1-Drive 3.26
2-Big For The Shrink 1.22
3-Keanuvision 0.28
4-Grif Gets A Girl 2.55
5-Tracking A Honda 1.57
6-Turtle Luv 2.19
7-Face Down 2.35
8-Search Montage 1.59
9-Queen Of Spaders 0.40
10-No Silence 2.30
11-In The Soup 0.25
12-Hunting A Griffin 1.49
13-Special Delivery 1.11
14-The Package 2.25
15-Luv In An Elevator 2.06
16-Grif On The Go 2.50
17-Dis Go Dis Way 2.06
18-Crime Scene 1.50
19-Booty Hunt 1.59
20-Panty Raid 1.18
21-Hot Tomei-to 1.34
22-Put Away The Wet 2.04
23-"The Watcher"
End Credits 2.39
24-Ghost Waltz 1.03

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-6181

Produit par:
Marco Beltrami
Producteur exécutif:
Robert Townson
Chargé de la musique pour
Universal Pictures:
Harry Garfield
Musique additionnelle:
Buck Sanders
Monteur de la musique:
Chris McGeary
Music Business Affairs:
Phil Cohen
Préparation de la musique:
Julian Bratolyubov

Artwork and pictures (c) 2000 Universal Studios. All rights reserved.

Note: **1/2
THE WATCHER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
Les artisans hollywoodiens ne cesseront-ils donc jamais de nous abrutir toujours plus avec des thrillers de plus en plus médiocres? 'The Watcher' fait encore partie de cette catégorie de polar quelconque, même pas à la hauteur des meilleures série-B du dimanche soir. Le réalisateur, Joe Charbanic, débute dans le métier. Certes, on lui souhaite bien du courage pour la suite, mais pour son premier essai cinématographique, ca ne vole vraiment pas très haut, et pourtant, le scénario partait d'une bonne idée: un serial-killer noue une relation amicale ambiguë avec le flic qui le poursuivit il y a plusieurs années, après avoir fait brûler sa femme. James Spader campe ainsi le rôle de Joel Campbell, un flic fatigué et meurtri par la mort de sa femme, et qui, pour tenter de survivre, consulte régulièrement une jolie psychiatre du nom de Polly Beilman (Marisa Tomei). Elle est la seule personne capable de l'aider à s'en sortir. C'est là que ressurgit dans sa vie David Allen Griffin (Keanu Reeves), le psychopathe responsable de la mort de la femme de Joel. Griffin l'a suivi jusqu'à Chicago et compte bien le faire replonger dans le cauchemar vécu quelques années auparavant. Cette fois-ci, le tueur lui lance un défi: il devra retrouver sa future victime en moins d'une journée (une jeune femme célibataire au physique quelconque). Passé 19 heures, la femme kidnappée moura. Joel doit collaborer avec la police de Chicago pour tenter d'arrêter le tueur et de mettre fin à cette horrible machination, mais de victime en victime, Griffin semble être véritablement insaisissable, jusqu'à ce qu'il décide de s'en prendre à Polly, la psy de Joel. S'en suit alors une course contre la montre jusqu'à l'inévitable confrontation finale entre les deux individus.

Rien de bien nouveau ici; le scénario est on ne peut plus basique! Un serial-killer sévit dans la ville et nargue le flic chargé de l'enquête, la nouveauté étant qu'ici, le psychopathe communique avec le flic. Evidemment, le message social du film est clair: en choisissant ses victimes parmi les jeunes femmes que tout le monde ignore, Griffin dénonce à sa façon le manque de communication entre les gens dans la société urbaine contemporaine. Par conséquent, il sait que lorsque la police recherche ses femmes avant qu'elles soient assassinées, c'est pour la laisser se heurter à l'indifférence des gens qui, soit ne connaissent pas la femme en question (comment peuvent-ils la connaître si tout le monde s'ignore mutuellement?), soit n'en n'ont rien à secouer et continuent de mener leur petite existence sereine, perdue dans cette jungle urbaine déshumanisée. Cette idée fort intéressante aurait pu aboutir à une intrigue psychologique/philosophique plus complexe, dans lequel le personnage du serial-killer aurait put avoir une importance moindre en tant que tueur, et plus en tant que vecteur d'idées métaphoriques (le meurtre aurait alors été une métaphore de la 'condamnation' de ces femmes, condamnées à errer seule dans ses villes déshumanisées où tout le monde les ignore). Evidemment, il n'en est rien, puisque le réalisateur est très rapidement tombé dans les sempiternels stéréotypes des séries-B hollywoodiennes de bas étage, la faute à un manque d'idée flagrant, à une mise en scène un peu trop tape-à-l'oeil (les ralentis inutiles et l'usage abusif de flashs solarisés sont tout à fait dispensables), à une fin ratée et ridicule et à un scénario ultra stéréotypé à en mourir. Reste que Keanu Reeves semble prendre un malin plaisir à interpréter ce serial-killer psychopathe, un rôle à contre-emploi qui prouve la diversité du jeu d'acteur du comédien. A part ça, on ne retiendra pas grand chose de ce film. Bref, encore un gros navet de plus à inscrire dans l'univers des thrillers made in U.S.

