The Album

1-Morg's Death 6.38
2-Morg's Funeral 1.45
3-Chase For Five Dollars 2.08
4-On The Beach 0.37
5-Iron Hand Mission 4.21
6-Boxman's Death 2.54
7-Cole Decides to Bomb Hanoi 1.42
8-I Get Good Vibes 1.19
9-Raid On Hanoi 5.52
10-Court Martial 0.25
11-San Pedro Harbor Scene 0.56
12-Alpha Strike 1.58
13-Camparelli Crashes 2.43
14-Keeping The Faith 1.59
15-Alpha Mike Fox Trot 5.42
16-Rescue 3.43
17-Final Scene 1.56

The Extras

18-Chase For Five Dollars
(Alternate) 1.37
19-Boxman's Death (Alternate) 2.54
20-Trailer (John Beal) 3.27

Musique  composée par:

Basil Poledouris

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 227

Musique produite et conduite par:
Basil Poledouris
Producteurs exécutifs pour Intrada:
Douglass Fake, Roger Feigelson
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordinateurs album soundtrack:
Kim Seiniger, Mary Jo Braun
Consultant du projet:
Lukas Kendall
Orchestrations:
Greig McRitchie
Orchestrations additionnelles:
Mark McKenzie
Monteur musique du film:
Charles Martin Inouye
Assistante de production:
Regina Fake
Assistant éditorial:
Frank K. DeWald
Artiste production:
Kay Marshall

Artwork and pictures (c) 1991 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
FLIGHT OF THE INTRUDER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Basil Poledouris
Après quelques déconvenues sur son précédent film « Farewell to the King », le réalisateur/scénariste John Milius devait trouver un nouveau projet capable de le remettre sur les rails. Et c’est ainsi que le réalisateur décida d’adapter à l’écran le roman de Stephen Coonts « Flight of the Intruder » (Le vol de l’Intruder), une saga évoquant le récit des pilotes du bombardier d’assaut A-6 Intruder de l’US Navy durant la guerre du Viêt-Nam au début des années 70. L’histoire se déroule en 1972, durant les dernières années du conflit vietnamien. Le lieutenant Jake 'Cool Hand' Grafton (Brad Johnson) mène une mission routinière à bord de son bombardier A-6 Intruder avec son ami et co-pilote Morgan McPherson (Christopher Rich). Au cours d'une mission de routine où ils doivent bombarder une cible inexistante, Grafton et McPherson se font tirer dessus. La mission de routine se conclut alors de manière tragique avec la mort de McPherson. Ecoeuré, Grafton finit par évoquer sa frustration et sa colère envers la politique de l’US Navy concernant ces missions de bombardement qui, en plus d'être bien souvent inutiles, finissent par coûter la vie de nombreux hommes de valeur. La rencontre entre Grafton et le capitaine Virgil 'Tiger' Cole (Willem Dafoe), son nouveau co-équipier, sera déterminante. Cole fait preuve d'un certain détachement cynique par rapport aux évènements. Après avoir réussi à convaincre son nouveau co-pilote, Grafton et Cole décident d’organiser eux-mêmes leur propre mission afin de venger la mort de leurs camarades : détruire 'Sam City', un quartier contenant la plupart des sites SAM (missiles) sur Hanoi. Après la victoire de cette mission suicidaire, Grafton et Cole sont démobilisés et passent devant un tribunal militaire. Mais la politique du Président Nixon vient de changer et l'offensive américaine ne tarde pas à revenir au devant de la scène militaire. Grâce à cela, Grafton et Cole n'iront pas en prison et conserveront leur poste à bord de la flottille du commandant Frank Camparelli (Danny Glover). C'est au cours d'une dernière mission périlleuse que Grafton et Cole feront preuve d'un courage exemplaire en allant sauver Camparelli piégé par une horde de vietnamiens en pleine jungle. Le film de John Milius revient ainsi sur les dernières années du conflit vietnamien vu du côté des aviateurs de l'US Navy. Les deux protagonistes du film interprétés par Brad Johnson et Willem Dafoe cristallisent à eux seuls les interrogations frustrées sur le pourquoi du comment de ces missions de bombardements bidons, qui ne servent à rien si ce n'est à perdre inutilement des pilotes tués par d'incessants tirs ennemis.

