1-Daredevil Theme 4.39
2-Young Matt's Father 1.57
3-Hell's Kitchen 2.12
4-Matt Becomes Daredevil 1.38
5-The Kingpin 3.51
6-The Darkest Hour 2.44
7-Bullseye 2.44
8-Elektra 4.15
9-Mistaken Identity 2.50
10-Nachio's Assassination 1.11
11-Elektra vs Bullseye 2.56
12-Blind Justice 2.09
13-Church Battle 2.22
14-Falling Rose 1.11
15-The Necklace 3.19

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 448 2

Produit par:
Graeme Revell
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de la musique
pour 20th Century Fox:
Robert Kraft
Musique supervisée pour
la 20th Century Fox par:
Geoff Bywater, Julia Michaels
Superviseur du score:
Michael Knobloch
Fox Music Business Affairs:
Tom Cavanaugh
Monteur de la musique:
Ashley Revell

Artwork and pictures (c) 2003 20th Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
DAREDEVIL
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Il fallait s'y attendre. Après le succès du 'X-Men' de Brian Singer, les films de super-héros sont revenus à la mode à Hollywood. Après 'Spider-Man', c'est au tour d'un autre comics américain de chez Marvel d'être adapté à l'écran: 'Daredevil'. Cette fois-ci, c'est Ben Affleck qui campe le rôle de ce justicier de la nuit aveugle aux pouvoirs sensoriels surhumains. Mark Steven Johnson réalisé là son deuxième film après 'Simon Birch' (1998) et signe lui-même au passage le script du film. Le réalisateur a essayé de capturer l'ambiance noire du comics en retraçant l'origine de ce super-héros torturé. Enfant, Matt Murdock adorait son père, un vieux boxeur fatigué. Mais le jeune Matt se faisait constamment battre par des gosses du quartier qui ne cessaient de dire du mal de son père. Un jour, Matt découvre la triste vérité: son père qu'il aimait tellement fait partie d'une bande de mafieux. Au même moment, Matt est victime d'un accident après avoir été aspergé par un jet de produits toxiques. Il sera aveugle pour toute sa vie. Mais ce que Matt ignore encore, c'est ce que cette récente cécité va lui permettre de développer un don extra sensoriel, Matt étant capable de voir et de sentir des choses plus vite que tout le monde. Après la mort de son père, tué par un individu qui signe ses crimes en laissant une rose sur le corps de ses victimes, Matt est au bout du rouleau et ne rêve que d'une seule chose: retrouver l'assassin de son père et se venger. Arrivé à l'âge adulte, Matt Murdoch devient un avocat déterminé à faire appliquer la justice dans sa ville. La nuit, il est Daredevil, le mystérieux justicier masqué qui traque les criminels et les fait payer pour tous leurs crimes. Après avoir tué l'un de ces criminels dans un métro et après avoir tabassé un autre bandit dans sa demeure, Daredevil finit par se retrouver face à un cas de conscience: est-ce que le fait de combattre la violence par la violence ne fait pas aussi de lui un criminel? Est-il si bon qu'il prétend? Son ami, le père Everett (Derrick O'Connor) tente de le raisonner, mais en vain. Deux évènements majeurs bouleversent alors la vie de Matt/Daredevil: sa romance naissante avec la ravissante Elektra Natchios (Jennifer Garner) et sa confrontation contre 'le tireur' (Colin Farrell), le tueur fou envoyé par Kingpin alias Wilson Fisk (Michael Clarke Duncan), le grand caïd de la ville. Murdoch ne va pas tarder à découvrir que Wilson Fisk est le meurtrier de son père. Une fois encore, Daredevil va devoir combattre la violence par la violence. Pour lui, une seule solution: justice doit être faite!

