1-I Wish I Knew How
It Would Feel To Be Free 4.41*
2-Prologue 6.14
3-Myrlie Plants The Seed 1.33
4-Bobby Gets Hooked 3.16
5-On The Delta 0.58
6-Friday Phone Call 2.09
7-I Will Live My
Life For You 2.28**
8-The Smoking Gun 1.29
9-Klandestine Meeting 3.36
10-Mannish Boy 2.58***
11-Walking Blues 2.32+
12-The Thrill Is Gone 4.37++
13-Busted 5.42
14-Building The Case 1.33
15-Bomb Scare 1.17
16-Finding Strength 2.02
17-Witnesses For
The Prosecution 3.44
18-DeLay Speaks 2.10
19-Waiting For The Verdict 1.43
20-Myrlie Victorious 2.41
21-I Wish I Knew How
It Would Feel To Be Free 4.16+++

*Ecrit par Billy Taylor, Dick Dallas
Interprété par Dionne Farris
**Ecrit par Henry Salvador,
Marcel Spellman
Interprété par Tony Bennett
***Ecrit par
McKingley Morganfield,
Elias McDaniel, Melvin London
Interprété par Muddy Waters
+Ecrit et interprété par
Robert Johnson
++Ecrit par Roy Hawkins,
Rick Darnell
Interprété par B.B. King
+++Ecrit par Billy Taylor
et Dick Dallas
Interprété par Nina Simone.

Musique  composée par:

Marc Shaiman

Editeur:

Sony/Columbia CK-67914

Musique produite par:
Marc Shaiman
Musique montée par:
Scott Stambler

Artwork and pictures (c) 1996 Castle Rock Entertainment/Columbia Pictures Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
GHOSTS OF MISSISSIPPI
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marc Shaiman
En 1996, Rob Reiner revenait au film de procès après 'A Few Good Men' (Des hommes d'honneur) dans 'Ghosts of Mississippi' (les fantômes du procès), qui s'inspire d'une histoire vraie sur un procès pour meurtre raciste qui défraya la chronique dans le Mississippi des années 60, jusqu'au début des années 90. Le 12 juin 1963, Medgar Evers (James Pickens Jr.), grand défenseur noir des droits civiques et premier secrétaire de l'Association Nationale pour l'Avancement des Personnes de Couleur, est assassiné devant chez lui par Byron De La Beckwirth (James Woods), raciste notoire arrogant et fier de l'être. A la suite d'un premier procès, Beckwirth est finalement libéré pour cause de non-unanimité du jury. Un deuxième procès tenté par Myrlie Evers (Whoopi Goldberg), la veuve de Medgar, échoue de la même façon. Pourtant, la veuve Evers est loin d'avoir dit son dernier mot. 31 ans plus tard, avec l'aide d'un jeune avocat du Mississippi nommé Bobby DeLaughter (Alec Baldwin), l'affaire est réouverte et, ensemble, Myrlie et Bobby organisent un nouveau procès pour tenter de punir définitivement Byron De La Beckwith, toujours convaincu qu'il est abris de la loi sous prétexte que ses jurés (blancs, évidemment) étaient à chaque fois de son côté, et qu'il avait le soutien de la population locale. Bobby DeLaughter va avoir bien du mal à retrouver les témoins (dont la plupart sont morts depuis quelque temps) sans oublier l'indispensable pièce à conviction qui servira à faire inculper Beckwith et qui semble avoir disparu: son fusil à lunette. Mais, à force de détermination acharnée, le procès aura finalement bien lieu. Cette fois-çi, le jury sera constitué en grande partie de noirs. DeLaughter espère bien que cela fera pencher la balance en faveur de la justice.

'Ghosts of Mississippi' reprend tous les stéréotypes habituels du film de procès comme on en voit régulièrement à Hollywood. Le film ressemble beaucoup au controversé 'A Time To Kill' de Joel Schumacher, réalisé la même année que le film de Rob Reiner. 'Ghosts of Mississippi' nous convainc pleinement dans sa description de ce procès long et difficile, tout en dénonçant au passage la bêtise humaine et l'idiotie du racisme, qui peut pousser un être humain à en abattre lâchement un autre sous prétexte qu'il a une couleur de peau différente de la sienne. Le film fait froid dans le dos, surtout lorsqu'il montre le climat raciste qui régnait à l'époque dans l'état du Mississippi (on se demande parfois à quoi a put servir la victoire nordiste à la Guerre de Sécession), et l'excellent James Woods y est ici pour beaucoup. L'acteur surdoué y campe un raciste notoire, haineux et extrêmement détestable qui fait peur à voir: on se dit que de tels monstres ne devraient pas exister, surtout dans un pays censé être réputé pour ses libertés. Evidemment, le film n'évite pas les clichés mélodramatiques habituels, servi par une mise en scène pas toujours très subtiles, mais qu'importe, on se laisse finalement convaincre par ce sympathique film de procès comme il en existe tant d'autre à Hollywood!