Hissé au rang des compositeurs les plus demandés en ce moment grâce à la trilogie 'Scream' de Wes Craven, Marco Beltrami prolonge son exploration des ambiances glauques et sinistres avec 'The Watcher' pour lequel il nous livre un score électronique/orchestral sans aucune surprise particulière. A l'image de la mise en scène (trop?) stylée du réalisateur, la musique de Beltrami adopte un ton résolument moderne en ayant recours à toute une série de sonorités électroniques et de rythmiques pop/électro bien à la mode. 'Driven' fait office de 'Main Titles' du score. Cette introduction nous permet d'entendre un thème assez mélancolique confié à une voix féminine soutenue par des tenues de cordes de plus en plus amples et une rythmique pop/électronique très présente (à noter ici un excellent travail autour des différentes sonorités électroniques assez particulières ici). Cette sympathique introduction nous permet de ressentir tout le côté à la fois sombre et dramatique de cette sinistre histoire. Le thème en vocalise de 'Driven' prend une tournure de plus en plus intense, accentué par un crescendo dramatique illustré à l'écran par des images floues et saccadées suggérant la poursuite entre Joel et Griffin. Le reste du score va s'orienter vers une approche plus sombre, entre suspense glauque et mélancolie passagère. Cette mélancolie est illustrée par 'Big For The Shrink', évoquant la solitude de Joel dans son appartement. On retrouve ici le côté plus intime, typique de Beltrami, avec des cordes chaleureuses et un son plus cristallin et léger, de type célesta. On ressent ici la souffrance intérieure d'un flic meurtri, au bout du rouleau. 'Keanuvision' (typique du nom des pistes de ce score: un jeu de mot avec les noms des acteurs du film: 'Queen of Spaders', 'Hot Tomei-to', etc.) nous plonge dans l'ambiance plus cauchemardesque et suffocante du score avec les séquences illustrant la menace du tueur, observant ses prochaines victimes. Beltrami prolonge ici son travail autour des différentes sonorités électroniques et nous propose des alliages de sonorités assez intéressantes sans être révolutionnaire. 'Keanuvision' est aussi le premier passage de suspense du score, créant un certain sentiment de malaise qui restera omniprésent tout au long de cette partition brumeuse. La plus belle réussite de ce score provient sans aucun doute de ce sentiment de malaise qui semble hanter la plupart des morceaux de suspense du score de Beltrami.

'Grif Gets A Girl' est un moment de terreur pure et dure, avec ces sonorités électroniques blafardes et malsaines (utilisation récurrente de ces espèces de petits sons de cloches étranges) et ces grincements de cordes plus typiques de l'écriture de 'Scream' ou 'The Faculty'. Le morceau évoque la premier meurtre du serial-killer dans une ambiance de terreur comme seul Beltrami sait en faire. 'Tracking A Honda' illustre la poursuite en voiture vers le début du film, avec une rythmique électronique plus proche de 'Driven' et un orchestre où domine les sonorités sombres. Entre deux moments de terreur ou de suspense, Beltrami n'oublie pas d'évoquer la dimension plus humaine du film dans 'Face Down' où l'on retrouve les cordes mélancoliques de 'Big For The Shrink'. 'Queen Of Spaders' poursuite cette ambiance mélancolique liée au héros par le biais d'un petit motif de célesta, de sonorités électroniques et de voix féminines éthérées. Puis, on repart dans l'action avec 'Search Montage' reprenant le style de 'Driven' avec ses cordes et sa rythmique électronique omniprésente, le tout enveloppé dans une ambiance à la fois sombre et déterminée. Le morceau évoque le déroulement de l'enquête pour tenter de retrouver Griffin et les jeunes femmes qu'il menace de tuer en fin de journée.

