1-Mr.Destiny 5.04
2-Main Title 1.44
3-Larry's Life Is Changed 3.43
4-Cindy Joe's Present 1.14
5-Larry Sees His Office 0.50
6-Larry Sees The House 1.56
7-Leo Sneaks Around 0.29
8-Larry Meets Jerry 4.16
9-Larry Looks For Ellen 3.52
10-Larry Punches Out Niles 1.07
11-Going Back Home 0.48
12-Larry Is Home 5.07

Musique  composée par:

David Newman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5299

Produit par:
David Newman, Tim Boyle
Producteur exécutif:
Robert Townson
Superviseur de production:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1990 Touchstone Pictures/Buena Vista Pictures Distribution, Inc. All rights reserved.

Note: ***
MR. DESTINY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Newman
'Mr.Destiny' reprend le concept du 'It's a Wonderful Life' de Frank Capra, à savoir un homme ordinaire et déprimé qui voit sa vie transformée par un mystérieux ange. Ici, c'est James Belushi qui reprend le rôle prévu à l'origine par James Stewart dans le film de 1946. Même si 'Mr.Destiny' n'est pas vraiment considéré comme un véritable remake de 'It's a Wonderful Life', il en a pourtant toute la saveur. Larry Burrows (James Belushi) mène une existence tranquille et rangée entre sa femme Ellen (Linda Hamilton), sa maison, son chien et son travail. Larry n'est pas heureux, il pense que sa vie ne veut pas grand chose depuis qu'il a raté un match de base-ball lorsqu'il était enfant. A vrai dire, ce souvenir le hante depuis toujours, et il pense que cet événement est à l'origine de la vie ennuyeuse et monotone qu'il mène aujourd'hui. Un soir, alors que sa voiture tombe en panne, Larry se rend dans un bar et rencontre un mystérieux individu nommé Mike (Michael Caine). Après que Larry se soit confié à lui, Mike lui offre alors un étrange marché: il lui propose de vivre une nouvelle vie alternative dans laquelle il aurait gagné son match de base-ball. D'abord sceptique, Larry n'arrive pas à croire que Mike l'a transporté dans une nouvelle existence. Il croit d'abord à une blague pour son anniversaire, puis, petit à petit, il ne va pas tarder à comprendre que c'est bel et bien la réalité. Dans cette nouvelle vie, Larry vit dans un manoir luxueux avec Cindy Jo (Rene Russo), qui se trouve être la fille de son patron dans son ancienne vie. Il a deux enfants, une grande fortune et dirige la société, tandis que son ancien employeur, Niles Pender (Hart Bochner), se retrouve à la place de sous-fifre. Larry commence à peine à profiter de cette nouvelle vie qu'il rencontre de nouveau Ellen, qui ne l'aime pas dans cette vie. Petit à petit, Larry va apprendre à ses dépends qu'il ne faut jamais s'apitoyer sur son sort et que l'on ne sait jamais ce que le destin nous prépare.

La morale de 'Mr.Destiny' est donc plus qu'évidente: il faut apprécier sa propre vie, car on n'en a qu'une seule. Grâce à l'expérience fantastique d'une vie alternative, Larry va comprendre qu'il ne s'était jamais rendu compte à quel point sa vie était superbe et positive. James Belushi domine le film, entouré de quelques stars telles que Rene Russo, Jon Lovitz, Michael Caine, Hart Bochner, Linda Hamilton, sans oublier une jeune Courteney Cox qui n'était pas encore très connue à cette époque. Evidemment, le sujet n'est pas neuf, mais le réalisateur James Orr le traite avec une certaine fraîcheur matinée d'une touche dramatique de bon aloi. Michael Caine est, quand à lui, impeccable dans le rôle de cet ange qui offre une nouvelle destinée à Larry. Le tout se regarde avec un certain plaisir, même si, en fin de compte, 'Mr. Destiny' n'a rien d'un film incontournable voire inoubliable!

Le score de David Newman, passé aussi inaperçu que le film à sa sortie, est écrit pour orchestre avec une pointe de synthétiseurs qui évoquent le côté plus 'fantastique' du film. Ne vous attendez pas à quelque chose de follement original ou de mémorable. La partition de Newman pour 'Mr.Destiny' est tout à l'image du film: réussie, sympathique mais pas vraiment extraordinaire. Avec 'Mr.Destiny', première piste de l'album, Newman nous plonge dans une ambiance à la fois incertaine, tendue et sereine. Le morceau prend une tournure plus agréable lors de l'apparition d'une petite valse qui évoque la nouvelle vie de Larry et ses incertitudes face à sa nouvelle existence. David Newman mêle ici les différents sentiments du film, ce qui semble être l'une des grandes qualités de ce score. On notera la qualité des orchestrations de David Newman, toujours très soignées, avec une certaine élégance, un certain classicisme hollywoodien typique du compositeur et de ses traditionnelles musiques de comédie. Ici, 'Mr.Destiny' est bien plus qu'une simple musique de comédie puisque, aussi étonnant que cela puisse paraître, la musique est assez sombre et dramatique pour une comédie, surtout dans la première partie du film, où Newman utilise des cordes sombres avec des vents souvent moroses. C'est ce que le compositeur nous donne à ressentir dans le 'Main Title', dominé par une écriture de cordes sombre dans laquelle évolue un thème plutôt inquiétant et mystérieux à la fois. On ressent ici une certaine forme de gravité, évoquant les sentiments de Larry qui s'apitoie sur son sort. Le décalage entre le côté comédie du début du film et la noirceur de la musique de David Newman est ici assez surprenant, ce qui ne nuit nullement au film et lui apporte au contraire un petit 'plus' émotionnel, preuve flagrante que la musique de film peut aussi avoir son mot à dire à l'intérieur même du film!

