Musique  composée par:

Elliot Goldenthal

Editeur:


Réalisateur:
Joel Schumacher
Genre:
Aventure/Action
Avec:
George Clooney, Chris O'Donnell,
Arnold Schwarzenegger,
Uma Thurman.

(c) 1997 Warner Bros.

Note: ***
BATMAN AND ROBIN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Elliot Goldenthal
Etait-ce vraiment utile de donner une suite au médiocre 'Batman Forever'? Difficile de répondre 'oui', surtout lorsque l'on observe la médiocrité ici du scénario, de la mise en scène et des dialogues de 'Batman & Robin'. Comme d'habitude, c'est un nouvel acteur qui endosse le costume de Batman, et cette fois-çi, c'est George Clooney qui s'y colle. Batman et Robin sont de retour à Gotham City pour affronter une nouvelle menace: le Dr.Victor Fries, alias 'Mr.Freeze' (Arnold Schwarzenegger). Ce dernier s'est mis en tête de plonger Gotham City dans un hiver sans fin avec son canon à glace, dans l'espoir de demander une rançon au maire qui lui permettra de financer ses recherches pour tenter de guérir sa femme mourante, dont le corps est maintenu en vie dans un liquide spécial. Un peu plus tard, l'étrange Poison Ivy (Uma Thurman) apparaît, une mystérieuse scientifique qui s'est mise en tête d'utiliser les plantes et ses phéromones diaboliques pour ensorceler les hommes et défendre mère nature. Poison Ivy s'allie alors avec Mr.Freeze pour mettre hors d'état de nuire Batman et Robin (Chris O'Donnell). Au même moment, Alfred (Michael Gough) est mourant, atteint du même syndrome que celui de la femme de Mr.Freeze. Batman sait que Mr.Freeze est le seul à connaître le remède contre ce mal, et il va devoir le neutraliser afin qu'il lui donne ce fameux remède. Surgit alors un nouveau personnage, Barbara Wilson (Alicia Silverstone), la nièce d'Alfred qui devient à son tour une 'Batgirl'.

Bref, avec un scénario comme cela, proche d'un jeu vidéo de bas étage, vous pouvez déjà être sûr que cela ne donnera rien de bon. En fait, le problème vient surtout de la mise en scène et des dialogues. Premier problème: les personnages. Ici, les protagonistes secondaires comme le commissaire Gordon (Pat Hingle), Julie Madison (Elle Macpherson) et même Batgirl n'ont aucune utilité dans le film, à tel point que Schumacher ne doit s'attarder en tout que 4 ou 5 minutes sur eux dans le film. Quelle est alors l'utilité de faire des personnages qui ne servent que de décor? Et quelle est l'utilité d'avoir fait rentrer un troisième héros qui n'apparaît que 15 ou 20 minutes avant la fin, et qui trouve le moyen de tomber lors de l'affrontement final, au lieu de se battre contre le méchant? C'est parfaitement ridicule. Quant à George Clooney, la froideur de son jeu fait peine à voir et nous ferait presque regretter Val Kilmer dans le troisième opus. En fait, ce changement d'acteur est ridicule et tue la franchise 'Batman'. Michael Keaton est et restera toujours l'unique Batman au cinéma, et s'il n'était pas possible de le reprendre, il fallait s'arrêter après 'Batman Returns', qui, de toute évidence, sentait déjà le manque d'inspiration de la part de Tim Burton (on s'imaginait donc déjà assez mal une suite meilleure, et, en ce qui me concerne, ce n'est pourtant pas faute d'y avoir cru!). Mais le pompon revient aux dialogues, tellement misérables qu'on croirait qu'ils ont été écrits par un enfant de 5 ans. On se souvient notamment de la scène où Batman rentre dans le musée au début du film, s'annonçant ainsi au méchant: 'salut, Freeze! Je suis Batman!' Ridicule...mais le plus irritant provient des incessants jeux de mots de Mr.Freeze, qui finit par devenir parfaitement lourds: les blagues autour du chant sémantique du froid et de la glace, cela va 5 minutes, mais quand c'est comme ça pendant 125 minutes, il y a de quoi se poser des questions sur les intentions du réalisateur. Qui rigole devant deux heures de blagues du genre 'je vais te refroidir' ou 'garde ton sang-froid'. Schumacher a t'il souhaité tourner une parodie de Batman? Si tel était le cas, il fallait l'affirmer clairement, au lieu de plonger la franchise dans la médiocrité alarmante et le ridicule le plus total. Les fans de Batman ont été extrêmement déçus avec ce quatrième opus, preuve que Schumacher et Warner Bros ont raté leur coup! Un produit de consommation ennuyeux, médiocre, fade et insipide, tout juste sauvé du zéro pointé par la présence surprenante de Schwarzenegger dans le rôle du grand méchant de service. Par pitié, plus de suite de ce genre s'il vous plaît!

