On se demande parfois ce qui leur passe par la tête...pensez-vous vraiment qu'il y avait besoin de faire un quatrième épisode à l'une des plus médiocres séries de film d'horreur des années 80/90? Avec 'Child's Play' en 1988, le réalisateur Tom Holland (spécialiste de films d'horreur durant les années 80) mettait en scène une affreuse poupée tueuse, contrôlée par l'esprit d'un serial-killer abattu par la police. Le concept était amusant pour l'époque (il devait surtout terroriser les enfants, les autres devaient bien se poiler...) mais faire deux autres suites à un tel navet n'était pas acceptable. Et voilà que le spécialiste des navets en tout genre Ronny Yu fait ressusciter cette poupée de sang pour un quatrième opus encore plus débile que les précédents. Cette fois-ci, Chucky est ramenée à la vie par son ancienne fiancée Tiffany (Jennifer Tilly), du temps où il était encore humain (à noter que c'est Brad Dourif qui prête sa voix au personnage, et ce depuis le premier épisode). Mais le courant ne passe plus tellement entre eux. Chucky décide finalement de tuer Tiffany et de ramer son âme dans une poupée. Et voilà le nouveau couple de poupées tout récemment formé, prêt à commettre de nouveaux méfaits sanglants. Ils vont alors croiser la route d'un autre jeune couple d'amoureux, Jade (Katherine Heigl) et Jesse (Nick Stabile). Accusé à tort de la mort d'un policier, Jade et Jesse vont devoir fuir à bord de leur camping-car, sans même savoir que les deux poupées qu'ils transportent à bord sont de véritables machines à tuer assoiffées de sang.

Le film n'est donc qu'une succession de tueries et autres trucs gores en tout genre. Ronny Yu apporte cette fois-ci une touche d'humour considérable, et malgré une bonne qualité technique, il n'arrive jamais à nous terroriser car on n'y croit pas une seule seconde: deux poupées qui font l'amour, qui tuent un homme avec des clous, qui ont du sang comme des humains, qui s'aiment, qui massacrent tout ce qui bouge, etc. comment voulez-vous que l'on se prête au jeu avec un truc aussi gros? On se demande même parfois si les personnes qui font ce genre de film ne prendraient pas les spectateurs pour des idiots. Reste que, malgré quelques trucs gores assez inventifs, l'intérêt principal de 'Bride of Chucky' réside surtout dans les nombreuses touches d'humour du film, et notamment avec les nombreux clins d'oeil à d'autres classiques de l'horreur comme la quadruple allusion à 'Halloween', 'A Nigthmare on Elm Street', 'Friday The 13th' et 'The Texas Chain Saw Massacre' au tout début du film, sans oublier l'allusion à 'Psycho' (le coup de couteau dans la douche), 'The Omen' (l'un des personnages du début s'appelle Damien Baylock), 'Bride of Frankenstein' (tout le concept de 'Bride of Chucky' est calquée sur ce film) ou encore l'hilarant clin d'oeil à 'Hellraiser' (mort du shérif Warren avec les clous dans la tête, l'allusion étant accentuée par une réplique de Chucky du genre: 'tiens, ca me rappelle quelque chose'). A noter pour finir que l'affiche du film imite celle de 'Scream 2'. En dehors de tout cela, le film ne vaut pas grand chose. Une véritable honte, qui n'a de place que dans une poubelle, et encore!

Décidément, Graeme Revell est un adepte des navets en tout genre, lui qui a passé une bonne partie de sa carrière à mette en musique des daubes du genre 'Street Fighter', 'Spawn', 'Power Rangers' ou 'Tomb Raider'. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu un film d'horreur à mettre en musique, et ce même s'il a fait récemment 'Bats' (1999) et 'Pitch Black' (2000). Rappelons que le compositeur a débuté sa carrière avec ce style de films ('Psycho IV', 'Child's Play 2', 'The People Under The Stairs', etc.). Evidemment, Revell n'est pas étranger à la série des Chucky puisqu'il a déjà mis le premier épisode en musique en 1990. Pour 'Bride of Chucky', Revell revient avec le matériau de musique d'horreur habituel: orchestre dominé par des cordes grinçantes et stridentes, des cuivres agressifs, des percussions brutales et quelques touches d'électronique pour accentuer l'ambiance noire du score. Rien de bien nouveau dans le genre donc.

Le score de 'Bride of Chucky' rappelle beaucoup ce qu'a fait Marco Beltrami sur le trois 'Scream' de Wes Craven. En réalité, le score semble plus s'orienter vers 'Scream 2', puisque, en dehors de certains tics orchestraux inspirés du style terreur/suspense de Beltrami, on retrouve un thème de guitare copié sur celui qu'on pouvait entendre dans 'Scream 2', repris en fait du 'Broken Arrow' de Hans Zimmer. Ce thème de guitare évoque le personnage de Tiffany et sa relation avec Chucky. Il leur donne un côté 'tueurs en cavale' assez étonnant, et c'est le seul élément vraiment surprenant dans le score. Tout le reste n'est qu'une longue suite de pièces horrifiques sans aucune particularité: un petit motif de cordes ouvre et conclut le film de manière assez sombre, puis, progressivement, Revell installe le suspense avec des cordes grinçantes et sinistres.

Chaque plan est hanté par une musique de suspense très impressionnante à l'écran, mais sans aucune originalité particulière. En fait, le score de 'Bride of Chucky' est bien plus flippant que le film en lui-même. Ce dernier est tellement mauvais qu'il en devient risible. Du coup, la musique de Revell essaie de rattraper la médiocrité ambiante du film, mais sans jamais y arriver. Elle essaie de nous terroriser alors que le film lui-même en est parfaitement incapable. Cela n'est pas de la faute de Graeme Revell, qui a fait ce qu'on lui a demandé de faire en bon professionnel qu'il est, ayant visiblement pris le sujet très au sérieux (et ce, à l'inverse du réalisateur). Le seul problème, pour Revell, c'est qu'il a accepté de mettre en musique ce très mauvais film. On pourrait d'ailleurs rattacher ce problème à bons nombres de grands compositeurs hollywoodiens qui passent la majeure partie de leur carrière en mettant en musique ce genre d'obscurs navets, et je pense plus particulièrement à Jerry Goldsmith entre autre, la seule différence étant que Revell n'a malheureusement pas le talent de Goldsmith.

Pourtant, les moments de terreur ne manquent pas, que ce soit l'attaque dans le camping-car, la mort de Warren, la mort de David, broyé par un camion ou la confrontation finale dans le cimetière. On retrouve tous les éléments habituels du genre, l'accent étant mis ici sur les effets de cordes sinistres, dissonantes et stridentes, les clusters de cuivres et les percussions meurtrières. Seules quelques touches d'électronique bien utilisées viennent ajouter un petit plus à certains passages de suspense. Voilà donc un score d'horreur de plus à rajouter dans la carrière de Graeme Revell, rien de bien indispensable, mais la preuve flagrante que le compositeur est particulièrement à l'aise dans ce style. On regrettera cependant le manque flagrant de personnalité d'une composition beaucoup trop orientée vers le 'Scream' de Marco Beltrami. A réserver essentiellement aux fans du genre, qui pourront retrouver quelques portions de ce score sur l'album promotionnel édité avec 'Pitch Black'.


---Quentin Billard