1-Theme From "The Ghost
and The Darkness" 2.11
2-The Bridge 4.09
3-Catch A Train 2.02
4-Lions Attack 5.18
5-First Time 2.00
6-Starling's Death 5.57
7-Lions Reign 2.40
8-Preparations 2.46
9-Remington's Death 2.31
10-Prepare For Battle 2.00
11-Final Attack 2.53
12-Welcome To Tsavo 4.59

Performed by The Worldbeaters
Featuring Nusrat Fateh Ali Kahn
13-Hamara Haath
("Our Hands Unite") 3.05
14-Dueling Chants, Part I:
"Jungal Bahar" 3.20

Performed by The Worldbeaters
15-Safari Ya Bamba
("Journey To Bamba") 2.32
16-Terere Obande 2.42
17-Iye Oyeha 2.13

Musique  composée par:

Jerry Goldsmith

Editeur:

Hollywood Records
HR-62089-2

Producteur:
Jerry Goldsmith
Monteur de la musique:
Ken Hall
Assistant de Mr. Goldsmith:
Lois Carruth
"Hamara Haath/
Dueling Chants, Part I"

Performed by: The Worldbeaters,
featuring: Nusrat Fateh Ali Kahn.
Produced and Arranged by:
George Acogny.
Original Chant and Lyrics Written by: George Acogny.
Singer in L.A.: Dana Hutson
"Safari Ya Bamba/Terere Obande/
Iye Oyeha",

Performed by: The Worldbeaters
Produced and Arranged by:
George Acogny.
Inspired by:
Traditional Kenyan Song
Lyrics Written by: George Acogny
Superviseur de la musique:
George Acogny
Producteurs exécutifs de l'album:
Michael Douglas,
Steven Reuther,
Mitchell Leib

Artwork and pictures (c) 1996 Mont Blanc Entertainment GmbH/Bernina Films AG. All rights reserved.

Note: ****
THE GHOST AND THE DARKNESS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Jerry Goldsmith
En voyant le film très réussi de Stephen Hopkins, on a du mal à croire que cette sombre histoire soit adaptée d'une histoire vraie, et pourtant...'The Ghost & The Darkness' (L'Ombre et la Proie) se déroule en 1898 dans le village de Tzavo en Afrique de l'Est. Le colonel John Henry Patterson (Val Kilmer) est envoyé par son chef afin d'assurer la construction d'un pont contenant une voie ferrée. Les ouvriers africains et indiens semblent faire du bon boulot jusqu'à ce qu'un lion fasse quelques morts au sein des ouvriers, les décourageant alors. Patterson tue alors le lion d'un seul coup de fusil et gagne alors le respect des ouvriers en devenant un véritable héros. Mais les problèmes ne font alors que commencer au moment où deux nouveaux lions surgissent et massacrent de nombreux ouvriers en un temps record. Les gens du coin surnomment ces deux lions 'fantôme' et 'ténèbres', croyant avoir affaire à deux démons réincarnés dans la peau de ces deux lions. Apportant le chaos et la mort, les deux lions font alors régner la terreur dans le camp des ouvriers alors que personne ne semble être en mesure d'arrêter leur folie meurtrière. La compagnie décide alors d'envoyer Charles Remington (Michael Douglas), un célèbre chasseur américain qui devra aider Patterson et ses hommes à tuer ces lions mangeurs d'hommes. Le fait sur lequel se base cette histoire est assez incertain puisqu'il n'a jamais été vraiment prouvé que ce furent réellement des lions qui tuèrent tous ces gens en un laps de temps aussi court. L'histoire a évidemment été romancée pour les besoins du film, mais on n'a jamais vraiment été sûr de ce qui avait réellement tué ces 130 personnes en l'espace de quelques mois seulement. Comme nous le fait comprendre un personnage du film, les lions ne font pas de tel carnage. Contrairement à ce que beaucoup croient, les lions sont comme tous les autres animaux: ils n'attaquent que si ils ont faim ou s'ils se sentent menacés. Mais de là à commettre de telles tueries, c'est autre chose. C'est pourtant ce que les écrits de cette époque nous rapportent, le colonel Patterson ayant réellement tués ces deux lions qui massacrèrent approximativement 130 ouvriers dans le camp. Les lions mangent assez rarement les hommes, du moins très rarement de cette manière. Il y'a en fait une explication à ces attaques rarissimes: durant la fin des années 1890, une maladie décima de nombreuses races d'animaux (Zèbres, Gazelles, etc...) à travers toute la faune Africaine obligeant ainsi les lions à chercher la nourriture ailleurs et la trouvant finalement chez les humains. Aujourd'hui, les deux carcasses des lions sont conservées au Field Museum de Chicago et c'est grâce aux écrits du colonel Patterson que nous connaissant toute cette histoire qui a ainsi donné naissance à l'excellent film de Stephen Hopkins. Aujourd'hui, les deux lions mangeurs d'hommes ont rendus le petit village de Tsavo célèbre. Un cas assez similaire a été relevé en 1991 dans le petit village de Mfuwe en Zambie. Les lions mangeurs d'hommes ne sont donc pas de la fantaisie et existent réellement, même si certains aspects de cette histoire ont été romancées pour les besoins dramatiques du film.

