1-Prologue/Main Title 3.58
2-Ambush And Kidnapping 2.35
3-Captured 2.14
4-Surprise 8.19
5-Sully Runs 4.34
6-Moving Jenny 3.44
7-Matrix Breaks In 3.29
8-Infiltration, Showdown
And Finale 14.33

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Varèse Sarabande CD Club
VCL 1103 1026

Musique produite par:
James Horner, Jay Gruska
Album produit par:
Nick Redman
Producteur exécutif:
Robert Townson
Monteur de la musique:
Ken Runyon
Assistant monteur:
Tom Carlson
Consultant musical spécial:
Danny Goldberg
Directeur du soundtrack pour
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh

Artwork and pictures (c) 1985/2003 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***
COMMANDO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Fort des succès inattendus des 'Conan' et 'Terminator' de James Cameron, Arnold Schwarzenegger est très vite devenu la nouvelle coqueluche du film d'action américain des années 80, star dont le plus sérieux concurrent semblait être Sylvester Stallone (les choses ont bien changées aujourd'hui). On ne peut pourtant pas dire que l'acteur autrichien ait choisi les meilleurs projets à l'aube de sa carrière d'acteur hollywoodien. Si les deux 'Conan' de Milius et de Fleischer laissaient quelque peu à désirer, l'acteur est tombé dans le ridicule absolu avec 'Red Sonja' (1985) et pire encore, 'Commando', désastreuse série-B d'action réalisée par un artisan hollywoodien sans aucun talent, Mark L.Lester. Le film est une sorte d'apogée stupide de la violence 'made in 80' avec son lot de fusillades, d'explosions, de muscles, de personnages vides, de dialogues stupides à mourir, de scénario inexistant...et d'effets spéciaux totalement ratés, car, à ce sujet, 'Commando' est de loin un film particulièrement impressionnant. On ne peut pas vraiment en vouloir à Schwarzenegger lui-même, qui proclamait pourtant partout dans les journaux de cinéma de l'époque que 'Commando' était un bon film d'action qui lui avait surtout permit de franchir une étape importante dans sa carrière d'acteur. Malgré l'honnêteté de l'acteur au sujet du film, difficile de prendre ce film au sérieux.

Primo, nous avons à faire ici à un script nullissime signé par Steven E.De Souza, plus connu pour avoir réalisé dans les années 90 une adaptation pourrie - pardonnez moi l'expression - de 'Street Fighter', célèbre jeu vidéo de la console 16 bits 'Super Nintendo'. 'Commando' est ainsi conçu comme une sorte de jeu vidéo totalement décérébré dans lequel un super héros fonce dans la masse des ennemis et affronte à lui tout seul toute une armée de soldats super entraînés. Ainsi, la dernière demi-heure du film est restée quasiment mythique dans le domaine des gros nanars des années 80: on y voit Schwarzenegger, alias le Colonel John Matrix, affronter toute une légion de soldats sud-américains (il paraît qu'il tue plus de 88 personnes tout au long du film!) avec un gigantesque arsenal qu'un homme seul ne pourrait tenir sur ses épaules. Et bien entendu, il ne se fait pratiquement jamais touché. Pire encore, on croirait que les ennemis ont été touchés par une malédiction qui les fait rater systématiquement leur cible. Matrix serait-il une sorte de dieu musclé, un 'Zeus' guerrier qu'aucune balle n'atteint ? (Comble de l'ironie, on se souvient que Schwarzy interpréta à ses débuts le légendaire Hercules dans l'inénarrable 'Hercules In New York' en 1970) Afin de légitimer ce spectacle de violence non-stop et de séquences d'action toujours plus stupides les unes que les autres, De Souza a ajouté une touche plus 'humaine' dans son script : Matrix est un bon père aimant qui se bat pour sauver sa fille Jenny (Alyssa Milano, qui débutait alors au cinéma, à peine âgée de 13 ans à l'époque) kidnappé par Arius (Dan Hedaya) un ancien dictateur américain. L'introduction ultra mièvre du film nous montre un Schwarzy transformé en papa poule, qui joue avec sa fille dans une piscine, mange une glace avec elle et caresse une biche (eh oui, Matrix est un grand défenseur de l'environnement, et ce même s'il fait pratiquement sauter une île entière à la fin du film). Cette intro naïve n'a qu'un seul but: à la brutalité de ses ennemis, Matrix répondra lui aussi par la violence, au nom de sa petite fille adorée (où comment faire l'apologie d'une auto-justification de la violence).

