1-City of Angels 3.19
2-Camera Obscura 2.27
3-The Crow Rises 3.14
4-Santa Muerte 1.17
5-"...A Dream On
The Way To Death" 2.13
6-Temple of Pain 2.46
7-A Murder of Crows 1.59
8-Mirangula: Sign
of The Crow 2.03
9-Lament for a Lost Son 3.30
10-"Hush Little Baby..." 3.03
11-Dias De Las Muertes 3.31
12-The Campanile 4.11
13-La Masquera 5.09
14-"I'll Wait For You" 1.49
15-Believe in Angels 5.43*

*Ecrit par Graeme Revell
et Heather Nova
Paroles de Graeme Revell
et Heather Nova
Interprété par Heather Nova.

Musique  composée par:

Graeme Revell

Editeur:

Hollywood Records
HWD 16078-2

Monteur de la musique:
Joshua Winget
Assistant monteur:
Ashley Revell
Design sonore de la musique:
Brian Williams
Album produit par:
Graeme Revell,
George Acogny,
Jeff Most

Artwork and pictures (c) 1996 Miramax/Dimension Films/Bad Bird Productions. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE CROW: CITY OF ANGELS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Graeme Revell
Grand succès hollywoodien de l'année 1994, 'The Crow' mettait en scène Brandon Lee dans le rôle d'Eric Draven, revenu du royaume des morts pour mener sa vengeance impitoyable contre ceux qui l'ont assassiné, lui et sa fiancée. Le film est aussi tristement connu pour la tragédie qui mit fin aux jours de Brandon Lee, à la suite d'un accident survenu avec une arme à feu durant le tournage du film. Il était évident qu'une suite soit donné à ce film culte. Ainsi naquit 'The Crow: City of Angels', réalisé cette fois-ci par Tim Pope, connu pour avoir réalisé les clips vidéos du groupe anglais 'Talk Talk'. Ce second opus reprend exactement le même schéma. C'est le fringant Vincent Perez qui interprète ici le nouveau 'Crow' nommé Ashe (jeu de mot avec le mot anglais signifiant 'cendre' - cf. expression 'le phoenix renaît de ses cendres', en rapport avec le héros du film). L'histoire se déroule à Los Angeles, 'la cité des anges', gouvernée par le sinistre Judah Earl (Richard Brooks). La ville est plongée dans une obscurité sans fin, peuplée de criminels, de drogués, de marginaux, de débauchards et de pervers en tout genre. Une nuit, Ashe et son petit garçon surprennent de manière involontaire le gang de Judah en train d'agresser une autre bande. Curve (Iggy Pop), le bras droit de Judah, ordonne qu'ils soient tués tout les deux. Ramené à la vie par un corbeau, Ashe n'a plus qu'une idée en tête: retrouver ceux qui lui ont fait ça et se venger. Il va alors croiser sur sa route Sarah (Mia Kirshner), mystérieuse jeune femme qui a rêvée de lui un soir, et qui semble être en mesure de l'aider.

Ce second opus ne diffère en rien du premier volet d'Alex Proyas. On ne peut pas dire que Tim Pope se soit beaucoup foulé puisqu'il reprend toutes les formules de 'The Crow' sans même apporter du neuf. Ainsi, on a l'impression de voir un clone quelconque du film de Proyas, mais sans le petit 'plus' qui fit de 'The Crow' un film culte. Ceci étant dit, le film est techniquement très impressionnant, et Vincent Perez est convaincant dans le rôle du héros immortel revenu sur terre pour se venger (on préfèrera néanmoins la performance du regretté Brandon Lee). A noter un rôle taillé sur mesure pour le célèbre chanteur de rock Iggy Pop, qui devait d'ailleurs jouer à l'origine dans le premier épisode et qui a décidé de se rattraper avec le film de Tim Pope. Bref, une suite sympathique mais qui n'apporte rien de neuf au sujet. On s'attendait quand même à mieux.

Retour de Graeme Revell dans l'univers noir de 'The Crow', considéré comme l'une de ses meilleures partitions écrites pour le cinéma. Le score de 'The Crow: City of Angels' ne diffère pas tellement - lui non plus - du premier score d'origine puisque le compositeur les mêmes formules déjà utilisées dans 'The Crow'. On retrouve ainsi l'ambiance noire, glauque et mystérieuse du premier volet, toujours matinée d'une bonne dose d'instruments ethniques (duduk arménien et shakuhachi) et de quelques voix éthérées semblant surgir de l'au-delà. Mais le petit 'plus' de ce score provient de l'utilisation de choeurs mixtes à consonance religieuse. Ces choeurs ouvrent le film avec le sombre 'City of Angels' qui résume tout le paradoxe de cette 'cité des anges' infernale, peuplée de démons. Afin d'illustrer cette idée, Revell a eu la bonne idée d'utiliser ce choeur liturgique sur une sombre tenue d'orgue (autre connotation religieuse dans le score de Revell), agrémenté de quelques notes de shakuhachi et une rythmique de tambours qui créent une dynamique plus violente à la fin du morceau (à noter l'accélération rythmique qui conclut le morceau en beauté). Avec l'ambiance gothique de 'City of Angels', Revell résume déjà tout l'esprit du film, et nous prouve qu'il est décidément très à l'aise dans ce genre d'univers à la fois sombre et mystérieux. L'importance des choeurs liturgiques n'est pas à sous-estimer: ils évoquent ici tout le côté religieux du film, apparaissant déjà dans le titre, 'la citée des anges'. Ensuite, il ne faut pas oublier que l'histoire se passe lors de la fête des morts, cérémonie traditionnelle d'origine mexicaine mélangeant traditions religieuses et profanes. Les voix pourraient donc évoquer ici l'au-delà, les voix de ces âmes en peine, errant dans la citée des anges, à la recherche du repos éternel. Elles pourraient aussi évoquer le mélange religieux/profane de cette cérémonie traditionnelle. Ainsi, les choeurs et l'orgue représenteraient la trame religieuse du score, et les autres instruments (shakuhachi, synthé, tambours, etc.) évoqueraient l'univers profane et obscur de cette sombre histoire.

