1-All Dressed Up In Blue 4.18
2-Garrison, NJ 1.44
3-Yellow Betray Blue 3.31
4-Local Boy Saves
Drowning Teen 3.03
5-Mashed Potatoes
Don't Mean Gravy 2.21
6-The Sheriff Of Copland 2.37
7-Pool Of Crimson 4.37
8-The Diagonal Rule 4.25
9-Across The River 4.58
10-Big Blue Pow Wow 2.28
11-Without Looking
At The Cards 4.06
12-One Police Plaza 2.03

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

Milan Records
74321 53128-2

Musique produite par:
Howard Shore
Coordinateurs de la musique:
Jennifer Dunnington,
Dan Evans Farkas

Monteurs de la musique:
David Carbonara,
Nicole Ruffine

Producteurs exécutifs pour
Miramax Films:
Bob Weinstein,
Harvey Weinstein,
Scott Greenstein

Chargés de la musique pour
Miramax Films:
Jeffrey Kimbal,
Beth Rosenblatt

Superviseurs de la musique:
Mary Ramos,
Michelle Kuznetsky

Artwork and pictures (c) 1997 Miramax Film Corp. All rights reserved.

Note: ***
COP LAND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
'Cop Land' est bien un film à part dans l'univers des polars hollywoodiens de 1997. La même année sortait le très bon 'L.A. Confidential' de Curtis Hanson, autre polar que l'on a souvent comparé avec le film de James Mangold. Si les deux productions atteignent pleinement leur objectif, 'Cop Land' possède une particularité en plus: il met en scène Sylvester Stallone dans un rôle à contre-emploi là où personne ne l'attendait, et pour prouver son réel talent d'acteur, le comédien a accepté de toucher un salaire minimum, soit près 60000 dollars, ce qui représente une bouchée de pain dans le salaire des stars comme Stallone, qui avoisine très souvent entre les 15 et les 20 millions de dollars (Comble du paradoxe, Stallone est tout de même considéré comme l'un des acteurs les mieux payés à Hollywood). Sly en avait-il ras-le-bol d'être catalogué 'gros bourrin qui casse tout', à l'instar de son collègue, Arnold Schwarzenegger? Possible, d'autant que Stallone a toujours revendiqué son goût pour d'autres horizons cinématographiques et culturels. Dans 'Cop Land', point de 'Rambo' à la gâchette facile. L'histoire se déroule à Garrison, dans le New Jersey, une petite ville dirigée par des flics corrompus, qui mènent une vie de pachas en trempant dans des combines mafieuses louches. Mais Garrison, c'est aussi la loi du silence. Ici, tous les flics sont solidaires entre eux, et personne ne balancera jamais personne. Pourtant, les ennuis commencent le jour où l'un d'entre eux, Murray Babitch (Michael Rapaport) surnommé 'Superboy', tue accidentellement deux criminels noirs qui ont tenté de l'agresser en voiture. Sur place, les policiers découvrent que ce que Babitch avait pris pour une arme n'était en fait qu'une simple canne antivol. Il a donc abattu deux noirs désarmés.

