1-Le Papillon 3.08*
2-Générique 2.53
3-La Grande Ourse 4.29
4-Thème du Vercors 1.50
5-Thème de Julien 3.11
6-Le Magasin de disque 2.06
7-La Grande Ourse - part 2 2.40
8-L'ultime voyage 5.32
9-La petite fille dans la rue 2.23
10-Générique - part 2 2.37
11-La petite Ourse 1.46
12-Thème du Vercors - part 2 2.03
13-La Grande Ourse - part 3 1.38
14-La métamorphose 2.52
15-Le papillon et la flûte 2.37

*Interprété par
Michel Serrault, Claire Bouanich
Ecrit par Nicolas Errèra
Paroles de Philippe Muyl.

Musique  composée par:

Nicolas Errèra

Editeur:

La Bande Son
067 034-2

Musique dirigée par:
Nicolas Errèra
Production exécutive de la musique:
Valérie Lindon

Artwork and pictures (c) 2002 Les notes qui s'aiment/Alicéléo/La Bande Son. All rights reserved.

Note: ***
LE PAPILLON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nicolas Errèra
Dans un registre similaire au récent 'Une hirondelle a fait le printemps' de Christian Carion, 'Le Papillon' permet à l'excellent Michel Serrault de renouer avec le style de rôle qu'il se plait à interpréter depuis plusieurs années déjà: le vieux grognon un peu dur qui finit par devenir tendre et attachant. Le très beau film de Philippe Muyl (auteur entre autre de 'La vache et le président' et de l'excellent 'Cuisine et dépendances') est un vrai moment de bonheur, un peu de poésie dans un monde de brutes! 'Le Papillon' nous offre ainsi un grand bol d'air frais dans les magnifiques paysages des montagnes du Vercors. Julien (Michel Serrault) est un vieil homme tranquille qui collectionne les papillons. Il se met alors en tête de partir dans les montagnes du Vercors pour rechercher l'Isabelle, un superbe papillon de nuit aussi magnifique que rare. Seul problème: à quelques jours de son départ, Julien se retrouve obligé de veiller sur Elsa (Claire Bouanich), une petite fillette de huit ans délaissée par sa mère, et assez en avance pour son jeune âge. Spontanément, Elsa décide alors de faire partie du voyage. Après un peu d'hésitation, le vieil homme décide finalement de l'emmener avec elle en montagne, à la recherche du papillon 'Isabelle', espérant ainsi honorer une vieille promesse qu'il avait faite à son fils mourant sur son lit d'hôpital.

'Le Papillon' s'attache ainsi à suivre les péripéties bucoliques de Julien et Elsa, adorable petite gamine de huit ans qui ne cesse de surprendre le vieil homme avec sa répartie et ses répliques décalées. D'abord peu heureux à l'idée de devoir se trimballer avec la fillette, Julien va petit à petit s'attacher à Elsa, le vieil homme devenant alors une sorte de papy pour la petite fillette qui n'a jamais eu la chance de connaître son père. Evidemment, on est ici en présence d'un petit film modeste, sans aucune autre prétention que celle de nous montrer une jolie fable, pleine de fraîcheur, de naïveté et de tendresse. Serrault et la petite Claire Bouanich jouent à fond le jeu, et en dehors de l'excellente interprétation de Serrault (qui reste égale à lui-même), c'est la petite Claire Bouanich qui retiendra ici plus particulièrement notre attention. Dans une interview récente, Philippe Muyl précisait que la petite Claire (qui joue là dans son tout premier film) avait tout ce qu'il souhaitait pour le personnage d'Elsa: un jeu d'acteur juste et naturel, une grande spontanéité, etc. Autant dire que le réalisateur a fait sans aucun doute le meilleur choix (et ce parmi plus de 200 fillettes auditionnées pour le rôle d'Elsa!). Derrière l'intrigue du papillon de nuit se cache bien évidemment une double signification: d'abord celui de la promesse qu'a fait Julien à son fils, une preuve d'amour paternelle émouvante (cf. très belle séquence de fin avec l'envol du papillon). On voit ensuite le manque d'amour de la petite Elsa, qui comble ce vide en se rabattant sur Julien, vieil homme bougon et peu enclin à offrir à Elsa ce qu'elle recherche en réalité (un peu d'attention, quelque pour s'occuper d'elle, pour l'écouter, pour répondre à toutes ses nombreuses questions, etc. Bref, tout ce que recherche n'importe quel enfant normalement constitué) mais qui finira par tomber sous le charme de la petite fillette, avec un peu de temps et beaucoup de patience. Comme dit précédemment, 'Le Papillon' est un petit film simple et modeste, un grand bol d'air frais, un petit trésor de poésie et d'intimité, à prendre tel quel. Un film rafraîchissant, agréable et naïf, loin de la violence habituelle ou des spectacles dégradants auxquels on assiste de plus en plus, chaque jour, au cinéma et dans les médias du monde entier.

