Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:


Réalisateur:
Stewart Raffill
Genre:
Science-fiction/Familial
Avec:
Christine Ebersole,
Jonathan Ward,
Tina Caspary.

(c) 1988 Orion Pictures Corporation.

Note: ***
MAC AND ME
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
'Quand on a plus d'idée, on peut toujours piquer celles des autres!' Telle semble avoir été la devise du réalisateur Stewart Raffill et de son équipe sur le ridicule 'Mac and Me', un film familial qui raconte les aventures d'un petit garçon en chaise roulante et d'un jeune extra-terrestre qui recherche ses parents perdus sur terre. 'Mac and Me' est un pastiche honteux du célèbre 'E.T.' de Steven Spielberg, avec une dimension commerciale en plus. Effectivement, ce qui commence comme un petit film d'aventure familial comme il en existe tant d'autre se transforme très vite en une gigantesque publicité pour Coca-Cola et McDonald's. Comment peut-on oser faire des films pareils qui, en plus d'être joué par des acteurs lamentables (le petit Jade Calegory qui interprète Eric fait peine à voir) et des effets spéciaux ridicules (les extra terrestres ont des gueules d'abrutis qu'on a envie de gifler), se paye le luxe de nous faire un étalage de la culture du parfait américain moyen à travers un scénario ignoblement ridicule. Une sonde spatiale atterrit sur Saturne et aspire une famille de gentils extra-terrestres qu'elle ramène sur terre? On a déjà du mal à y croire, mais lorsque le petit alien commence à débarquer dans la maison du jeune Eric (interprété par un enfant réellement paralysé dans la vraie vie) en se gavant de Coca-Cola, on finit par se dire que quelque chose cloche. Cerise sur le gâteau: on a droit à une séquence ridicule se déroulant dans un McDonald's (scène purement commerciale à 200%!), avec un alien déguisé en ours qui se met à danser sur fond de pop américaine typiquement années 80. On pourrait penser que 'Mac and Me' est une grosse blague un peu vaseuse, et pourtant, le film a le malheur de se prendre quand même au sérieux. Certes, on ne devrait voir dans 'Mac and Me' qu'un simple petit film de divertissement familial, peu inspiré mais tout de même assez divertissant, mais la fin du film nous laisse réellement douter quant aux réelles ambitions du réalisateur et des producteurs du film. Eric et ses amis ont retrouvé les parents du petit alien et vont tout faire pour les protéger des agents de la NASA qui tentent de leur mettre la main dessus. Finalement, tout finit bien puisque le petit Mac (Mysterious Alien Creature - le nom serait aussi une allusion simplette à 'McDonald's'?) et sa famille deviennent finalement citoyens américains à part entière. Film familial ou pas, difficile de ne pas considérer ce final - et le film dans sa globalité - comme une sorte de métaphore de l'acculturation américaine. L'Amérique est tellement puissante qu'elle réussit même à exporter sa culture sur d'autres planètes. Serait-ce le message caché du film? Alors qu'il semblait évident que la famille du petit Mac reparte sur leur planète d'origine, les Etats-Unis ont décidés de faire d'eux de vrais américains. On peut alors aisément s'imaginer la suite: la famille extra-terrestre va se balader tranquillement en ville à bord d'une bagnole U.S. bien luxurieuse, en sirotant du Coca-Cola, en mâchant du chewing-gum (cf. scène finale) tout en écoutant des tubes pop très 'eighties' et en allant régulièrement chez McDonald's. Une véritable honte, tout simplement! Vouloir concilier film pour enfants avec publicité mercantiliste de bas étage était assurément une idée pitoyable et fortement douteuse, et pourtant, c'est ce que fait 'Mac and Me'. Un mauvais ersatz d'E.T. très justement tombé dans l'oubli, et qui n'est pas prêt de ressortir du gouffre!