'Superboy' est dans les ennuis jusqu'au coup, et pour essayer de lui sauver la mise, ses collègues Ray (Harvey Keitel), Leo (John Spencer) et Jack (Robert Patrick) vont organiser une conspiration visant à faire croire à son suicide, et afin de l'innocenter, l'un d'entre eux va déposer une arme dans la voiture des deux victimes, pour faire croire à de la légitime défense. C'est là qu'intervient le lieutenant Moe Tilden (Robert De Niro), inspecteur du bureau des affaires internes chargé d'enquête sur certains flics de la ville. Ray et ses compères ne voient pas trop d'un bon oeil la venue de Tilden à Garrison. Sentant cela, Tilden part s'adresser au shérif Freddy Heflin (Sylvester Stallone) qui veille paisiblement sur la ville. L'inspecteur comprend très vite que Freddy est hors du coup et qu'il est bien trop naïf. Freddy s'est toujours tu jusqu'à présent, appliquant au pied de la lettre la fameuse loi du silence. C'est un type honnête, qui ne cherche jamais les ennuis, qui reste seul, tranquille, dans son coin. Ici, ce n'est pas lui qui dirige la ville mais la bande de 'oncle' Ray et ses relations. Comme si cela ne suffisait pas, Freddy souffre d'une surdité à l'oreille droite depuis le jour où il a sauvé la vie à Liz Randone (Annabella Sciorra), la femme qu'il aime et qui a finalement épousé un autre flic, même si elle a toujours été très reconnaissante pour ce qu'il a fait pour elle. Evidemment, son trouble auditif a toujours empêché à Freddy de rentrer dans la police. Mais aujourd'hui, les choses vont enfin changer. D'un seul coup, Freddy voit clair pour la première fois: toute sa vie, on lui a dit de faire ce qu'il devait faire, sans jamais broncher, sans jamais poser de question. Bref, il s'est toujours laissé marcher sur les pieds, surtout à cause de sa gentillesse et de sa naïveté enfantine. Mais aujourd'hui, devant la corruption grandissante de 'flic-ville', Freddy est bel et bien décidé à faire appliquer le fameux adage: 'nul n'est au-dessus des lois'. Freddy va devoir se battre seul contre tous, pour protéger 'Superboy' et l'amener devant une cours où il pourra témoigner de tout ce qu'il sait.

Ce polar captivant possède un scénario complexe dans lequel le héros n'est pas le gros dur habituel que l'on voit quotidiennement dans ce genre de film. Il sort très progressivement de sa torpeur et se 'réveille' difficilement à la fin du film, mais au début, il apparaît comme un véritable loser qui se fait marcher sur les pieds. On pourra peut-être regretter le retournement de situation finale, peut-être amené un peu trop brusquement. A noter, pour finir, que le film repose sur un casting vraiment très impressionnant, puisqu'on y retrouve des pointures telles que Sylvester Stallone, Harvey Keitel, Ray Liotta, Robert De Niro, Peter Berg, Robert Patrick, Michael Rapaport, Annabella Sciorra, Noah Emmerich, John Spencer, etc. bref, voilà, pour une fois, un thriller de qualité signé par l'un des nouveaux maîtres du genre, James Mangold.

Le score d'Howard Shore 'Cop Land' n'est pas ce que le compositeur a fait de mieux dans le genre, mais il mérite néanmoins d'être remarqué pour l'excellente atmosphère qu'il crée dans le film. Un an avant 'Cop Land', Howard Shore avait vu sa partition pour le 'Ransom' de Ron Howard rejeté au profit d'un score de James Horner fait à la va-vite. Shore reste finalement dans le domaine du thriller et se rattrape avec le film de James Mangold, pour lequel il signe une partition orchestrale lente et sombre. La thématique du score est réduite au strict minimum au profit de pièces atmosphériques lentes et moroses. 'All Dressed Up In Blue' impose d'entrée le ton oppressant du score, dans la lignée de ce que le compositeur a déjà fait sur le 'Se7en' de David Fincher. Shore met en valeur ici de longues tenues de cordes et de cuivres qui ne cessent de faire monter inexorablement la tension, un élément particulièrement marquant dans la séquence sur le pont, au début du film. Le compositeur crée une atmosphère particulièrement lourde et intense dans cette scène. La tension rend la séquence encore plus captivante. A noter l'utilisation assez discrète du synthétiseur, qui n'a qu'un seul but ici: renforcer l'ambiance noire et tendue du score d'Howard Shore.

Le générique de début permet au compositeur d'amorcer l'un de ses motifs principaux, plus rythmique que réellement mélodique, dans lequel le synthétiseur est présent, sur un fond de cordes lentes et sombres, typiques du score de 'Cop Land'. Le but du compositeur est clair ici: sa musique doit refléter le malaise omniprésent dans cette ville gangrenée par la mafia et les flics corrompus. Il cherche aussi à évoquer l'inexorabilité de " l'explosion " finale du héros campé par un Sly méconnaissable, d'où un grand crescendo de tension parfois assez oppressant. 'Yellow Betray Blue' est un de ces moments particulièrement violent où le compositeur utilise des percussions très présentes, des cuivres pesants à la 'Se7en' et quelques éléments électroniques. 'Garrison, NJ' permet à Shore utiliser de manière tout à fait surprenante une cornemuse. L'instrument est ici associé à la ville et au shérif. Il pourrait servir à évoquer son appartenance. A noter que, pour la séquence des funérailles, on peut justement entendre un orchestre de cornemuses - l'instrument serait donc attaché ici à une idée funèbre renvoyant à l'intrigue noire du film. C'est en tout cas une idée très intéressante qui apporte un petit plus à un score assez monotone. A noter, pour finir avec ce morceau, que le compositeur réutilise le motif du générique de début, joué ici par une trompette plus solitaire et solennelle, comme pour évoquer la lutte du shérif contre l'oppression qui règne dans cette ville.

