1-Jack Conga 3.11
2-Jack Scherzo 3.17
3-Sky 1.07
4-Butterfly 1.36
5-The Basketball Game 2.24
6-Cello Jack 3.58
7-Louie's Mom
(A Great School Day) 2.35
8-Treehouse Collapse 2.34
9-Jack's Collapse
(Butterfly Death) 4.06
10-Time To Grow Up 0.42
11-The Children's Crusade
(Can Jack Come
Out and Play) 4.24
12-Back To School
(What Do I Want To Ben
When I Grow Up? Alive!) 3.03
13-Valedictorian
(Life Is Feeling) 4.22

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Hollywood Records
HR 162 063-2

Score produit par:
Michael Kamen,
Stephen McLaughlin,
Christopher Brooks

Monteur superviseur de la musique:
Christopher Brooks
Musique produite par:
Michael Kamen,
Stephen McLaughlin,
Christopher Brooks

Préparation de la musique:
Joel Franklin, Joe McGuire
Monteur de la musique:
David Slusser
Assistant de production:
Stacy Ruppel
Chargé de la musique pour
The Walt Disney
Motion Pictures Group:
Kathy Nelson
Chargé de la musique pour
Hollywood Records:
Mitchell Leib

Artwork and pictures (c) 1996 HolPic Music. All rights reserved.

Note: ****
JACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Avec 'Jack', Francis Ford Coppola change radicalement de registre et abandonne les sujets sombres et sérieux tendance 'Dracula', 'The Godfather' ou 'Appocalypse Now'. Le célèbre réalisateur nous narre cette fois-ci l'histoire de Jack Powell (Robin Williams), un enfant atteint d'un symptôme bien rare: en effet, il vieillit depuis sa naissance 4 fois plus vite que n'importe quel autre enfant de son âge. A l'âge de 10 ans, Jack a désormais le corps d'un homme de 40 ans, ce qui lui complique énormément sa vie. Désireux d'aller enfin à l'école comme tous les enfants de son âge, Jack va devoir faire face - dans un premier temps - au rejet de ses petits camarades qui vont continuellement se moquer de lui, le traitant de monstre, de géant poilu. Mais Jack est loin d'être un monstre car, derrière son physique d'adulte d'une quarantaine d'années, Jack cache un coeur d'enfant resté intact malgré le vieillissement accéléré de son corps. Petit à petit, il va nouer une amitié forte avec Louis (Adam Zolotin), son meilleur ami et, très vite, Jack sera finalement accepté par tous. Hélas, l'enfant continue à vieillir à une vitesse alarmante. Il sait que lorsqu'il aura 20 ans, il approchera déjà de la fin de sa vie.

'Jack' part d'une intrigue assez originale: un enfant avec le physique d'un adulte. Il n'en fallait pas plus pour que l'inénarrable Robin Williams se lance dans l'aventure! Comme d'habitude, l'acteur crève littéralement l'écran en nous proposant une interprétation juste, remarquable et pleine de vie. Il paraîtrait même que, pour se préparer à son rôle, Robin Williams aurait passé plusieurs mois en compagnie d'enfants de 10 ans, afin d'étudier leurs gestes, leurs comportements, leurs manières de vivre. Autant préciser tout de suite que Robin Williams est absolument convaincant dans son rôle. On sent, à travers son regard, toute l'innocence, la fougue et la fragilité d'un enfant de 10 ans. Mais ce qui commence comme une comédie familiale assez entraînante s'achève de manière plus dramatique. Jack devient alors l'étoile filante, l'étoile rare, que l'on ne voit passer qu'une seule fois. Sa vie n'est pas ordinaire, elle est 'spectaculaire', pour reprendre l'expression de son vieil ami, Mr.Woodruff (Bill Cosby). Arrivé à la fin de sa vie, Jack n'espère plus qu'une seule chose: que tous ses amis se souviennent de lui, pour la vie. Evidemment, le film n'évite pas les traditionnelles séquences larmoyantes, mais Coppola a tout de même la bonne idée d'aborder ces scènes avec une certaine retenue, de même que le réalisateur sait s'arrêter au bon moment à la fin du film - une touche positive pour un dénouement pas si heureux que cela - c'est d'ailleurs toute la morale du film, qui nous apprend à nous souvenir que nous avons tous été des enfants, et qu'il est parfois bon de voir le monde à travers le regard d'un gosse!

