Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:


Réalisateur:
Stephen Hopkins
Genre:
Action/Thriller
Avec:
Jeff Bridges, Tommy Lee Jones.

(c) 1994 Metro-Goldwyn-Mayer/Trilogy Entertainment Group.

Note: ***1/2
BLOWN AWAY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Après 'Predator 2' (1990) et 'Judgment Night' (1993), Stephen Hopkins revient au thriller avec le sympathique 'Blown Away'. Cette fois-ci, le réalisateur évoque l'affrontement entre un démineur de Boston et un terroriste irlandais. Jimmy Dove (Jeff Bridges) est un pro des explosifs. Il sait comment elle fonctionne et quels sont leurs points faibles. Il vit paisiblement avec sa femme Kate (Suzy Amis) et sa fille Lizzy (Stephi Lineburg). Mais les ennuis commencent le jour où Ryan Gaerity (Tommy Lee Jones), un ancien terroriste irlandais, s'échappe de la prison de Castle Gleigh en Irlande. De retour aux Etats-Unis, Ryan retrouve la trace de Jimmy, alias Liam McGivney, qui fut autrefois son ami en Irlande. L'explosion d'une bombe à Belfast tua des proches de Liam, et c'est Ryan qui fut arrêté par la police. Aujourd'hui, Gaerity est prêt à tout pour se venger et pour détruire la vie de Jimmy/Liam. Après avoir multiplié les attentats à la bombe contre des démineurs de l'équipe à Jimmy, Gaerity décidera de s'en prendre à sa propre famille.

Thriller spectaculaire dans la plus pure tradition du genre, 'Blown Away' nous plonge dans l'univers des explosifs pour un film qui multiplie les scènes d'explosion dans un long crescendo dramatique assez captivant. Le seul problème est que le rythme du film finit par s'essouffler, la faute à une certaine lenteur dans la mise en scène (et beaucoup de bla-bla inutile). Jeff Bridges reste égal à lui-même dans la peau de cet irlandais tourmenté par son passé, qui voit ressurgir un ancien ami devenu aujourd'hui son pire cauchemar. Le film repose ainsi sur cette intrigue dramatique qui donne un réalisateur un bon prétexte pour multiplier les séquences explosives techniquement très impressionnantes. A ce sujet, l'explosion massive du bateau 'The Dolphin' à la fin du film a tellement été puissante qu'elle aurait apparemment fait éclater plus de 8000 vitres dans les alentours de Boston, le lieu de tournage du film. La pyrotechnie impressionnante n'écrase heureusement pas les jeux d'acteur. Quant à Tommy Lee Jones, il prouve une fois de plus ses immenses talents d'acteur dans un rôle de gros fou furieux délirant qui semble lui aller comme un gand. Malgré tout, 'Blown Away' ne parvient pas à rester très longtemps dans notre mémoire, peut-être parce que le film joue un peu trop sur les formules stéréotypées habituelles du gentil héros qui sauve tout le monde? Un thriller honnête, sans plus.

Après avoir écrit l'un de ses chefs-d'oeuvre pour Stephen Hopkins, 'Predator 2', Alan Silvestri collabore pour la troisième fois avec le réalisateur sur 'Blown Away'. L'année précédente, Silvestri signait le score (encore inédit à ce jour) de 'Judgment Night'. Le score de 'Blown Away' possède une particularité qui fait de lui un score assez spécial dans la carrière d'Alan Silvestri: la partition tourne autour du même thème du début jusqu'à la fin du film. Le thème principal du score de 'Blown Away' est composé de trois axes majeurs: en premier lieu, un motif d'accompagnement de flûtes ondulantes qui possède un côté très envoûtant. Deuxième axe: un motif mélodique de 7 notes, confié à des cordes. Enfin, ce motif de cordes donne la réplique à un dernier motif de cuivres plus graves. Ensemble, ces trois axes forment le thème principal de la partition de 'Blown Away', une sorte de balise musicale omniprésente tout au long du film, et que le compositeur développe et varie à loisir au cours de cette sombre histoire.

