/vocales de la bête, cette alternance nous rappelant au final le thème majeur du film: l'éternel combat entre le bien et le mal. On trouvera un nouveau morceau d'action dans 'Battle In The Swamp' où le thème enjoué de Colwyn revient pour évoquer l'affrontement contre les tueurs dans la séquence du marais, les tueurs étant évoqués comme d'habitude avec des percussions agressives et des cuivres/cordes martelés pour créer un effet rythmique massif. 'Quicksand' évoque quant à lui la scène des sables mouvants, Horner créant ici un fort sentiment de danger, sans oublier de développer au passage le thème de Colwyn et l'aspect plus sombre et menaçant évoquant les méfaits des pouvoirs de la bête.

Impossible de parler du score de 'Krull' sans faire référence au superbe 'Widow's Web', superbe pièce orchestrale dans laquelle Horner témoigne de son goût pour une écriture atonale plus contemporaine d'esprit. Rappelons que le compositeur a eu comme professeur Gyorgi Ligeti durant sa jeunesse et qu'il a donc été formé à l'écriture des musiciens dits 'contemporains' du 20ème siècle. 'The Widow's Web' évoque ainsi la séquence où Ynyr traverse la caverne de la veuve aux milles fils en passant à travers l'immense toile d'araignée. Horner installe ici une ambiance sombre particulièrement glauque, quasi-surréaliste. Pour se faire, Horner utilise un souffle de choeurs et de cordes évoquant le son mystérieux du vent dans une caverne, un sifflement pesant qui renforce le côté glauque du morceau. A cela se rajoute des clusters de cuivres particulièrement agressifs, surtout dans la scène où apparaît l'araignée blanche. Horner a réussi à créer ici en l'espace de 6 minutes une atmosphère pesante et angoissante qui donne un effet très prenant à l'écran. On sent véritablement bien le danger peser sur Ynyr au fur et à mesure que l'araignée se rapproche de lui. Heureusement, 'The Widow's Lullaby' vient calmer les esprits en privilégiant une atmosphère plus paisible voire féerique (séquence avec la veuve). L'autre morceau incontournable du score reste l'excellent 'Riding The Firemares', grand morceau d'aventure épique à souhait dans la plus pure tradition du genre. Horner reprend le thème principal sous la forme d'une chevauchée excitante et entraînante, laissant se déchaîné ici les fanfares dans une écriture de cuivres quasi-virtuoses. Le thème principal devient plus puissant que jamais dans la séquence où Colwyn et ses amis foncent en direction de la forteresse noire sur le dos des chevaux de feu. La deuxième partie de ce morceau intense décrit avec fracas l'arrivée des héros à la forteresse noire et la première séquence d'affrontement débouchant sur 'Battle on The Parapets'. On retrouve dans cette seconde partie les cuivres sombres évoquant les tueurs avec un flot impressionnant de percussions. 'Inside The Black Forteress' évoque l'univers maléfique de la bête, Horner alternant ici le matériau héroïque de Colwyn et les sonorités sinistres de la bête pour évoquer la confrontation entre les deux ennemis. 'Death of The Beast & Destruction of The Black Forteress' évoque la mort de la bête dans un fracas orchestral massif où Horner regroupe ses thèmes et les mélange au sein d'un morceau plus brutal où l'orchestre est malmené afin d'évoquer la destruction de la forteresse noire. C'est la victoire finale dans l'excellent 'Epilogue & End Title' reprenant le 'Love Theme' dans toute sa splendeur lors des retrouvailles entre Colwyn et Lyssa, suivi du motif de choeur d'enfants qui ouvrait le film de manière si mystérieuse. Le générique de fin se fera au son d'une ultime reprise du superbe thème principal, décidément l'atout majeur de cette grande fresque symphonique.

Vous l'aurez donc compris, 'Krull' est une grande partition épique et particulièrement enthousiasmante. Bien sûr, Horner s'inspire du style de 'Battle Beyond The Stars' et 'Star Trek II' pour aboutir à l'un de ses premiers grands chef-d'oeuvre qui demeure aussi une partition de jeunesse avec quelques défauts, dont l'un est de manquer un peu d'équilibre sur le plan orchestral - cela a parfois tendance à partir un peu dans tous les sens. A l'écoute de 'Krull', on sent clairement l'exubérance de la jeunesse, et ce même si James Horner est quand même âgé de 30 ans à l'époque. La partition symphonique de 'Krull' n'a rien à envier aux grandes fresques épiques hollywoodiennes d'un Korngold, d'un Rozsa, d'un Newman ou d'un Williams, Horner reprenant le style orchestral du golden age hollywoodien agrémenté d'une touche personnelle sur le plan de l'écriture orchestrale (les parties de cuivres sont typiques d'Horner - on les retrouvera dans des BO telles que 'Aliens', 'Willow', 'The Rocketeer', etc.). Un morceau comme 'Widow's Web' témoigne même du goût du compositeur pour la musique atonale 'contemporaine' du 20eme siècle. En conclusion, 'Krull' est un petit bijou que vous devez (re)découvrir à tout prix, même si l'ensemble n'atteint pas la qualité de certaines partitions plus récentes d'Horner.


---Quentin Billard