1-Main Title 1.22
2-Bootleg Left 2.31
3-Ryan & The Tunnel
of Temptation 3.34
4-The Vortex & The Dare 4.17
5-The Wonder of Tao 2.08
6-The Force of Yun 2.19
7-Mudlap Rap/
Elysia's Entrance 1.01
8-The Lifespring Rhapsody 3.58
9-Forces of Nature 4.33
10-Challenge of Yun/
The Force of Water 3.15
11-Rooz Reunited 2.02
12-Theme of Tao/The Komodo Dragontrot 3.48
13-Encounter of
The Roo Kind 1.39
14-Komodo's Seduction 1.44
15-The Mudlap Trap 2.32
16-Chained Melody 5.03
17-Tunnel Of Blades 2.24
18-Lesson of Inner Strength 2.04
19-Death of Chung 2.53
20-Komodo's Fury and
Elysia's Redemption 1.52
21-Farewell To Chung/
Mudlap's Remorse 2.31
22-Marsupial Arabesque 5.01
23-Planet of The
Roo-Warriors 5.24
24-Ryan's Strenghts 3.02

Musique  composée par:

Don Davis

Editeur:

Prometheus Records
PCD 144

CD Produit par:
Ford A.Thaxton,
Don Davis

Producteur exécutif:
Luc Van De Ven
Monteur de la musique:
Lori Eschler-Frystak

Artwork and pictures (c) 1997 Prometheus Records/MGM. All rights reserved.

Note: ****
WARRIORS OF VIRTUE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Don Davis
Certains films sont tellement mauvais que l'on se demande parfois comment le réalisateur a eu l'audace de poursuivre son projet jusqu'au bout. C'est le cas du catastrophique 'Warriors of Virtue', que nous connaissons mieux sous le titre de 'Magic Warriors'. Le film marque l'entrée à Hollywood du réalisateur hong-kongais Ronny Yu. Hélas, c'est une entrée complètement ratée avec une première grosse production américaine boursouflée de défauts en tout genre. 'Warriors of Virtue' part du même principe que le 'Neverending Story' de Wolfgang Petersen: Ryan (Mario Yedidia) un jeune garçon tout à fait ordinaire mène une existence plate, incapable de concrétiser ses rêves, jusqu'au jour où son ami Ming, chef-cuisiner d'un restaurant chinois, lui confie le livre du Tao qui va l'entraîner dans un univers fantastique, où il prendra la cause de guerriers kangourous du nom de 'Magic Warriors', luttant contre les méfaits d'un sinistre individu nommé Komodo (Angus MacFadyen). 'Warriors of Virtue' repique ainsi le concept de 'Neverending Story' sans réussir à égaler tout ce qui faisait la magie du film de Petersen. Pire encore, 'Warriors of Virtue' se veut un mélange entre film familial au message clair (il faut faire le bien dans sa vie et croire en ses rêves) et film d'action avec effets spéciaux et chorégraphies d'arts martiaux à la clé. Seulement voilà, le film souffre d'un énorme défaut et non des moindres: la mise en scène. Rarement aura t'on vu une réalisation aussi mauvaise, Ronny Yu usant et abusant par exemple des ralentis, utilisés ici n'importe comment. A la base, l'effet du ralenti est utilisé au cinéma pour accentuer l'intensité d'une scène. Le ralenti a donc pour objectif un impact visuel et ne peut pas se prolonger dans le temps, sinon, cet impact, ce choc visuel perd de toute son efficacité et n'a plus aucune crédibilité. Ronny Yu prend le parti pris inverse et décide de réaliser plus de 90% des scènes d'action de son film en ralentis non-stop. Le film n'arrive même pas à être captivant une seule seconde, les ralentis excessifs venant annihiler toutes les scènes d'action du film (le réalisateur ne se doutait-il pas qu'il obtiendrait pareil résultat?) Une seule question nous vient immédiatement à l'esprit: le réalisateur aurait t'il perdu l'esprit? Se pourrait-il qu'il ait laissé les ralentis se prolonger comme si son doigt était resté enfoncé sur un bouton durant les quelques 100 minutes du film, et ce sans qu'il s'en aperçoive? Cette étonnante faute de goût impardonnable réduit le film à l'état de navet pitoyable et le rabaisse au rang des séries-B d'aventure insipide, avec des personnages stéréotypés au maximum, sans relief et pas du tout attachant. Par exemple, on découvre très vite dans le film les Magic Warriors et leur univers imaginaire, mais comme le réalisateur ne sait pas les filmer et tombe vite dans les clichés en tout genre (exemple: le maître chinois qui essaie d'imiter 'Yoda' mais qui n'y arrive pas, le méchant excentrique et ringard qui rigole tout le temps, le héros pas sûr de lui qui, de toute évidence, sauvera tout le monde à la fin du film, etc.), on finit par se moquer complètement des ces kangourous ninjas totalement ridicules, qui se prennent pour des pseudo tortues-ninjas de pacotille. Comment est-il possible de mettre autant d'argent dans un film aussi mauvais? C'est du gâchis pur et dur, tout simplement!