'Camera Obscura' nous fait plonger dans l'univers noir du score, dans lequel Revell utilise diverses sonorités électroniques pour créer une ambiance suffocante, dans la lignée de ce qu'il a déjà fait sur 'The Crow'. A noter ici l'utilisation d'une voix d'homme lointaine, évoquant le mystère et les pouvoirs de Ashe, revenu à la vie pour se venger. 'The Crow Rises' évoque alors la résurrection d'Ashe avec des synthés atmosphériques toujours aussi sombres, un duduk mystérieux et une voix d'homme semblant flotter dans l'air. On est ici dans le mystère le plus total. Revell nous fait aussi comprendre que nous sommes dans un autre univers, à la fois sombre et surréaliste. On retrouve l'aspect religieux dans le superbe 'Santa Muerte', où Revell réutilise un choeur mixte religieux poignant et funèbre (on pense ici au célèbre 'Miserere' de Gregorio Allegri), pour la séquence de l'église. Cette scène donne d'ailleurs toute la dimension religieuse au film de Tim Pope, et à la musique de Graeme Revell, bien entendu.

Le compositeur développe dans sa musique une ambiance à la fois mystérieuse, sombre et mélancolique. On retrouve ici l'idée du tourment, de la détresse et de la souffrance, sentiments qui hantaient déjà la fameuse partition du premier épisode. '...A Dream On The Way To Death' est ainsi très représentatif de cette ambiance à la fois vaporeuse, mélancolique et obscure, dominée par le duduk, une voix masculine éthérée et des synthés planants. 'Temple of Plain' évoque les tourments de Ashe et des souvenirs de sa mort et de celle de son enfant, Danny. A noter ici l'utilisation très sombre de nappes du synthé avec des sons lourds et pesants, et la voix d'un chanteur aux sonorités quasi orientales. C'est ce style d'ambiance brumeuse qui fit toute la réputation du premier score de 'The Crow'. On retrouve de très beaux choeurs religieux dans 'Mirangula Sign of The Crow' avec sa tenue d'orgue empruntée à 'City of Angels', évoquant une fois encore les pouvoirs de Ashe et l'univers obscur et religieux du film.

On ressent tout le drame de l'histoire dans 'Lament For A Lost Son' où Revell réutilise le fameux thème de cordes de 'The Crow', repris du morceau 'Birth of A Legend' (largement mis en valeur dans les trailers du 'Pearl Harbor' de Michael Bay en 2001). Ce thème fait son retour dans ce second épisode et assure la continuité musicale entre les deux partitions, déjà très proches l'une de l'autre. Ashe se déchaîne au cours du sombre 'Hush Little Baby...', pour la scène où il tue Kali (Thuy Trang). On notera ici l'utilisation de percussions électroniques particulièrement violentes, la noirceur du morceau étant renforcée par l'utilisation de la shakuhachi. La tension monte au cours du cauchemardesque 'Dias de Las Muertes', dans lequel on pourra entendre des cuivres dissonants et particulièrement agressifs, évocation des méfaits de Judah et ses sbires. La vocalise masculine de 'The Campanile' n'est pas sans rappeler les expérimentations de Revell sur 'Dead Calm' (1989) et après la scène de la pendaison dans 'La Masquera', 'I'll Wait For You' conclut le score sur une dernière reprise poignante de l'élégie pour cordes de 'Lament For A Lost Son', dont le caractère mélancolique et rêveur est renforcé par l'utilisation d'une guitare et d'une voix féminine.

Si vous avez aimé 'The Crow', vous devriez apprécier 'The Crow: City Of Angels'. On regrettera le fait que ce score ne soit guère différent du premier opus, mais l'on ne pourra qu'apprécier les petits plus du score, provenant essentiellement de l'utilisation de choeurs liturgiques, mélangés à une atmosphère plus sombre et suffocante. Comme d'habitude, le compositeur nous a fournit un travail intéressant autour des différentes sonorités électroniques, des voix et des instruments ethniques, mais l'on pourra peut-être regretter le manque d'orchestre qui aurait probablement d'offrir un peu plus de relief à ce sombre score. Ceci étant dit, Revell réussit à capter notre attention, et ce même si son score se trouve constamment bousculé dans le film par de nombreuses chansons rock (dont une chantée par Iggy Pop). A l'inverse du film lui-même, ce second score est à la hauteur du premier opus, et ce même si les matériaux utilisés sont sensiblement les mêmes.


---Quentin Billard