Marc Shaiman entame avec 'Ghosts of Mississippi' sa sixième collaboration avec Rob Reiner, collaboration qui débuta en 1989 avec 'When Harry Met Sally'. Pour 'Ghosts of Mississippi', Shaiman délaisse son style comédie habituel pour nous délivrer un score dramatique et lent qui n'est pas sans rappeler le score de 'A Few Good Men', mais en plus orchestral. Seulement voilà, comme très souvent dans les films de procès, la musique est assez ennuyeuse, à tel point que l'on pourrait s'en passer bien souvent. Un score comme 'A Few Good Men' (sans aucun doute le score le plus faible écrit par Marc Shaiman pour un film Rob Reiner!) montrait déjà les limites de la musique de film de procès, et l'on pourrait aussi citer dans le même genre les ennuyeux 'Presumed Innocent' de John Williams (dont on peut voir un extrait dans le film de Reiner), 'The Rainmaker' d'Elmer Bernstein ou bien encore 'Class Action' de James Horner, etc. Si vous vous attendez à quelque chose de mémorable sur 'Ghosts of Mississippi', passez votre chemin! Ceci étant dit, la musique a au moins le mérite de réfléter le contexte dramatique de ce procès difficile et les nombreux obstacles auquel doit se heurter Bobby DeLaughter tout au long de son enquête et du procès.

'Prologue' annonce le côté sombre et dramatique de cette histoire avec l'exposition d'un premier thème mélancolique de 9 notes descendantes. Le synthé est utilisé comme au début de 'A Few Good Men' pour suggérer une certaine tension renforcée par la gravité mélancolique de la musique. Cordes moroses, piano solitaire, vents déprimés, voilà ce qui caractérise le style sombre du score de Marc Shaiman. 'Myrlie Plants The Seed' développe cette ambiance morose avec vents, piano et cordes dans un style plus mélancolique, auquel s'ajoute la voix d'une chanteuse qui fredonne discrètement quelques notes à bouche fermée, un petit truc qui permet ainsi au compositeur d'évoquer le son lointain des chants noirs du Mississippi des années 60. La voix féminine exprime à la fois le combat de Myrlie Evers, mais elle pourrait aussi évoquer la voix de ces 'fantômes' du passé qui hantent le Mississippi (ce qui expliquerait alors ces séquences - à première vue inutiles - avec la petite fille de DeLaughter et ses histoires de fantômes).

Un morceau comme 'Bobby Gets Hooked' et son mélange cordes/vents/piano est caractéristique du style sombre, lent et morose du score qui semble stagner ainsi tout au long du film, Shaiman jouant sur la retenue la plus totale (à la limite du soporifique: on s'ennuie ferme à l'écoute de cette musique!) afin de renforcer plus subtilement la dimension dramatique de l'histoire. On pourra trouver un peu de rythme et de sonorités country dans 'On The Delta', lorsque DeLaughter se rend avec ses associés dans le Delta pour mener son enquête. Shaiman utilise ici un piano jazzy plus énergique et vivant avec quelques notes de banjo qui sont la bienvenue dans les décors du sud profond de l'Amérique. DeLaughter appelle régulièrement Mme Evers pour la tenir au courant de la progression de leur enquête. C'est ce que suggère discrètement 'Friday Phone Call' et son mélange cordes/piano avec l'utilisation de la voix évoquant la veuve Evers.

La tension se fait plus importante dans 'Klandestine Meeting' lors de la rencontre avec un précieux témoin. On retrouve ici l'utilisation du banjo et de synthés plus atmosphériques et sombres, évoquant le côté difficile et dangereux de cette enquête qui progresse très lentement. 'Building The Case' développe le thème de manière plus déterminé aux vents, piano et cordes, apportant une certaine touche d'espoir pour l'un des rares passages plus rythmés du score. En dehors du très tendu 'Bomb Scare' et sa ligne de piano agitée, 'Finding Strength' nous renvoie au côté dramatique de l'histoire avec la présence omniprésente du piano, le procès étant évoqué dans le sombre 'DeLay Speaks' qui crée un certain climat d'incertitude sur l'issue du procès, incertitude qui atteint son climax dans la scène de l'attente du verdict ('Waiting For The Verdict'), débouchant sur l'inévitable triomphe de la justice dans 'Myrlie Victorious' qui relâche enfin la tension et permet à l'orchestre de prendre une tournure plus émouvante et intimiste, tendance James Horner, nous renvoyant au morceau 'Myrlie Plants The Seed'.

Atmosphérique, lente et sombre, la partition de Marc Shaiman pour 'Ghosts of Mississippi' aurait certainement mérité un traitement plus marquant, plus audacieux, plus prononcé. Au lieu de cela, on doit se contenter d'un score lent et ennuyeux, typique du style orchestral plus dramatique et mélancolique de Marc Shaiman, dans le style atmosphérique de 'A Few Good Men'. Les quelques bonnes idées du score (l'utilisation d'un banjo ou d'une voix féminine) ne parviennent malheureusement pas à tirer la musique d'un certain ennui, faute d'un manque d'idées évident de la part du compositeur. Ceci est d'autant plus regrettable surtout lorsque l'on sait que Marc Shaiman a écrit une de ses meilleures musiques pour un film de Rob Reiner: 'Misery' (1990). Le score de 'Ghosts of Mississippi' convient bien à l'esprit dramatique du film mais n'essaie jamais de le commenter ou de transcender les émotions. La musique reste bien souvent en retrait, et c'est bien dommage. Au final, un score de Marc Shaiman très décevant!


---Quentin Billard