Au sein de cette véritable catastrophe cinématographique, seul Don Davis semble avoir véritablement réussi à tirer son épingle du jeu. Le compositeur de la trilogie 'Matrix' a pris son travail très au sérieux et nous livre là une partition symphonique vivante, épique et captivante. On aurait presque du mal à croire qu'une musique aussi intéressante ait put être écrite pour un aussi mauvais film, et pourtant, ici, c'est bel et bien le cas! Le score de 'Warriors of Virtue' permet à Don Davis de revenir à un certain classicisme d'écriture, dans la lignée des grandes partitions symphoniques épiques d'un Erich Wolfgang Korngold, d'un John Williams, d'un Michael Kamen (on sent parfois ici l'influence de son 'Robin Hood') ou d'un James Horner (n'oublions pas que Don Davis fut un des orchestrateurs d'Horner pendant plusieurs années). Ici, point de cuivres dissonants à la 'House on Haunted Hill' ou de cordes stressantes à la 'Matrix'. Davis élabore une grande fresque musicale basée sur quelques thèmes forts dont un thème principal majestueux et héroïque lié au Tao, un thème plus nostalgique évoquant le parcours initiatique de Ryan et la quête de ses rêves (le thème servira de base pour la chanson de Don Davis intitulée 'Inside of You'), ainsi qu'un autre thème héroïque et chevaleresque attribué aux Magic Warriors. A la première écoute de l'intégralité de la musique de Don Davis dans le film, un seul mot nous vient immédiatement à l'esprit: épique. Don Davis nous invite à participer une grande aventure, et même si le film échoue sur ce plan là, le score de 'Warriors of Virtue' nous convainc amplement. Autant dire que la musique de Don Davis réussit à là où le réalisateur du film échoue (ce qui est un comble, vous l'avouerez!).

Passé un 'Main Title' quelque peu discret, on entre dans le vif du sujet avec l'entraînant 'Bootleg Left' pour la scène du match de football au début du film. Héroïque à souhait, le morceau met ici en avant un pupitre de cuivres majestueux avec des cordes amples et déterminées, évoquant ici la victoire de l'équipe de foot et la force intérieure de Ryan, qui réussit à faire gagner l'équipe sur un simple conseil. La seconde partie du morceau, nettement plus mélancolique, évoque l'amertume du jeune garçon, qui doit se résoudre à rejoindre l'équipe de football à cause d'un handicap à la jambe gauche. C'est là que Don Davis en profite pour nous faire entendre le thème intime plus nostalgique et poétique, joué par des cordes chaleureuses et rêveuses. Dans 'Ryan and The Tunnel of Temptation', on retrouve le thème intime joué ici par quelques cordes et un hautbois, le compositeur annonçant brièvement un bout de ce qui sera par la suite le thème du Tao, lors de la séquence où Ming confie à Ryan le précieux livre du Tao. La deuxième partie du morceau est nettement plus sombre et agité. Elle évoque la séquence du tunnel au début du film. Cette agitation se poursuit avec 'The Vortex and The Dare' lors du défi lancé à Ryan, qui doit traverser une petite passerelle suspendue au-dessus d'un puits d'eau dans un égout. Davis évoque ici le danger de la scène avec des orchestrations très soignée, alternant cordes, cuivres, vents et percussions.

