1-Man On Fire 4.42
2-The Bomb 2.50
3-Snake's First Victim 2.03
4-Sam Wins The Race 1.59
5-The Villa At Night 1.40
6-The Ransom Drop 1.47
7-Start of The Search 2.37
8-Death of Creasy 2.51
9-Becoming Friends 1.48
10-The Kidnapping 1.09
11-We've Got Each Other 1.56
12-Rabbia Must Die 3.06
13-Sam Runs Into Danger 1.11
14-Reconciliation 1.43
15-Premature Death 1.44
16-Reunited 3.13

Musique  composée par:

John Scott

Editeur:

Varèse Sarabande
VCD 47314


Artwork and pictures (c) 1987 Varèse Sarabande Records. All rights reserved.

Note: ***1/2
MAN ON FIRE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Scott
Film d'ouverture au festival de Deauville 1987, 'Man on Fire' est une plongée abyssale dans l'enfer de la violence. Elie Chouraqui a réalisé là l'un de ses plus sombres films, construit sous la forme d'un roman avec une narration très littéraire et une mise en scène lente et très maîtrisée (jamais un plan de trop). Scott Glenn interprète Creasy, un ex-agent de la CIA devenu garde du corps pour une jeune fille du nom de Sam (Jade Malle). La famille de la fille, de riches industriels italiens, s'inquiètent pour Sam, car ils craignent qu'elle soit enlevée. Creasy refuse quant à lui de créer un contact avec la jeune fille. Il traîne un passé douloureux et mystérieux et refuse à chaque fois d'en parler. Mais petit à petit, le garde du corps finit par se lier d'amitié à cette petite fille. Tout bascule le jour où Sam est enlevée par des terroristes italiens. Dépité, Creasy se met en tête de la retrouver coûte que coûte, et son désir obsessionnel va l'entraîner dans une sombre et sanglante descente aux enfers.

'Man on Fire' est plus qu'un simple thriller. L'intrigue du kidnapping et de la demande de rançon a déjà été utilisée à moult reprises. Mais le film possède un axe plus psychologique, loin du simple divertissement hollywoodien habituel. Chouraqui nous peint ici le portrait d'un homme meurtri par la violence et la guerre. C'est ce qui l'a amené à quitter la CIA. Aujourd'hui, il cherche à fuir un passé sinistre en se reconvertissant garde du corps. Hélas, pour une petite fille de 12 ans, Creasy va devoir replonger en enfer, et cette fois-ci, il ira jusqu'au bout. Scott Glenn nous prouve une fois encore qu'il est décidément un grand acteur, à l'aise dans tous les rôles. Il véhicule à l'écran un mélange étonnant de faiblesse et de noirceur qui font de Creasy un être humain tourmenté, loin des héros hollywoodiens habituels. La violence est montrée ici de manière réaliste, sans aucun artifice particulier. Du coup, l'intrigue de la rançon n'est qu'un prétexte à une trame plus dramatique développant l'amitié forte entre Creasy et Sam, séparée brutalement de son nouvel ami par un odieux kidnapping qui finira, pour les terroristes, en bain de sang. A noter une fin assez intrigante, qui peut s'analyser de différentes façons.

La partition orchestrale de John Scott fait une fois de plus honneur au classicisme d'écriture du compositeur, toujours trop sous-estimé par le public béophile en général. Avec 'Man on Fire', Scott alterne entre drame et suspense haletant pour un score thriller finalement assez sombre, où l'espoir côtoie la noirceur. Avec l'intrigante introduction du film, Scott maintient dans un premier temps le suspense pour une ambiance noire et tendue. La partie suspense de 'Man on Fire' fonctionne en majeure partie sur des tenues de cordes pesantes et extrêmement tendues. Les quelques rares passages plus 'action' font intervenir quant à eux une écriture de cordes plus rythmée et torturée, avec des percussions et des cuivres agressifs. A noter une excellente et brève reprise du thème principal dans une version rythmique, lorsque Creasy et son pote David (Joe Pesci) arrivent à leur nouvel appartement, pour préparer l'attaque contre les kidnappeurs. Scott nous propose ici une reprise du thème confié à des xylophones, sur un rythme de batterie/guitare assez entraînant, une bonne petite idée qui apporte un peu de tonus à une partition assez noire. Un autre passage plus agité concerne la séquence où Creasy se fait casser la figure après avoir posé une bombe chez deux kidnappeurs. Plus l'histoire avance, et plus la musique nous fait ressentir une impressionnante montée de la tension et de la violence.

