1-Act I 3.42
2-Act II 11.53
3-Act III 3.20
4-Act IV 10.34

Musique  composée par:

Mark Isham

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5662

Produit par:
Mark Isham
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Monteurs de la musique:
Will Kaplan, Tom Carlson

Artwork and pictures (c) 1995 Columbia Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
THE NET
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Isham
L'originalité de 'The Net' (Traque sur Internet) provient du fait que le réalisateur Irwin Winkler a placé l'Internet au centre de cette sombre histoire de conspiration. Le film a été tourné en 1995. Or à cette époque, Internet venait à peine de débarquer dans nos foyers, et ce alors que cette technologie avait déjà plus de 30 ans. A l'origine, ce fut le réseau 'ARPANET' qui vit le jour dans les années 70. Par la suite, on créa le système TCP/IP, et au milieu des années 80, un nouveau réseau nommé 'NFSNET' naquit dans les laboratoires de la NSF (National Science Foundation). Le succès colossal de ce réseau grandissant permit à l'Internet moderne de voir le jour. On pense qu'il y a aujourd'hui plus d'une centaine de millions de personnes qui se connectent chaque jour à Internet un peu partout dans le monde. Dans 'The Net', la ravissante Sandra Bullock interprète Angela Bennett, une jeune informaticienne analyste qui travaille pour une entreprise de software. Elle passe la majeure partie de sa vie sur le net, tout en résolvant les difficultés informatiques des autres. De temps en temps, elle rend visite à sa mère (Diane Baker), atteinte de la maladie d'Alzheimer. Un jour, elle reçoit un coup de téléphone intriguant de son ami Dale Hessman (Ray McKinnon). Ce dernier lui envoie un mystérieux programme qui contient d'inquiétants secrets. Les deux amis conviennent alors d'une rencontre pour parler de ce problème, mais l'avion d'Hessman s'écrase tragiquement en pleine nuit. Une heure avant qu'elle ne parte en vacance, Angela reçoit la disquette que son ami lui a envoyé et finit par découvrir les secrets que renferme ce programme. Après cela, sa vie va complètement changer: traquée par un mystérieux espion du nom de Jack Devlin (Jeremy Northam), Angela va entamer une longue et douloureuse descente aux enfers. Quelqu'un a changé son identité, annulé ses cartes de crédits et fournit un faux casier judiciaire. Traquée par la police et le mystérieux espion, Angela ne sait plus à qui se fier. Tout le monde semble être en danger, même ses propres amis. Elle va devoir se battre et aller jusqu'au bout pour découvrir qui la manipule et qui se cache derrière ce sinistre complot.

Ce thriller vaut surtout pour la qualité de la mise en scène, Irwin Winkler maintenant habilement le suspense jusqu'à la dernière minute du film. On assiste, captivé, à la sombre descente aux enfers d'Angela Bennett, qui doit se battre seule contre des ennemis de l'ombre qui conspirent contre elle. Mais derrière cette banale intrigue de conspiration se cache une autre réalité, celle d'Internet et de ses dangers potentiels. Le message du film semble être clair: Internet a beau être une belle invention, placée entre les mains d'individus sans scrupules, elle peut devenir un objet de cauchemar qui pourrit la vie de gens honnêtes. La théorie paranoïaque soutenue par le film est celle que nous sommes tous fichés sur Internet et qu'on observe tous nos faits et gestes. Cette théorie était déjà connue pour le téléphone, mais la voilà maintenant transposée sur Internet. Ici, c'est Angela Bennett qui fait les frais de cette douloureuse expérience informatique qui transforme sa vie en un véritable cauchemar sans fin. On ne sait pas vraiment quoi penser d'un tel message. Certes, Internet a ses risques, mais il possède aussi ses propres avantages: un gigantesque moyen de communication qui permet aux hommes de dialoguer entre eux, partout dans le monde. Evidemment, Winkler tente de nous alerter par une prise de conscience des éventuels danger du Net, mais que l'on se rassure: ce n'est qu'un film et rien de plus! Reste que 'The Net' est un thriller très sympathique, jouant très clairement la carte de la tension et du suspense, plutôt que sur la violence habituelle que l'on rencontre souvent dans ce style de film.

