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Disc 1 The Film Score
1-The Legend of Camelot 0.58 2-Raid on Leonesse 5.12 3-True Love/The Ambush/ First Sight 6.24 4-Does It Please You/ Look At Me 3.25 5-Promise Me 2.20 6-Camelot 2.37 7-Gauntlet Drums 1.50 8-Meet the Queen 0.45 9-The Gauntlet/No Kiss 2.02 10-No Joy/Try Her/Wedding Plans/ I Will Fight 2.58 11-Boat Trip 2.03 12-The Cave 2.14 13-Walls Of Air 1.33 14-Escape From The Cave 3.25 15-Prove It 2.55 16-A New Life 5.38 17-To Leonesse 3.24 18-Night Battle 5.53 19-Village Ruins 3.19 20-The Kiss 1.59 21-Open The Door/No One Move 1.58 22-Arthur's Farewell 5.25 23-Never Surrender 5.40 24-Camelot Lives 4.04 Disc 2 The 1995 Soundtrack Album 1-Arthur's Fanfare 0.45 2-Promise Me 4.04 3-Camelot 2.19 4-Raid on Leonesse 4.26 5-A New Life 4.54 6-To Leonesse 3.25 7-Night Battle 5.39 8-Village Ruins 3.20 9-Arthur's Farewell 5.25 10-Camelot Lives 5.40 Additional Music 11-The Ambush/First Sight (Alternate) 5.46 12-Boat Trip (Alternate Segment) 1.05 13-A New Life (Alternate I) 5.37 14-A New Life (Alternate II) 3.14 15-To Leonesse (Alternate) 2.40 16-Village Ruins (Alternate) 3.29 17-Never Surrender (Alternate) 5.20 Musique composée par: Jerry Goldsmith Editeur: La La Land Records LLLCD 1168 Musique produite par: Jerry Goldsmith Producteur de la réédition pour Sony Music Entertainment: Didier C.Deutsch Producteur réédition pour La La Land Records: Bruce Botnick, Mike Matessino Producteurs exécutifs pour La La Land Records: MV Gerhard, Matt Verboys Orchestrations de: Alexander Courage Montage musique: Ken Hall Préparation de la musique: Jo Ann Kane Music Service Assistant de Mr. Goldsmith: Lois Carruth Los Angeles Master Chorale dirigée par: Paul Salamunovich American Federation of Musicians Edition limitée à 3000 exemplaires. Artwork and pictures (c) 1995/2011 Columbia Pictures Industries, Inc. All rights reserved. Note: ****1/2 |
FIRST KNIGHT
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Jerry Goldsmith
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Le moins qu'on puisse dire, c'est que le réalisateur de « Ghost », Jerry Zucker, n'a pas vraiment brillé sur cette énième adaptation du thème de la légende arthurienne. Dans « First Knight » (Lancelot), sorti en 1995, Richard Gere interprète le célèbre Lancelot, chevalier du roi Arthur qui trahira la confiance de son roi en tombant follement amoureux de sa promise, dame Guenièvre (Julia Ormond), après l'avoir sauvé d'une embuscade tendue par les hommes du sinistre Méléagant (Ben Cross), le chevalier rebelle qui tente de s'emparer de Camelot, légendaire citée du roi Arthur. Première ombre au tableau : l’interprétation faiblarde de Richard Gere, qui ne semble pas du tout convenir à un rôle aussi mythique – à ses côtés, Sean Connery s’avère être bien plus convaincant et crédible dans le rôle du roi Arthur. Alors que le célèbre acteur apporte une certaine noblesse à son personnage, Richard Gere se contente bien trop souvent de rouler des mécaniques pendant une bonne partie du film et rate complètement ses objectifs – quand on se retrouve à camper un héros aussi célèbre que le chevalier Lancelot, comment est-ce possible de rater son rôle à ce point là ? Le long-métrage de Jerry Zucker est ainsi réputé pour cette fameuse erreur de casting assez catastrophique, tandis que l’acteur de « Pretty Woman » se retrouve malgré tout entouré de pointures telles que Sean Connery, Julia Ormond, Ben Cross ou bien encore John Gielgud. Avec sa relecture moderne et superficielle de la légende arthurienne, Jerry Zucker nous livre un film d’aventure plutôt correct et assez bien filmé, mais sans grand éclat, sans réelle passion, là où un réalisateur comme John Boorman avait su trouver le ton juste en explorant la verbe épique de son spectaculaire et incontournable « Excalibur » en 1981. A ce sujet, « First Knight » fait d’ailleurs l’impasse de l’histoire de l’épée d’Excalibur et du personnage de Merlin l’enchanteur et préfère se concentrer autour du trio amoureux Lancelot/Guenièvre/Arthur, le tout mélangé à une suite de séquences de batailles médiévales assez réussies mais sans grand génie, là où on se serait attendu à