1-Journey To
Alexanderplatz 10.55
2-Faisal's Escape 14.51
3-Natasha 1.28
4-Cafe Jatte 5.11
5-Eiffel Tower 7.27
6-The Island 4.09

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Intrada Records
MAF 7013D

Produit par:
Michael Kamen,
Stephen McLaughlin

Producteur exécutif:
Douglass Fake
Préparation de la musique:
Vic Fraser
Assistants de production:
Ed Shearmur, Maxie Sewell
Superviseur de la musique:
Joachim Hansch

Artwork and pictures (c) 1991 MGM-Pathé Communications, Co. All rights reserved.

Note: ***
COMPANY BUSINESS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
'Company Business' (Les patriotes) nous plonge dans l'univers agité des espions et des nombreux enjeux de ce métier de l'ombre. On y assiste aux déboires d'un agent secret américain, Sam Boyd (Gene Hackman), envoyé par la CIA pour mener à bien l'échange d'un espion soviétique du nom de Pyiotr Grushenko (Mikhail Baryshnikov) contre Sobel (Bob Sherman), un agent secret américain détenu par les Russes. L'échange se déroule à Berlin et tout se passe comme prévu, jusqu'à ce que Boyd soit pris d'un affreux doute. Il découvre à la dernière minute qu'il a déjà aperçu Sobel, un jour auparavant, dans un aéroport. Il ne le lui faudra pas plus de temps pour mettre violemment fin à cette opération. Après avoir échappés à une fusillade, Boyd et Grushenko s'enfuient et réussissent à semer leurs poursuivants. Il s'agissait en fait d'un complot monté de toute pièce par la CIA et le KGB. Ces derniers vont poursuivre les deux fugitifs à travers une bonne partie de l'Europe, et la poursuite s'achèvera à la Tour Eiffel, à Paris.

Nicholas Meyer quitte le monde de la science-fiction ('Time After Time', 'Star Trek II') pour revenir à un sujet plus conventionnel, le film d'espionnage. Pour l'anecdote, il paraîtrait que l'acteur/danseur russe Mikhail Baryshnikov aurait tellement détesté 'Company Business' qu'il aurait carrément refusé de faire de la publicité pour ce film, en Russie. Ceci étant dit, 'Company Business' est un film plutôt sympa, même si le scénario souffre de deux gros défauts: on ne comprend pas vraiment les raisons du complot, floues et pas vraiment clairement expliquées (Nicholas Meyer, scénariste du film, aurait-il omit ce léger détail?). D'autre part, on ne comprend pas non plus pourquoi le film finit aussi brusquement, laissant pas mal de chose inexpliquée et en suspend. A la fin de cette histoire, Boyd montre un dépliant des Seychelles à Grushenko. Et alors? Ensuite? Evidemment, le dernier plan est très allégorique: il pourrait clairement évoquer la fin de la guerre froide et la paix entre les Etats-Unis et la Russie, symbolisée par ces deux hommes qui trinquent ensemble avec leurs verres (le film a été tourné en 1991, bien après la fin de l'URSS). On y voit ces deux espions se prendre très rapidement d'amitié l'un pour l'autre, et c'est avec un certain plaisir que l'on assiste à leur aventure mouvementée à travers une bonne partie de l'Europe. Hélas, l'ensemble s'essouffle très rapidement et ne retiendra certainement pas notre attention, faute d'un bon scénario digne de ce nom, d'une mise en scène tout à fait quelconque et d'une intrigue banale et archi usée (le complot politique). Un film sympa, mais que l'on oubliera très vite.

Avec 'Company Business', Michael Kamen est revenu au style orchestral de 'Die Hard' dans un style action/suspense tout à fait similaire. A vrai dire, il est difficile d'écouter le score de 'Company Business' sans penser à 'Die Hard'. Seule ombre au tableau: ce score est loin de posséder l'inspiration et la force de la partition de Kamen pour le célèbre film de John McTiernan. Cela ne doit néanmoins pas nous empêcher de nous intéresser d'un peu plus près à cette partition méconnue du compositeur. La partition de Kamen s'articule ainsi autour de 6 longues pièces orchestrales suivant le déroulement de l'histoire et de ses principaux axe: ainsi, 'Journey To Alexanderplatz' décrit le voyage à Berlin et la séquence de l'échange foireux. Kamen utilise toutes les ressources traditionnelles de l'orchestre pour décrire cette aventure mouvementée, avec un très grand soin apporté aux orchestrations (signées Kamen lui-même), l'une des marques de fabrique du compositeur. 'Journey To Alexanderplatz' est à la fois sombre, tendu et finira même dans un style action tonitruant pour la séquence de la fusillade. 'Company Business' joue essentiellement sur la tension plus que l'action à proprement parler, même si le score nous réserve quelques morceaux d'action bien excitants à souhait. C'est le côté intrigant de la musique qui prédomine tout au long du film de Nicholas Meyer, renforçant l'idée du piège se refermant sur Boyd et Grushenko. On retrouve cette ambiance de tension et d'intrigue dans 'Faisal's Escape', dominé par des cordes plus sombres dans la séquence où les deux compères s'échappent de la demeure de leur ami Faisal (Nadim Sawalha). La poursuite dans l'hôtel est accompagnée par un martèlement d'effets de col legno de cordes assez percutantes. Aucun doute possible, Kamen fait très clairement référence ici au style action de 'Die Hard', mais en nettement moins inspiré, hélas.

Kamen décrit la séquence avec Natasha (Géraldine Danon) d'une façon plus intime et plus calme, même si le compositeur maintient constamment une forme de tension à travers son écriture orchestrale, privilégiant cordes, vents, piano ou harpes dans les moments plus nuancées. La tension monte d'un cran avec un 'Eiffel Tower' nettement plus sombre et dense. L'écriture orchestrale est plus agitée, plus mouvementée. Kamen met l'accent sur les percussions, les cuivres et les vents (beaucoup de hautbois entre autre) pour la poursuite dans la Tour Eiffel, vers la fin du film. On regrettera néanmoins l'absence ici d'une thématique forte dans ce score, et l'on appréciera en revanche la bonne surprise de 'Cafe Jatte' et 'The Island', pièce jazzy dominé par un saxophone soliste et une petite section rythmique avec quelques cordes, pour les scènes finales à Paris, jouée lors d'une scène dans un café. 'The Island' conclut d'ailleurs le film sur une touche plus joyeuse, reprenant le thème de sax de 'Cafe Jatte'. On notera aussi l'utilisation de quelques pièces de balalaïka, instrument traditionnel russe entendu notamment pour une scène de poursuite dans les rues de Paris, sur un rythme de danse russe très entraînant. A part cela, le score de 'Company Business' manque un peu d'originalité. La partition doit beaucoup à 'Die Hard' et se contente de recycler les formules orchestrales habituelles du compositeur. La tension et le suspense sont omniprésents tout au long du film, Kamen ayant réussi à capter cette ambiance de conspiration et de traque effrénée. On aurait simplement aimé entendre un thème assez fort pour unir la partition. Dommage aussi que l'ensemble ait tendance à devenir assez monotone au bout d'une vingtaine de minutes. Ceci étant dit, 'Company Business' mérite néanmoins d'être redécouvert, ne serait-ce que pour se convaincre de la qualité de l'écriture orchestrale de Michael Kamen.


---Quentin Billard