1-Theme from "The Bodyguard" 2.44
2-Watch and See/Meet Rachel*/
Fletcher**/Can I Help You? 3.40
3-Weirdo/Someone Was In Here 1.17
4-Frank Unpacks 1.24*
5-Followed/On The Job 3.08
6-Just Dinner 1.02
7-Walkman/Another One 3.20
8-Not There 1.27
9-Only If You Want To/
I Know Why/Got You/
The Glove/The Locker 3.06
10-Be Careful**/I Don't Approve*/
The Sword 4.14
11-Silly Job 0.54
12-Well, Well, Well/Overlay 1.44
13-What Are You Doing?/
Where Is She?/I'm Through 3.24
14-Snow/I Understand Now/
Just One** 5.23
15-How About That 3.14
16-It Doesn't Matter/
Where's Fletcher? 3.09
17-Tell Me About It 4.20
18-The Stairs/It's Not Your Fault/
Do You Mind? 3.01
19-Relax A Little 1.32
20-This Is The Night/Coming Thrill/
Portman/Please Welcome 3.00
21-The Winner Is/
Where's Portman? 1.58
22-Lunatic 3.15
23-My Bodyguard/
How's It Going? 2.26

Bonus Tracks:

24-Theme From "The Bodyguard"
(Film Mix Version) 2.44
25-Meet Rachel
(Alternate Version) 0.49
26-The Winner Is
(Alternate Version) 1.41
27-It Doesn't Matter
(Alternate Version) 1.32
28-How It's Going?
(Alternate Version) 1.21
29-Party Piano (Source Music) 2.28
30-Theme from "The Bodyguard"
(Album Alternate Version) 3.53

*Not used in film
**Contains material not used in film

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1225

Album produit pour
La La Land Records par:
Dan Goldwasser
Producteur exécutif pour
Sony Music Entertainment:
Didier C.Deutsch
Producteurs exécutifs de l'album
pour La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Monteur musique:
Clif Kohlweck
Mixeur musique:
Dennis Sands
Supervision musique:
Maureen Crowe
Orchestrations:
William Ross
Assistance production:
Frank K. DeWald

American Federation of Musicians
Edition limitée à 3500 exemplaires.

Artwork and pictures (c) 2012 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE BODYGUARD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Prévu à l’origine pour un tournage avec Steve McQueen et Diana Ross (on parlait aussi de Ryan O'Neil pour le rôle masculin) en 1975, « The Bodyguard » est resté l'un des classiques absolus dans la carrière de Kevin Costner, probablement l'un de ses plus grands succès après « Dances with The Wolves » et avant sa période d'impopularité qui débuta avec le plantage de « Wyatt Earp » en 1994 (suivi d'un « Waterworld » catastrophique). Kevin Costner interprète ici le rôle de Frank Farmer, un agent des services secrets reconverti en garde du corps d'une célèbre chanteuse pop nommée Rachel Marron (Whitney Houston). Rien ne semble aller entre les deux au départ. Rachel déteste que l'on vienne la déranger continuellement dans son travail et son repos. Mais elle commence à recevoir régulièrement des menaces de mort, et seul ses proches sont pour le moment au courant de l'existence de ces lettres. Frank découvre aussi un fait bien plus inquiétant: quelqu'un a réussi à s'introduire dans sa chambre et à se masturber sur son lit. Le garde du corps, toujours très consciencieux, fait installer un impressionnant système de sécurité dans l'immense villa luxueuse de Rachel, un fait qui semble particulièrement déplaire à la star un brin impétueuse. Pourtant, à force de veiller l’un sur l’autre, Rachel et Frank finissent par tomber amoureux, ce qui risque de compromettre gravement la mission de Frank, qui refuse d’avoir des sentiments pour une cliente qu'il est censé protéger. Après une première nuit d'amour, Rachel n'arrive pas à comprendre le rejet soudain de Frank, jusqu'à ce qu'une nouvelle lettre de menace reçue à son hôtel de Miami lui remette les idées au clair. Elle comprend pourquoi Frank doit prendre toutes ses précautions. Le mystérieux tueur semble alors la suivre partout où elle va. Après s'être réfugiée quelque temps dans le chalet du père de Frank, Rachel devra faire face à l'horreur de la réalité: le tueur l'a retrouvé et en a profité pour abattre sa soeur Nicki (Michele Lamar Richards). Frank doit trouver une solution pour protéger Rachel coûte que coûte jusqu'à la cérémonie des Oscars, où elle est pressentie pour gagner l'Oscar de la meilleure actrice. Le scénariste Lawrence Kasdan (réalisateur de « Silverado » ou « Wyatt Earp », deux films avec Kevin Costner) a réussi avec « The Bodyguard » un subtil mélange entre thriller, drame et film romantique. Kevin Costner interprète un garde du corps tourmenté, solitaire et relativement difficile à cerner, face à la star Whitney Houston, inattendue pour ses grands débuts au cinéma. L’alchimie du duo fonctionne parfaitement à l’écran, Houston nous démontrant au passage ses talents d'actrice insoupçonnés (en plus d'interpréter la célébrissime chanson phare du film : « I Will Always Love You »). Quand à Kevin Costner, il reste solide dans son rôle qui lui sied comme un gant. Niveau intrigue, il n'est guère difficile de découvrir ici l'identité du tueur, identité qui nous ait quasiment révélée lors d'une scène-clé à l'hôtel de Miami. Malgré cela, le suspense fonctionne très bien, le réalisateur arrivant à alterner subtilement entre tension et romance (incluant quelques scènes magnifiques, dont celle du voile tombant lentement sur le sabre). Enorme succès de l’année 1992, « The Bodyguard » est une histoire simple et efficace qui fonctionne parfaitement du début jusqu'à la fin, peut être l’un des meilleurs films de Kevin Costner et aussi l’un de ses classiques indémodables.