Evidemment, en plus d'une simple adaptation des aventures d'un célèbre héros de comics américain, 'Daredevil' pourrait aussi se voir comme une sorte de parabole moraliste sur le mal qui n'engendre que le mal. Si Daredevil apparaîtra très vite comme un justicier extrémiste adepte de l'auto justice, la seconde partie du film s'attachera à montrer le côté plus humain et torturé du personnage. Dans le 'Batman' de Tim Burton, le héros, qui voyait lui aussi son père mourir devant ses yeux, était un personnage dont la droiture n'avait d'égal que la force physique. Dans 'Daredevil', le super-héros possède des pouvoirs, mais ces derniers montrent très vite leurs limites lorsque le héros se trouve face à un cas de conscience: doit-il continuer à punir ainsi les criminels en sachant ouvertement qu'en agissant ainsi, il ne vaut pas mieux qu'eux? Murdoch connaît la réponse, mais sa soif intarissable de justice n'a d'égale que son envie furieuse de se venger. Le réalisateur a parfaitement décrit le côté sombre et torturé du personnage. Son film repose sur une ambiance très noire où la ville possède des accents de Gotham City (ville de 'Batman'). Ben Affleck et Jennifer Garner forment un couple ravissant dans le film. Quant à Michael Clarke Duncan, il impose son impressionnante carrure physique dans la peau de la grosse crapule de service. Mais la palme revient sans conteste à l'excellent Colin Farrell, plus convaincant que nature dans le rôle du 'tireur', un tueur fou qui a le pouvoir de ne jamais rater ses cibles lorsqu'il vise quelqu'un avec une arme. Avec quelques effets spéciaux impressionnants et quelques séquences d'action convaincantes bien que peu crédibles par moment (le film fait un usage abusif des ralentis et se paye même le luxe de copier 'Matrix'), 'Daredevil' est un gros spectacle hollywoodien dans la plus pure tradition du genre, un film sympathique mais pas franchement indispensable.

Après avoir mis en musique les aventures d'Eric Draven dans 'The Crow' et celles du sinistre 'Spawn', qui d'autre que Graeme Revell était mieux placé que lui pour écrire la musique de 'Daredevil'? Revell n'a pas vraiment brillé sur 'Daredevil' mais signe néanmoins un score parfaitement intégré dans l'ambiance et l'esprit du film. Le compositeur a restreint au possible toute sa partie thématique afin de privilégier un travail de musique atmosphérique plus ancrée dans l'ambiance noire du film. Le 'Daredevil Theme' n'a rien de follement mémorable mais se distingue, dans le générique de début du film, par l'utilisation d'un choeur mixte quasi spirituel mélangé à un orchestre où dominent les sonorités sombres. Les voix interviennent dans la séquence où l'on voit Daredevil sur le toit de l'église. La connotation religieuse de la musique de Revell apporte un petit plus indéniable à sa partition même si l'ensemble nous renvoie encore trop aux modèles du genre: 'Alien 3' d'Elliot Goldenthal, 'Devil's Advocate' de James Newton Howard, 'End of Days' de John Debney, etc. Revell fait aussi intervenir une partie électronique qui n'est pas sans rappeler certaines sonorités de 'Tomb Raider' ou 'The Negotiator'. A ce sujet, on aurait pu s'attendre à un nouveau score d'action dans la lignée de 'The Saint' ou 'The Negotiator', mais il n'en est rien: 'Daredevil' est bel et bien tourné vers de l'atmosphérique pur et dur.
On notera ici l'utilisation d'une guitare électrique et de quelques percussions (genre tambours) pour l'ouverture du film, les percussions mêlées à l'orchestre (cordes et cuivres sombres principalement) donnant une énergie considérable au générique d'ouverture du film, et ce même si le thème n'est pas franchement mémorable et assez peu mis en avant. Evidemment, Revell évite les clichés habituels des grands thèmes héroïques. D'un autre côté, sa partition manque affreusement de personnalité. Peut être qu'un thème fort aurait pu lui permettre de créer une identité plus forte de la musique dans le film.