Jerry Goldsmith a écrit un superbe score alliant l'aventure avec la terreur et le suspense instaurés par les nombreuses attaques des deux lions de Tsavo. Après avoir déjà 'visité' l'unviers africain dans sa partition pour 'Congo' (1995), Goldsmith revient à la charge dans un style plus ou moins similaire et un score à mon avis nettement plus intéressant pour 'The Ghost & The Darkness'. La partition du maestro repose une fois de plus sur une thématique très forte, le thème principal étant entendu dès le début du film dans la première piste (pour le générique de fin) mais aussi dans 'The Bridge'. Ce thème excellent apparaît comme majestueux et solennel, soutenu par de la percussion exotique (tambours essentiellement) et une partie vocale africaine apportant la touche ethnique à ce thème. C'est la section des cuivres et cordes qui décrivent la mélodie majestueuse de l'un des plus grands thèmes écrit par Goldsmith dans cette deuxième moitié des années 90. Le thème se structure aussi autour d'un ostinato mélodique confié à des flûtes que Goldsmith utilisera parfois comme un petit motif développé faisant référence au personnage du colonel Patterson. Le thème principal de 'The Ghost & The Darkness' décrit ainsi la solidarité qui unit les ouvriers africains/indiens et le personnage occidental de Patterson autour d'un intérêt commun: la construction d'un pont. Ce mélange de culture occidentale/africaine apparaît très clairement dans ce thème. La partie symphonique évoque tout simplement l'aspect occidental tandis que la percussion avec les voix africaines renvoient très clairement à une évocation sonore du climat musical de l'Afrique. Plus qu'une description solennelle de la solidarité qui unit ces hommes de différentes cultures autour d'un même objectif, c'est aussi la description majestueuse et l'émerveillement que suscite la beauté des paysages africains qui resplendit ici dans le paisible et triomphant 'First Time' au moment où Patterson arrive en train à Tsavo où la construction du pont a commencé et admire la beauté des paysages. (lorsqu'il arrive au camp du pont dans 'The Bridge', on retrouve un style similaire) On appréciera par exemple le fait que le compositeur utilise ce superbe thème alors que le réalisateur nous montre quelques plans de la beauté des paysages et de la faune africaine. Le très beau 'Catch A Train' évoque un moment intime du film où Patterson dit au revoir à sa femme, Goldsmith décrivant ici la scène de manière tendre et romantique (hautbois et cordes lyriques), tout cela avant que la musique ne décrive le cauchemar instauré par les attaques sauvages des lions.