C'est là que le compositeur nous invite à découvrir un autre monde, plus magique et féerique, avec 'The Wonder of Tao'. Cette première arrivée dans le monde imaginaire du Tao se fait au son d'une musique aux accents impressionnistes, évoquant Ravel et Debussy. A noter ici les quelques traits de vents et de harpe sur fond de cordes éthérées, gracieuses et quasi romantiques, digne des plus belles pages du 'Daphnis et Chloé' de Ravel ou de 'La mer' de Debussy (on semble aussi retrouver par moment le romantisme et le raffinement des musiciens du 'Golden Age' hollywoodien). Tout est fait ici pour évoquer la magnificence et la beauté du Tao, même si le compositeur évite ici les clichés du grandiloquent et préfère réserver cela pour les scènes d'action plus épiques. De l'action, il en est justement question avec la première intervention de Yun (Jack Tate) dans 'The Force of Yun', qui aide Ryan dès son arrivée dans le Tao. Davis nous prouve dès lors tout son talent d'écriture et sa maîtrise de l'orchestre. N'oublions pas que le compositeur a lui-même orchestré sa propre musique sur ce film. Le début du morceau fait la part belle aux rythmes en tout genre entre cuivres (dans la lignée de ce qu'il fera sur le tonitruant 'Jurassic Park III'), percussions (caisse, timbales, cymbales et xylophones essentiellement) et cordes agitées. Le morceau finira de manière héroïque et entraînante. L'héroïsme est justement au centre de la partition de Don Davis. Quoi de plus naturel pour un film d'aventure mettant en scène des guerriers magiques aux prises avec un scélérat sans scrupules. Dès lors, la musique de Davis sera une longue succession de pièces d'action/aventure en tout genre, évoquant la lutte acharnée entre les Magic Warriors et l'armée du sombre Komodo. 'The Lifespring Rhapsody' permet à Davis d'utiliser brièvement un choeur accentuant l'univers épique du film, cette idée se prolongeant avec le retour du majestueux thème du Tao, lorsque Ryan découvre la ville des Magic Warrirors et de leur maître Chung (Chao Li Chi). 'Forces of Nature', morceau-clé du score, permet à Davis de nous faire entendre le thème héroïque attribué aux héros kangourous du film, lors de leur petite démonstration martiale devant un Ryan épaté. Entraînant, 'Forces of Nature' renoue avec l'esprit épique de certaines partitions hollywoodiennes du passé (on pense évidemment à Korngold ici, et même à David Arnold) avec ces cuivres enthousiasmants et héroïques et ces percussions victorieuses, le but de Davis étant de montrer ici la force et la bravoure des ces guerriers ninja.

Film familial oblige, Davis nous réserve quelques moments plus légers comme c'est le cas pour le début de 'Challenge of Yun/The Force of Water' lors de la scène où Ryan tente de convaincre Yun de venir rejoindre le camp des quatre Magic Warriors. Cette ambiance quasi mickey-mousing est très vite rompue par une seconde partie nettement plus sombre et brutale, nouveau morceau d'action tonitruant et excitant, un des nombreux points forts de cette partition qui contient quelques morceaux d'action particulièrement captivants et excitants à souhait (nettement plus excitants que les scènes d'action elle-même d'ailleurs!). L'héroïque 'Rooz Reunited' marque la réunion des cinq guerriers avec un bref rappel du thème des Magic Warriors, unit pour vaincre le mal dans une bataille ultime. On sent ici l'espoir de jours meilleurs, espoir qui se concrétise par la réunification des cinq guerriers. On pourra apprécier une superbe reprise plutôt épique du thème du Tao dans 'Theme of Tao', suivi du 'Komodo Dragontrot' évoquant pour la première fois l'univers sombre et obscur de Komodo, personnifiant ici le mal à l'état pur. L'univers très manichéen du film (les gentils très gentils, les méchants très méchants) est parfaitement rendu dans la musique de Don Davis, qui n'hésite pas à passer de l'aspect majestueux et épique du Tao à l'atmosphère sombre et menaçante du monde de Komodo, comme c'est le cas ici, où Davis utilise un petit rythme espiègle et des cordes/cuivres sombres et dissonants évoquant la malice et la folie du méchant.