'Local Boy Saves Drowning Teen' est tout à fait représentatif de l'ambiance noire du score, avec ces tenues de cordes lentes et ces cuivres toujours très présents. Shore utilise ici un autre thème assez sombre, lié aux souvenirs de Freddy lorsqu'il sauva Liz (Annabella Sciorra) durant sa jeunesse. On retrouve une ambiance tout à fait similaire dans le sinistre 'Mashed Potatoes Don't Mean Gravy', où l'orchestre se fait encore plus dissonant et tendu. Le thème principal apparaît de manière très prenante dans l'envoûtant 'The Sheriff Of Cop Land'. Pas vraiment mélodique, le thème de 'Cop Land' se reconnaît surtout à ce motif de 3 notes se balançant sur deux accords mineurs très sombres. Construit de manière très simple, le thème principal évoque le héros du film et le dilemme auquel il doit faire face: doit-il laisser faire ses collègues policiers en sachant qu'ils bafouent la loi ou doit-il enfin intervenir et risquer de s'attirer de gros ennuis? Cette sombre interrogation est parfaitement reflétée dans l'un des meilleurs passages du score, pour la séquence où Freddy fait des recherches, un soir, dans son bureau, et découvre enfin toute la vérité. La musique de Shore est à ce moment là assez prenante. On sent l'inexorabilité d'un affrontement violent contre Ray et sa bande. On sent aussi le drame d'un homme qui se retrouve seul contre tous (même ses collègues ne le croient pas). Shore impose alors cette ambiance noire et morose, toujours très lente et suffisamment captivante ici pour se détacher un peu du reste du score, toujours assez monotone.

Le reste du score va s'attacher à développer cette atmosphère lente et sombre, dans lequel la tension et le suspense sont nettement bien entretenus. 'Pool Of Crimson' évoque ainsi la séquence de la tentative de meurtre de 'Superboy' avec des cuivres sombres, des tenues de cordes oppressantes et des percussions pesantes, typiques du style thriller/suspense d'Howard Shore. 'Across The River' nous permet de réentendre le thème du shérif et son atmosphère sombre et morose, comme dans le tendu 'Big Blue Pow Wow'. 'Without Looking At The Cards' est un passage plus terrifiant, avec des sonorités électroniques étranges et l'utilisation d'une cornemuse pour la fusillade finale, probablement l'un des plus sinistres passages du score, dans lequel les sonorités électroniques créent un sentiment de malaise très impressionnant à l'écran. Freddy a été blessé à son autre oreille, et marche très laborieusement, son fusil à la main, prêt à régler définitivement son compte à Ray et ses potes. La cornemuse est de nouveau attachée ici à une idée funèbre, nous faisant très clairement comprendre que l'issue de cette séquence ne pourrait être que fatale pour l'un des deux adversaires. 'One Police Plaza' conclut le film avec un dernier rappel des principaux thèmes du score.

'Cop Land' est un score noir et oppressant, dont l'un des principaux défauts est un manque d'originalité et une atmosphère un peu trop monotone. Certes, 'Cop Land' est loin de pouvoir s'inscrire parmi les chefs-d'oeuvre du compositeur canadien. Il n'en demeure pas moins un score de qualité, où Howard Shore nous prouve qu'un thriller peut très bien être mis en musique sans avoir recours à des déchaînements orchestraux brutaux, comme c'est le cas dans le 'L.A. Confidential' de Jerry Goldsmith. Un score thriller/suspense très sombre, qui mérite plusieurs écoutes avant de pouvoir en apprécier toutes les qualités.


---Quentin Billard