Le postulat de base paraît limpide, mais pourtant, au bout de la première demi heure, on finit par s’interroger sur l'intrigue un peu floue du film et le but de John Milius : où veut-il en venir ? Que veut-il nous montrer ? Quel est son message dans ce film ? De l'action explosive, des histoires d'amitié entre soldats, une contestation de la politique dans les stratégies de combat au Viêt-Nam ? Un simple film de guerre où on s’amuse à bombarder les ennemis (alors qu’à côté de cela, le film semble critiquer ouvertement la gestion américaine du conflit vietnamien et la politique de l’époque) ? « Flight of the Intruder » met beaucoup de temps à démarrer et se perd très vite dans un scénario un peu bancal (le personnage de Willem Dafoe paraît froid et calculateur, puis, on découvre qu'il ne l'est pas tant que cela) et une intrigue secondaire inutile (la romance avec Rosanna Arquette - totalement sous-exploitée dans le film - quel intérêt ?). Les effets spéciaux très 'eighties' on prit un sacré coup de vieux et ont été très sévèrement critiqués à l’époque de la sortie du film (au générique, on retrouve pourtant ILM aux effets spéciaux !). On pourra aussi reprocher le volte-face soudain et plutôt incongru du personnage de Willem Dafoe qui décide finalement de marcher dans la combine de Grafton, alors qu'il venait de l'envoyer paître quelques minutes auparavant – sans oublier un montage parfois un peu hasardeux, notamment la blessure de Virgil à la fin du film, qui semble bien disproportionnée face à sa bagarre furtive avec le vietnamien (comment s’est-il retrouvé d’un seul coup avec le dos brisé alors qu’il vient de tuer un ennemi à coup de couteau ?). Le film reste un échec magistral pour John Milius, malmené par le studio de la Paramount qui l’empêcha de réaliser pleinement ce qu’il voulait et l’obligea à tourner avec un budget dérisoire (le film devait sortir initialement en 1990 mais sera repoussé d’un an !). Visiblement conçu dans l’ère du temps (le film est un mélange entre des classiques tels que « Top Gun » ou « Bat*21 »), « Flight of the Intruder » n’a malheureusement guère convaincu les foules à sa sortie en 1991, et reste un échec monumental au box-office US : conçu avec un budget de 35 millions de dollars, le film n’en rapporta qu’à peine 14 millions, et freina considérablement la carrière de réalisateur de John Milius par la suite, alignant ainsi deux échecs consécutifs avec « Farewell to the King » et « Flight of the Intruder ». La faute à un script trop flou qui ne parvient pas à prendre position (est-ce un film militariste revanchard ? Est-ce une dénonciation de la guerre ? Etc.) et à des personnages mal développés (surtout celui de Willem Dafoe), une déception évidente.