'No Silence' et 'In The Soup' sont typiques du style suspense du compositeur, surtout le 'In The Soup', dont on retrouve certains tics orchestraux hérités de 'Mimic' ou 'Scream'. La traque contre le serial-killer s'intensifie avec le sombre 'Hunting A Griffin' pour une nouvelle scène de poursuite dans la rue entre Joel et Griffin, dans laquelle dominent des formules rythmiques à la fois simple et épurées. A noter que, à l'inverse de 'Scream' ou 'Mimic', l'orchestre a parfois tendance à occuper une place secondaire dans certains morceaux de suspense du score. 'The Package' nous permet de réentendre au passage la voix féminine de 'Driven' pour un autre moment de terreur illustrant les méfaits du tueur fou. Le malaise déjà annoncé par 'Keanuvision' se retrouve dans un passage comme 'Luv In An Elevator', pour la séquence où Griffin monte dans le même ascenseur que Joel, ignorant totalement que le tueur qu'il poursuit se trouve à ses côtés, dans l'ascenseur. 'Luv In An Elevator' est un autre passage d'exploration de sonorités électroniques mixées avec des cordes sinistres et stridentes. Plus l'intrigue avance, plus on sent la menace peser sur Joel. On sait que le tueur se rapproche de plus en plus de lui, et justement, il est question de ce tueur dans 'Grif On The Go' où ressurgit le thème de 4 notes de 'Search Montage' (à noter que le thématique est loin d'être l'un des points forts du score) sur une rythmique orchestrale plus agitée, cordes et cuivres à l'appui. 'Dis Go Dis Way' est un autre passage d'action illustrant la traque intensive contre Griffin, poursuivi par Joel et la police. 'Booty Hunt' est le troisième bon passage d'action du score (sans oublier 'Hunting A Griffin') avec ces cordes tendues illustrant avec sobriété le suspense de ces séquences de traque. Cette chasse à l'homme culmine dans 'Hot Tomei-to', acte final du score illustré par des cuivres chaotiques et des cordes de plus en plus stressantes, rythmique électronique à l'appui. 'Put Away The Wet' vient finalement apporter le calme et la sérénité pour le final du film, conclusion mélancolique et plus mélodique, dans le style de 'Big For The Shrink', Beltrami nous ayant réservé deux petits bonus pour son album, le sympathique 'The Watcher End Credits' résumant toutes les idées du score (suspense glauque, action, etc.), sans oublier la 'Ghost Waltz' qui semble surgir de nulle part.

Certes, le score de 'The Watcher' nous propose un accompagnement tout à fait en adéquation avec le thriller de Joe Charbanic, avec son lot de suspense, de malaise et d'action, le seul problème étant que cette partition est nettement moins accessible que 'Scream', 'The Faculty' ou 'Mimic'. La faute à un certain manque d'idées thématiques et à un travail de sonorités électroniques fastidieux et réussi, mais qui oblige parfois le compositeur à délaisser l'orchestre qui imposait pourtant toute sa puissance sur les trois partitions citées précédemment. D'autre part, la musique de 'The Watcher' n'apportera malheureusement rien à la carrière de Marco Beltrami, 'The Watcher' pouvant même être considéré comme l'une de ses partitions les moins inspirées. Reste que le compositeur a quand même accompli sa tâche en bon professionnel qui se respecte, mais sans apporter quelque chose de neuf au genre. Dans le genre terreur/suspense, on préfèrera sans aucun doute se rabattre sur les partitions plus anciennes du compositeur. Un score thriller relativement assez sympa, mais pas franchement inoubliable.


---Quentin Billard