On se laisse déjà moyennement convaincre par ce schéma cinématographique primaire et manichéen au possible (les méchants sont des crapules sans scrupules qui méritent tous de mourir, le gentil est un super héros plein de muscle qui franchi tous les obstacles parce qu'il est un bon père de famille - et même s'il doit affronter l'armée d'un pays entier à lui tout seul). Devant la pauvreté apparente d'un script infâme, on serait tenté de vouloir se rattraper sur d'autres éléments du film. Les acteurs restent malgré tout convaincants, même si les personnages de Bennett ou de Sully (David Patrick Kelly) nous font plus rire qu'autre chose. A noter que le rôle de la potiche habituelle revient ici à la Canadienne Rae Dawn Chong, qui semble avoir fait ici un mauvais choix de parcours dans sa carrière d'actrice (son premier grand rôle était celui de Ika dans 'La Guerre du feu' de Jean-Jacques Annaud). Mais le plus remarquable dans ce sommet du nanar hollywoodien typiquement années 80, c'est surtout la stupidité quasi mythique des dialogues du film et de ses effets spéciaux. On se souvient par exemple de phrases 'inoubliables' comme pour la séquence avec Cooke (Bill Duke): 't'as la trouille mon salaud? Ben tu devrais, car le béret vert que t'as en face de toi vas t'buter la gueule!!!', et Matrix de répondre: 'j'avale deux bérets verts au p'tit déjeuner, et justement, j'ai très faim!'. Qui a oublié le mythique 'crache ta vapeur, sale pourriture!' lorsque Matrix tue Bennett à la fin du film en l'empalant sur un tuyau? On se souvient aussi des dialogues très philosophiques de Bennett comme par exemple: 'John, c'est pas entre les yeux que j'vais t'buter, j'vais t'buter entre les couilles!'. Bref, voilà des dialogues vraiment inoubliables à faire pâlir Michel Audiard en personne! Quant aux effets spéciaux du film, ils ont servi à asseoir à eux tout seul la réputation de 'chef-d'oeuvre des nanars' de 'Commando'. On se souvient par exemple d'une scène avec deux soldats projetés par l'explosion d'une grenade, dans un plan où l'on voit très clairement les deux tremplins projetant les deux acteurs (personne n'a donc eu l'idée de camoufler les tremplins?). Et que dire de cette scène où l'on voit la portière abîmée de la voiture jaune de Sully devenir miraculeusement neuve lors d'un bref plan qui trahi là une grossière erreur de continuité dans le montage? Pour finir, on pourra aussi citer la fameuse scène minable de l'explosion des bâtiments du Q.G. d'Arius, où l'on voit neuf fois de suite le même bâtiment exploser sous différents angles, afin de faire croire que Matrix est une armée à lui tout seul. Si vous regardez bien, vous pourrez aussi constater que ces bâtiments sont des miniatures devant lesquelles les responsables des effets spéciaux (j'ai un peu de mal à les appeler 'responsables') ont posé des petits bonhommes en plomb immobiles pour faire croire à la présence de vrais soldats. Bref, on pourrait continuer encore longtemps à énumérer ainsi la liste des erreurs et autres invraisemblances du film, mais ce serait un travail beaucoup trop fastidieux pour bien peu de chose au final. Cette somme de mauvais points fait de 'Commando' un modèle extrême du film d'action complètement raté, une véritable insulte à l'intellect du public, un film qui n'a qu'une seule et unique ambition: satisfaire un public 'pop-corn' en manque de sensations fortes. Cela devait peut-être fonctionner en 1985, mais aujourd'hui, cette ridicule série-B d'action a de quoi nous faire pleurer de rire pendant des heures. Mark L.Lester, qui semble pourtant avoir pris son film très au sérieux, aurait du en faire une parodie de film d'action. Au moins, cela nous aurait permit de mieux avaler la pilule. Heureusement, Arnold Schwarzenegger se rattrapera deux ans plus tard sur le génial 'Predator'! Conclusion: 'Commando' est un grand classique du navet hollywoodien 'eighties' totalement décérébré et stupide à mourir!