C’est la cinquième fois que Basil Poledouris retrouve John Milius après « Big Wednesday » (1978), « Conan the Barbarian » (1982), « Red Dawn » (1984) et « Farewell to the King » (1989). Ami de longue date de Milius, Basil Poledouris devait initialement débuter sa collaboration avec le réalisateur en 1975 sur « The Wind and the Lion » (ce fut finalement Jerry Goldsmith qui composa la musique), mais il du se rabattre sur son film suivant, « Big Wednesday » tourné en 1978. Quand à Poledouris, il poursuivit sa carrière de compositeur au cinéma avec de grands succès dans les années 80, et notamment « Conan the Barbarian » mais aussi « Robocop », « Hunt for the Red October » ou la série « Lonesome Dove ». C’est donc sans surprise que Milius engagea Poledouris pour composer le score de « Flight of the Intruder », une aubaine pour le compositeur, qui retrouvait ainsi l’univers aérien qu’il avait déjà abordé sur « Iron Eagle » de Sidney J. Furie en 1986. Pour Poledouris, le choix de « Flight of the Intruder » se fit malheureusement au détriment d’un autre film sur lequel il était initialement prévu : « Dances with Wolves » de Kevin Costner (1990). Mais étant donné que le film de John Milius devait sortir la même année, Poledouris se désista et c’est John Barry qui composa finalement le score du western culte de Costner – la suite appartient à l’histoire – Un choix que le compositeur regretta amèrement, surtout lorsque la production annonça que « Flight of the Intruder » ne sortirait finalement qu’en 1991 (Poledouris aurait donc eu le temps d’écrire la musique pour les deux films !), et que le film fut finalement un échec critique et commercial, tandis que « Dances with Wolves » triompha en 1990. Mais qu’à cela ne tienne, on se console en redécouvrant aujourd’hui l’intégralité du travail de Basil Poledouris sur « Flight of the Intruder », jusqu’alors inédit en CD.

Grâce à l’album d’Intrada, les fans du compositeur de « Robocop » et « Conan » peuvent enfin redécouvrir ce score mésestimé et méconnu dans la collaboration Milius/Poledouris. A la tête du Hollywood Studio Symphony et de son habituel mélange de synthétiseurs 80’s, Basil Poledouris concocte pour « Flight of the Intruder » un score évoquant judicieusement les différents aspects du long-métrage : un film de guerre, un drame humain, un suspense martial, etc. Dès « Morg’s Death » et « Morg’s Funeral », le compositeur débute le film sur une atmosphère de tragédie et de noirceur étonnante. Quelques cordes, une trompette mélancolique, des synthétiseurs atmosphériques suffisent à personnifier la mort de McPherson au début du film, avec l’introduction d’un premier motif majeur, un motif de 9 notes descendantes de trompette, motif dramatique associé à la mort des pilotes et aux moments plus tragiques du film. Ici, Poledouris détourne habilement le cliché de la trompette solennelle militaire et l’associe à l’idée du drame et de la mort, dans une atmosphère de désolation assez intense pendant plus de 6 minutes. « Morg’s Death » est une solide introduction lente, sombre et dramatique renforcée par les synthés habituels du compositeur, débouchant sur le non moins dramatique « Morg’s Funeral », avec ses textures électroniques atmosphériques et quasi oniriques lors des funérailles de McPherson sur le pont du navire de guerre.

« Chase For Five Dollars » permet à Poledouris de retrouver un style plus proche de sa partition héroïque de « Iron Eagle » pour la scène où Grafton et ses amis pilotes se défient lors de séquences aériennes très inspirées de « Top Gun ». On découvre à 1:24 une allusion furtive aux cordes à ce qui deviendra par la suite le thème principal, héroïque et déterminé, associé aux pilotes. Le morceau est entièrement soutenu par une boîte à rythme kitsch très 80’s, des synthétiseurs plus modernes et quelques parties orchestrales limitées au mélange cordes/cuivres (malheureusement, « Chase For Five Dollars » ne sera même pas retenu pour le film !). Variant les ambiances à loisir, Poledouris nous offre même un soupçon de romantisme dans « On the Beach », pour la scène entre les personnages de Brad Johnson et Rosanna Arquette (séquence inutile, au demeurant, qui n’apporte rien à l’histoire !). Mais « Iron Hand Mission » vient ramener la tension martiale et l’action au devant du film, avec son lot de rythmes martiaux de caisse claire/timbales/cymbales, avec des synthétiseurs sombres et des cordes pesantes qui créent une tension évidente à l’écran, pour un passage d’action déterminé et très réussi, lors d’une scène de bombardement du film, un très beau morceau mal mixé dans le film mais que l’on redécouvre avec plaisir sur l’album d’Intrada. « Boxman’s Death » renvoie à la teneur dramatique du script lors de la mort de Boxman (Tom Sizemore). Quelques accords de cuivres solennels et des rythmes martiaux personnifient ici l’idée du conflit, tandis que le motif dramatique de trompette est repris ici, associé à la mort de Boxman. A noter que l’environnement vietnamien est peu représenté dans la musique de Poledouris, en dehors d’une flûte ethnique asiatique samplée (Christopher Young avait déjà composé dans ce sens là pour le film « Bat*21 » en 1988). Le final plus musclé et cuivré de « Boxman’s Death », là aussi mal mixé dans le film, prend ici tout son sens sur l’album, avec un orchestre puissant, dramatique et énergique qui ravira les fans des musiques d’action martiales de Basil Poledouris.

