1-All For Love 4.36*
2-The Cavern Of Cardinal Richelieu
(Overture-Passacaille) 2.55
3-D'Artagnan (Galliard & Air) 3.17
4-Athos, Porthos and Aramis
(Courante) 5.21
5-Sword Fight (Bransle) 3.18
6-King Louis XIII, Queen Anne
and Constance-Lady
In Waiting (Gavotte) 5.03
7-The Cardinal's Coach
(Estampie) 4.41
8-Cannonballs (Rigadoon) 3.27
9-M'Lady DeWinter
(Lament) 4.14
10-The Fourth Musketeer
(Concert Royaux) 5.20

*Interprété par Bryan Adams,
Rod Stewart et Sting.
Ecrit par Bryan Adams,
Robert John 'Mutt' Lange et
Michael Kamen.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

A&M Records
540 190-2

Score original produit par:
Michael Kamen,
Stephen McLaughlin
et Christopher Brooks

Monteur de la musique:
Michael T.Ryan,
Segue Music, Inc.
A&R:
Chris Montan, Bob Pfeifer
Coordination de l'album:
Sharon Swab

"All For Love"
Produit par:
Chris Thomas,
Bryan Adams,
David Nicholas

Artwork and pictures (c) 1993 The Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***
THE THREE MUSKETEERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Enième version cinématographique du chef-d'oeuvre d'Alexandre Dumas (père), la version Disney de 'The Three Musketeers' est une fois de plus typique de l'exploitation commerciale que fait Hollywood des grands oeuvres de la littérature française. Par exemple, comme d'habitude, les producteurs américains ne sont pas capables de comprendre que lorsque l'on met en scène un film se passant en France, on évite de montrer un papier où il est écrit 'one for all and all for one' au lieu de 'un pour tous et tous pour un'. Cette mentalité nauséabonde porte préjudice au roman d'origine et ne peut que nous pousser à boycotter le film de Stephen Herek (qui semble avoir choisi là un mauvais projet). Pourtant, le film, qui tente de redonner un sang neuf au roman en ayant recours à un casting de stars 'nouvelle génération' (Charlie Sheen, Chris O'Donnell, Kiefer Sutherland, Gabrielle Anwar, Julie Delpy, etc.) est loin d'être un mauvais film de cape et d'épée. Bien réalisé, 'The Three Musketeers' aurait put obtenir notre adhésion s'il ne se fichait pas autant de l'oeuvre d'Alexandre Dumas, déjà parce qu'on trouve des touches d'humour stupides et insupportables (sans parler de la niaiserie de certains dialogues), digne d'un mauvais film Disney. Où est l'esprit et le sérieux du roman de Dumas? Ensuite, il y a, comme nous l'avons signalé auparavant, cette espèce d'état d'esprit typiquement hollywoodien qui consiste à prendre un roman très respecté et à l'exploiter n'importe comment, sans aucun respect pour l'oeuvre d'origine (en plus du message des mousquetaires en anglais, que dire du truc éculé avec la balle qui ricoche sur le crucifix d'Aramis, métaphore religieuse vu et revue des centaines de fois!). Ici, les mousquetaires n'ont aucun relief. Ils sont tous comme des super héros issus d'un comic américain affrontant des méchants sans scrupules. On est loin, très loin ici du faste et de la densité du roman d'Alexandre Dumas. Un mauvais produit de consommation en somme!