L'introduction du film se fait sur le 'Prince's Day', un air celtique chanté par une voix féminine accompagnée d'un choeur et de l'orchestre. Silvestri évoque ainsi les origines irlandaises des deux principaux protagonistes du film. La séquence où Gaerity s'échappe de la prison permet au compositeur d'amorcer le motif principal de manière assez sombre, dans un long crescendo particulièrement tendu, soutenu par une percussion martiale. C'est l'utilisation du motif de flûtes ondulantes qui crée ici un impact quasi psychologique à l'écran. Le motif de Silvestri ce côté envoûtant difficile à décrire par des mots, preuve du talent d'un compositeur toujours capable de faire des choses étonnantes lorsqu'un sujet l'inspire plus particulièrement. Silvestri développe petit à petit son thème et son motif de cuivres dans la scène après la mort de Blanket, l'un de ses collègues de la brigade de déminage. Le motif de flûtes ondulantes revient ensuite dans la scène où Jimmy inspecte le pont où a eu lieu l'explosion qui a tué Blanket. Les cordes suggèrent un climat toujours envoûtant et impalpable, quasi inquiétant. Le but de Silvestri pourrait ainsi être d'évoquer le personnage de Ryan Gaerity comme un fantôme surgit du passé de Jimmy pour venir le hanter et le plonger dans le cauchemar. La tension monte finalement très rapidement afin d'exprimer la menace grandissante de Gaerity. La scène où Jimmy fonce chez lui après le coup de téléphone menaçant de Gaerity permet ainsi à Silvestri de développer le thème principal sous plusieurs variantes avec un sentiment de panique et quelques éléments dissonants plus inquiétants. On retrouve cela dans la séquence de l'affrontement final dans le 'Dolphin' ou lors de la scène des freins dans la voiture de Kate, à la fin du film, là où culmine le thème principal et ses trois axes musicaux.

Mais le morceau-clé du score semble bel et bien être celui de la mort de Max O'Bannon (Lloyd Bridges), là où le thème principal atteint un climax dramatique intense. Une flûte annonce le thème principal, toujours en réponse au motif de 4 notes des cuivres. Cette séquence tragique permet au compositeur d'avoir recours à un choeur aux dimensions quasi spirituelles, renforçant le côté dramatique de la séquence. L'utilisation du choeur répond ainsi à la scène où l'on voit Gaerity faire un signe de croix et pleurer pour la mort de l'Irlandais. On ressent ici une certaine tristesse, un point de non-retour dans la musique de Silvestri évoquant le drame. Puis, le motif de flûtes ondulantes revient et amorce un terrible crescendo dramatique du thème principal dans toute sa splendeur, très vite rejoint par la chorale. Le thème atteint alors son apogée lors de l'explosion, où il prend une tourne épique avec des choeurs et des cuivres puissants et tragiques, typique de Silvestri. A noter, pour finir, que le film se conclut sur un retour du motif irlandais du générique de début, dans une version orchestre/électronique paisible et nostalgique.

Au final, 'Blown Away' apparaît comme un score envoûtant et intéressant de la part d'Alan Silvestri, bien qu'un peu répétitif à cause du parti pris du compositeur consistant à reprendre sans cesse le thème principal tout au long du film, et ce jusqu'à épuisement. Quoiqu'il en soit, 'Blown Away' nous prouve à quel point le compositeur possède des idées intéressantes qu'il sait exploiter à merveille dans un film. Décidément, Silvestri devrait collaborer plus souvent avec Stephen Hopkins, car après le génial 'Predator 2', il nous prouve à quel point les films d'Hopkins semblent l'inspirer, et ce même si 'Judgment Night' reste loin derrière les deux autres films du réalisateur. Un score qui mérite à coup sûr une édition officielle! Peut-être, un jour?


---Quentin Billard