1-Finding The "Orca"
(Main Title) 3.15
2-The Menu 1.49
3-Ballet For Divers 2.56
4-The Water Kite Sequence 2.52
5-Brody Misunderstood 2.49
6-The Catamaran Race 2.08
7-Toward Cable Junction 3.45
8-Attack On The Helicopter 1.58
9-The Open Sea 2.03
10-Fire Aboard and
Eddie's Death 3.25
11-Sean's Rescue 2.55
12-Attack On The
Water Skier 2.40
13-The Big Jolt! 4.39
14-End Title, End Cast 3.21

Musique  composée par:

John Williams

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5328

Album produit par:
John Williams
Producteur exécutif pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Superviseur du
transfert digital:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1978 Universal City Studios, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
JAWS 2
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Williams
Malgré le fait que Steven Spielberg refusa de tourner une suite de son célèbre 'Jaws' (Les dents de la mer), gros blockbuster inoubliable de 1975, il a toujours été clair que, dans l'esprit des producteurs Richard D.Zanuck et David Brown, il devait inexorablement y avoir une suite à 'Jaws' (d'autre part, Spielberg était alors occupé sur le tournage de 'Close Encounters of the Third Kind'). Après que le réalisateur John Hancock ait jeté l'éponge, incapable d'affronter la difficulté du tournage de 'Jaws 2', la production a finalement fait appel au français Jeannot Szwarc. 'Jaws 2' est sensiblement similaire au premier opus de Spielberg, la seule différence étant que le film de Szwarc n'atteint certainement pas les sommets de 'Jaws'. On retrouve le chef de police Martin Brody (Roy Scheider) avec sa femme Ellen (Lorraine Gary) et ses deux fils, Mike (Mark Gruner) et Sean (Marc Gilpin). La petite ville d'Amity se remet tranquillement du cauchemar vécu il y'a 3 ans avec l'attaque d'un grand requin blanc. Puis, l'horreur recommence le jour où des plongeurs disparaissent mystérieusement et que l'on retrouve sur le bord d'une plage le cadavre d'un orque atrocement mutilé. Pour Brody, il est clair que ceci est l'oeuvre d'un requin, mais personne ne veut le croire. Après avoir semé la panique lors d'une fausse alerte sur une plage, Brody perd finalement son travail. Le requin est bien là et continue de commettre ses méfaits sanguinaires jusqu'à ce qu'il s'en prenne à un groupe de jeunes partis faire de la voile en pleine mer. Appelé d'urgence, Brody va chercher de l'aide pour tenter de sauver la vie des jeunes et de mettre fin aux méfaits du requin.

Autant le dire immédiatement: 'Jaws 2' ne vaut nullement le premier épisode de Spielberg! Si le film s'avère assez intéressant d'un point de vue technique (Szwarc a une façon assez originale et fraîche - pour l'époque - de filmer le requin dans certains plans, comme pour cette impressionnante course poursuite sous l'eau avec le jet-ski), l'ensemble demeure assez fade et insipide, en comparaison avec le premier opus, et c'est bien là que le bât blesse, car 'Jaws 2', c'est un peu comme du 'Champony': cela ressemble à du champagne, mais ça n'en est pas! Le film de Jeannot Szwarc reprend les grandes lignes directrices de l'immortel 'Jaws' de Spielberg: une petite ville de baigneurs terrorisée par un grand requin blanc affamé, un chef de la police qui lutte de toutes ses forces contre la bête, etc. On serait tenté de penser que, si 'Jaws 2' se rapproche tant que cela de 'Jaws', c'est qu'il ne doit pas être si mal. En réalité, c'est bien loin d'être le cas. Le principal problème vient surtout du rythme de la mise en scène du film. Certes, Szwarc nous prouve ses talents de metteur en scène lors de quelques plans assez complexes et inventifs, mais l'intrigue qu'il développe autour de la famille de Brody est parfois assez plate et inutile: au lieu de tant de bla-bla dont on se passerait volontiers (et encore, il y a eu pas mal de scènes coupées pour améliorer le rythme de l'histoire!), on aurait préféré voir plus souvent le requin. En clair, le film souffre d'un certain manque de rythme, qui rend l'ensemble finalement très répétitif. On s'ennuie donc durant une bonne partie du film, la dernière demi-heure, plus agitée, ne parvenant malheureusement pas à nous sortir de la 'torpeur' de cette première partie. Autre problème, et non des moindres: la fréquence d'apparition du requin. Comment expliquer qu'on ne le voit que deux ou trois au début du film et qu'il revient presque systématiquement vers la dernière demi-heure du film? Ses apparitions sont ainsi totalement disproportionnées: un coup, on ne le voit pas assez, l'autre coup, on le voit beaucoup trop. D'un autre côté, ceci renforcer aussi l'idée que le requin est omniprésent et qu'il peut frapper à n'importe quel moment dès qu'il en a envie. Bilan mitigé donc pour ce 'Jaws 2' qui tente d'imiter le premier opus de 1975, mais en vain. On passera donc notre chemin cette fois-ci, et ce n'est certainement pas avec les affreux 'Jaws 3-D' et le ridicule 'Jaws: The Revenge' que l'on pourra se réconforter. Autant dire que les producteurs auraient mieux fait de s'arrêter au premier film de Steven Spielberg. Ils nous auraient ainsi épargnés quelques suites parfaitement inutiles et insipides.

