1-A Call To Arms 3.07
2-After Antietam 2.39
3-Lonely Christmas 1.54
4-Forming The Regiment 5.26
5-The Whipping 2.09
6-Burning The
Town Of Darien 2.30
7-Brave Words, Brave Deeds 3.09
8-The Year Of Jubilee 2.25
9-Preparing For Battle 7.32
10-Charging Fort Wagner 2.51
11-An Epitaph To War 2.32
12-Closing Credits 6.51

Musique  composée par:

James Horner

Editeur:

Virgin Records
CDV-2614-0777-7-86150-2-6

Montage de la musique:
Jim Henrikson
Album produit par:
James Horner, Shawn Murphy

Artwork and pictures (c) 1990 Tri-Star Pictures, Inc. All rights reserved.

Note: ****
GLORY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Horner
Réalisateur tout à fait quelconque, Edward Zwick nous livre avec 'Glory' une peinture assez convaincante d'un épisode de la sanglante guerre de sécession qui opposa le nord au sud des Etats-Unis entre 1861 et 1865 (et qui aboutit à la victoire du Nord le 9 Avril 1865 lors de la Bataille d'Appomattox). L'histoire est vu ici du côté des noirs afro-américains qui formèrent l'un des premiers bataillons noir américain de l'histoire des Etats-Unis, le 54ème d'Infanterie du Massachusetts (contrairement à ce que le film nous fait croire, ce n'est pas le premier bataillon noir de toute l'histoire des Etats-Unis...) Mené par le colonel blanc Robert Gould Shaw (interprété par un Matthew Broderick très convaincant, à une époque où il ne faisait pas encore le pitre dans des comédies potaches et autres nanars de bas étages...), le 54ème dut affronter le racisme (aussi bien du côté des adversaires que celui des alliés) en se distinguant lui même sur le champ de bataille. Suivi par Denzel Washington, Morgan Freeman et Andre Braugher, le casting mettant en avant un Broderick pour une fois assez convaincant (quoiqu'un peu distant de son rôle par moment) sert un film dont l'unique intérêt est de nous rappeler que les noirs ont eu une part importante dans la victoire finale du Nord en 1865 (à la fin de la Guerre, ils constituaient tout de même plus de 12% des troupes Nordistes). L'histoire se penche ici sur la bataille de Fort Wagner en Juillet 1863, bataille qui s'est soldé par un cuisant échec pour les troupes Nordistes qui ne réussirent jamais à s'emparer de ce fort Sudiste. Certes, on pourra contester le choix douter de prendre Broderick comme acteur principal pour un rôle aussi sérieux, mais le jeune acteur s'en tire plutôt bien même s'il n'a pas le charisme de certains grands acteurs tels que Sean Connery ou Anthony Hopkins. D'autre part, on pourra aussi reprocher le fait que le film prenne certaines distances par rapport aux faits Historiques (comme c'est malheureusement trop souvent le cas dans les films 'historiques'. Mais il ne faut pas oublier que c'est une fiction basé sur des faits authentiques et non un documentaire sur la Guerre de Sécession). Mais l'ensemble reste assez convaincant et nous montre bien une partie du conflit qui n'avait pas vraiment encore été traité ainsi au Cinéma.