A noter l'utilisation d'un violon soliste dans le majestueux 'Encounter of The Roo Kind' où Davis met en parallèle le thème des Magic Warriors et le très beau thème intime de Ryan, renforcé par une chorale épique et évoquant la détermination des héros. Le mal est toujours présent et revient dans 'Komodo's Seduction', dans la séquence où le méchant séduit Elysia. A noter ici l'utilisation de cuivres dissonants typiques de Don Davis, avec une figure rythmique insistante qui rappelle 'The Komodo Dragontrot', et qui évoque une fois encore la malice et la ruse du grand méchant de service. Il est question de traîtrise dans 'The Mudlap Trap', pièce d'un certain classicisme d'écriture qui n'est pas sans rappeler ici le célèbre 'Apprenti sorcier' de Paul Dukas, presque quasiment citée par le compositeur (utilisation très caractéristique de bassons sautillants, de motifs de vents dérivés du célèbre thème de Dukas, etc.). Le but du compositeur est ici d'évoquer l'espièglerie de Mudlap et de lui conférer ce côté 'petit bonhomme malicieux' qui cache en réalité un sombre traître. On notera les cuivres dissonants du début de 'Chained Melody', tout à fait caractéristiques du style de Don Davis. Nettement plus sombre et agité, cette pièce évoque le piège dans lequel tombent les Magic Warriors en tentant de voler le manuscrit du Tao dans le repère de Komodo. Davis exprime à merveille ici ce sentiment de danger et de menace qui pèse sur les héros, avec ces cuivres imposants tout à fait représentatifs du style action du score. L'action se prolonge dans l'excitant et massif 'Tunnel Of Blades' (on sent ici les prémisses du futur 'Jurassic Park III') où le compositeur utilise des percussions métalliques pour renforcer l'excitation de l'action.

A noter une seconde partie particulièrement excitante dans 'Lesson of Inner Strength' pour une nouvelle évocation des méfaits de Komodo, suivi de l'excellent 'Death of Chung', lorsque le maître Chung affronte en duel Komodo, le combat se concluant sur la mort du maître. L'action se prolonge avec 'Komodo's Fury & Elysia's Redemption'. Une fois encore, Davis se montre particulièrement brillant dans la maîtrise de son orchestre et nous propose un nouveau morceau d'action massif, excitant et totalement captivant, ce qui, comme dit précédemment, est bien loin d'être le cas des scènes d'action elle-même. On regrettera néanmoins le fait que le compositeur n'ait pas vraiment attribué de thème au personnage de Komodo, préférant privilégier pour ce personnage une ambiance sonore plus sombre. Dans 'Farewell To Chung-Mudlap's Remorse', Davis apaise le ton de son score qui s'assombrit considérablement en même temps. On réentend le très beau thème de Ryan confié à un hautbois lors de la séquence des funérailles de Chung, thème qui prend ici une tournure plus mélancolique, Ryan pleurant la mort du maître.

C'est la confrontation finale avec le massif et excitant 'Marsupial Arabesque'. En l'espace de 5 minutes, Don Davis décrit toute la fureur de l'affrontement en conférant à sa musique une certaine intensité qui fait cruellement défaut au film lui-même (preuve qu'une musique peut aussi servir à rehausser la qualité d'un film). Percussions métalliques et martiales, cuivres tonitruants et dissonants, choeur épique, cordes enragées, tout est fait ici pour évoquer la bataille finale, massive et spectaculaire. 'Marsupial Arabesque' est sans aucun doute LE morceau d'action incontournable du score de 'Warriors of Virtue'. L'affrontement trouve son point culminant dans 'Planet of The Roo-Warriors', évoquant la victoire finale contre les forces du mal avec un retour triomphant du thème du Tao et du thème de Ryan. Le final se fera avec 'Ryan's Strenghts', conclusion optimiste et soulagée mettant fin à la tension des longs morceaux d'action précédents. C'est le thème de Ryan et celui du Tao qui concluent le film de manière tout à fait apaisée.

Fans des partitions avant-gardistes/atonales de Don Davis, 'Warriors of Virtue' risque fort de vous surprendre! Le compositeur ici délaisse ses modèles 'contemporains' habituels et se tourne ici vers Williams, Horner, Howard, Korngold, etc. Grande partition d'aventure symphonique (ici, pas une seule trace de synthétiseur!), 'Warriors of Virtue' est une époustouflante invitation à l'aventure dans un monde imaginaire nettement plus convaincant que celui que Ronny Yu tente désespérément de nous montrer dans son film ridicule. Don Davis s'impose ici en maître de l'orchestre et nous le prouve par le biais d'une grande science d'écriture qui fait de lui l'un des meilleurs compositeurs américains actuels (la trilogie 'Matrix' nous l'a prouvé très largement). Voilà un grand score symphonique et épique incontournable dans la carrière du compositeur, une partition à découvrir de toute urgence si ce n'est pas déjà fait!


---Quentin Billard