C'est sans aucun doute sa participation à 'Robin Hood' qui permit à Michael Kamen d'écrire la musique de 'The Three Musketeers'. Hélas, si les deux films ont en commun la réutilisation d'une très vieille histoire filmée 'à l'américaine', les deux partitions s'éloignent l'une de l'autre, hélas, dans le mauvais sens du terme, puisque le score de 'The Three Musketeers' est loin de posséder le charme et la force enthousiasmante de celui de 'Robin Hood'. Ceci étant dit, il faut néanmoins mentionner le fait que le film marque la première collaboration entre Michael Kamen et Stephen Herek, collaboration qui atteindra son apogée deux ans plus tard avec l'inoubliable 'Mr.Holland's Opus'. Pour 'The Three Musketeers', Kamen a écrit une partition symphonique d'aventure dans la plus pure tradition du genre. Mais, au lieu de la traditionnelle ouverture héroïque et épique, Kamen décide que le film commencera de manière très sombre et obscure avec l'excellent 'The Cavern Of Cardinal Richelieu (Overture Passacaille)', où le compositeur a recours à une grande chorale avec un orchestre sombre et ténébreux, dominé ici par des cuivres imposants et des cordes graves. L'ouverture débute sur les cachots du sinistre Richelieu (interprété par l'excellent Tim Curry - ce rôle lui va comme un gant!), la chorale étant utilisée de manière quasi satanique, comme si ces voix cherchaient à représenter le Cardinal de Richelieu comme le diable en personne. On commence de manière assez originale sur cette introduction chorale/orchestrale fort sombre, et ce qui suit va considérablement s'alléger. A noter, pour commencer, que le compositeur s'est amusé à organiser les pistes de son album comme une suite de danses dans l'esprit des pièces instrumentales de l'époque baroque (on pense par exemple aux célèbres suites de Bach). On trouve ainsi une ouverture, un air, une courante, une branle, une gavotte, une estampie (ce sont des formes de danse parfois très tardives, datant de l'époque médiévale). Voilà une idée fort intéressante qui nous rappelle à quel point certains compositeurs de musique de film se plaisent à présenter leurs oeuvres de manière plus musicale sur leurs albums.

Le Cardinal est évoqué dès l'ouverture avec ces espèces de cuivres graves qui martèlent un rythme plutôt agressif. (d'où peut-être l'utilisation du terme 'Passacaille' dans la piste 2, qui désigne une forme musicale à variation, datant du 16ème siècle, avec une basse obstinée). D'Artagnan fait son apparition dans le film avec 'D'Artagnan (Galliard & Air)' qui nous introduit au thème principal, thème cuivré (trompettes mises ici en avant) héroïque et chevaleresque comme il se doit, et qui sera la base de la chanson du générique de fin, 'All for Love' (chanté par Bryan Adams, Rod Stewart et Sting). Le thème évoque ici la fougue de D'Artagnan (Chris O'Donnell), sa bravoure et son courage, qui finiront par le conduire à devenir mousquetaire. Avec 'D'Artagnan', Kamen renoue avec l'esprit épique de 'Robin Hood', mais sans le petit 'plus' de cette partition mythique du compositeur. Les trois mousquetaires sont alors évoqués dans 'Athos, Porthos and Aramis (Courante)', avec une nouvelle reprise plus solennelle du thème héroïque, qui, n'évoque plus seulement D'Artagnan mais aussi les trois mousquetaires, les grands héros du film (à noter une petite touche d'humour avec l'utilisation d'un tuba pour évoquer Porthos, le gros lourdaud de service). Après ces quelques passages héroïques, la musique va prendre une tournure plus action au cours de nombreuses scènes de duels et de combats, qui permettront ainsi à Kamen de nous prouver une fois encore sa grande maîtrise de l'orchestre et des déchaînements orchestraux (à noter que, comme dans 'Robin Hood', il y a eu près de 12 orchestrateurs sur cette partition orchestrale massive!).