Première collaboration entre Ed Zwick et James Horner, 'Glory' reste à ce jour un score majeur dans la carrière du compositeur qui se trouve à ce moment là à une période charnière entre son ancien style et la nouvelle période des années 90 qui allait lui permettre de mûrir son style d'écriture orchestral pour aller vers des oeuvres symphoniques que nous connaissons bien aujourd'hui. ('Braveheart', 'Legends of The Fall', 'Apollo13', etc.) 'Glory' repose essentiellement sur deux grands thèmes qui seront très répétés tout au long du film (trop même, ceci étant le principal défaut du score de 'Glory'). 'Glory' est aussi important car on y trouve aussi les principales formules musicales que le compositeur développera tout au long de ses oeuvres des années 90: l'utilisation du choeur d'enfants fait penser à 'Braveheart' ou 'Deep Impact'. Quand au thème principal, on y sent déjà quelques prémisses de 'Apollo13' (surtout avec le 'Closing Credits' qui commence comme dans le End Titles de 'Apollo13' sur une basse de synthé assez étonnante et un choeur d'enfants) sans oublier les orchestrations typiques du compositeur (les cordes lyriques et parfois denses, l'utilisation très caractéristiques des amas de cloches, une formule que l'on trouve souvent chez le Horner des années 90, etc.). Avec 'A Call To Arms', on commence de manière assez solennelle avec un choeur d'enfants (magnifique interprétation du Harlem Boys Choir qu'Horner n'hésitera pas à faire monter de manière parfois très difficile vers l'aiguë dans certains passages de sa partition). Soutenu par de la caisse militaire, ce bref hymne de choeurs (sur un texte anglais) laisse très vite la place au thème principal dans cette première scène de bataille d'Antietam en ouverture du film, le thème évoquant de manière poignante les horreurs et les ravages de cette guerre sanguinaire (utilisation du ralenti sans bruitages avec une musique lyriques par excellence typique du grand Horner de 'l'émotion'). D'abord chanté par le choeur d'enfants, le thème s'amplifie avec un envol de cordes lyriques intenses avec une trompette, percussions et cloches. L'ouverture de 'Glory' reste en soi un grand moment dans la musique de Horner. Triste, solennel et poignant à la fois, le thème principal de 'Glory' évoque le courage de ces soldats qui sacrifièrent tout pour défendre leur cause et ce au péril de leur vie. Le thème sonne aussi comme un hommage poignant à la mémoire de ces hommes morts sur le front, souvent en héros (cf. fin du film) d'où peut être le titre du film. 'After Antietam' reprend ce thème après la séquence de la bataille et alors que Shaw (Broderick) est engagé par ses supérieurs pour aller diriger le 54ème régiment d'infanterie.

'Lonely Christmas' nous fait entendre le deuxième thème qui sera plutôt associé au régiment du colonel Shaw, thème solennel d'abord entendu ici avec un hautbois et quelques coups de timbales, repris ensuite par un cor solitaire. Là aussi, Horner réutilisera une partie de ce thème dans un de ses thèmes de fin pour 'Braveheart' (surtout dans le morceau final concernant 'Bannockburn' où le thème atteindra d'ailleurs son paroxysme). Shaw forme alors son régiment de noirs dans le solennel 'Forming The Regiment' où l'on retrouve un appel de trompette sur l'hymne entendu au début de 'A Call To Arms'. Les vents reprennent ensuite le thème principal dans un souci de solennité (Shaw fait son discours motivant devant ses soldats) toujours très présent et qui transparaît à chaque fois à travers les différentes variantes orchestrales du thème qui sera un peu trop répété tout au long du score (le thème est trop présent et on assistera exactement au même problème dans des scores tels que 'Legends of The Fall' ou 'Braveheart'). Le morceau finit sur un rythme militaire avec la caisse et des fifres typiques des marches américaines de cette époque alors que les troupes de Shaw se mettent en marche, le thème étant repris ici avec une certaine fierté aux cordes.

'The Whipping' apporte une touche dramatique au score pour la scène où Trip (Denzel Washington) est punis en étant fouetté. Le morceau donne une certaine puissance dramatique dans la scène, Horner amener un crescendo tragique dans son morceau avec des cordes et des vents torturés sur des timbales quasiment funèbres. On sent la douleur dans le regard de Trip alors que ce dernier se tient droit en contenant sa souffrance afin de conserver sa fierté, sa dignité. Mais on retrouve bien là le style dramatique typique du compositeur. Dans le même ordre d'idée, 'Burning The Town of Darien' apporte lui aussi une dimension tragique à la scène où les Nordistes font brûler la ville de Darien, Shaw étant au fond de lui même contre cet ordre. Les cordes sonnent de manière plaintives et dramatiques dans cette séquence, comme pour évoquer l'horreur de la scène, avant de laisser la place aux choeurs qui reprend le thème qui sonne toujours de manière aussi poignante à la fin de cette scène.