Si le film est d'une médiocrité alarmante, on ne peut pas en dire autant de la musique d'Alan Silvesti, visiblement assez inspiré par son sujet, et ce malgré la stupidité du film. La partition orchestrale de 'Mac and Me' est tout à fait typique du style orchestral de Silvestri à la fin des années 80. On retrouve deux thèmes principaux qui rendent le film un petit peu plus convaincant, le premier étant exposé dès l'introduction du film avec un motif de 4 notes sur fond de synthé un peu new-age et de grands glissandos de harpe quasi féerique. Ce motif de 4 notes est en fait attribué à la famille de Mac et lui confère un côté totalement inoffensif, voire magique, d'où l'utilisation du synthétiseur qui vient rappeler ici les origines extra-terrestres de la famille de Mac et de leurs étranges pouvoirs. Ce thème vient renforcer le côté magique et inoffensif de ces E.T., et restera très présent tout au long du film afin d'évoquer la quête de Mac pour tenter de retrouver ses parents, d'où le côté un peu nostalgique de ce sympathique thème. Mais le véritable thème principal nous est vite dévoilé par la suite, introduit par une flûte sur fond de cordes chaleureuses. Il s'agit de ce genre de thème d'aventure majestueux qu'Alan Silvestri sait si bien écrire, et qui captive immédiatement notre attention, et ce dès le début du film. La scène du décollage de la sonde au début du film nous permet de retrouver une variante plus majestueuse de ce thème dominé par les cuivres et quelques percussions dans un crescendo magistral. Aucun doute: on a ici à faire au grand Silvestri des musiques d'aventure tendance 'Back To The Future'!

Le thème familial est très vite interrompu dans l'introduction par une petite pièce plus espiègle et sautillante, qui n'est pas sans rappeler 'Who Framed Roger Rabbit?'. On notera la manière dont Silvestri s'amuse à développer le thème principal d'une façon plus sautillante, faisant alors preuve d'une certaine inventivité sur l'utilisation des instruments (trombone, violon, trompette, vents divers, etc.). L'action pointe brièvement le bout de son nez lors de l'évasion du laboratoire au début du film, dans laquelle on retrouve les orchestrations typiques de Silvestri, visiblement influencé ici de ses travaux sur 'Who Framed Roger Rabbit?' ou 'My Stepmother Is An Alien'. Le thème principal reste très présent, suggérant continuellement un sentiment d'aventure, par le biais d'orchestrations toujours très soignées et pleine de vie. C'est la qualité de ces pièces orchestrales qui contribue à apporter malgré tout un peu de crédibilité au film (c'est dire le pouvoir d'une bonne musique sur un mauvais film!).

Le reste du score va ainsi osciller entre développements du thème familial (quête de Mac), du thème principal (aventure) et de pièces d'action en tout genre. On appréciera ces passages plus sautillants à la 'Roger Rabbit' dans la séquence où Mac arrive à la maison d'Eric et commet ses petits méfaits espiègles. C'est là où Silvestri utilise un petit motif de 3 notes sautillantes pour évoquer le mystère des agissements du petit Mac dans la maison d'Eric. La musique passe d'un instrument à l'autre avec une fluidité qui nous rappelle à quel point Silvestri ne cesse de soigner son écriture orchestrale depuis 'Back To The Future', lui qui n'avait jamais touché à un orchestre auparavant. Le thème principal est quant à lui développé de manière plus intime aux vents et avec un piano plus suggérer l'amitié naissante entre le petit Eric et le jeune extra-terrestre. Ce sont ces sentiments d'amitié et d'aventure qui vont prédominer tout au long de la partition, avec un certain entrain typique des partitions d'aventure d'Alan Silvestri. On pourra peut-être critiquer le fait que les deux thèmes aient tendance à être un peu trop présents tout au long du film, mais malgré tout, ils apportent un certain charme au film et parviennent à rendre quelque peu intéressante cette histoire stupide qui imite 'E.T.'.

On appréciera la reprise sautillante du thème principal dans la séquence où Mac conduit sa petite voiture en se faisant poursuivre par tous les chiens du quartier. Silvestri n'est jamais aussi bon que lorsqu'il nous amène à partager une grande aventure avec un tel enthousiasme, et ce même si sa musique n'a vraiment rien d'extraordinaire en soi. La poursuite avec les agents de la NASA contient l'un des meilleurs morceaux d'action du score de 'Mac and Me', avec une reprise majestueuse du thème principal aux cuivres et une écriture orchestrale pleine d'énergie et d'agitation. Tout cela est très sympathique et fonctionne à merveille dans le film, et même si on se laisse entraîner par cette petite aventure grâce à la musique symphonique de Silvestri, le score ne parviendra hélas pas à sauver le film du ridicule et de la médiocrité. Double bilan donc pour le score de 'Mac and Me': un mauvais score peut contenir une très bonne musique, mais, inversement, un mauvais film ne pourra jamais être entièrement sauvé par une musique, aussi bonne soit-elle!


---Quentin Billard