Collaborateur régulier des films d'Irwin Winkler, Mark Isham nous livre sur 'The Net' un score thriller sans aucune surprise particulière, mais qui possède au moins l'avantage de nous prouver que le trompettiste de jazz est très à l'aise dans le registre du suspense et de l'action. Dans un style similaire à son score pour 'Timecop', Isham bâtit le suspense et fait monter la tension tout au long du film. L'atout majeur du score de 'The Net' provient de l'utilisation étonnante de voix féminines incorporées dans le mélange orchestre/synthé du score d'Isham. Ces voix servent à évoquer le personnage d'Angela et de sa troublante descente aux enfers. Au niveau thématique, 'The Net' n'a rien de follement original puisque le seul motif principal entendu dès le 'Main Title' s'oublie très rapidement. Isham privilégie ici le côté atmosphérique de sa partition, tout en ayant recours à diverses rythmiques électroniques évoquant l'action et la tension. Evidemment, l'utilisation de l'électronique se justifie ici par le sujet informatique du film, de même que l'utilisation des voix se justifie à travers le personnage principal féminin. Isham est donc cohérent dans ces choix, le seul problème étant que son score est finalement assez quelconque et plutôt fade, à l'image même de son score pour le nullissime 'Timecop'.

Construit sous la forme de '4 actes' (comme dans un Opéra ou une pièce de théâtre), l'album du score reproduit les grandes lignes du score d'Isham. Le 'Main Title' (début de 'Act I') nous introduit au style orchestral/électronique du score avec des rythmiques sympathiques, quelques cordes, vents, basse et un piano plutôt mystérieux, évoquant dans un premier temps la solitude de l'héroïne, qui passe la majeure partie de son temps devant un écran d'ordinateur. C'est aussi le moment où le compositeur introduit son thème principal et l'utilisation des voix féminines. La séquence du suicide du secrétaire d'état permet au compositeur d'assombrir considérablement son 'Main Title' et de nuancer son introduction, à la fois mélancolique, intrigante, sombre et mystérieuse. Les voix féminines apportent ici une touche dramatique et mystérieuse au score d'Isham, mais c'est l'utilisation de l'électronique incorporé à l'orchestre qui domine ici. La première séquence d'action intervient à la fin de l'Acte II, lorsqu'Angela s'échappe du bateau de Jack Devlin. On retrouve ici les percussions électroniques héritées de 'Timecop', avec des cordes et quelques cuivres plus menaçants. L'efficacité de ces quelques passages d'action s'apprécie particulièrement à l'écran, même si la majeure partie du score de 'The Net' joue essentiellement sur le suspense, Isham maintenant un très fort sentiment de menace et de danger omniprésent. La tension monte ainsi tout au long de l'Acte III (lorsqu'Angela se fait jeter en prison) jusqu'à l'affrontement final dans l'Acte IV, où l'action pointe à nouveau le bout de son nez. La traque dans le manège est ainsi illustrée par un rythme martelé aux cordes/cuivres dissonants. Les voix reviennent pour la séquence où Angela se rend à ses bureaux pour tenter de mettre fin à cette conspiration, la tension atteignant finalement un climax pour l'affrontement final contre Devlin (à noter l'utilisation assez brutale de clusters de piano). Le final permettra à Isham de ramener le calme, les voix se faisant alors plus douces et plus paisibles.

A noter, pour finir, que c'est Jeff Rona, compositeur de Media-Ventures, qui a écrit la musique additionnelle du film (dans la lignée orchestral/électronique de Mark Isham). La musique fonctionne bien à l'écran mais manque un peu de relief. L'ensemble est somme toute assez répétitif et pas franchement mémorable. On pourrait ainsi critiquer le manque d'inspiration d'un score thriller sympa sans plus - deux ans plus tard, Mark Isham nous prouvera pourtant avec 'Kiss The Girls' que le genre du thriller lui réussit plus particulièrement lorsqu'il se donne les moyens pour fournir une partition solide et efficace. Néanmoins, on nuancera cet avis en précisant que l'utilisation de l'électronique et du choeur féminin est très réussie dans le film, et ce même si 'The Net' ne fait certainement pas partie des scores incontournables du compositeur. A réserver en priorité aux fans purs et durs du jazzman, amateurs de partitions sombres et atmosphériques!


---Quentin Billard