Le problème de 'Glory' c'est le fait qu'Horner se soit une fois de plus inspiré d'oeuvres de la musique classique. Le thème est en lui même étrangement ressemblant à certains passages de 'Ivan Le Terrible' de Prokofiev (le compositeur de référence pour Horner). L'appréciation de cette magnifique oeuvre ne peut se faire que si l'on passe par dessus ces 'emprunts' assez contestables, Horner ayant quand même réussi l'exploit d'écrire une oeuvre très personnelle à partir de citations parfois assez osée et à peine camouflée. Avec 'The Year of Jubilee', on retrouve le style martial de la fin de 'Forming The Regiment', soutenu par la caisse militaire et les fifres, le thème revenant une fois encore de manière assez poignante et fière aux cordes. Amplifié par les choeurs d'enfants, le thème sonne de manière grandiose comme pour souligner la détermination des soldats sévèrement formés par l'un des officiers de Shaw qui n'hésite pas à les violenter pour leur enseigner la discipline et la détermination à se battre, et c'est le superbe 'Preparations For Battle' qui évoque les préparatifs de la bataille de Fort Wagner sur cette séquence au bord de la mer, Shaw étant sur le dos de son cheval et faisant son speech final pour motiver ses soldats et lancer la charge contre le Fort. On retrouve le thème des soldats exposé de manière plus puissante dans cette scène solennelle avec un colonel se tenant fièrement devant ses soldats qui sont cette fois ci prêt à se battre jusqu'au bout pour défendre leur cause. On retrouve alors l'hymne de 'A Call To Arms' à la trompette suivi des cordes lyriques typiques du compositeur qui reprennent de manière grandiose le thème des troupes. On admirera la manière dont le compositeur arrive à mélanger le thème des soldats (violoncelles) avec le thème principal (choeurs et cordes) vers la fin du morceau comme pour marquer un aboutissement dans le film, Shaw ayant accompli son rôle: former des soldats noirs fiers de la cause qu'ils défendent et prêts à se battre pour leur pays. Les soldats chargent alors au son de la reprise du thème des troupes avec un amas de percussions (caisse, cymbales, cloches) évoquant la détermination de leur assaut contre le Fort, et c'est avec le superbe 'Charging Fort Wagner' qu'Horner conclut le film de manière grandiose et épique. Avec une chorale mixte entamant un chant latin (la composition du morceau étant en réalité calqué sur le fameux 'O Fortuna' du 'Carmina Burana' de Carl Orff) sur un ostinato de caisse, 'Charging Fort Wagner' rend la scène réellement intense avec une dimension épique pour cette séquence de bataille finale où tout se joue pour les deux clans. 'An Epitath To War' rend finalement hommage aux morts tombés sur le champ avec une reprise du thème par le choeur d'enfants a capella (et qui donne une dimension à la fois dramatique et solennelle à cette séquence où l'on voit les corps de Shaw et Trip mis l'un à côté de l'autre) et c'est l'hymne de 'A Call To Arms' qui conclut le film de manière très solennelle.

'Closing Credits' débute alors pour le générique de début avec la reprise du thème sur un rythme de synthé et un orchestre avec choeur mixte reprenant de manière grandiose le magnifique thème principal (notons l'utilisation discrète d'un choeur d'hommes en arrière plan sonore), suivi ensuite d'une superbe reprise orchestrale du vibrant thème des soldats. Le morceau finit sur un decrescendo typique des finals d'Horner (on trouve un principe similaire à la fin de 'Apollo13', 'Legends of The Fall' ou bien encore 'Braveheart'), le son s'éloignant de plus en plus marquant une sorte de 'calme après la tempête', un repos bien mérité qui sera amené après une reprise finale de l'hymne de 'A Call To Arms' chanté par le choeur d'enfants.

Vous l'aurez compris, 'Glory' est un Horner dramatique tout à fait remarquable, le compositeur ayant écrit là un de ses classiques qui donne en plus une force tout à fait particulière dans le film de Zwick. Plutôt que de trop mettre l'accent sur des cuivres pompeux ou des marches patriotiques à l'américaine, Horner a préféré privilégier la dimension humaine du film en utilisant ces magnifiques choeurs d'enfants évoquant quelque part la dimension innocente de ces hommes qui se tueront au combat pour défendre leur cause. Ces choeurs d'enfants sont aussi un moyen pour le compositeur d'évoquer la mémoire et le souvenir de ces hommes, souvenir qui passe souvent par l'apprentissage de l'Histoire aux jeunes enfants qui doivent comprendre ce qu'il s'est passé afin que l'homme ne reproduise pas dans l'avenir les mêmes erreurs. Avec ces deux thèmes fortement ancrés dans la partition (qui n'est constitué que de ces deux thèmes et d'un hymne solennel, et ce malgré deux ou trois passages plus dramatiques), Horner crée une oeuvre dramatique poignante, une musique que l'on n'appréciera peut être pas à la première écoute mais qui nécessite de se plonger au coeur du score à l'intérieur du film pour comprendre en quoi le compositeur a atteint son but: rendre un hommage vibrant au courage de ces hommes morts au combat. Si l'on passe par dessus les emprunts à Prokofiev ou Orff, on pourra trouver dans 'Glory' une oeuvre majeure qui ouvrait les portes d'une ère nouvelle pour Horner étant donné l'influence majeure qu'a eu ce score sur la plupart des grandes partitions du compositeur dans les années 90.


---Quentin Billard