'Sword Fight (Bransle)' est un de ces premiers gros morceau d'action, Kamen renouant ici avec le faste et la splendeur des grandes partitions épiques du 'Golden Age' hollywoodien, à l'instar de 'Robin Hood' (difficile, décidément, de ne pas vouloir comparer ces deux partitions qui ont plein de choses en commun). Dans 'Sword Fight', Kamen évoque avec brio et énergie la confrontation à l'épée contre les hommes de Rochefort (Michael Wincott, qui, coïncidence, jouait déjà aussi dans 'Robin Hood'). A noter ici la richesse des orchestrations (cf. utilisation très 'baroque' d'un clavecin), qui prouve une fois de plus le savoir-faire du compositeur (et don son habituelle équipe d'orchestrateurs). Dans 'King Louis XIII, Queen Anne and Constance-Lady In Waiting (Gavotte)', Kamen évoque le roi Louis XIII de façon très noble mais c'est la partie concernant le Cardinal avec Anne D'Autriche (Gabrielle Anwar) qui retiendra plus particulièrement ici notre attention. Kamen réutilise ici les voix de l'ouverture pour évoquer la menace toujours plus grandissante de Richelieu, allié avec un orchestre sombre dominé par des cuivres graves et des cordes profondes et tendues. Les voix semblent presque surgir ici de l'au-delà, la musique renforçant une fois encore le côté satanique du Cardinal, incarné avec brio par Tim Curry (qui semble s'en être donné à coeur joie dans ce rôle!). En tout cas, à l'écran, le résultat est saisissant. La musique arrive véritablement à transfigurer le personnage de Richelieu pour lui donner une dimension quasi fantastique, diabolique. Puisque l'on parle de la musique dans le film, il faudra néanmoins souligner le fait que le mixage assez pauvre de la musique ne nous aide pas vraiment à apprécier pleinement la partition orchestrale de Michael Kamen. Cette tendance typiquement hollywoodienne à écraser la musique sous des tonnes de bruitages et de dialogues fait que des scores tels que celui de 'The Three Musketeers' attire difficilement notre attention, faute d'être entendu aussi équitablement que les autres éléments sonores du film - un détail, peut-être, mais que l'on se devait néanmoins de souligner!

Dans 'The Cardinal's Coach (Estampie)', on retrouve le style action de 'Sword Fight', mais sur un rythme plus énergique et caractéristique (croche pointée - double) qui offre à la séquence de la poursuite avec la calèche du cardinal une énergie orchestrale assez saisissante (mais sans grande originalité particulière). L'action se prolonge dans 'Cannonballs (Rigadoon)' tandis que 'M'Lady DeWinter (Lament)' offre une dimension plus tragique à la partition de Kamen, pour la scène où Lady Sabine DeWinter (Rebecca De Mornay), ancienne épouse d'Athos (Kiefer Sutherland), va être exécuté pour avoir trahi le roi. A noter ici l'utilisation d'un basson avec un violon, des cordes plaintives et un magnifique solo de hautbois d'amour, Kamen ayant véritablement pris beaucoup de plaisir à privilégier toutes ces parties de solistes tout au long de sa partition pour 'The Three Musketeers'. Finalement, l'affrontement final contre Richelieu, Rochefort et ses hommes culmine au cours d'une ultime pièce d'action survoltée et tendue, aboutissant à un final héroïque et solennel comme il se doit.

Il est certain que, si vous avez aimé la musique de 'Robin Hood', vous apprécierez certainement le score de 'The Three Musketeers'. Mais, comme dit précédemment, ce score est loin de posséder le petit 'plus' qui faisait du score de 'Robin Hood' un chef-d'oeuvre rarement égalé dans son domaine. Le thème principal, pourtant assez présent, n'arrive pas à captiver notre esprit comme le faisait celui de 'Robin Hood'. Pire encore, le mixage ingrat de la musique dans le film nous empêche vraiment de prendre conscience de son développement à travers toute la partition. La musique de Kamen fourmille pourtant d'une multitude de petits détails fort intéressants, comme par exemple l'utilisation d'une chorale quasi diabolique, de noms de danse dans les pistes de l'album ou de quelques instruments solistes (clavecin, trompette, cor, tuba, violon, basson, hautbois, flûte à bec, harpe, etc.). On retrouve ici un certain classicisme d'écriture qui tend à rapprocher cette oeuvre des grandes partitions épiques du 'Golden Age' hollywoodien, mais en nettement moins inspiré. Comme d'habitude, Michael Kamen signe là une partition symphonique épique, convaincante et très réussie, mais sans l'originalité mémorable de celle de 'Robin Hood'!


---Quentin Billard