De la même façon, « Raid on Hanoi » est un solide morceau d’action de plus de 5 minutes pour le bombardement d’Hanoi (séquence d’action centrale du film), développant le motif dramatique, les ostinati martiaux de caisse claire et les cuivres guerriers chers au compositeur de « Robocop », « Conan » et « Starship Troopers » (le début de « Raid on Hanoi » aux cuivres annonce d’ailleurs le score de « Under Siege 2 » écrit en 1995). Intense et puissant, « Raid on Hanoi » est à coup sûr le grand morceau de bravoure du film et de la musique, le pied intégral pour tous les fans des grandes musiques d’action martiales de Poledouris (malheureusement mixé aussi très bas sur les images et peu valorisé à l’écran !). Le compositeur suggère ici la tension et le danger qui pèse tout au long de cette mission suicidaire avec un rythme constant et un suspense martial intense, débouchant sur un final héroïque et triomphant spectaculaire et très prenant. Le dernier acte du film, introduit par « Alpha Strike », permet à Basil Poledouris de dévoiler enfin son thème héroïque, uniquement suggéré de façon très furtive dans « Chase For Five Dollars ». Il est d’ailleurs étonnant d’attendre plus d’une heure pour enfin entendre ce thème dans le film (on aurait aimé l’entendre plus développé à l’écran !), mais le résultat est là : héroïque, militaire, triomphant, le thème des pilotes est un hymne militaire U.S. magistral typique des grands thèmes héroïques/solennels de Basil Poledouris, une pure réussite dans son genre ! L’atmosphère devient plus sombre et tendue dans « Camparelli Crashes », avec le travail habituel du compositeur autour de l’électronique brillamment incorporée à l’orchestre, tandis que le thème héroïque revient de façon solennel aux trompettes dans « Keeping the Faith », apportant un espoir touchant lorsque Virgil et Grafton partent secourir Camparelli, pris au piège des ennemis à la fin du film. Impossible dès lors de résister aux envolées héroïques martiales de « Alpha Mike Fox Trot » et sa conclusion tragique et poignante pour le sacrifice final de Virgil, débouchant sur le triomphant « Rescue » et la reprise du thème des pilotes dans « Final Scene ».

Vous l’aurez donc compris, c’est un score héroïque, dramatique et résolument martial que nous offre Basil Poledouris sur « Flight of the Intruder », une superbe partition orchestrale/électronique puissante, noble, héroïque et tragique, qui rappelle encore une fois pourquoi Poledouris était considéré comme l’un des plus grands compositeurs de musique de film de son époque : avec sa capacité à écrire des thèmes grandioses et mémorables, des musiques prenantes et des morceaux d’action incroyablement puissants, Poledouris possédait décidément plus d’un tour dans son sac, et nous le prouva encore une fois avec « Flight of the Intruder » en 1991. Si la musique est malheureusement mal mixée et peu valorisée pendant une bonne partie du film, l’écoute sur l’album d’Intrada est une pure révélation : puissante et intense de bout en bout, la musique de « Flight of the Intruder » est une réussite incontestable dans la collaboration Milius/Poledouris, à redécouvrir enfin grâce à l’album édité par Douglass Fake et Roger Feigelson : un must pour les fans de Basil Poledouris !




---Quentin Billard