Après les récents 'Cravate Club' et 'Quelqu'un de bien', Nicolas Errèra nous revient en pleine forme sur 'Le Papillon', pour lequel le compositeur parisien nous livre une agréable partition tout à fait caractéristique de son style instrumental très minimaliste et répétitif. La sympathique partition de Nicolas Errèra se distingue ainsi par son thématisme évident et ses quelques rythmiques pop/électro que le compositeur nous donne à entendre dans la première partie du film, lors des préparatifs du voyage dans les montagnes du Vercors. A l'instar de sa musique pour 'Cravate Club', Nicolas Errèra fonctionne en faisant tourner ses séquences mélodiques en boucle, même si l'accent est cette fois mit ici sur la partie instrumentale minimaliste, uniquement constituée d'un piano intimiste et de quelques cordes avec pizzicati. 'Générique' ouvre le film de manière assez rythmée avec loops de batterie sympa, pizzicati de cordes, piano un peu jazzy et synthés discrètement tendance new-age. Cet excellent mélange électro/jazz/new-age nous prouve à quel point Errèra est un compositeur inventif, toujours à l'affût des meilleures idées qui pourront donner aux films qu'il met en musique un petit 'plus' (le style se rapproche parfois de François De Roubaix). La musique est alors toute à l'image du film: une petite partition minimaliste et intimiste, où la simplicité côtoie la fraîcheur pour notre plus grand plaisir.

'La Grande Ourse' nous dévoile l'un des premiers thèmes du score, une sorte de petite valse tendre et sereine, interprété par le piano et quelques cordes avec pizzicati. 'La Grande Ourse' évoque la naïveté et la spontanéité de la petite fillette, un élément qu'Errèra développera tout au long du film puisqu'il nous proposera par la suite deux sympathiques variations de cette petite valse. Le 'Thème du Vercors' s'apparente quant à lui à une excellente petite sonate pour piano avec un accompagnement de cordes plus chaleureux. Ce très beau thème plutôt serein et nostalgique évoque à son tour toute la beauté des paysages du Vercors et renforce le côté mélodique et thématique de la partition de 'Le Papillon', une musique qui tourne essentiellement autour de ses trois principaux thèmes (un choix stylistique qui convient à merveille au très beau film de Philippe Muyl!). Le 'Thème de Julien' est lui aussi frais et nostalgique, constitué d'un petit motif de 6 notes au piano, soutenu par un accompagnement de cordes et de pizzicati plutôt légers et minimalistes.

Errèra revient alors à ses premiers amours avec 'Le Magasin De Disque', petite pièce de style électro/funky plutôt sympa (en revanche, le titre n'a aucun rapport avec une scène du film car il n'y a aucune séquence se déroulant dans un magasin de disque!). On retrouve une ambiance similaire dans le sympathique 'L'ultime voyage', qui se trouve être en réalité un remix électro d'une célèbre pièce pour piano classique. 'La petite fille dans la rue' prolonge l'ambiance électro avec une très belle utilisation de loops de batterie et du piano (évoquant la fragilité et la douceur de la petite fille) tandis que le compositeur nous propose toute une série de variations de ses thèmes à travers 'Générique (Part 2)', 'La grande ourse (Part 2)', 'La grande ourse (Part 3)', 'Thème du Vercors (Part 2)', etc. A noter un sympathique 'La métamorphose' pour la scène finale où Elsa et Julien assistent à la métamorphose d'un papillon (c'est l'occasion pour le compositeur de reprendre le sympathique thème de Julien). Pour finir, Errèra nous réserve la sympathique chanson du 'Papillon', interprétée par Michel Serrault et Claire Bouanich sous la forme d'un amusant dialogue amusant entre les deux compères, Errèra nous proposant même une version instrumentale inédite dans 'Le papillon et la flûte'.

'Le Papillon' est un score simple, serein, nonchalant, frais et charmant, tout à l'image du très beau film de Philippe Muyl. Evidemment, cette musique ne révolutionnera pas le petit monde de la musique de film. Néanmoins, c'est ce genre de partition qui confirme tout le bien que l'on peut penser de Nicolas Errèra, jeune nouveau prodige de la musique de film française, près à relever le niveau parfois bas de certains musiciens peu inspirés ou qui, face au manque de moyens de certaines productions cinématographiques françaises, décident de partir à Hollywood pour s'assurer un bien meilleur avenir (c'est le cas de Michel Colombier par exemple). Avec Errèra, pas question de cela ici! Sa musique intimiste/minimaliste pour 'Le Papillon' nous prouve à quel point la musique de film française a encore de bien belles années devant elle, surtout si elle continue d'être représentée dans l'avenir par toute cette nouvelle génération de musiciens inspirés tels que Philippe Rombi, Alexandre Desplat, Pascal Estève, etc.


---Quentin Billard