1-Main Title (The Home) 2.52
2-Poor Wand'ring One* 2.55
3-The Miscariage 2.19
4-Peyton & Baby Joey 1.30
5-Solomon 3.15
6-Oh Dry The Glist'ning Tear* 3.10
7-Marlene's Discovery 3.21
8-The Greenhouse Affect 2.55
9-Claire Investigate 3.53
10-You're Not My Mommy 4.55
11-Solomon's Baby 2.17
12-End Credit Medley 2.20
13-One Family Again 2.52

*Interprété par le
D'Oyly Carte Opera Company,
Composé par Gilbert et Sulivan,
extrait de 'Pirates of Penzance'.

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Hollywood Records
HR-61304-2

Musique produite par:
Graeme Revell
Monteur de la musique:
Dick Bernstein

Artwork and pictures (c) 1992 Buena Vista Pictures Distribution, Inc. All rights reserved.

Note: ***
THE HAND THAT ROCKS THE CRADLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Réalisateur spécialiste des thrillers, Curtis Hanson nous livra en 1992 l'un de ses meilleurs films, le captivant 'The Hand That Rocks The Cradle' (La main sur le berceau). Dans ce thriller psychologique dérangeant, Annabella Sciorra interprète Claire Bartel, une femme très affairée qui mène une vie heureuse avec son mari Michael (Matt McCoy) et leur petite fille Emma (Madeline Zima - pour son premier rôle au cinéma). Claire attend d'ailleurs un nouvel enfant. Son obstétricien n'étant plus disponible, Claire part consulter le docteur Mott (John DeLancie), réputé pour son professionnalisme. Mais la séance tourne mal, le médecin s'adonnant à des attouchements sexuels sur Claire. S'étant sentie violée, Claire décide de porter plainte contre le Dr.Mott, et sa plainte sera très vite rejointe par celles de 4 autres patientes ayant subies les mêmes attouchements. A la suite de ces plaintes, le Dr.Mott décide finalement de mettre fin à ses jours. Sa femme (Rebecca DeMornay) apprend la triste nouvelle et perd tout ce qu'elle a en l'espace de quelques jours. Après un accouchement difficile, Mrs.Mott perdra aussi son enfant. Abattu, elle n'a plus qu'une idée en tête: se venger de Claire Bartel et sa famille, celle qui est responsable de tous ses ennuis. A son tour, elle va aussi lui pourrir la vie en se faisant passer pour une nounou du nom de Peyton Flanders. En débarquant subitement dans la famille Bartel, Peyton/Mott gagne rapidement la confiance des Bartel et de leur employé, Solomon (Ernie Hudson). Mais, petit à petit, les choses commencent à se dégrader. Peyton prépare une vengeance lente et douloureuse pour Claire et sa famille. Elle compte bien finir par s'emparer de ses deux enfants pour tenter de reconstituer la famille qu'elle n'a pas pu avoir, après avoir s'être vengé sur Claire et Michael. Ces deux-là ignorent encore tout de la monstrueuse femme et de son plan machiavélique.

Formidable montée de tension quasi ininterrompue, 'The Hand That Rocks The Cradle' est un thriller psychologique dans la plus pure tradition du genre. Curtis Hanson est parti d'une simple histoire de vengeance pour élaborer progressivement un suspense redoutable dans lequel l'angoisse devient de plus en plus palpable. Le spectateur sait déjà ce qui va arriver puisqu'il connaît depuis le début le secret de Mrs.Mott, mais il ignore encore tout de la façon dont les choses vont se présenter. Une seule question vient alors à l'esprit du spectateur anxieux: Claire réussira t'elle à démasquer Peyton avant qu'il ne soit trop tard? Cette histoire possède un côté perturbant, voire dérangeant. On sent toute la haine et la colère qui habite Peyton. On la sent prête à tout faire pour détruire l'innocente famille de Claire, et on assiste impuissant à cette longue descente aux enfers pour la famille Bartel. Mention spéciale ici à l'excellente Rebecca DeMornay, dans l'un de ses meilleurs rôles pour le cinéma. L'actrice arrive à faire véhiculer à l'écran toute la haine que possède son personnage, et on la sent toujours prête à exploser d'un moment à l'autre (cf. excellente scène de colère dans les toilettes, vers le début du film). Sinistre à souhait, Peyton/Mott possède ce côté inquiétant, ce côté perturbant. Derrière ce joli minois se cache un véritable monstre. On la sait capable de tout, mais on ne sait jamais quand elle va frapper et quelle sera sa prochaine cible. Malgré le fait que l'ensemble soit extrêmement prévisible, 'The Hand That Rocks The Cradle' est un excellent thriller psychologique, pour lequel Rebecca DeMornay a obtenu le prix de l'interprétation féminine au festival de Cognac en 1992, le film ayant remporté le grand prix du public.

En 1989, Graeme Revell débutait sa carrière de compositeur pour le cinéma avec l'excellent et sinistre 'Dead Calm' (Calme Blanc), partition expérimentale réputée pour son alliage entre de sons de souffles humains, de voix de soprano et de sonorités électroniques diverses. Depuis, le compositeur a fait son petit bonhomme de chemin, mais en 1992, il signait l'une de ses plus sombres partitions orchestrales du début des années 90. 'The Hand That Rocks The Cradle' représente son premier investissement sérieux après avoir participé à quelques séries-B d'horreur tout à fait quelconques. Le film de Curtis Hanson lui a permit de mettre au point l'une de ses premières partitions orchestrales, avec l'aide de son fidèle orchestrateur, Tim Simonec. Le résultat est à la hauteur de nos attentes, même s'il faudra attendre 'The Crow' en 1994 pour que Graeme Revell soit enfin révélé au public. La partition orchestrale de 'The Hand That Rocks The Cradle' développe tout au long du film une ambiance noire particulièrement étouffante. Le compositeur a parfaitement réussi à retranscrire l'immuable montée de tension du film, nous prouvant au passage qu'il est particulièrement à l'aise dans le domaine du thriller.

