Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:


Réalisateur:
Annabel Jankel,
Rocky Morton

Genre:
Aventure/Action/
Science-fiction/Familial

Avec:
Bob Hoskins,
John Leguizamo,
Dennis Hopper,
Samantha Mathis.

(c) 1993 Hollywood Pictures/Nintendo Co. Ltd./Cinergi Pictures Entertainment Inc./Allied Filmakers/Lightmotive.

Note: ***1/2
SUPER MARIO BROS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Adapter 'Super Mario Bros', le célèbre jeu vidéo de la console de jeu 8 bits N.E.S. sur grand écran? Il existait déjà une série animée basée sur les personnages du jeu de Nintendo, mais jamais encore personne n'avait osé s'attaquer à une adaptation 'live' de ce monument de l'histoire des jeux-vidéos. C'est pourtant le pari insensé qu'ont tenu le duo Annabel Jankel/Rocky Morton, plus connu pour avoir réalisé ensemble 'Max Headroom' en 1985, considéré comme le premier film cyber-punk de l'histoire du cinéma. Pour cette aventure fantaisiste, les deux réalisateurs ont recrées un univers futuriste glauque plus proche de 'Blade Runner' ou 'Star Wars' que du célèbre jeu Nintendo. Il fallait s'en douter un peu: c'est le genre de jeu trop fantaisiste pour être adapté au cinéma, à moins d'en faire un film d'animation. A ce sujet, 'Super Mario Bros' s'avère être une belle déception, du moins pour tous les fans du jeu qui s'attendaient à voir quelque chose plus proche de l'univers du jeu N.E.S. Concernant le scénario, on retrouve bien évidemment les personnages principaux conçus par le Japonais Shigeru Miyamoto en 1985, à commencer par les deux célèbres frères plombiers, Mario (Bob Hoskins) et Luigi (John Leguizamo), la princesse Daisy (Samantha Mathis), Yoshi le célèbre petit dinosaure et le tyrannique roi Koopa (Dennis Hopper). On retrouve même les Goombas (dans le jeu, ce sont des petits champignons sur pattes) et le petit personnage de la Bob-omb, une petite bombe sur patte que les connaisseurs du jeu reconnaîtront certainement. L'histoire est à peu près similaire à celle d'origine, sauf qu'on y parle plus ici de dinosaures et d'évolution que de tuyaux ou de pièces.

Il y a 65 millions d'années, un astéroïde s'écrasa sur la terre en tuant tous les dinosaures qui y vivaient. Le crash de cet astéroïde provoqua la création d'un univers parallèle dans lequel certains dinosaures pourraient continuer à vivre et à évoluer. Des siècles plus tard, le tyrannique Roi Koopa (Dennis Hopper), un reptile à l'apparence humaine, règne sur la ville de Dinohattan après avoir renversé le Roi (Lance Henriksen) et fait de lui une gigantesque mycose gluante (il utilise son canon à dévolution pour transformer ses ennemis en créatures primitives et inoffensives). Pour sauver sa descendance, la reine remonta jusqu'à notre terre et confia son bébé à un couvent. Orpheline, la petite Daisy grandit et devint archéologue, menant d'importantes fouilles près d'un tunnel de Manhattan. C'est là qu'elle va faire la connaissance de Mario et Luigi, deux frères plombiers de Brooklyn. Après avoir été enlevé par Iggy (Fisher Stevens) et Spike (Richard Edson), les deux cousin de Koopa, les frères Mario décident de se lancer à sa poursuite et de la secourir. En réalité, Koopa a besoin d'elle pour fusionner les deux univers en utilisant le bout de météorite que la princesse porte autour de son cou depuis sa naissance. Si Koopa réussit, il deviendra maître des deux dimensions. Les frères Mario sont bien décidés à combattre le dictateur et à sauver la princesse Daisy.