un traitement bien plus épique de la part du réalisateur. Lorsqu’il n’est pas flanqué avec ses compères David Zucker et Jim Abrahams sur les films parodiques loufoques du style « Airplane ! » ou « The Naked Gun », Jerry Zucker s’essaie ainsi à un registre plus sérieux dans « First Knight », une version décevante de la légende arthurienne, qui a pourtant été adaptée des centaines de fois au cinéma, avec de bien meilleurs résultats. Restent quelques magnifiques décors anglais, de bonnes scènes de bataille et une interprétation solide de Sean Connery, mais rien qui puisse faire de « First Knight » un incontournable dans les adaptations du mythe d’Arthur et de sa cité légendaire de Camelot. A trop vouloir surfer sur la mode hollywoodienne du film d’aventure médiéval ‘made in 90’, Jerry Zucker s’est totalement fourvoyé en nous offrant un blockbuster très décevant, à des années lumière de ce que l’on était en droit d’attendre d’une telle production !
Cela faisant bien longtemps que le maestro Jerry Goldsmith n'avait pas composé la musique d’un grand film d'aventure épique à l'ancienne. Depuis son fameux score pour « Lionheart » (1987) de Franklin J.Schaffner, Goldsmith n'avait pas vraiment eu l’occasion d’aborder à nouveau le registre des grandes envolées symphoniques épiques, chorales et cuivrées. Grâce au film de Jerry Zucker, le maestro a saisi l’occasion de renouer avec un style épique amplifié par son écriture orchestrale typique des années 90, pour ce qui reste l’un des sommets de sa filmographie des années 90. Et pourtant, la tâche ne fut guère aisée pour le compositeur californien, car, après le renvoi de Maurice Jarre, qui devait écrire la musique du film à l’origine, Jerry Goldsmith fut engagé à la dernière minute pour écrire plus d’une heure de musique originale en l’espace de trois semaines. Mais comme souvent, le compositeur, spécialiste des travaux exécutés dans l’urgence (cf. « Chinatown »), s’en est tiré encore une fois avec les honneurs, nous livrant une partition riche, épique, romantique et inspirée – tout le contraire du film lui-même d’ailleurs. « First Knight » s’apparente donc à une superbe partition d'aventure symphonique mêlant action épique chevaleresque, romantisme mélancolique et drame passionnel. Le compositeur y décrit la grandeur du Roi Arhtur et de Camelot, l'amour interdit entre Lancelot et Guenièvre et la bataille opposant les troupes d'Arthur au sombre Méléagant, tout cela évoqué à travers les principaux thèmes qui constituent la partition de « First Knight ». Peu de temps après la sortie du film en 1995, Jerry Goldsmith expliqua que, contrairement à ce que l’on pensait, il n’était pas vraiment intéressé par les musiques d’action sur ce film, mais qu’en tant qu’indécrottable romantique dans l’âme, il souhaitait surtout exprimer en musique les sentiments intérieurs et les émotions personnelles des héros. En fait, « First Knight » représenta un challenge passionnant pour Jerry Goldsmith, qui trouva dans le film de Jerry Zucker tous les éléments qu’il apprécie généralement : l’action certes, mais surtout la romance, la passion et le drame. Richard Kraft, son agent de l’époque, témoigna qu’il n’avait jamais vu le compositeur aussi heureux que lorsqu’il composa la musique originale de « First Knight ». Le résultat est d’une splendeur inégalée dans la filmo 90’s du compositeur : le score est essentiellement structuré autour de différents leitmotive suivant la grande tradition wagnérienne, avec un thème associé à chaque personnage ou élément majeur de l’histoire. Ainsi, le premier thème que l’on entend dans le film est celui de Camelot, dévoilé dans le solennel et noble « The Legend of Camelot », qui pose les bases de la partition : ce thème, parfois comparé à la noblesse des hymnes d’Elgar, illustre parfaitement toute la splendeur et les valeurs que représente la légendaire cité arthurienne, un idéal de paix et de prospérité – le thème n’est pas sans rappeler par moment le thème principal de « Lionheart », autre grand score médiéval chevaleresque du compositeur – Le deuxième thème est ensuite entendu dans « Raid on Leonesse » : il s’agit du thème de Méléagant, le grand