'Jack' est le genre de film fait pour le style sincère et vivant de l'univers musical de Michael Kamen. Visiblement, le sujet du film de Coppola a inspiré le compositeur, qui nous livre là un score vivant et plein de fraîcheur, évoquant la fantaisie de l'enfance et l'émotion du film. Pour se faire, le compositeur a eu recours à une instrumentation étonnante et quelques pièces musicales débordantes de fraîcheur et de fantaisie, et ce, dès le début du film. On commence le film de manière fort entraînante avec le sympathique 'Jack Conga', pièce de danse aux rythmes latinos/brésiliens qui ouvrent le score pour le prologue du film. Kamen utilise ici un thème de la section des cuivres, le piano, l'accordéon et le lot habituel de percussions dansantes pour nous inviter à partager cette aventure pleine d'enthousiasme et de gaieté. 'Jack Scherzo' nous dévoile le côté plus sautillant et humoristique de la partition de 'Jack' avec une grande inventivité sur le plan instrumental, le morceau accompagnant de manière frénétique la séquence où Karen Powell doit se rendre d'urgence à l'hôpital pour mettre au monde Jack, son enfant prématuré. L'inventivité remarquable dont faire preuve Michael Kamen dans 'Jack Scherzo' est rare de nos jours. On sent que le compositeur s'est beaucoup sur ce film. Le résultat apparaît très nettement dans ce style de morceau énergique, survolté, inventif, où Kamen mêle les instruments de tout genre (cordes, saxophones, piano, clarinettes, flûtes, bassons, etc.) dans un Scherzo totalement survolté, évoquant la vivacité et la fantaisie de l'enfance. Le thème de 'Jack Scherzo' reviendra à quelques reprises pour évoquer l'univers enfantin de Jack avec ses nouveaux amis. Les orchestrations sont ici particulièrement soignées. Chaque instrument est en mouvement, participe à une forme de dialogue orchestral agité et parfaitement maîtrisé par le compositeur, passé maître dans la musique symphonique.

Dans 'Sky' Kamen s'amuse à changer une nouvelle fois de registre en nous donnant à entendre d'étranges sonorités électroniques inventives avec quelques instruments jouant par intermittence (piano, cordes, etc.). Kamen fait intervenir par la suite les voix du groupe de rap américain, Take 6, une petite surprise musicale totalement inattendue, au moins aussi inattendue que le morceau en lui-même. Kamen touche alors aux rythmes rap/groove/funk que l'on retrouvera dans l'excellent 'The Basketball Game', décrivant le match de basket avec Jack, Louie et ses camarades de classe. A noter que 'The Basketball Game' reprend les sonorités électroniques bizarres de 'Sky' et ses rythmiques funk/rap. On notera ici l'utilisation des voix de Take 6, des sifflets avec des pizzicati du synthé et une basse électronique, le morceau possédant un côté expérimental (et humoristique) quasi étrange sur la séquence de basket du film (le morceau reviendra en partie dans la délirante scène de la cabane dans l'arbre, avec Jack et ses amis). Totalement inattendus dans le contexte, 'Sky' et 'The Basketball Game' confirment que Michael Kamen est décidément un grand musicien qui ne cessera jamais de nous surprendre par la richesse et la variété de ses idées.

Dans 'Butterfly', Jack regarde un papillon et apprend à découvrir la vie. Kamen change encore de style et utilise ici un harmonica avec l'orchestre. On sent déjà ici une certaine retenue plus intimiste, cette retenue représentant à merveille la partie plus dramatique et intime de la partition de 'Jack'. 'Cello Jack' est un autre grand moment du score, Kamen alliant un piano plein d'humour avec un style de thème de fanfare plein de fraîcheur et de joie de vivre (il s'agit en fait du thème des amis de Jack). Le morceau accompagne la séquence de l'arrivée de Jack à l'école, mêlant enthousiasme et innocence enfantine. A noter le rôle du piano qui apporte ici une touche de fantaisie non dénuée d'humour, l'humour étant d'ailleurs l'un des points forts du score du film. A noter que l'on retrouvera le thème de 'Cello Jack' dans la séquence où Jack et ses amis se déguisent. 'Louie's Mom (A Great School Day)' reprend le thème du Scherzo après l'amusante séquence de la rencontre entre Jack et la mère de Louie. On notera ici l'utilisation d'un accordéon, qui vient renforcer le côté fantaisiste de ce scherzo agité et débordant d'énergie (la représentation musicale parfaite du personnage de Jack). Dans 'Treehouse Collapse', on retrouve le côté humoristique des morceaux précédents, Kamen développant au passage l'amusant motif de 4 notes de 'Cello Jack', le thème des amis. Le morceau évoque ici la scène où la cabane s'effondre sous le poids de Mr.Woodruf. La seconde et dernière partie du score est nettement plus dramatique et intime. Dans 'Jack's Collapse (Butterfly Jack)', Jack s'effondre à la suite d'une hausse de tension, contraint de devoir passer plusieurs jours chez lui sans aller à l'école. La musique accompagne cette séquence avec une grande retenue, Kamen utilisant ici une flûte avec un piano. Quasiment minimaliste, ces passages plus intimes et mélancoliques évoquent le côté plus dramatique de l'histoire de Jack: un enfant qui vieillit quatre fois plus vite que les autres, et qui, dans une vingtaine d'années, aura déjà atteint la fin de sa vie. On retrouve cette ambiance dramatique dans 'Time To Grow Up' évoquant la fragilité de Jack, Kamen utilisant ici quelques cordes et quelques vents plus sombres. On pourra néanmoins regretter le côté nettement plus conventionnel de cette seconde partie. Il fallait d'ailleurs presque s'y attendre. Après la fantaisiste et l'insouciance, la musique devait faire place à quelque chose de plus amer, de plus intime, de plus calme, tout à l'image de Jack, dont le physique va en se dégradant à une vitesse affolante.