Le 'Main Title' nous expose le thème principal, petite berceuse tendre et nostalgique, représentant le seul élément véritablement mélodique de toute la partition. Confié à des flûtes, des cordes chaleureuses et une harpe, ce très beau thème évoque la famille Bartel et l'innocence des deux enfants, qui sont loin de s'imaginer que leur nouvelle nounou est un 'monstre' sans scrupules. En réalité, le thème est adapté d'un air d'opérette de William S.Gilbert et de Arthur S.Sullivan, deux musiciens anglais de la fin du 19ème siècle qui avaient l'habitude de travailler ensemble sur des opérettes à sujet léger. Le thème du 'Main Title' est adapté de l'air 'Poor Wand'ring One', extrait du final de l'acte II de l'opéra 'The Pirates of Penzance', considéré à juste titre comme l'une des plus célèbres opérette anglaise du duo Gilbert/Sullivan. A noter qu'on entend plusieurs fois ce morceau écouté par des personnages du film, souvent diffusé à travers le réveil-radio de Peyton, où l'on pourra entendre d'autres pièces d'opérette. Revell a donc eu la bonne idée de nous proposer un arrangement orchestral de ce très joli thème pour son 'Main Title', peut-être aussi pour évoquer la double face de la sinistre Peyton. Voilà en tout cas une idée intéressante qui nous incite déjà à nous pencher d'un peu plus près sur cette très intéressante partition symphonique.

'The Miscarriage' impose immédiatement le ton sombre et psychologique du score, pour la séquence du début où Mrs.Mott perd son bébé. Avec des timbales inquiétantes et des cordes glaciales, Revell installe une ambiance inquiétante, synonyme d'un certain trouble qui ne cessera d'aller crescendo tout au long du film. L'album du score délaisse honteusement l'un des premiers grands moments du score, la séquence du viol chez l'obstétricien au début du film. Après avoir installé un climat dérangeant, Revell poursuit en ayant recours à des cordes stridentes et extrêmement grinçant, une idée musicale qui renforce à merveille le malaise de la scène (crise d'asthme de Claire, etc.). 'Peyton & Baby Joey' installe une ambiance faussement rassurante, pour évoquer l'apparente gentillesse de Peyton. 'Solomon' évoque le côté plus suspense du score, avec des cordes froides tout à fait typique de l'ambiance tendue recherchée par le compositeur tout au long du film.

Avec le sombre et agité 'Marlene's Discovery', les choses se précisent, et la tension monte encore d'un cran. Marlene (Julianne Moore) découvre toute la vérité à propos de Peyton/Mott et décide d'alerter Claire du danger qu'elle court, elle et sa famille. On sent alors le côté inexorable de cette sombre histoire. Revell a recours ici à un nouveau motif de 4 notes ascendantes que le compositeur a apparemment repiqué du score de 'The Silence of The Lambs' d'Howard Shore. A ce sujet, il est assez difficile de ne pas ressentir l'influence qu'a eu le fameux score de Shore sur celui de Graeme Revell pour 'The Hand That Rocks The Cradle'. C'est avec 'Claire Investigates' que l'on découvre le lien très étroit qu'entretient la partition avec le 'Finale' de 'The Silence of The Lambs'. Revell va même jusqu'à reprendre le motif en flûtes de 4 notes du 'Finale' pour la séquence où Claire va visiter l'ancienne demeure des Mott et découvre enfin le secret de Peyton. Pour peu que l'on soit sensible à ce genre d'emprunt fort douteux, on passera par dessus cela pour apprécier les réelles qualités d'écriture de cette sombre partition orchestrale, où la tension est le mot-clé du score de Revell.

L'inévitable confrontation finale se fera avec l'un des passages les plus violents du score, avec son lot de percussions agressives, de sursauts de cordes sinistres et de clusters stridents. Revell ménage le suspense tout au long du film et installe très rapidement une ambiance psychologique assez saisissante, même si, comme nous l'avons déjà signalé ci-dessus, l'ensemble est un peu trop inspiré du 'The Silence of The Lambs' d'Howard Shore (imposé par les temp-tracks du film?). Les cordes froides de 'The Greenhouse Affect' ou 'Solomon' renvoient par moment au style du 'Psycho' de Bernard Herrmann. 'Solomon's Baby' nous permet de réentendre le thème rassurant de 'Poor Wand'ring One' réexposé à des cordes chaleureuses et intimes pour la fin du film. Revell conclut son film avec un 'End Credit Medley' reprenant toutes les idées du film, à la fois sombres et intimes. Quel dommage que l'album omette la plupart des morceaux de terreur du score, qui ne sont pas très nombreux mais qui auraient permis d'avoir une écoute plus en relief, et surtout plus complète par rapport à la musique dans le film.

'The Hand That Rocks The Cradle' est un premier bel effort orchestral de la part de Graeme Revell, peu de temps avant qu'il se lance dans les gros films d'action qu'il mettra en musique au milieu des années 90. Un score intéressant à défaut d'être particulièrement indispensable, dans la lignée des partitions suspense/thriller habituelles, baignant dans une atmosphère psychologique tendue et particulièrement inquiétante. Un score à découvrir, surtout pour ceux qui ne connaîtraient que les scores les plus récents du compositeur, ceux qui ne sont pas toujours les plus inspirés. Un score que l'on appréciera certainement, à condition de passer au-delà des emprunts flagrants à 'The Silence of The Lambs' d'Howard Shore.



---Quentin Billard