James Horner sur 'Commando'? Voilà un choix totalement inattendu! Et pourtant, Horner n'est pas étranger à ce style de film d'action 'made in 80' puisqu'en 1982, Horner avait fait la musique du '48 Hours' de Walter Hill, sans oublier le 'Gorky Park' de Michael Apted en 1983. Reprenant les formules instrumentales qu'il avait déjà amorcé sur les deux films cités précédemment, Horner nous offre sur 'Commando' un score d'action extrêmement bruyant, dont le seul véritable intérêt est de nous permettre de retrouve un style unique au Horner des années 80: un étonnant mélange de batterie rock, de synthés 'eighties' kitsch avec cordes/cuivres, saxophone, shakuhachi et steel drums tropicaux. Le score s'articule ainsi autour de deux thèmes principaux, le premier thème étant annoncé aux steel drums dès le 'Prologue/Main Title', le second étant un motif de saxophone à la '48 Hours', dans un esprit plus 'free-jazz/fusion'. Les deux thèmes se rapportent au personnage de Matrix et à l'action du film. L'introduction se fait sur un style percussif très bruyant, avec cuivres martelés et percussions brutales. Une rythmique de synthé très années 80 se met en place, et c'est là qu'interviennent la shakuhachi et les steel drums apportant cette étonnante touche exotique (probablement afin d'évoquer les méchants sud-américains). Le thème intervient surtout dans ces premiers plans où l'on voit les muscles de Matrix en train de couper du bois. La partie centrale du morceau fait intervenir le seul véritable moment paisible et lyrique du score: un motif très naïf aux cordes exprimant l'amour d'un père pour sa petite fille de 13 ans. A vrai dire, il s'agit d'un passage unique dans ce score puisque le thème ne reviendra pas une seule fois au cours du score d'Horner.

L'action commence enfin avec 'Ambush And Kidnapping'. C'est le début d'une série de longues pièces d'action extrêmement bruyantes et excitantes à la fois, dans un style qu'Horner abandonnera par la suite à la fin des années 80. Excitant, 'Ambush & Kidnapping' installe une rythmique de batterie rock sur fond de glissendi de cordes dissonantes qui évoquent une fois encore l'influence de Ligeti sur la musique d'Horner (rappelons que ce dernier a pris des cours avec Ligeti durant sa jeunesse). Le thème de saxophone apparaît par la suite lors de la scène de l'embuscade où les sbires de Bennett kidnappent Jenny. Horner fait monter la pression au cours de cette première scène d'action en amplifiant la rythmique qui devient de plus en plus bruyante. Eh oui, vous l'aurez compris, le score de 'Commando' fait du bruit, et suivant votre tolérance envers un style musical assez unique et étrange chez Horner, vous pourrez plus ou moins apprécier ce score d'action très années 80. Ici, il n'est nullement question de faire dans la finesse. Comme le film de Mark Lester, le score de James Horner fonce dans le tas sans aucune retenue. La musique d'Horner amplifie la violence et l'action du film d'une manière assez prenante, même si l'on pourra regretter l'abondance parfois abrutissante de musique tout au long du film.

La ligne de basse de synthé au début de 'Captured' évoque la menace qui pèse sur Jenny et Matrix, après que ce dernier ait été capturé par les sbires de Bennett et Arius. L'aspect menaçant de cette pièce dominée par des synthés très années 80 permet aussi à Horner de faire intervenir des effets de col legno de cordes en écho, un élément musical qu'Horner a 'emprunté' au 'Alien' de Jerry Goldsmith et qu'il réutilisera un an après dans sa partition de 'Aliens' de James Cameron - on le sait tous maintenant : Horner aime bien recycler ses formules musicales d'une partition à l'autre - hélas, 'Commando' n'échappe pas à la règle. A ce sujet, l'exemple de 'Matrix Breaks In' est particulièrement flagrant. On croirait entendre du 'Aliens' avant l'heure. Horner installe une basse de cordes comme au début de 'Sub-Level 3' d'Aliens, et utilise ces effets de col legno de cordes à la 'Alien', sans oublier ses harmonies de cuivres et de cordes qui inspireront une fois de plus le compositeur pour 'Aliens'. A noter qu'il s'agit de l'un des rares passages plus calmes et atmosphériques du score, accompagnant la scène où Matrix s'introduit dans le hangar pour chercher des plans afin de se rendre au Q.G. d'Arius où est détenue Jenny. La deuxième partie du morceau repart de plus belle dans l'action avec ces incessantes rythmiques de batterie/synthé à la '48 Hours' et des cuivres martelés à la 'Gorky Park'. Si vous écoutez bien, vous pourrez aussi entendre le thème de saxophone repris discrètement par une guitare électrique. Le thème de steel drums restent omniprésent tout au long du score, évoquant la mission 'musclée' de Matrix.