Il était quasiment impensable de concevoir 'Jaws 2' sans faire appel à John Williams, qui immortalisa le requin de Spielberg avec son célèbre motif de 2 notes que personne n'a put oublier. Pour 'Jaws 2', Williams a voulu créer une nouvelle partition qui s'éloigne de sa première oeuvre tout en conservant un lien fort: le célèbre thème du requin, que le compositeur se devait de réutiliser pour ce second opus. Mais ici, place à quelques nouveaux thèmes et à des morceaux d'action teintée d'une férocité orchestrale rarement entendue chez le compositeur. Avec l'ouverture du film, 'Finding The Orca (Main Title)', Williams installe un nouveau motif de 4 notes aux cuivres, soutenu par une impressionnante partie de harpe paisible, évoquant la beauté des fonds sous-marins. Pourtant, cette tranquillité apparente ne va pas tarder à être troublée par des dissonances de plus en plus fortes, jusqu'à ce que le célèbre thème du requin fasse son apparition, annonçant la menace de la bête, qui s'en prend ici à deux plongeurs. A noter que Williams nous fait brièvement entendre le motif sautillant et mélodique que l'on entendait dans 'Jaws', transformé ici en thème plus menaçant. En réalité, Williams ne réutilisera pas par la suite ce thème, mais cet élément reste néanmoins intéressant pour le simple fait que le compositeur a conscience du travail qu'il a accompli sur le premier épisode, même si son but est ici de s'en démarquer plus ou moins radicalement.

Après cette introduction à la fois paisible et agressive (deux aspects qui caractérisent le score de 'Jaws 2'), c'est 'The Catamaran Race' qui nous introduit au nouveau thème du score, un thème mélodique et très enjoué, évoquant la vie paisible à Amity. Le thème décrit ainsi la course en catamarans du groupe d'adolescents, Williams reflétant au passage l'esprit d'aventure que l'on retrouvait déjà dans certains passages de 'Jaws'. A ce sujet, on notera une partie de cuivres quasi héroïques vers la fin du morceau, une sorte de calme enjoué avant la tempête (le thème reviendra dans le sympathique 'The Open Sea'). En effet, c'est avec 'The Water Kite Sequence' que l'on retrouver le matériel orchestral sombre et dissonant rattaché au requin, pour la scène où un baigneur est attaché à une sorte de cerf-volant au dessus de l'eau. Plus le baigneur se rapproche du bord de l'eau, plus il se met à la portée de la bête affamé. Le thème du requin revient une fois de plus, et prend une ampleur de plus en plus terrifiante, représentant la menace de l'impressionnant requin. Il y a une réelle férocité orchestrale dans ces passages de terreur, une certaine puissance et une agressivité qui nous rappelle à quel point Williams est décidément un maître de la musique symphonique, et ce quelque soit la forme qu'il veut lui donner (calme, intime, enjouée, aventureuse, terrifiante, enragée, etc.).

L'action commence véritablement avec le déchaîné 'Attack on The Water Skier', accompagnant la séquence où le requin attaque le jet-ski et le bateau qui l'accompagne. Williams nous propose ici un excellent contrepoint entre des cuivres enragés, et des cordes frénétiques (à noter le rôle de la harpe, utilisée ici de manière chaotique avec les percussions), la représentation musicale parfaite de la scène de course-poursuite avec le jet-ski. On retrouve ici aussi cette férocité orchestrale terrifiante, qui ne cesse de monter crescendo jusqu'à la séquence de l'explosion du bateau, acte désespérée d'une nouvelle victime du requin, ce qui permet au compositeur de développer pleinement son célèbre thème du requin. Après ce formidable passage d'action survolté, la partition ne cessera de faire monter la tension jusqu'à un final particulièrement mouvementé. On notera l'utilisation d'un nouveau petit thème enjoué dans 'The Menu', se partageant entre vents (hautbois, etc.), tuba, trompette et cordes, pour décrire la vie tranquille des baigneurs au bord de la plage.