méchant du film. Le sinistre bad guy brillamment campé par Ben Cross à l’écran a droit à une série de motifs qui s’imbriquent aisément l’un dans l’autre ou, à contrario, sont présentés séparément : on trouve ainsi un motif de 5 notes de cuivres graves évoquant l’armée du renégat (à partir de 0:54 dans « Raid on Leonesse »), un motif rythmique en notes brèves rapides constitué de deux formules mélodiques – deux notes brèves, puis quatre notes très rapides – pour les scènes d’attaque des chevaliers corrompus (à 2:59), et pour finir, un motif de 6 notes de cordes, avec sa suite de notes descendantes basées sur un intervalle d’un demi ton et d’une tierce mineure, associé à Méléagant lui-même, et qui évoque le charisme et la puissance maléfique du personnage dans le film, entendu pour la première fois à 3:40 dans « Raid on Leonesse », lors de la toute première apparition du bad guy au début de l’histoire, lors de l’attaque sur le village de Leonesse. Autre thème fondamental de la partition de « First Knight », l’incontournable Love Theme, sans aucun doute le leitmotiv le plus mémorable de la partition de Jerry Goldsmith et aussi le préféré du compositeur, qu’il développera tout particulièrement tout au long du film, entendu pour la première fois à la fin de « True Love/The Ambush/First Sight ». Le Love Theme, mélancolique et poignant, évoque la romance interdite entre Guenièvre et Lancelot, romance destructrice qui les conduira chacun à leur perte. Ici aussi, Goldsmith apporte une certaine noblesse à son thème romantique, à travers la mélodie ample et généreuse des violons qui interprète une mélodie poignante au lyrisme passionné mais non dénué d’une profonde tristesse reflétant l’idée d’une passion impossible et destructrice, qui va au delà de la raison. Arthur possède aussi son propre thème, que l’on entend à la fin de « The Legend of Camelot » sous la forme d’une fanfare de trompettes, un motif chevaleresque qui évoque la grandeur royale du personnage et ses obligations en tant que monarque de Camelot, thème que Goldsmith va particulièrement développer tout au long du score et qui deviendra le ciment de la musique tout au long du film, cité sous de multiples formes à travers de nombreux morceaux. Enfin, Lancelot possède aussi son propre thème (qui était absent de l’ancienne édition CD éditée en 1995 par Epic Soundtrax, qui ne contenait qu’à peine 40 minutes de musique), un thème héroïque, vaillant et chevaleresque, à l’image du personnage de Richard Gere, brièvement entendu sous une forme lente vers le début de « Raid on Leonesse » mais qui explosera dans toute sa splendeur lors des superbes « The Gauntlet/No Kiss » et « Boat Trip ». A noter que les premières notes du thème de Lancelot sont similaires à celles du thème d’Arthur, une façon subtile de la part de Goldsmith de rappeler le lien qui unit les deux hommes, l’un roi d’une grande cité prospère et pleine d’espoir, l’autre futur grand chevalier défenseur d’une noble cause. Avec ses différents thèmes – Arthur, Camelot, Lancelot, les motifs divers pour Méléagant et le Love Theme déchirant – Jerry Goldsmith élabore ainsi une grande partition d’une splendeur sans équivoque, qu’il s’agisse de la passion brûlante de « First Sight » ou du lyrisme bouleversant de « Does It Please You/Look At Me » ou de « Prove It » qui apportent une émotion intime et poignante lors des scènes romantiques entre Richard Gere et la belle Julia Ormond, sans oublier la reprise du thème lors du déchirant « The Kiss » illustrant la trahison tragique de Lancelot alors qu’Arthur surprend avec effroi le baiser entre Lancelot et Guenièvre. Mais l’émotion n’est pas le seul maître mot de Jerry Goldsmith sur « First Knight », car le film est avant tout un grand spectacle d’aventure, et de l’action, le compositeur va nous en offrir, à commencer par le premier déchaînement orchestral lors de l’attaque des troupes de Méléagant au début du film dans l’intense « Raid on Leonesse », qui dévoile le motif d’attaque, le motif des troupes et le motif principal du chevalier corrompu – trois en un donc ! On retrouve ici le style action habituel de Jerry Goldsmith, à base de rythmes syncopés