Prévue à l’origine pour John Barry, la partition de « The Bodyguard » fut finalement confiée à Alan Silvestri, qui n’eut que quelques semaines pour écrire une heure de musique sur le long-métrage de Mick Jackson. Obligé de faire cohabiter sa musique avec toute une série de chansons et de tube pop de Whitney Houston, le score de Silvestri parvient à accomplir son rôle à la perfection dans le film, où il apporte un suspense et une émotion indispensable aux images, avec un rôle narratif et dramatique assez fort, bien que le score soit passé totalement inaperçu à la sortie du film en 1992, éclipsé par le poids écrasant des chansons du film. Le thème principal de « The Bodyguard » est ainsi lié au personnage de Frank Farmer et apparaît dès le début du film (le magnifique « Theme from the Bodyguard »). Confié à la trompette mélancolique de Gary Grant –interprète habituel de Silvestri- avec quelques notes de piano et quelques accords de cordes chaleureuses, le thème principal évoque la solitude et les tourments intérieurs de Frank, avec une touche de film noir/polar à l’ancienne assez appréciable. Le thème de Frank sera d’ailleurs au centre du score de « The Bodyguard », particulièrement présent dès le début du film alors que l’on découvre le personnage de Kevin Costner. Il faut dire que le thème de Frank est de loin l’un des plus beaux thèmes écrit par Alan Silvestri pour un film des années 90, un thème d’ailleurs déjà présent sur la compilation de chanson sortie à la même époque que le film. La trompette jazzy/film noir de Frank Farmer revient ensuite dans « Watch and See/Meet Rachel/Fletcher/Can I Help You », où l’on découvre un autre motif associé à Frank, un motif d’action introduit délicatement à la harpe (à 0:34), pour les moments plus dramatiques où Frank sera amené à prendre des solutions rapides et immédiates dans les moments de panique ou de tension. Un troisième motif est entendu à 0:24, un motif de quatre notes ascendantes de harpe, qui interviendra aussi dans les moments dramatiques du récit. Enfin, un autre thème plus intense pour Frank apparaît dans « What Are You Doing ? », confié ici aux cordes, et qui reviendra dans les moments plus dramatiques du film, lorsque Frank se voit mis en difficulté dans sa mission pour protéger Rachel Marron et qu’il cède à la colère ou à la rage. Le thème revient dans « It Doesn’t Matter/Where’s Fletcher ? », dans « Tell Me About It » (à 1:01) ou dans « Relax A Little » (à 1:02), lorsque Rachel va monter sur scène pour recevoir son Oscar, malgré les appréhensions de Frank. Silvestri continue sur sa lancée puisqu’il nous propose aussi un magnifique Love Theme pour Frank et Rachel, introduit délicatement au piano au début de « Only If You Want To », alors que les deux individus commencent à se rapprocher l’un de l’autre malgré les tensions initiales. Ce thème apporte une chaleur et un romantisme ambiant à la partition, contrebalançant les moments de suspense plus sombres et oppressants.

