1-Senior Associate
Andrew Beckett 1.32
2-Minor Catastrophe 3.16
3-Birth 2.22
4-Non Temer Amato Bene 4.06*
5-I Have a Case 4.05
6-The Missing Document 4.44
7-The Essence of
Discrimination 5.01
8-Going Home 3.33
9-The Trial 3.29
10-Ebben? Ne Andrò
Lontana 4.49**
11-Trying to Survive 5.57
12-La Mamma Morta 4.51***
13-An Excellent Lawyer 2.44
14-Calculated Risks 2.35
15-The Verdict 2.46
16-I'm Ready 1.20

*Interprété par Lucia Popp
Composé par W.A.Mozart
Extrait de 'Idomeneo'
**Interprété par Maria Callas
Composé par Alfredo Catalani
Extrait de 'La Wally'
***Interprété par Maria Callas
Composé par Umberto Giordano
Extrait de 'Andrea Chénier'.

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

Epic Soundtrack
EK 57823

Produit par:
Howard Shore
Monteur de la musique:
Nicholas Meyers, Suzana Peric
Assistants monteur:
Nic Ratner, David Rogow

Artwork and pictures (c) 1993 Epic Soundtrax. All rights reserved.

Note: ***
PHILADELPHIA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Célèbre film de Jonathan Demme (surtout connu pour 'The Silence of The Lambs'), 'Philadelphia' relate le procès d'un ex-avocat homosexuel face à ses anciens employeurs accusés de discrimination. En 1993, le sujet du SIDA était encore un sujet tabou. 'Philadelphia' est sans aucun doute l'un des premiers films hollywoodiens à traiter d'un sujet grave qui semble toujours déranger. Tom Hanks interprète Andrew Beckett, brillant avocat atteint du SIDA, qui se retrouve licencié du jour au lendemain parce que ses employeurs ont découvert sa maladie. Furieux, Beckett décide d'intenter un procès contre Charles Wheeler (Jason Robards) et ses collègues pour licenciement abusif et discriminatoire. Beckett s'adresse alors à l'un des meilleurs avocats de Philadelphie, Joe Miller (Denzel Washington). Dans un premier temps, Miller, qui se montre très clairement homophobe, rejette sa demande. Mais, petit à petit, le brillant avocat va se laisser convaincre et va défendre Beckett au tribunal. Pour Andrew et Joe, ce procès va bien au-delà d'une simple histoire de licenciement abusif: il s'agit de dénoncer la discrimination qui règne contre les homosexuels et d'expliquer aux gens que le SIDA n'est pas un sujet tabou et qu'il faut en parler. Andrew sera soutenu par sa famille, qui se montre très compréhensible, sans oublier le soutien indispensable de Miguel Alvarez (Antonio Banderas), le petit ami d'Andrew.

Evidemment, le message de 'Philadelphia' (dont le premier titre original était: 'People Like Us') est plus que clair. Résumé de manière simpliste, cela pourrait donner: "être homophobe, c'est pas bien!". Plaisanteries mises à part, il est certain que 'Philadelphia' est un film quelque peu manichéen. En gros, les homophobes sont les méchants, et les personnes tolérantes sont les gentilles. Fort heureusement, on évite de très près ce gros cliché (que n'a pas su éviter Frank Oz dans 'In & Out' en 1997) puisque le personnage de Joe Miller (interprété par l'excellent Denzel Washington) apporte un peu d'ambiguïté à cette situation stéréotypée des 'gentils' et des 'méchants'. Malgré le fait qu'il défende avec conviction le cas d'Andrew Beckett, Miller affiche très clairement son homophobie (cf. scène du jeune étudiant de droit dans le magasin), n'hésitant pas à utiliser des mots durs lorsqu'ils parlent des homosexuels. A vrai dire, c'est le seul personnage qui ne soit 'ni noir - ni blanc'.

L'autre défaut du film provient évidemment de la représentation très stéréotypée de l'homosexuel sensible qui pleure et vibre en écoutant de la musique classique et de l'opéra. On ne sait pas trop ce qu'il faut penser de cela, mais certaines critiques de spectateurs homosexuels ont reproché ce côté cliché bien trop souvent admis, car, et je vous pose la question: l'hétérosexuel n'a t'il pas le droit lui aussi d'être sensible et de pleurer en écoutant de la belle musique? On a aussi reproché au film le côté exagérément sympathique de la famille de Beckett. Effectivement, ce dernier a une chance monstrueuse: toute sa famille le soutient alors qu'en temps normal, les homosexuels sont bien souvent rejetés par leur famille. Un tel contexte familial est tellement exceptionnel qu'il finit par sonner faux dans le film. Autre chose : on s'étonnera du manque de tendresse qu'il y a entre Andrew et Miguel. Comme on pourrait s'en douter, Jonathan Demme et ses scénaristes ont voulu éviter de montrer le couple qui s'embrasse, en pensant en particulier aux spectateurs hétérosexuels. On a alors à faire à ce moment là à deux clans bien distincts: les hétérosexuels qui, soulagés, se diront qu'ils ont évité le 'pire', et les homosexuels qui critiqueront le parti pris de ne jamais montrer le couple s'embrasser. Pourtant, si Demme était allé au-delà de ça, cela aurait rajouté un peu plus de réalisme au film lui-même (même le très édulcoré 'In & Out' nous montrait deux hommes s'embrasser).

