tr> |
Musique composée par: Graeme Revell Editeur: Réalisateur: Alan Shapiro Genre: Thriller Avec: Cary Elwes, Alicia Silverstone. (c) 1993 Morgan Creek Productions. Note: *** |
THE CRUSH
|
|
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
|
|
Music composed by Graeme Revell
|
|
'The Crush' d'Alan Shapiro part d'une intrigue intéressante: une jeune fille de 14 ans nommée Dorian Forrester (Alicia Silverstone) tombe amoureuse d'un homme bien plus âgé qu'elle, et finit par le harceler de différentes façons. Nick Elliot (Cary Elwes) est un journaliste qui cherche un nouvel endroit pour s'installer près de son boulot. Il trouve alors une ravissante maison qui appartient au couple Forrester. Très vite, leur fille Dorian va manifester un intérêt assez vif pour Nick. C'est le coup de foudre quasi immédiat. Après que Nick ait repoussé à plus d'une reprise ses avances, Dorian, jalouse de voir l'homme qu'elle aime avec une autre femme, sa collègue journaliste Amy Maddik (Jennifer Rubin), commence à harceler continuellement le pauvre journaliste qui va vivre un véritable cauchemar à cause d'une gamine de 14 ans. A noter que le film marque les débuts au cinéma de la jeune Alicia Silverstone, âgée en réalité de 17 ans lorsqu'elle tourne ce film. Le réalisateur Alan Shapiro s'est inspiré d'un fait divers qu'il lui est réellement arrivé dans la réalité, harcelé par une jeune fille qui, dans le film, ira même jusqu'à déclarer qu'elle s'est faite violer par Nick, dans le seul but de se venger de lui et de l'envoyer en prison. Chapeau bas à la jeune Alicia Silverstone, qui nous propose pour son premier rôle au cinéma une jeune fille diabolique, obsessive et psychotique, qui n'a rien à envier aux fameuses femmes fatales d'Hollywood. Même si 'The Crush' n'a rien d'un très grand thriller, le film se regarde de manière assez plaisante. Une longue descente aux enfers parsemé d'un suspense glauque captivant!
Graeme Revell n'est pas étranger au genre du thriller. Rappelons ainsi que le compositeur d'origine néo-zélandaise débuta sa carrière au cinéma en composant la musique du 'Dead Calm' (Calme Blanc) de Phillip Noyce en 1989. Pour 'The Crush' (score resté inédit jusqu'à ce jour), Revell nous livre une honnête partition thriller reposant sur une petite formation orchestrale réduite avec un piano omniprésent et du synthé. Revell élabore une atmosphère de tension et de suspense omniprésente du début jusqu'à la fin du film. A l'instar de l'histoire du film d'Alan Shapiro, la musique pourrait se décrire comme une sorte de longue montée de tension jusqu'à un final explosif et brutal. La musique apparaît pour la première fois dans le film lorsque Nick fait son jogging vers le début de l'histoire. Revell en profite alors pour nous introduire son motif principal de 8 notes descendantes au piano. C'est le piano qui aura une place prépondérante dans la partition de 'The Crush', l'instrument (soit acoustique, soit électrique) étant utilisé afin de retranscrire la tension psychologique du film. La musique devient véritablement sombre et inquiétante lors de la scène où Nick et Dorian sont sur le port, un soir où la jeune fille tente d'embrasser furtivement Nick. Revell met alors en avant des cordes sombres et crée un climat plutôt inquiétant, qui évoque le danger à venir. Le compositeur évoque aussi de manière intrinsèque le caractère dangereux et psychotique de la jeune fille. La musique a ici une place majeure dans le film, et cette séquence anodine est là pour nous le prouver: Revell apporte un petit 'plus' indispensable à la scène. Il ne se contente pas de suivre l'action de la scène, il l'anticipe aussi en faisant comprendre à travers sa musique que Dorian n'a rien d'une petite fillette gentillette amourachée d'un homme âgé. Sa musique est là dès le début pour souligner l'esprit torturé et dérangé de la jeune fille. C'est cette idée que le compositeur va développer tout au long du film, le motif de piano restant finalement assez peu présent, sauf au début et à la fin. Le mélange cordes/vents/piano opère à merveille dans les moments de tension et de suspense du film, le suspense étant justement quasiment omniprésent tout au long du score de Graeme Revell. L'un des meilleurs moments de suspense intervient ici dans la séquence où Nick s'introduit par curiosité dans la chambre de Dorian, où il est obligé de se cacher pour ne pas se faire surprendre. Des cordes sombres et glaciales maintiennent une atmosphère de tension et de suspense assez pesante, tandis que surgit de manière étonnante un petit thème de boîte à musique quasi enfantine, sur fond de cordes sombres et dissonantes. Le climat quasi psychologique de la musique définit ici à merveille le personnage interprété par Alicia Silverstone: une jeune fille qui cache en fait un individu fou et dangereux. La musique évoque alors le style thriller/suspense d'un Bernard Herrmann (surtout dans l'utilisation des cordes) ou d'un Howard Shore (on pense à 'The Silence of The Lambs', que Revell avait déjà imité dans 'The Hand That Rocks The Cradle'). Par la suite, la tension ne va cesser de monter jusqu'à un premier passage plus rythmé lors de l'excellente scène où Nick doit réécrire d'urgence l'article que Dorian lui a volontairement effacé, pendant que cette dernière harcèle le pauvre journaliste de nombreux appels téléphoniques sur le répondeur. Revell fait alors intervenir des percussions électroniques plus brutales avec un piano rythmique, des cordes, des cuivres et quelques vents (ici, des flûtes). La musique apporte ici une dose d'énergie et de tension très forte à l'écran. La terreur pointe aussi le bout de son nez dans la scène où Amy se fait attaquer par des guêpes, Revell réutilisant le piano agressif avec les percussions électroniques, et un impressionnant bourdonnement de cordes dissonantes. Finalement, la confrontation finale dans le grenier sera illustrée de manière similaire, avec des percussions impressionnantes avec du synthé et un orchestre chaotique et particulièrement agressif pour le climax du film. Vous l'aurez compris, le score de Graeme Revell pour 'The Crush' n'a rien d'extraordinaire mais représente le style thriller typique du compositeur, qui opte ici pour une solution mi-orchestrale/mi-électronique (budget oblige?). Le suspense domine tout le score du film et apporte une bonne dose de tension indispensable au film. Comme d'habitude, Graeme Revell reste sous influence, les plus notables étant ici Howard Shore et Bernard Herrmann. Dommage que le score n'ait jamais été édité, car, sans être une partition majeure dans la carrière du compositeur, 'The Crush' n'en demeure pas moins un score assez sympa, preuve que Revell est particulièrement à l'aise dans le domaine du thriller! ---Quentin Billard |