La première partie du film permet surtout au compositeur de développer ses quelques thèmes principaux, dont un très beau thème principal, entendu la première fois par un hautbois mélancolique et quelques cordes sombres. Très vite, ce thème prendra une tournure plus lyrique et intime, comme c'est le cas dans la très belle piste 'Man On Fire', entendu dans la scène où Creasy et Sam font la course ensemble et se lient d'amitié l'un à l'autre. Le thème devient donc une sorte de thème d'amitié vibrant, souvent confié à des cordes lyriques et amples, comme c'est le cas dans le très beau 'We've Got Each Other', lors de la séquence où Creasy passe un peu de temps avec Sam. Ce thème d'amitié se met d'ailleurs très rapidement en place dans le film, même si on le sent encore très hésitant, au début. En fait, le thème n'est encore qu'à l'état embryonnaire lorsqu'il apparaît pour la première fois au hautbois. Il est à l'image d'un personnage qui, tourmenté par un passé obscur, ne veut pas revivre les mêmes choses, ce qui explique donc dans l'immédiat son refus de se lier d'amitié avec cette jeune fille. Puis, lorsque leur amitié est déjà bien entamée, le thème prend une tourne plus heureuse, plus ample et lyrique. C'est ce qu'exprime le très beau 'We've Got Each Other', qui vient apporter un souffle quasi romantique dans un score très sombre.

Outre un motif de 5 notes développé entre les vents et les cordes vers le début du film, lié au personnage de Sam, on trouvera un autre thème mélancolique très chantant, d'un raffinement mélodique qui rappelle à quel point John Scott est décidément un musicien accompli. Ce thème, confié dans un premier temps à une clarinette et quelques cordes, apparaît surtout lors de la séquence du départ de Creasy, après le kidnapping de Sam. Il donne à cette scène un profond sentiment de tristesse et d'amertume, sentiment que l'on peut lire sur son visage, à ce moment là. On retrouvera aussi ce très beau thème lors du final, dans 'Reunited'. Par la suite, la musique ne va cesser de s'enfoncer dans le suspense sinistre, essentiellement basé sur des tenues orchestrales très tendues et parfois stressantes. C'est le cas pour la séquence où Creasy se rend dans le repère obscur des deux kidnappeurs, là où il va poser la bombe après avoir réglé son compte aux deux malfrats. On sent à travers la musique de Scott, toute la noirceur et la violence de cette sinistre histoire de kidnapping qui tourne au drame. La musique de la séquence du kidnapping est déjà même très mouvementée bien qu'assez brève, mettant en avant des cuivres agressifs avec des cordes tendues. Ce climat de suspense et de tension ne cessera d'aller crescendo jusqu'à un final à la fois dramatique et plus paisible.

'Man on Fire' fait partie des scores injustement méconnus du compositeur, qui mériterait largement d'être redécouvert, et ce même si l'édition Varèse Sarabande est quasiment devenue introuvable. Avec 'Man on Fire', John Scott confirme son talent de musicien, très à l'aise dans le registre du suspense. Avec sa double face lyrisme/suspense, 'Man on Fire' est un score intéressant sans pour autant être d'une originalité folle. Il fait en tout cas partie de ces scores que peu connaissent, une BO qui mériterait pourtant qu'on lui laisse une chance, ne serait-ce que parce que cette partition accompagne à merveille le film d'Elie Chouraqui.



---Quentin Billard