'Surprise' débute sur la rythmique batterie/synthé avec quelques notes de shakuhachi et quelques cuivres plus agressifs pour la scène où Matrix s'évade de l'avion et cherche à retrouver Sully. Ce long morceau de plus de 8 minutes permet à Horner de développer pleinement le style action du score de 'Commando', avec son lot de percussions, synthé, et ses deux motifs incessants. On retrouve la même chose dans l'agressif 'Sully Runs' pour la poursuite en voiture avec Sully. La musique devient ici de plus en plus bruyante et lourde, et elle s'arrête finalement brusquement lors de la fin de cette poursuite effrénée. A noter l'utilisation de solos de synthé très années 80, qui sonnent un peu vieillot mais qui apportent un côté 'cool' et frénétique à ce morceau d'action totalement survolté. Après un 'Moving Jenny' plus tendu, 'Infiltration, Showdown And Finale' est une suite de plus de 14 minutes regroupant tout le quart d'heure final. On commence ainsi avec l'arrivée de Matrix sur l'île d'Arius. A noter que le rythme de batterie s'accélère lors d'une reprise du thème de steel drums et de saxophone annonçant les préparatifs de l'attaque (cf. un accord de cuivres assez héroïque genre 'maintenant, ça va barder!'). Le rythme se relâche puis devient plus agressif lors de l'attaque de Matrix, Horner mettant en avant des cuivres plus agressifs et prenants par-dessus ses différentes rythmiques. Aucun doute possible, Horner recherche ici l'efficacité absolue dans son approche musicale du film: plus cela fait de bruit, plus ce sera bon pour le film. A noter, à partir de 3 minutes, un passage de saxophone quasi psychédélique, dans un style free-jazz/fusion du plus bel effet (Horner accentue la sensation de chaos lors de l'attaque de Matrix). Pour finir, Horner évoque l'affrontement final entre Matrix et Bennett avec les col legno en écho et des glissendi de cordes toujours très glauques à la 'Aliens'. A noter qu'il s'agit d'ailleurs du passage le plus sombre du score, reflétant toute la violence de la scène. On pourra néanmoins regretter le manque de finesse et de relief d'un score finalement très répétitif et qui a parfois tendance à devenir un peu abrutissant à force de maintenir un volume sonore toujours assez massif.

Vous l'aurez donc compris, le score de 'Commando' ne fait pas dans la dentelle. Tout à l'image du film de Mark Lester, il s'agit d'un score d'action extrêmement bourrin, sans grand relief, qui se prend un peu trop au sérieux (l'un des défauts du film), mais qui maintient tout de même une certaine force suffisamment captivante pour attirer notre attention tout au long du film, même si on finit parfois par se lasser au bout d'une vingtaine de minutes. Voilà un score assez spécial dans la carrière de James Horner, à classer dans la lignée de '48 Hours', 'Gorky Park' et de ses partitions pour 'Red Heat' et 'Another 48 Hours'. La musique crée un style 'action' indissociable du film de Lester, preuve que le compositeur sait toujours trouver l'identité musicale parfaite pour un film, même s'il n'a pas toujours hérité des meilleurs projets. Certes, c'est loin d'être un chef-d'oeuvre, d'autant qu'il s'agit là d'un style musical assez spécial (c'est là tout son charme), une sorte de 'trip' un peu expérimental pour Horner, qui risque fort de déplaire à certains de ses fans qui préfèreront probablement ses partitions symphoniques plus traditionnelles et plus subtiles. Pour finir, on ne pourra que remercier Varèse Sarabande pour avoir enfin édité l'un des scores les plus demandés du compositeur, à savourer sur les 40 minutes d'un CD Club exemplaire!


---Quentin Billard