complexes, de changements rythmiques denses, d’orchestrations solides mettant en avant cordes/cuivres/percussions/bois (à noter l’utilisation des sourdines dans les trompettes) et de développements thématiques puissants et cohérents. A noter que l’effectif orchestral employé ici par le compositeur nous propose un pupitre de cuivres extrêmement large et musclé, avec pas moins de 11 cors, 7 trompettes, 7 trombones et 3 tubas, un effectif extrêmement massif, même pour un score hollywoodien d’une telle envergure. La puissance du jeu des cuivres dans les grands passages d’action du score de Jerry Goldsmith est assez remarquable, le compositeur évitant d’alourdir ces passages en écrivant systématiquement des parties mélodiques/rythmiques divisées ou contrapuntiques, comme c’est le cas dans le puissant et excellent « Night Battle », illustrant avec férocité et virtuosité la bataille nocturne vers le milieu du film. Goldsmith fait d’ailleurs appel ici à sa science d’écriture habituel en nous livrant une série de rythmes extrêmement syncopés qui ne sont pas sans rappeler « Le Sacre du Printemps » de Stravinsky, compositeur de référence habituel chez Jerry Goldsmith. A noter que la partition de « First Knight » est aussi quelque peu influencé par la musique classique européenne de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle, et plus particulièrement celle d’Edward Elgar et de Ralph Vaughan-Williams, surtout dans les passages concernant Arthur et Camelot, où les influences britanniques solennelles paraissent plus claires, tandis que certaines harmonies modales, dans le « Love Theme » notamment, rappelle davantage l’école française (Fauré, Debussy, etc.). Et si « Night Battle » et « Raid on Leonesse » ne vous ont pas encore achevé, attendez d’entendre les envolées héroïques splendides de « The Ambush », les ponctuations rythmiques spectaculaires de « Escape from the Cave » (du Goldmsith 100% action, annonçant clairement « Chain Reaction », « Air Force One » et « Star Trek First Contact ») ou l’incroyable bataille finale dans « Arthur’s Farewell ». La partition de « First Knight » atteint d’ailleurs un sommet de grandeur épique avec l’apparition d’une grande chorale accompagnant la longue bataille finale au coeur des portes de Camelot, opposant les troupes d’Arthur à celles de Méléagant, jusqu’au duel final à l’épée entre Lancelot et le chevalier maléfique. A l’origine, la scène était accompagnée du sempiternel « Carmina Burana » de Carl Orff, déjà utilisé maintes fois au cinéma (y compris par John Boorman dans « Excalibur »), mais que Goldsmith décida de remplacer par sa propre composition originale. Du coup, avec le puissant « Arthur’s Farewell », le maestro apporte sa propre personnalité à la bataille finale en mélangeant choeurs épiques en latin et orchestre déchaîné, dans un superbe maelström de thèmes mélangeant les motifs de Méléagant et ses troupes et la fa nfare d’Arthur : à noter que le compositeur délaisse ici volontairement le thème de Lancelot pour illustrer l’idée que le chevalier a enfin rejoint la cause arthurienne et qu’il est désormais lui aussi un chevalier de la table ronde à part entière. Quand aux puissantes voix du Los Angeles Master Chorale, elles s’élèvent judicieusement à l’écran lorsqu’Arthur reçoit une flèche en plein coeur, marquant ainsi le début de la grande bataille finale. Les paroles latines de la chorale évoquent des chants religieux médiévaux, une sorte de puissant requiem destiné à un Arthur agonisant, tout en évoquant l’idée du bien contre le mal (« Hoc regnum meum est », « Adorate, Dominus Deus noster », « Dominus noster est in caelo »). L’usage répété du mot « Dominus » évoque bien évidemment Dieu mais souligne aussi l’incarnation divine du roi Arthur qui s’apprête à rejoindre les cieux (« Dominus noster est in caelo ») comme le rappellent les paroles latines à la fin de « Arthur’s Farewell », et ce à la manière des grandes messes catholiques médiévales : un grand moment de musique de film, en somme ! Enfin, on ne pourra passer sous silence l’apport incontestable du thème de Camelot et de son incroyable mélange d’espoir et de noblesse qui se dégage de la marche