Auteur de la partition de 'Batman Forever', Elliot Goldenthal retrouve pour la seconde fois Joel Schumacher sur 'Batman & Robin', ce qu'il lui a finalement permit de réexploiter et de développer les idées de sa partition précédente. On retrouve donc ici le thème de Batman, sorte de fanfare à la fois sombre et majestueuse, exposée fièrement dès le générique de début du film, sur fond de percussions quasi martiales. Goldenthal utilise aussi des choeurs pour accentuer le côté grandiose et massif de sa musique. L'aventure commence immédiatement dès la séquence de l'affrontement dans le musée au début du film. Avec des percussions endiablées et des effets orchestraux typiques de Goldenthal (surtout au niveau des cuivres, et des trémolos aigus de cors, un tic d'écriture caractéristique de Goldenthal), le compositeur nous introduit au sombre thème de Mr.Freeze, avec ces cuivres solides et puissants, un thème bien plus inquiétant et impressionnant que le personnage en lui-même. La partition est ainsi dominée par un impressionnant pupitre de cuivres massif, qui annonce déjà la partition mastodontesque de 'Final Fantasy: The Spirits Within'. Goldenthal évoque avec fureur cette première confrontation dans un style chaotique, massif et excitant, un véritable tour de force qui nous rappelle à quel point Goldenthal est décidément un maître de la musique symphonique à tendance avant-gardiste. La partition va ainsi développer trois thèmes majeurs qui ne vont cesser de s'affronter à l'instar des trois protagonistes principaux de l'histoire: le thème de Batman, le thème de cuivres de Mr.Freeze et un thème de saxophone plus sensuel pour Poison Ivy. Le score est largement dominé par d'impressionnants déchaînements orchestraux qui dépassent de loin la puissance de 'Batman Forever', Goldenthal se montrant toujours aussi inventif et virtuose dans l'écriture des pupitres de cuivres et des cordes, dans un registre bien souvent atonal et chaotique.

Ce qui apparaît comme l'un des aspects les plus intéressants du score de 'Batman & Robin' est le traitement instrumental que nous propose Goldenthal autour des deux méchants du film. Ainsi, le thème de saxophone jazzy et sensuel pour Poison Ivy apporte une touche d'humour noir au score de 'Batman & Robin'. La naissance de Poison Ivy permet même au compositeur de s'amuser à écrire un petit passage oriental dominé par des percussions exotiques et des instruments aux sonorités arabisantes, sur fond d'atonalité quasi expérimentale. De son côté, Mr.Freeze est souvent représenté par une dualité entre son thème de cuivres puissants et des choeurs féminins (qui n'hésitent pas à monter dans un registre aigu parfois extrême) évoquant la quête désespérée de Mr.Freeze pour sauver sa femme mourante (Goldenthal n'hésitera pas à utiliser par moment la chorale féminine pour donner un côté plus épique au thème de Mr.Freeze). A côté de ces passages bien souvent massifs et excitants, Goldenthal nous donne à entendre quelques pièces plus douces et intimes comme pour les séquences avec Alfred et Barbara. C'est l'occasion pour le compositeur de calmer le jeu en mettant l'accent sur une formation plus réduite avec cordes, harpe et vents par exemple. Le reste du score va s'attarder à développer les trois thèmes principaux avec les percussions arabisantes et le saxophone jazzy de Poison Ivy, et les déchaînements orchestraux de Mr.Freeze et de l'affrontement contre le trio de héros. Amateurs de déchaînements orchestraux, de cuivres surpuissants et d'effets orchestraux massifs, 'Batman & Robin' devrait vous satisfaire amplement. Sans être la partition la plus indispensable du compositeur, 'Batman & Robin' s'affirme néanmoins comme la nouvelle preuve évidente du talent de l'excellent Elliot Goldenthal!


---Quentin Billard