1-Happy Birthday, Nicholas 3.03
2-Consumer Recreaction
Services 3.09
3-Harlequin Clown 4.28
4-House Of Pain 5.07
5-Van Orton Mansion 1.59
6-Congratulations On
Choosing C.R.S. 5.56
7-Room 277 3.35
8-Illegal Surveillance 2.59
9-Reckless Endangerment 6.47
10-Attempted Murder 5.55
11-Mausoleum 3.55
12-Tung Hoy 4.34
13-Pulling Back The Curtain 4.42
14-White Rabbit* 2.49

*Interprété par Jefferson Airplane
Ecrit par Grace Slick

Musique  composée par:

Howard Shore

Editeur:

London Records
458 556

Superviseur de la musique:
Dawn Soler
Monteurs de la musique:
Michael Jacobi, Sue Shufro,
Dan Evans Farka

Senior VP pour PolyGram Soundtracks:
Jacquie Perryman
Directeur de la bande originale pour PolyGram Classics & Jazz:
Nancy Zannini

Artwork and pictures (c) 1997 Polygram Film Entertainment. All rights reserved.

Note: **
THE GAME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Howard Shore
Après 'Alien3' et 'Se7en', David Fincher rempile avec son genre de prédilection, le thriller. Dans 'The Game', il illustre la descente aux enfers de Nicholas Van Orton (Michael Douglas), un riche homme d'affaire de San Franscico qui consacre plus de temps aux finances qu'à sa propre vie privée. Le jour de son quarante-huitième anniversaire, son frère Conrad (Sean Penn) réapparaît après plusieurs années d'absence et propose à Nicholas un cadeau très particulier, une carte lui donnant accès à CRS ('Consumer Recreation Services'), une agence particulière qui, selon les propres mots de Conrad, 'ajoute du piment à sa vie'. Par curiosité, Nicholas se laisse convaincre et décide d'aller faire un tour aux bureaux de CRS pour savoir de quoi il s'agit précisément. Arrivé sur place, l'homme d'affaire doit subir une série de tests en tout genre sans qu'on lui en explique concrètement la raison. CRS organise en réalité des jeux dans la vie de tous les jours des gens, sauf qu'ici, on n'explique pas les règles au joueur, c'est au candidat de les découvrir par lui-même. Pas vraiment convaincu, Nicholas se laisse néanmoins prendre au jeu et décide d'y participer. C'est alors que les choses commencent à prendre une tournure inquiétante pour lui. Après sa rencontre avec une mystérieuse employée d'un restaurant, Christine (Deborah Kara Unger), Nicholas comprend peu à peu que quelqu'un le manipule et que des individus mal intentionnés ont décidés de lui empoisonner l'existence. Lorsqu'il découvre que Conrad s'est lui aussi fait avoir, Nicholas comprend qu'il est devenu la cible d'une gigantesque conspiration.

Suspense, tension psychologique, rebondissements multiples, voilà les ingrédients de 'The Game', un thriller au climat oppressant filmé sans originalité mais avec une maestria de mise en scène typique de David Fincher. Si le film est très en dessous de la qualité de 'Se7en', il n'en demeure pas moins intéressant, surtout dans son concept d'un jeu machiavélique qui se retourne contre son joueur qui en ignore toutes les règles et toutes les issues possibles. Fincher filme de manière implacable la descente aux enfers d'un homme brisé qui voit sa vie se transformer en cauchemar alors que quelqu'un cherche à détruire sa vie. Le réalisateur revendique très clairement ici un suspense hitchcockien dans la plus pure tradition hollywoodienne du genre, avec un Michael Douglas toujours aussi impeccable. Evidemment, comme dans 'Se7en' et 'Alien3', tout repose sur la fin du film et son rebondissement final, qui fera soit bondir d'indignation soit crier au génie suivant la sensibilité du spectateur. Voilà en tout cas un thriller intéressant sans être un grand chef-d'oeuvre du genre, qui nous prouve à quel point David Fincher est plus que jamais le nouveau grand spécialiste des thrillers/films noirs!