On regrettera que l'album mette de côté bon nombre d'excellents morceaux comme c'est souvent le cas dans les CD de Goldsmith. Par exemple, on aurait bien aimé entendre le morceau de la traque du lion avec Patterson, Remington et sa troupe d'indigènes africains à l'intérieur d'un bois, là où le compositeur faisait un bel usage de ces traditionnels éléments du synthétiseur. L'album ouvre donc le côté action/sombre du film sur 'Lions Attack' qui décrit dans un premier temps l'attaque des lions dans l'hôpital du camp et les dégâts qui en résultent ensuite forçant alors les ouvriers à quitter lâchement le camp, terrorisés par ces bêtes sauvages. La première partie de 'Lions Attack' nous permet de retrouver le style action habituel du compositeur à l'aide de cuivres menaçants sur un motif de deux notes qui évoque le danger des lions qui semblent être omniprésents aux alentours du camp (mais le manque de nombreux morceaux du score empêche d'entendre les autres développements de ce petit motif intervenant la plupart du temps dans les parties suspense/action/terreur du score). Hormis la présence de brefs petits éléments de synthé sombres dans les premières petites secondes du morceau, c'est l'utilisation de la voix du chanteur africain qui marque ici un point parmi les nombreux atouts du score. Dans 'Lions Attack', la voix africaine apparaît brusquement au milieu du chaos orchestral des cors et de l'ensemble des percussions toujours très imposantes durant la majeure partie des morceaux d'action du score. Le morceau impose ici ce climat de terreur au sein d'un morceau d'action à la rythmique frénétique à l'instar du superbe et sombre 'Starling's Death', où les deux lions continuent de commettre leur méfait en tuant cette fois Angus Starling, l'associé de Patterson. On notera dans ce morceau l'utilisation excellente de la rythmique des percussions africaines (tambours à vase ouvert ici) qui donnent une dynamique aussi frénétique à ce morceau d'action évoquant une fois encore la terreur des attaques des lions. (notons l'utilisation des voix africaines utilisées de manière majestueuse dans le thème principal mais de manière plus sombre ici. On appréciera ainsi cette double utilisation que fait Goldsmith de ses voix africaines tout au long de son score) On retrouve ici aussi le motif de 2 notes aux cuivres graves pour évoquer la menace des lions. Le morceau finit de manière plutôt triste pour la mort de Starling. Quand à la deuxième partie de 'Lions Attack', le compositeur nous fait entendre un thème évoquant la puissance du 'règne' des lions avec un côté plus majestueux que réellement terrifiant. Avec la voix du chanteur africain et des percussions qui marquent le rythme - notons l'utilisation des claquements de mains très africains - (le maestro utilise ici un ostinato au sein du morceau qui devient de plus en plus puissant) les cordes et les cuivres décrivent la puissance de ces lions et le règne de terreur qu'ils installent, Goldsmith ayant plutôt préféré voir ce 'règne de terreur' comme une sorte de règne du roi des animaux, le lion. (notons le rappel du motif issu de l'ostinato mélodique du thème principal que le compositeur réutilise ici sous une forme plus lente, plus sombre et minorisée comme pour donner un côté résigné au personnage de Patterson qui n'a pas pu empêcher tous ces morts et voit ses ouvriers fuirent lâchement le camp.) On retrouve évidemment ce thème dans le morceau 'Lions Reign' qui comme son nom l'indique prolonge le côté puissant des lions qui paraissent être les maîtres indestructibles des lieux.

Dans 'Preparations', l'espoir semble être de nouveau possible alors que Patterson et Remington préparent le piège qu'ils vont tendre aux lions en les attendant à l'intérieur de l'ancien hôpital. Goldsmith réutilise ici un thème issu de 'Catch A Train' sous une forme plus solennelle (mais mal développé dans le CD une fois de plus à cause du nombre important de bons morceaux qui manquent à l'appel sur cet album) et notamment au synthé à la fin du morceau, l'élément synthétique étant utilisé avec parcimonie dans ce score même si ses interventions ne sont pas négligeables. Mais c'est 'Remington's Death' qui permet de réentendre le thème du règne des lions alors que Remington s'est fait tuer par les bêtes et que Patterson et son ami Samuel retrouvent son corps un peu plus loin. Comme toujours, on notera ici l'importance des voix africaines mélangées à celle du chanteur ainsi que le groupe de percussions qui marquent une fois de plus le rythme lent autour de ce motif de 5 notes ascendantes aux cordes et développés en contrepoint aux cuivres. Le morceau finit comme une sorte d'hommage vibrant à la mémoire de Remington. Le combat finale commence alors dans 'Prepare For Battle' et 'Final Attack', morceau illustrant la confrontation finale contre le dernier lion. Goldsmith installe un véritable climat de terreur à l'aide d'une rythmique une fois de plus frénétique, des voix africaines et de l'ensemble des percussions, dans une montée de tension de plus en plus prenante. Une reprise plus héroïque du motif de l'ostinato mélodique du thème principal vient conclure le morceau (et la scène) avec un sentiment de soulagement voire de libération, Patterson ayant finalement 'détrôné' les rois des animaux de leur règne infâme au sein du camp de Tsavo. C'est le superbe 'Welcome To Tsavo' qui conclut le film de manière paisible alors que les ouvriers reviennent au camp et que Patterson retrouve sa femme. Goldsmith reprend finalement pour le générique de fin le thème principal, ultime hommage à la beauté des paysages africains et à la solidarité des hommes unit dans un intérêt commun.

'The Ghost & The Darkness' est sans conteste l'une des meilleures BO écrites par Goldsmith dans cette deuxième moitié des années 90, un score accrocheur et diversifié alliant moments poétiques, émerveillement, découverte, grandeur, majestuosité, peur, frisson, suspense et terreur. Un cocktail prometteur et qui fait recette au sein de l'excellent film de Stephen Hopkins. On pourra regretter une fois de plus l'absence de nombreux bons morceaux du score même si ce qui se trouve sur le CD est suffisamment intéressant pour permettre une écoute cohérente et satisfaisante. Bien meilleur à mon avis que le score de 'Congo', celui de 'The Ghost & The Darkness' nous rappelle une fois de plus le talent de Goldsmith a créer des partitions superbement ancrées dans l'histoire des films qu'il met en musique. Une excellente BO du maestro californien!


---Quentin Billard