Revell utilise quand même un petit thème de piano plus intime pour évoquer le jeune Matt au début du film. Le thème n'apparaîtra que peu de fois tout au long du film. Il évoque le côté 'bon' du personnage. Ce motif de piano est donc entendu dans 'Young Matt's Father' au début du film, avec un petit côté intime qui n'est pas sans rappeler certaines musiques de Thomas Newman. A noter l'utilisation d'une voix d'enfant à la 'Alien 3' dans le sombre 'Hell's Kitchen', évocation de la torture intérieure de Matt Murdoch. On notera une nouvelle utilisation d'une guitare électrique dans 'Matt becomes Daredevil', Revell reprenant le thème principal sous une forme plus énergique, soutenue par une basse électronique pour évoquer la transformation du personnage (le morceau est visiblement inspiré du 'Costume Montage' du score de Danny Elfman pour 'Spider-Man'). Les méfaits du caïd sont évoqués dans un 'The Kingpin' où domine les rythmiques électroniques techno, comme dans 'Tomb Raider'. Il s'agit du premier véritable morceau d'action du score. 'The Darkest Hour' renforce quant à lui le côté plus atmosphérique de la partition avec ces quelques notes de piano qui semblent flotter dans l'air de manière mélancolique, sur un tapis de cordes sombres et mystérieuses à la fois. Le morceau évoque une fois encore les tourments du héros. 'Bullseye' permet à Revell d'évoquer le personnage du tueur avec des rythmiques électroniques sombres et menaçantes.

Evidemment, le compositeur n'oublie pas non plus de souligner la romance entre Matt et Elektra. 'Elektra' est donc une sorte de petit 'Love Theme' où domine un piano très aérien et quelques accords de guitare très intime. 'Elektra' évite aussi les grandes envolées lyriques sirupeuses qui n'auraient de toute façon pas pu convenir au style du film. Un peu de poésie dans un monde de brute. Le brutal 'Mistaken Identity' permet à Revell de relancer l'action avec des percussions énergiques, un environnement électronique sombre et quelques voix éthérées, débouchant sur le sombre 'Nachio's Assassination' dominé par un choeur quasi funèbre. Après 'Mistaken Identity', Revell repart dans un nouveau morceau d'action dans 'Elektra vs. Bullseye' et ses voix semblant surgir de l'au-delà. Le compositeur décrit l'affrontement violent entre Elektra et le tireur dans l'un des morceaux les plus sombres du score. 'Blind Justice' nous permet de réentendre le thème de Daredevil, le héros étant déterminé à ce que justice soit faite, coûte que coûte. Arrive alors le violent 'Church Battle' évoquant la confrontation brutale entre Daredevil et le tireur dans la séquence de l'église (on y croit pas beaucoup, mais c'est quand même bien fait). Les percussions diverses dominent ce morceau très rythmé et très noir en même temps. C'est là que la tension atteint son paroxysme pour se relâcher avec 'Falling Rose' et 'The Necklace', là où l'on retrouve une dernière fois le piano aérien d'Elektra pour une conclusion finalement très mélancolique.

Si vous aimez les partitions atmosphériques habituelles du compositeur, 'Daredevil' devrait vous convaincre sans problème. Reste le problème d'un score qui manque affreusement d'inspiration et de personnalité. La musique de Revell rejette ici toute idée d'héroïsme. Evidemment, le sujet du film ne s'y prêtait pas. D'un autre côté, comme je l'ai déjà mentionné un peu plus haut, sa partition pêche par un manque d'identité forte (on aurait par exemple aimé entendre des thèmes forts pour les deux méchants du film). Revell reprend toutes les recettes habituelles des musiques atmosphériques sombres et parsèment sa partition de trois ou quatre morceaux d'action tonitruants, son score ayant finalement bien du mal à se faire une petite place avec les chansons dans le film. 'Daredevil' est encore un de ces scores qui va contribuer à créer l'écart grandissant entre les détracteurs du compositeur et ses fans. Après le très critiqué 'Collateral Damage', 'Daredevil' continue de faire de Graeme Revell un compositeur très sous-estimé, décidément en manque de projets forts. A quand une porte de sortie vers des projets plus excitants?


---Quentin Billard