Quand un drôle de quiproquo fait passer un jeune architecte pour un homosexuel (alors qu'il est parfaitement hétéro) qu'engage un riche homme d'affaire pour surveiller sa jolie maîtresse, cela donne 'Three To Tango' (Un de trop), une sympathique comédie romantique de Damon Santostefano. L'architecte Oscar Novak (Matthew Perry) prépare avec son associé Peter Steinberg (Oliver Platt) un important projet avec le richissime Charles Newman (Dylan McDermott). Charles finit par découvrir, à la suite d'un quiproquo, qu'Oscar serait apparemment homosexuel. Surpris par l'originalité et la maladresse spontanée de Novak, Charles va décider de tirer avantage du fait qu'Oscar soit gay en lui proposant un contrat bien original: surveiller sa maîtresse Amy Post (Neve Campbell), avec qui il entretient une relation depuis quelques temps. Mais Oscar, qui est hétérosexuel, va finir par succomber au charme d'Amy à force de passer du temps avec elle. Cette dernière, qui ne se doute de rien, voit en Oscar un ami à qui elle peut se confier comme s'il était une véritable copine. Novak a de plus en plus de mal à jouer le jeu et sait qu'il ne doit pas craquer sous peine de décevoir Charles Newman et de risquer de mettre un terme à son fructueux projet avec son associé, Peter (qui lui, est réellement homosexuel!). Mais tout finit par aller trop loin, Amy commençant à ressentir à son tour des sentiments pour Oscar, sentiments qu'elle préfère refouler, étant donné le fait qu'elle croit Oscar gay (et, pour ne rien arranger, une association de gays lui demande de faire un discours lors d'une réunion). Tôt ou tard, Novak finira par craquer et devra révéler son secret à tout le monde, au risque de blesser Amy et de trahir la confiance de Charles Newman.

'Three To Tango' aborde l'homosexualité sur un registre plutôt léger et cocasse. Le film accumule gags en tout genre avec un Matthew Perry qui domine tout le film avec sa spontanéité naturelle qui annonce déjà son rôle de dentiste débordé dans 'The Whole Nine Yards' de Jonathan Lynn. L'intrigue de départ (un architecte présumé gay est engagé pour veiller sur la fiancée de son boss) tend à se complexifier au fur et à mesure où Oscar Novak finit par se rendre compte des implications de ce gigantesque quiproquo. Certes, on évite pas les clichés habituels sur les homos (du genre les hétéros qui ne sont que des machos et les homos qui ne sont que des gentils sensibles au coeur tendre), mais le tout est réellement traité avec humour et légèreté, d'autant que la superbe Neve Campbell illumine radicalement l'écran de par son charme et sa beauté désemparante (comment ne pas craquer pour elle?). Une sympathique comédie romantique légère et entraînante, que l'on pourra regarder avec un certain intérêt!

Réputé pour ses partitions action/aventure/horreur, Graeme Revell est moins connu pour ses musiques de comédie. Avec 'Three To Tango', le compositeur néo-zélandais nous prouve qu'il peut aussi changer de registre sans avoir à décrire les aventures d'un corbeau vengeur ou d'un Van Damme ahuri dans le remake d'un jeu vidéo démodé. Pour 'Three To Tango', Revell nous délivre un score swing/jazzy qui alterne avec quelques passages plus romantiques/intimes avec synthé atmosphérique, piano et trompette. La partie jazzy est essentiellement présente dans la première partie du film, la partie symphonique étant relativement mise en retrait à part pour quelques rares passages de transition n'excédant jamais les 20 ou 30 secondes. Le style big band/swing du début du score correspond à merveille au côté drôle et enjoué de cette première partie du film, surtout lorsque l'intrigue se noue et que se crée le quiproquo concernant la prétendue homosexualité d'Oscar Novak. La section des cuivres avec la rythmique jazzy s'en donnent à coeur joie au cours de cette première partie du film (un peu à la manière des musiques jazzy des anciennes comédies hollywoodiennes des années 50), jusqu'à ce que la partition prenne un autre tournant avec l'arrivée d'un joli 'Love Theme' confié à un piano avec du synthé.

Le 'Love Theme' décrit alors la romance naissante et difficile entre Oscar et Amy. Uniquement représenté sur l'album d'Atlantic Records par le joli 'Let's Get Outta Here', le score de Revell apporte une touche d'humour et d'intimité à une sympathique comédie romantique. 'Let's Get Outta Here' nous propose ainsi une très jolie reprise du 'Love Theme' confié à une trompette solitaire avec quelques vents et quelques cordes, la trompette évoquant la difficulté d'Oscar qui doit garder le secret sur son hétérosexualité, et ce malgré ses sentiments pour la ravissante Amy. La partie orchestrale se fait souvent plus discrète pour mettre en avant les quelques solistes comme la trompette, le piano ou quelques vents, reflétant l'intimité des passages plus romantiques vers la fin du film. Au final, voilà une petite partition simple, entraînante et intime, pas franchement indispensable, mais qui a au moins le mérite de prouver que Graeme Revell sait aussi écrire de bonnes musiques de comédie!


---Quentin Billard