Mis à part ces quelques défauts, 'Philadelphia' est un film dur, un film poignant, porté par l'interprétation exceptionnelle de Tom Hanks, acteur surdoué qui n'a pas hésiter à perdre une vingtaine de kilos pour les besoins du film, quitte à devenir presque méconnaissable vers la fin. Avec 'Philadelphia', ce très grand acteur nous prouvait qu'il était décidément l'un des plus talentueux acteur que possède le cinéma américain. Sans jamais en faire de trop, Tom Hanks interprète le rôle d'Andrew Beckett avec beaucoup de justesse, tout en évitant de tomber dans les stéréotypes des 'folles'. Beckett est montré comme un individu normal, parfaitement intégré dans la société, avec sa sensibilité et sa personnalité, et ce comme n'importe qui. Il est très loin de l'image que l'on a habituellement des homosexuels excentriques et efféminés. Il possède ce côté noble qui offre une vision plus positive à un sujet toujours difficile, même si depuis quelques années, les mouvements gay sont de plus en plus fréquents.

Howard Shore avait déjà écrit la musique d'un précédent film de Jonathan Demme, 'The Silence of The Lambs', considéré comme l'un des grands classiques du compositeur. Sa partition orchestrale pour 'Philadelphia' occupe une place importante dans le film, et ce même si le score alterne continuellement avec les chansons du film (et notamment le fameux 'Streets of Philadelphia' de Bruce Springsteen ou le 'Philadelphia' de Neil Young). Très vite, la musique de Shore prend une tournure mélancolique, sombre et dramatique. Elle intervient pour la première fois dans le film lors de la séquence où un des employeurs d'Andrew découvre la tâche sur son front. Le morceau est alors confié à des cordes et des vents sombres, Shore dévoilant ici un certain classicisme d'écriture (surtout au niveau des cordes) presque romantique, évoquant le côté noble du héros incarné par Tom Hanks. Il annonce aussi le côté plus dramatique de l'histoire, avec cette touche sombre qui caractérise si bien le début du score de 'Philadelphia'. 'Senior Associate Andrew Beckett' met très rapidement en place le thème principal, confié à une trompette solennelle et des cordes chaleureuses. On ressent ici une touche de nostalgie poignante, une émotion très palpable à l'écran. Le morceau évoque le combat contre la maladie d'Andrew et son côté noble face à tout ce qu'il lui arrive. 'Minor Catastrophe' assombrit considérablement le score dans un style symphonique qui n'est pas sans rappeler le tragique et envoûtant 'Mr.Butterfly'. Le morceau utilise des cordes plus sombres avec de la harpe et quelques vents pour évoquer les nombreuses difficultés auxquelles doit faire face Beckett.

Une pièce comme 'Birth' évoque à merveille le côté plus poignant du film avec des cordes amples et chaleureuses, marquant ici le retour du thème de trompette pour la séquence de la naissance du bébé de Miller. Ce thème de trompette pourrait servir à évoquer cette idée de justice, de lutte contre la discrimination. La musique possède d'ailleurs ce côté élégiaque vibrant, un terme qui servirait à merveille pour définir le score d'Howard Shore pour 'Philadelphia'. 'I Have a Case' renforce à son tour le côté plus sombre de la musique avec des cordes/vents tendus, comme dans le mélancolique 'The Missing Document', pour la séquence de la disparition du document qui servira de prétexte au licenciement de Beckett. 'The Essence of Discrimination' prolonge cette ambiance lente et sombre avec des cordes créant un certain sentiment de désolation à l'écran, avec quelques vents et un piano plus discret.

Shore nous propose une très belle reprise de son thème principal dans 'Going Home' avec une très belle reprise au saxophone. Le morceau continue d'exprimer le combat acharné de Backett et Miller pour que justice soit enfin rendue. 'The Trial' est quant à lui nettement plus sombre. L'orchestre crée une certaine tension pour la séquence du procès. On retrouve ici les cordes désolées, avec une très belle partie de flûte mélancolique. Shore nous donnera même à entendre un passage plus intense lors d'une autre scène de procès, il aura recours à une ambiance quasi funèbre avec des sonorités plus pesantes (le but de Shore étant alors d'évoquer le plus justement possible les méfaits grandissants de la maladie). On retrouve d'ailleurs cette idée mélancolique dans le sombre 'Trying To Survive'. L'idée de justice apparaît dans l'élégiaque 'An Excellent Lawyer' évoquant le travail remarquable de Joe Miller. 'The Verdict' apporte enfin une touche positive à cette sombre affaire avec des cordes/vents et harpe plus paisibles, aboutissant sur un final émouvant, 'I'm Ready'.

Evidemment, avec 'Philadelphia', ne vous attendez pas à retrouver le Howard Shore expérimental des films de David Cronenberg. 'Philadelphia' est une partition symphonique extrêmement conventionnelle, très peu originale mais très efficace à l'écran. On regrettera d'ailleurs le manque d'originalité d'une partition émouvante mais tout à fait quelconque. On était peut être en droit de s'attendre à quelque chose de plus fort, étant donné la qualité et l'intensité du sujet du film. Il faudra malheureusement se contenter d'une partition orchestrale élégiaque, lente et parfois sombre, qui joue parfois sur la retenue et évite quand même les grandes envolée lyriques habituelles. Une jolie partition orchestrale assez sobre, à replacer dans le contexte dramatique du film de Jonathan Demme.


---Quentin Billard