de « Camelot » ou de ses reprises dans « Promise Me », « The Legend of Camelot », « A New Life ». N’oublions pas non plus de souligner le grandiose et poignant « Never Surrender », accompagnant le final lors de la cérémonie funèbre du roi Arthur. Jerry Goldsmith fait lui-même ses adieux au personnage mythique à travers une ultime reprise du thème de Camelot dans un tutti orchestral agrémenté des choeurs, qui reviennent une dernière fois pour magnifier la mélodie principale dans toute sa splendeur : l’idée étant que même si le roi est mort, la cité de Camelot continuera toujours de survivre et de représenter pour tous un idéal de paix, d’honneur et de prospérité. Le lyrisme tragique et déchirant de « Never Surrender » contraste d’ailleurs brillamment avec la grandeur épique de la reprise finale du thème de Camelot, tandis que la fanfare d’Arthur est toujours présente, voire omniprésente, tout au long du film et même dans cette coda grandiose. A noter que le compositeur nous offre même une brève fanfare de trompettes typiquement royale et médiévale pour l’arrivée de dame Guenièvre dans « Meet the Queen », tandis que le thème d’Arthur reste l’élément thématique majeur de « First Knight », malléable et transposable à souhait, y compris sous des formes parfois déguisées, en notes longues, en notes rapides, en contrepoint d’autres motifs, etc. C’est tout là l’art du développement thématique si cher à Jerry Goldsmith et aussi typique de ses grandes partitions symphoniques d’antan. Enfin, comme le rappelle une note émue de l’ingénieur du son Bruce Botnik dans le livret du double album publié par La La Land Records, Jerry Goldsmith était un fervent admirateur des « généraux », Patton et MacArthur, qu’il mis en musique avec passion à travers le film de Franklin J. Schaffner et celui de Joseph Sargent, et, chose moins connue, il était aussi en admiration devant la figure emblématique du légendaire Roi Arthur. C’est aussi la raison pour laquelle « First Knight » représenta un projet exceptionnel pour Jerry Goldsmith, qui rendit ainsi un brillant hommage à son héros de toujours qui incarnait pour lui tant de valeurs. On raconte d’ailleurs qu’à la première du film en 1995, Sean Connery alla voir Jerry Goldsmith en personne (ils se connaissaient déjà depuis la fameuse anecdote de la queue de cheval dans « Medicine Man » en 1992, et s’étaient croisés à plusieurs reprises sur des films tels que « Ransom », « The Wind and the Lion », « Outland » ou bien encore « The Great Train Robbery ») et le remercia chaleureusement pour sa somptueuse partition musicale qu’il appréciait particulièrement. Il faut croire que cette musique toucha même les musiciens qui réussirent à délivrer une performance remarquable en peu de temps (ils n’eurent qu’à peine quelques jours pour tout enregistrer), et ce malgré l’extrême complexité de la musique du film. Grâce à la récente édition complète de La La Land Records, les fans de Jerry Goldsmith peuvent enfin redécouvrir l’intégralité de la partition de « First Knight » avec un son impeccable et la totalité des morceaux qui étaient absents de l’ancienne album de 1995 (notamment tous les passages avec le thème de Lancelot). Le résultat est somme toute absolument magistral et grandiose, une partition d’aventure épique, romantique, guerrière et tragique, un brillant condensé de tout l’art musical de Jerry Goldsmith, un vrai accomplissement musical qui, bien que sans grande prise de risque particulière, offrit le meilleur de ce que le compositeur avait à nous offrir pour le cinéma hollywoodien au milieu des années 90, et ce à une époque où la qualité des films qu’on lui proposait commençait déjà à diminuer dangereusement : malgré la médiocrité du film de Jerry Zucker, Goldsmith réussit à trouver dans cette énième évocation de la légende arthurienne une inspiration exceptionnelle pour créer l’un de ses meilleurs travaux de sa filmographie des années 90, une partition complexe, riche et intense dans le film comme sur l’album, un trésor de musique de film comme on en entend rarement de nos jours : un incontournable de Jerry Goldsmith, en somme, à connaître sans exception ! ---Quentin Billard |