Larry découvre alors sa nouvelle vie dans 'Larry's Life Is Changed'. Newman traduit en musique les sentiments d'incertitude, d'appréhension, de découverte, et même parfois, d'étonnement. La musique évoque cet univers de magie, mais sans tomber dans les artifices des grands élans orchestraux ou des chorales angéliques. Ici, rien de tout cela, juste un orchestre dominé par des cordes, des vents, et à l'occasion, quelques cuivres très discrets. On appréciera plus particulièrement l'utilisation de quelques touches de synthétiseurs, utilisés entre autre dans la scène où Mike dessine dans les airs des petits points lumineux qu'il manie de manière surréaliste. Newman évoque la magie de cette scène en synchronisant habilement sa partie électronique avec l'apparition à l'écran de ces petits points, une idée intéressante qui prouve à quel point David Newman, sans être un grand génie de la musique de film, possède un grand professionnalisme. Dans 'Cindy Joe's Present', Newman nous offre une petite touche d'humour avec un blues jazzy langoureux (saxophones, trompette en sourdine, section rythmique, piano, etc.) pour la scène où Cindy Joe offre son 'cadeau' sensuel à Larry. 'Larry Sees His Office' fait quant à lui intervenir ces touches d'électronique évoquant la magie de cette nouvelle vie, la pièce décrivant ici la séquence où Larry découvre son nouveau bureau de P.D.G. Le morceau se veut ici plus optimiste par rapport au début, plus lumineux. Electronique, vents et cordes se complètent ici harmonieusement pour créer une ambiance quasi rêveuse et enthousiasmante, tout à l'image de Larry lorsqu'il découvre tout cela. On retrouve cette ambiance rêveuse dans 'Larry Sees The House', dominé par des cordes et des vents sereins.

La musique change radicalement d'ambiance avec 'Leo Sneaks Around', séquence où le vieux Leo (le père de Cyndi et le grand chef de la société) cherche à virer Larry avant que Niles ne l'assomme accidentellement avec une batte de golf. Le morceau est dominé ici par une excellente écriture de vents (hautbois, flûte, clarinettes, etc.) avec un motif d'accompagnement de 4 notes ascendantes répétées rapidement aux cordes de manière quasi envoûtante, suggérant la tension de cette dernière partie. C'est le début des ennuis pour Larry, ennuis qui se concrétisent dans le sinistre 'Larry Meets Jerry', sombre pièce plus violente et agitée dans laquelle Newman rompt brutalement avec le climat plus intimiste et serein du milieu du score, et qui revient ici à la noirceur déjà évoquée dans le 'Main Title'. La musique tombe alors dans une sorte d'univers de thriller et de suspense dans 'Larry Meets Jerry', avec son lot de cordes tendues, de cuivres agressifs, de percussions diverses, d'électronique atmosphérique, etc. Ce changement radical d'ambiance est tout à fait surprenant et inattendu de la part du compositeur, qui révèle ici une autre facette de ses talents de compositeur. On assiste alors à cette rapide descente aux enfers de Larry dans sa nouvelle vie, entrecoupé au passage par le joli 'Larry Looks For Ellen' avec son piano intime et ses cordes chaleureuses (Larry retrouve Ellen et tente de lui avouer son amour dans sa nouvelle vie, mais en vain). Ces quelques passages d'action/suspense aboutissent à 'Larry Punches Out Niles' avec son motif de 4 notes ascendantes aux cordes, le morceau mettant fin à la partie plus sombre du score.

'Going Back Home' ramène le calme avec un piano et quelques cordes/vents plus mystérieux (Larry retourne à sa vie d'origine), aboutissant au paisible 'Larry Is Home' (on admirera ici la qualité des orchestrations, Newman faisant même intervenir un violon soliste dans l'orchestre). Au final, 'Mr.Destiny' est un score d'une grande qualité sans être ce que David Newman a fait de mieux dans le genre. La musique évoque le parcours tourmenté de Larry Burrows dans sa nouvelle vie, mélangeant tristesse, espoir, détermination, triomphe, déchéance, colère, etc. Newman tente de synthétiser tous ses sentiments à travers sa musique, et même si le score peut parfois paraître un peu brouillon dans ses changements radicaux d'ambiance (sombre, intimiste, léger, mélancolique, rêveur, etc.), il n'en demeure pas moins un solide effort orchestral de la part du compositeur, qui nous prouve au passage son talent à incorporer quelques touches d'électronique dans sa musique. Dommage cependant qu'il faille se passer d'un thème fort qui aurait fédéré la partition avec un peu plus de puissance, et ce malgré la présence d'un ou deux motifs par-ci par-là. Au final, 'Mr.Destiny' est une sympathique BO comédie/dramatique à connaître, surtout si vous appréciez les travaux de ce compositeur trop souvent méconnu du public béophile et cinéphile!


---Quentin Billard