1-If I Could Kiss You 3.39
2-Round Robin 2.56
3-Tear It Down 4.04
4-Love Is Not Enough 3.04
5-I'm Happy Today 3.12
6-A Leap 1.04
7-Sunscreen and Bicycles 2.57
8-A Promise 3.31
9-Build This House
With Me 2.15
10-Leap Of Faith 3.16
11-Building A Family 1.56
12-I'll Take This One 4.05
13-I Built Myself A Life 5.47

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande
302 066 297-2

Produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Tom Carlson
Chargé de la musique pour
New Line Cinema:
Toby Emmerich
Music Executive:
Paul Broucek, Erin Scully
Music Business Affairs:
Lori Silfen
Music Clearance Executive:
Mark Kaufman

Artwork and pictures (c) 2001 New Line Productions, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
LIFE AS A HOUSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
Que feriez-vous s'il ne vous restait que 4 mois à vivre? C'est la question que pose le très beau film d'Irwin Winkler, 'Life As A House' (La maison sur l'océan). Kevin Kline y campe le rôle de George Monroe, un architecte atteint d'un cancer en phase terminale et à qui il ne reste plus que quelques mois à vivre. Tourmenté, George quitte son travail et part retrouver son fils Sam (Hayden Christensen), qu'il a trop longtemps délaissé. Sam vit chez sa mère Robin (Kristin Scott Thomas), qui a divorcé avec George il y a une dizaine d'années. Sam est un adolescent perturbé et rebelle, qui ne respecte personne et vit de combines merdiques (drogue, prostitution). Il est le prototype même du parfait petit con mal dans sa peau, atteint du syndrome 'je hais mon père'. George a conscience de l'avoir délaissé. Aujourd'hui, il va enfin accomplir son rêve en baptisant la maison qu'il a toujours songé construire, au bord de l'océan. George va aussi tout faire pour se racheter auprès de Sam en étant un vrai père pour lui et passer un dernier été, à ses côtés. Leur relation sera particulièrement difficile, étant donné l'hostilité croissante de Sam envers son père. Mais petit à petit, l'ado rebelle va apprendre à connaître son père et à l'aimer comme n'importe quel fils aimerait son père. Pour George, il s'agit d'une véritable concrétisation: Sam est en train de devenir quelqu'un, et ce dernier finit par accepter de l'aider à construire cette maison. Afin d'accélérer la construction, les deux individus vont demander l'aide de Robin, d'Alyssa (ravissante Jena Malone), la jeune amie de Sam, et de leurs familles. George espère ainsi achever la construction de cette maison pour enfin accomplir son rêve et donner un second départ à sa vie, même s'il sait qu'il va mourir dans quelques mois.

Film dur et poignant, 'Life As A House' est une comédie dramatique oscillant entre larmes et espoir. Le message du film est clair: il n'est jamais trop tard pour accomplir ses rêves. C'est en prenant conscience qu'il est au bout du rouleau que George va enfin donner un sens à sa vie. Il avouera aussi à son ex-femme qu'il est toujours fou amoureux d'elle et ira jusqu'au bout, malgré des douleurs de plus en plus fréquentes, dues à sa maladie qui le gagne de jour en jour. Kevin Kline nous prouve qu'il est décidément un très grand acteur, particulièrement doué pour les drames, lui qui a passé la majeure partie de sa carrière à interpréter des rôles de types rigolos ou farfelus dans des comédies américaines en tout genre ('Dave', 'In & Out', 'French Kiss', etc.). 'Life As A House' est sans aucun doute l'un de ses plus beaux rôles de ces dix dernières années, l'acteur illuminant littéralement l'écran de par sa présence, la sobriété de son jeu et sa sensibilité extrêmement convaincante. 'Life As A House' est une fable humaine poignante, l'histoire d'un homme renouant le contact avec son ex-femme, son fils et sa famille en faisant enfin ce qu'il n'a jamais eu le temps (ou le courage) de faire au cours de sa vie. Pour George, cette 'maison sur l'océan' est une sorte de rédemption, d'adieu à la vie, de cadeau à son fils, à ceux qu'ils aiment, à tout ceux qui l'ont soutenus jusqu'au bout. Enfin, cette maison n'est rien de plus, comme le suggère d'ailleurs le titre du film, q'une simple allégorie d'une vie que le héros se construit enfin. Evidemment, les cyniques et autres mauvais esprits cracheront sur ce film en prétextant que ce n'est qu'un mélo hollywoodien de plus. Pourtant, toute personne dotée d'un coeur ne peut rester indifférente face à un tel chef-d'oeuvre de poésie et d'humanité, le film n'en faisant, heureusement, jamais de trop. Une belle leçon d'humanité!