Au final, aussi sympathique que ce film soit, il ne peut que nous décevoir, surtout lorsqu'on le compare au jeu vidéo d'origine. Si les réalisateurs n'étaient pas capables de nous proposer une adaptation plus réussie d'un jeu vidéo pourtant inadaptable, il aurait mieux fallut qu'ils s'abstiennent de nous livrer cet émule peu inspiré de 'Blade Runner', très loin de l'univers du 'Super Mario Bros' d'origine. Les acteurs sont tout de même très convaincants. Le duo Bob Hoskins/John Leguizamo fonctionne très bien avec la charmante Samantha Mathis. On appréciera aussi l'interprétation de Dennis Hopper dans le rôle du Roi Koopa, l'acteur continuant de nous prouver qu'il est décidément très à l'aise dans le rôle des grands méchants de service. Mais là aussi, on regrettera le fait que le reptile ait une apparence humaine, une facilité qui évite ainsi aux réalisateurs d'avoir recours à des effets spéciaux trop complexes (aujourd'hui, c'est la chose que l'on pourrait se permettre sans problème), et ce même si 'Super Mario Bros' contient quelques effets spéciaux assez neufs pour l'époque (séquence où Mario traverse les deux dimensions pour rejoindre 'Dinohattan'). On regrettera le côté stéréotypé au possible des différents protagonistes, surtout avec les deux cousins stupides de Koopa, qui semblent sorti tout droit d'un mauvais film de Disney (on ne comprend pas vraiment leur brusque changement de comportement vers la fin du film). Au final, les fans du jeu risquent fort d'être déroutés devant ce film d'aventure/sci-fi pas vraiment inoubliable, à réserver essentiellement à un public plus jeune ou aux nostalgiques de la bonne vieille console 8 bits.

Alan Silvestri signe pour 'Super Mario Bros' un score symphonique très sympathique, dans la lignée d'un 'Back To The Future Part II' ou de ce que le compositeur fera plus tard sur 'Judge Dredd'. Partition sombre avec quelques thèmes forts, 'Super Mario Bros' nous propose d'entrée de jeu une introduction mystérieuse avec ces trémolos de cordes et cette flûte qui semble onduler dans l'air. A noter que l'on entend dès les premières secondes un bref rappel du célèbre thème du jeu vidéo Nintendo, composé par Koji Kondo en 1985. Par la suite, Silvestri va développer dans un premier temps le thème de la princesse Daisy, confié à un violon mélancolique et des cordes sombres. Ce très beau thème nous rappelle à quel point le compositeur sait écrire des thèmes simples et émouvants. La deuxième partie du thème est plus dramatique, avec des timbales et des cuivres quasi funèbres. Le thème évoque la quête de Daisy pour libérer son père du pouvoir que lui a jeté Koopa. Cette première introduction assez sombre a une double utilité: Silvestri amorce un thème majeur du score et annonce le climat orchestral plutôt sombre de sa partition.

Par la suite, Silvestri va s'appliquer à utiliser deux thèmes bien distincts pour les frères Mario et pour Koopa. Le premier est plutôt sautillant, un petit thème mémorable entraînant qui donne un côté humoristique à la musique de Silvestri, le thème passant d'un instrument à l'autre comme le saxophone, le tuba, le trombone, la flûte, etc. Le thème de Koopa est quant à lui facilement reconnaissable par son motif menaçant de 4 notes confiées à des cuivres graves et pesants. A noter l'utilisation d'un petit motif espiègle et dissonant pour les deux cousins idiots de Koopa, Silvestri s'arrangeant pour donner un côté 'désaccordé' aux instruments qui jouent ce petit motif étrange, tout en renforçant l'aspect maladroit et idiot des deux compères. L'autre motif, confié à une flûte, semble s'apparenter au personnage de Yoshi. Le motif apparaît lors de la première scène où Daisy rencontre le petit dinosaure, qui se trouve être la mascotte du Roi. Avec une thématique aussi forte, Silvestri est assuré de susciter l'intérêt du spectateur et de créer une partition suffisamment intéressante pour rattraper l'intérêt tout à fait quelconque de ce film très passable.

Les quelques passages d'action sont typiques de Silvestri: on y retrouve le style orchestral sombre de 'Back To The Future Part II', surtout dans l'utilisation des cordes, des cuivres et des percussions. Le thème sautillant des frères Mario apporte une dimension plus fraîche à un score assez sombre. On pourra même en entendre une reprise plus héroïque dans la séquence où les frères Mario s'échappent de la prison, le morceau étant sans aucun doute la pièce d'action incontournable du score, proche de 'Back To The Future'. La partie émotionnelle est largement assurée par le joli thème de la princesse Daisy et de son violon larmoyant qui, s'il sonne un peu cliché sur les images du film, apporte un peu de sensibilité dans cette atmosphère sombre et parfois mystérieuse (surtout pour les séquences avec Koopa et Lena). Au final, le score de 'Super Mario Bros' s'avère être une bonne surprise pour un film aussi peu inspiré et parfois ridicule. Qui pouvait s'attendre à entendre un score aussi inspiré pour un film de ce genre? Alan Silvestri continue de nous prouver qu'il est décidément capable d'écrire de très bonnes choses même sur des mauvais films. On ne pourra que regretter le fait que le score n'ait jamais encore été édité officiellement!


---Quentin Billard