Howard Shore avait signé en 1997 une partition sinistre et mémorable pour 'Se7en'. Il était donc évident que David Fincher fasse de nouveau appel à lui sur 'The Game'. Le compositeur canadien nous livre une nouvelle partition à suspense pour le nouveau thriller de David Fincher, une musique épousant le climat oppressant/psychologique du film. Pour arriver à ses fins, Shore utilise une formation orchestrale incluant un piano (prédominant, tout au long de l'oeuvre), des cordes et quelques touches électroniques. Si l'introductif 'Happy Birthday, Nicholas' se veut encore calme, avec sa phrase de piano mélancolique évoquant la solitude du personnage incarné par Michael Douglas, 'Consumer Recreation Services' nous glisse d'emblée dans une atmosphère sombre et troublante où les sentiments d'incertitude au sujet du jeu et de ses règles ne cessent de grandir tout au long du film. On notera l'importance accordée au piano, axe instrumental majeur de la partition de 'The Game', soutenu ici par d'inquiétantes cordes graves synonymes de suspense et de tension. 'Harlequin Clown' confirme ce climat de suspense et de malaise dans la scène du pantin que Nicholas retrouve mystérieusement devant chez lui un soir.

On notera l'utilisation de sonorités électroniques aiguës et cristallines dans l'atmosphérique 'House of Pain', sonorités clairement reprises ici du score de 'Se7en' et toujours synonymes d'inquiétude et de mystère. Le suspense s'intensifie avec le sombre 'Van Orton Mansion' où les cordes hésitantes sont accentuées par des notes de piano qui semblent flotter de manière aléatoire dans l'air, suggérant un climat d'incertitude et de danger alors que Nicholas retrouve sa luxueuse maison complètement saccagée par des vandales. De la même façon, 'Congratulations on Choosing C.R.S.' nous propose une atmosphère de mystère alors que le piano intensifie la soudaine solitude du héros qui se retrouve face à ses conspirateurs lorsqu'il comprend que CRS n'existe pas et qu'il s'agissait d'une agence bidon. A noter que la musique s'avère être particulièrement lente et monotone, installant une ambiance psychologique fort appropriée mais qui risque de décevoir ceux qui s'attendaient à une musique plus axée sur les sursauts orchestraux ou les morceaux d'action. Ici, tout est clairement sacrifié aux ambiances de mystère et de suspense qui installent un véritable malaise durant le film.

On notera le côté plus insistant du piano dans 'Room 277', de même que 'Illegal Surveillance' nous plonge dans une parfaite atmosphère de conspiration avec cordes, piano et synthé lorsque Nicholas comprend qu'il est surveillé. Un morceau atmosphérique comme 'Reckless Endangerment' paraît en revanche très inspiré du score de 'Se7en', mais sans le brio et l'efficacité de ce dernier hélas. Heureusement, Shore apporte un peu de rythme dans 'Attempted Murder' dans la scène où Nicholas est sur le point de se noyer, piégé à l'intérieur d'un taxi. Le jeu prend des allures de cauchemar dans le suffoquant 'Mausoleum' où les sonorités électroniques froides et stridentes suggèrent un climat de malaise profond lorsque Nicholas a tout perdu et qu'il se retrouve enfermé dans un cercueil, après que les conspirateurs aient vidé tout son compte en banque. 'Tung Hoy' et 'Pulling Back The Curtain' font ainsi monter la tension entre cordes graves, piano solitaire et synthétiseurs atmosphériques jusqu'à la révélation finale. On regrettera malgré tout ici l'absence d'un thème qui aurait permit de rendre l'écoute plus intense et mémorable.

'The Game' n'est en aucune façon le nouveau chef-d'oeuvre d'Howard Shore, même si avec cette sombre partition atmosphérique, le compositeur attitré de David Cronenberg (et maintenant de David Fincher) confirme son goût pour les atmosphères sinistres et mystérieuses. Aussi efficace qu'il soit dans le film, le score pêche par son côté extrêmement répétitif, monotone et ennuyeux. Le compositeur semble même être en panne d'inspiration, obligé de recycler ses formules héritées de son excellent travail sur 'Se7en'. Ennuyeux, le score de 'The Game' l'est assurément. L'homogénéité musicale extrême de la partition influe malheureusement sur la qualité de la musique, chaque morceau se contentant simplement de singer le précédent sans jamais rien apporter de neuf. Pas de surprise, pas de particularité, pas de rebondissements musicaux, pas de relief! Voilà donc un score thriller plat et très monotone, une partition 100% atmosphérique idéale pour se replonger dans l'ambiance oppressante du film de David Fincher, mais sans aucun génie et sans aucun 'plus'. On s'attendait quand même à quelque chose d'un peu plus passionnant de la part du grand Howard Shore!


---Quentin Billard