Mark Isham poursuit sa collaboration avec Irwin Winkler, les deux hommes ayant collaborés ensemble sur 'The Net' (1995) et 'At First Sight' (1999). Isham a écrit avec 'Life As A House' l'une de ses plus belles partitions aux côtés de son fameux 'Nell'. Isham a adopté ici un ton similaire à celui de 'Nell' en privilégiant cette fois-ci une thématique plus franche, plus sobre, et une instrumentation restreinte, reposant autour d'un piano très intime, quelques vents et quelques cordes. Le mot d'ordre du compositeur était de jouer sur la retenue en évitant l'ennui qui risquerait en découler. Sur ce plan là, Isham a parfaitement atteint son objectif. Sa partition repose autour de deux thèmes principaux, un premier thème de piano parfois confié à des cordes, exprimant cette histoire de rédemption et d'amour, l'autre thème, tout aussi sobre, exprimant l'idée de l'accomplissement d'un rêve. La partition d'Isham baigne dans une atmosphère nostalgique particulièrement poignante. Agissant tout en retenue, jamais sa musique ne s'élève par-dessus les images dans des élans lyriques mielleux. Sa musique évite fièrement tous les excès lacrymaux trop souvent liés à ce style de production.

Sa partie orchestrale alterne avec quelques morceaux utilisant un mambo, un vibraphone, une basse et quelques synthés très discrets, pour les passages plus légers du score. Le compositeur a ainsi réussi à capter ce mélange entre comédie et drame, chaque style étant délimité clairement par un ensemble instrumental différent. L'utilisation du vibraphone, de mambos et de quelques rythmiques de synthé accentue l'idée de l'espoir, d'un nouveau départ. Ces passages plus rythmés et légers ne sont pas sans rappeler les travaux de Thomas Newman sur des comédies dramatiques du même genre. 'If I Could Kiss You' est ainsi très représentatif de ce style instrumental/électronique typique de ce que fait habituellement Thomas Newman. 'Round Robin' adopte un style similaire, inscrit lui aussi dans la partie plus légère et enjouée du score, avec ces motifs confiés à des marimbas exotiques qui apporte un vent de fraîcheur étonnant dans le film. On retrouve une ambiance similaire dans le très cool 'Sunscreen And Bicycles' (séquence amusante de la crème solaire). Le morceau possède aussi un certain entrain qui évoque un nouveau départ dans la vie de George. Les cordes et le piano restent malgré tout toujours présent.

'A Leap' évoque à son tour l'idée d'un nouvel espoir et d'un premier pas vers le bonheur, le morceau décrivant avec légèreté et entrain la séquence où George se jette dans la mer, tout habillé. Les cordes et le piano entament ici un rythme plus énergique et enthousiasmant. Fils et père s'unissent dans la construction de la maison avec 'Build This House With Me' où Isham reprend son très beau thème principal confié au cordes et aux vents. 'Tear It Down' évoque le rapprochement entre George et Sam lors de la démolition de leur ancienne maison. Le piano semble flotter avec délicatesse par-dessus des cordes chaleureuses, tandis que 'Love Is Not Enough' souligne la résurrection de l'amour entre George et Robin. 'I'm Happy Today' apporte une touche d'espoir et de nostalgie avec le thème principal confié au piano, et soutenue par des cordes paisibles. Avec 'I'm Happy Today', Isham nous fait comprendre que George est heureux, pour la première fois de sa vie. Le côte introspectif de la musique d'Isham n'annihile en rien l'émotion qui se dégage de pièces telles que 'I'm Happy Today', bien au contraire. Ce score nous prouve même qu'il n y a pas besoin d'en faire des tonnes pour émouvoir nos oreilles.

Le thème de la maison est parfaitement développé dans le très beau 'Leap of Faith', où piano et cordes s'unissent pour l'un des plus beaux morceaux du score, évoquant à merveille toute la poésie du très beau film d'Irwin Winkler. 'Building A Family' décrit la construction de la maison avec toute la famille. Les cordes sonnent ici de manière plus énergique. On sent une certaine joie, une certaine fraîcheur propre à cette très belle séquence allégorie (en plus de construire sa nouvelle maison, George a aussi réussi à reconstruire sa famille autour de lui). I'll Built Myself A Life' conclut le film en beauté, reprenant une dernière fois le thème principal, confié au piano, à une clarinette et quelques cordes chaleureuses. On sent dans cette musique une certaine poésie mélancolique et nostalgique, la mélancolie d'un homme agonisant qui veut se racheter auprès de sa famille avant de quitter ce monde. C'est sur cette dernière touche d'espoir que se conclut ce très beau score, tout à l'image du film lui-même. Au final, 'Life As A House' est sans aucun doute l'une des plus belles partitions qu'ait écrit Mark Isham au cours de ces dix dernières années, une partition sobre et émouvante, pleine de poésie, de fraîcheur, d'humanité. Un score chaleureusement recommandé!


---Quentin Billard