Néanmoins, le superbe 'The Children's Crusade' renoue avec le style plus fantaisiste du début et nous offre ce que l'on pourrait considérer comme LE morceau incontournable du score de 'Jack', Michael Kamen développant ici pendant près de 4 minutes le thème des amis dans la superbe séquence/montage où l'on voit les amis de Jack se relayer chacun à leur tour devant la maison de Jack pour demander à sa mère s'il peut enfin descendre pour venir jouer avec eux. On ne pourra pas passer ici à côté de l'instrumentation originale du morceau utilisant des calliopes, des xylophones, des kazoos (sorte de petite flûte un peu bizarre souvent jouée par les enfants, puisque l'instrument ne contient juste qu'un trou dans lequel l'on souffle, le reste se faisant tout seul suivant l'inflexion de la voix), un accordéon, des percussions, des vents, un violon, etc. Le thème des amis prend ici une proportion de plus en plus énergique, voire triomphante. Kamen lui confère un côté quasi martial, mais sans vraiment se prendre au sérieux. Il évoque alors la croisade des enfants qui tentent de tout faire pour convaincre Jack de venir les rejoindre - une très belle preuve d'amitié. Le thème prend une proportion quasi puissante vers la fin de la scène, sans aucun doute l'un des plus beaux morceaux du score, et aussi l'un des plus réussis sur le plan musical. Dans 'Back To School', Jack revient enfin à l'école. Le morceau est accompagné de manière étonnante par une batterie pop avec un piano, quelques synthés et quelques cordes. Finalement, 'Valedictorian (Life Is Fleeting)' conclut le film sur une ultime touche d'émotion pour le discours final de Jack à la fin du film, un discours poignant qui preuve que, malgré le fait que Jack touche à la fin de sa vie, il n'a rien perdu de son innocence et de sa naïveté.

'Jack' confirme une fois encore le talent de Michael Kamen qui semble s'être ici beaucoup amusé en apportant à la musique de 'Jack' son lot d'humour, de fantaisie, d'émotion et de jovialité. Avec 'Mr.Holland's Opus' (le chef-d'oeuvre du compositeur), Michael Kamen affirmait un style symphonique frais, sincère et poignant. Dans 'Jack', cet exceptionnel musicien qu'est (ou plutôt qu'était) Michael Kamen nous offre une belle leçon de musique de film en nous prouvant qu'on peut toujours tirer d'un film quelque chose de frais et d'original, pour peu que l'on soit enclin à accepter de repousser les limites habituelles du genre. Certes, 'Jack' tombe parfois dans du scoring 'comédie/drame' plus conventionnel, avec son lot de piano, de vents ou de cordes, mais ce n'est pas l'axe dominant dans le score du film de Coppola. D'autre part, on ne peut pas nier que la musique ne manque pas de sincérité, d'enthousiasme, de joie de vivre. Cette joie de vivre, c'est aussi celle de Michael Kamen, qui semble avoir renoué à l'occasion avec son âme d'enfant en écrivant la partition pour 'Jack'. Prétendre alors que 'Jack' est une sorte d'hommage modeste au monde de l'enfance ne serait donc pas erroné. Au final, sans être pour autant un immense chef-d'oeuvre, 'Jack' reste quand même l'un des scores incontournables de Michael Kamen, avec 'Die Hard', 'Robin Hood' ou bien encore 'Mr.Holland's Opus'.


---Quentin Billard