Du suspense, il en est justement question avec un nouveau motif entendu pour la première fois dans « Weirdo/Someone Was Here ». Silvestri introduit ici le motif du tueur, motif harmonique sinistre de cordes graves entouré de nappes sonores dissonantes des cordes qui jouent en sul ponticello dans le suraigu, personnifiant la menace et la tension du tueur par le biais des lettres anonymes qu’il envoie à Rachel. La musique bascule alors dans un registre atonal/dissonant plus sinistre et glauque, avec le style thriller habituel du compositeur. Quand au motif du tueur, il demeure plus harmonique que réellement mélodique, avec son enchaînement de quatre accords mineurs mystérieux, respectivement : sol min – ré min – mib min – réb min (entre 0:26 et 0:35 dans « Weirdo/Someone Was Here »), généralement confiés aux violoncelles/contrebasses/bassons, dans un esprit assez herrmannien. Ce motif sinistre sur fond de tenue glaciale et stridente des cordes revient dans « Followed/On the Job », dans « Walkman/Another One » ou « Only If You Want It To/I Know Why/Got You/The Glove/The Locker » (à 2:12), d’une façon générale, durant les scènes où Rachel reçoit des menaces de mort ou qu’elle comprend que quelqu’un l’a suivie ou l’a espionnée. Ces passages dissonants apportent une véritable tension au film de Mick Jackson et personnifient à la perfection l’aspect thriller/suspense du récit, qui prend alors des allures d’énigme policière. Impossible d’ailleurs de ne pas ressentir cette sensation de menace à chaque apparition du thème du tueur dans le film, qui finit par devenir non seulement répétitif mais aussi incroyablement envoûtant, hypnotisant, entêtant (à l’image de l’incroyable ténacité du tueur, prêt à tout pour éliminer Rachel). Enfin, un autre thème est entendu dans « Followed/On The Job », un thème martial typique d’Alan Silvestri, introduit à 1:58 avec un ostinato rythmique de cordes/caisse claire militaire et déterminée. Ce motif martial évoque le travail de garde du corps de Frank Farmer et l’organisation de la protection de Rachel selon un point de vue plus strict et rigoureux, quasi militaire. Ce motif de marche est repris dans « Silly Job », un motif qui devrait par la même occasion ravir tous les fans des musiques martiales/guerrières d’Alan Silvestri (façon « Judge Dredd » ou « Predator »).


Navigant paisiblement entre le lyrisme du thème mélancolique et solitaire de Frank (à la flûte dans « Well, Well, Well-Overlay » ou à la trompette vers la fin de « The Stairs/It’s Not Your Fault/Do You Mind ? »), la délicatesse émouvante du thème romantique au piano (« Only If You Want To »), le thème dramatique intense de « What Are You Doing ? » ou la noirceur glaciale du thème du tueur, la partition de « The Bodyguard » possède un atout majeur : une faculté évidente à passer d’une ambiance à une autre à l’instar du film de Mick Jackson, qui mélange les genres avec brio (un thriller, un film romantique, un drame intimiste, un film d’action, etc.). L’action n’est pas en reste, car en dehors du thème martial du garde du corps (« Silly Job »), on appréciera aussi de retrouver le grand Alan Silvestri des musiques d’action débridées, comme dans l’intense « Where’s Fletcher ? » ou dans « Not There », où l’on retrouve les martèlements de timbales et les cuivres belliqueux chers au compositeur de « Predator », ou lors de la longue séquence finale à la cérémonie des Oscars, introduite par le sinistre « This is the Night/Coming Thrill/Portman/Please Welcome » (qui reprend le motif de 4 notes) et développée dans « The Winner Is/Where’s Portman ? » pour la longue scène de suspense finale. A noter que cette scène est entièrement soutenue par une entêtante basse de synthétiseur qui rappelle le travail de Silvestri sur « Shattered » (1991). La tension est ici à son comble, alors que Silvestri renoue avec les dissonances et l’atonalité pour une musique 100% suspense et incroyablement intense à l’écran. Cette intensité explose enfin dans le brutal « Lunatic », entrecoupé de sursauts orchestraux explosifs et agressifs qui rappellent le score de « Ricochet » (1991), lors de la fusillade finale avec le tueur.

Silvestri s’autorise même une pause plus lyrique et pastorale dans « Snow/I Understand Now/Just One », alors que Frank décide d’emmener Rachel et son fils Fletcher dans la maison de son père, afin de mieux les protéger du tueur. Silvestri utilise ici une mélodie et des harmonies plus optimistes et très orientées vers le style ‘americana’ traditionnel d’Aaron Copland, un style que l’on retrouve aussi dans « How About That », et qui aurait tout à fait sa place dans un western des années 90. Malgré l’omniprésence des chansons de Whitney Houston dans le film, le score d’Alan Silvestri parvient à trouver sa place sur les images et s’impose par la richesse et la diversité de ses thèmes, de ses ambiances et de ses émotions. Avec des orchestrations solides et une variété d’ambiances indispensable, la musique de « The Bodyguard » est une jolie réussite de la part du compositeur, qui, sans faire partie des musts du musicien, n’en demeure pas moins très réussie et fortement recommandée à tous les fans de Silvestri, qui pourront enfin redécouvrir l’intégralité du travail du compositeur sur l’excellent album publié par La La Land Records 20 ans après la sortie du film en 1992.




---Quentin Billard