Après le départ de Brody dans 'Brody Misunderstood', qui permet au compositeur d'avoir recours à une pièce plus dramatique et mélancolique, 'Ballet for Divers' nous ramène à l'univers de terreur inspiré par le requin. Cette fois-ci, la bête s'attaque à un groupe de plongeurs partis faire une expédition sous-marine. C'est ici l'occasion pour le compositeur de réutiliser ces arpèges de harpe paisible qui introduisaient le générique de début en évoquant la beauté et le calme apparent des fonds sous-marins. Au cours d'une interview réalisé pour les bonus du DVD du film, Williams a cité à quelques reprises l'expression 'chorégraphie'. Ce terme nous ramène ici au monde des ballets, un univers que côtoyèrent de grands musiciens tels que Tchaïkovski, Stravinsky, Delibes, etc. Ici, Williams a cherché à retranscrire cette séquence de plongée sous-marine sous la forme d'un petit ballet serein (cf. titre du morceau), qui sera violemment interrompu par un nouveau sursaut de terreur déchaîné pour une nouvelle attaque du requin. On appréciera ici cette idée de chorégraphie, qui s'attache à merveille à la séquence en question et nous prouve une fois encore que le compositeur, maître de son art, possède des idées intéressantes et originales sur son approche des films qu'il met en musique.

On retrouve une nouvelle séquence d'action excitante à souhait dans le violent 'Fire Aboard and Eddie's Death' (le thème du requin est ici particulièrement présent), pour l'attaque du requin sur le bateau de deux adolescents terrifiés. Une autre séquence d'attaque est illustrée avec brio dans 'Attack On The Helicopter', dominé par un impressionnant pupitre de cuivres massifs et agressifs, le requin semblant devenir un monstre indestructible dans ce style de pièces orchestrales enragées. Avec 'Sean's Rescue', on entame la dernière partie du film, avec la séquence des jeunes, piégés en pleine mer par le requin qui ne cesse de leur tourner autour. On notera ici que la musique semble revenir à un ton plus paisible, plus serein, dominé par des cordes lyriques et une harpe douce. Cette très belle pièce orchestrale décrit en fait la séquence où une des adolescentes fait une prière à Dieu pour l'implorer des les sauver de cet enfer. C'est avec une retenue émouvante que Williams aborde cette scène de prière, sans jamais en faire de trop. C'est aussi l'occasion pour le compositeur d'apporter un peu de relief à sa partition, qui est loin d'être uniquement constituée de morceaux d'action déchaînés. Après le sombre 'Toward Cable Junction', le climax du film est atteint avec l'impressionnant 'The Big Jolt!', évoquant la confrontation finale contre le requin. A noter l'utilisation des arpèges de harpe qui introduisent une nouvelle fois le morceau, avant que ce dernier ne s'achève sur un ultime morceau d'action totalement déchaîné, Williams relâchant la pression avec un 'End Title, End Cast' particulièrement héroïque et enjoué (on y retrouve, pour finir, le thème de trompette de 'The Catamaran Race').

Si 'Jaws 2' est loin d'atteindre les sommets du premier opus de 1975, on ne peut pas en dire autant de l'excellente partition symphonique de John Williams. Même si l'on préfèrera encore la mythique partition du premier épisode, le score de 'Jaws 2' est un excellent complément au travail accompli par le compositeur sur 'Jaws'. Williams a réussi à éviter de se répéter en élaborant une nouvelle partition symphonique particulièrement riche en déchaînements orchestraux, agrémentée de quelques grands moments d'aventure et de douceur. Construit sous la forme d'un grand crescendo de terreur et d'action, la partition de 'Jaws 2' a de quoi ravir tous les fans du premier opus, même s'il manque ici ce qui faisait le petit 'plus' du score d'origine. Malgré tout, 'Jaws 2' est une partition que l'on ne peut que recommander vivement à tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin aux travaux du compositeur à la fin des années 70. Voilà une sympathique partition qui nous prouve que l'on peut aussi écrire une partition originale et tout aussi intéressante pour une suite!


---Quentin Billard